II.1. CONFIGURATION DU
CHAMP POLITIQUE CONGOLAIS POST SUN CITY
Il aura fallu une dizaine d'année pour voir la RDC
engagée, s'il faut le dire, sur le chemin de la paix. L'accord global et
inclusif de Sun City en est le monteur principal. Il a permit la mise en place
d'un gouvernement d'Union nationale avec un système hors du commun, le
1+4. Ce système devrait prendre fin à l'issue de l'organisation
des élections présidentielles et législatives.
A. Les missions et l'environnement politique de la
Transition
Mise en place pour une durée de deux ans avec la
possibilité d'une double prolongation de six mois, le gouvernement
d'union nationale mise en place en juin 2003 issue des négociations de
Sun City s'était assigné comme objectifs, notamment :
- La pacification du Pays
- L'unification de l'armée nationale
- L'organisation des élections démocratiques
Ces objectifs cadraient bien évidemment avec la
situation du pays d'autant plus que ce gouvernement était composé
des chefs de guerre des milices responsables de la seconde guerre en RDC
(Août 1998).
Il fallait à tout prix arriver à une
normalisation de la situation. De ces objectifs, l'organisation des
élections passait par-dessus tout car, face aux enjeux de l'heure et de
la configuration de la classe politique du pays, et surtout de la crise de la
légitimité du pouvoir, la bonne tenue du processus
électoral constituait donc un premier pas pour résoudre cette
question de légitimité.
En effet, l'avènement de la transition post Sun City
libéralisait la scène politique de tel enseigne que les
activités politiques connurent une expansion accrue. Avec plus de 250
partis politiques, la scène politique congolaise affichait une
configuration d'une lutte de positionnement pour les uns et de repositionnement
pour les autres.
Comme nous l'avons mentionné ci-haut, la classe
politique était divisée. D'un côté, les
ex-belligérants qui se sont retrouvés aux commandes des affaires
de la République et de l'autre côté ceux qui se
considéraient comme une force d'alternative et un contre poids à
savoir l'opposition non armée ainsi que la société civile.
Toutes ces forces en présence ont contribué dans
la mise en place du gouvernement d'Union Nationale qui donnait l'occasion
à une gestion consensuelle entre les belligérants. Mais force est
de constater que ce gouvernement avait du mal à atteindre les objectifs
qu'il s'était assigné.
Premièrement en ce qui concerne la pacification du
pays, le gouvernement 1+4 n'a pas été en mesure de neutraliser
toutes les milices qui ont ensanglanté le district de l'Ituri. Par
ailleurs, une grande partie du Nord et Sud Kivu est restée sous la
menace permanente des Forces Démocratique pour la Libération du
Rwanda, le FDLR et les interamwe, sans parler de plusieurs autres forces
maï maï qui ont conservé toutes leurs capacités de
nuisance pendant cette période.
Secondement en ce qui concerne l'unification de l'armée
nationale, le système 1+4 et son gouvernement d'union nationale devrait
en principe, au terme de trois ans de transition, mettre en place une
armée intégrée et républicaine qui mettrait
ensemble toutes les forces en présence. Ce qui n'a pas été
fait a confirmé Jean Pierre Bemba lors de son entretien avec la presse
le 14 octobre 2006. Il s'agissait notamment de mettre sous un même
commandement militaire les éléments venus des forces
armées du Congo (FAC) l'armée gouvernementale, les
éléments de l'ALC, l'aile militaire du MLC et ceux de l'ANC les
combattant du RCD-Goma. Il fallait également intégré dans
cette armée républicaine, outre les ex-FAZ (l'armée de
Mobutu), les éléments du RCD/KML de Mbusa Nyamwisi, ceux du RCD/N
de Roger Lumbala ainsi que tous les groupes des combattants patriotes maï
maï. Ce qui a eu du mal pour se concrétiser. Nous en prenons pour
preuve des combats qui se sont déroulés dans la capitale le jour
même de la promulgation des résultats du premier tour des
élections présidentielle. Des combats qui ont eu lieu en pleine
ville entre les gardes du président Joseph Kabila et ceux du vice
président Jean Pierre Bemba. En effet, les deux hommes d'états
ont pendant toute la période de transition jusqu'aux élections
entretenu leurs hommes comme une milice refusant de les intégrés
au sein de l'armée républicaine.
Troisièmement en ce qui concerne l'organisation des
élections, le gouvernement d'union nationale y est parvenue grâce
au soutient de la communauté internationale à travers la
structure mise en place au lendemain des accords de Sun City à savoir le
CIAT, (comité international d'accompagnement de la transition.
Ainsi donc, malgré le climat affiché d'une
gestion consensuelle, la classe politique congolaise a été
marqué par :
- La méfiance entre les politiques
- Le sentiment d'exclusion dans le chef de certaines
sensibilités politiques
- Le sentiment de trahison
En effet, la réconciliation entre les parties a eu du
mal a être totale, la
méfiance était telle que chaque
personnalité politique conservait à grande partie sa force
militaire. Quand bien même, il y a eu certains éléments qui
ont été envoyés dans les centres de brassage, plusieurs en
effet n'avaient pas fait le déplacement de centre de brassage. En plus,
il n'y jamais eu une cérémonie officielle de la mise en commun
d'arsenal militaire de chaque faction.
Ces sentiments étaient plus visibles entre Joseph
Kabila et Jean Pierre Bemba. En effet, la tension ne semblait pas être au
beau fixe depuis la difficile mise en application de l'accord cadre conclut
entre le MLC et le gouvernement congolais au terme des travaux de Sun City.
Accord qui accordait la primature à Jean Pierre Bemba sous la
présidence de Kabila. Un accord qui pourtant a été
rejeté par le RCD et certains partis de l'opposition. Ces derniers
s'étaient organisés en Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue
intercongolais. A l'occasion on a vu Etienne Tshisekedi se rendre au Rwanda
pour la mise en place de cette structure sous le parrainage des
autorités Rwandaises. Ce que les congolais ont très mal
digéré.
Pour le MLC, quand bien même l'idéal était
la magistrature suprême, le fait d'accepter la primature dans un
gouvernement consensuel était une expression de bonne volonté
pour une sortie heureuse du dialogue et par ricochet arriver à mettre
fin au conflit armé en RDC. Toutefois, le MLC n'aura jamais
pardonné au gouvernement Kabila la non application de cet accord.
La méfiance entre les deux hommes s'était accrue
avec l'arrivée des échéances électorale. Jean
Pierre Bemba se présentant comme le challenger important et
sérieux, n'était pas d'odeur de sainteté dans le chef de
Joseph Kabila. Leur arrivée au second tour de l'élection
présidentielle n'a fait que corroborer cette thèse. La
méfiance entre les deux hommes était au paroxysme de tel enseigne
que le débat décisif qui devrait avoir lieu le 26 octobre 2006
soit trois jours avant le scrutin ne s'est pas tenu.
Le sentiment d'exclusion aurait gagné une partie de
l'opposition non armée. En effet, le fait que Etienne Tshisekedi
l'ancien opposant congolais s'est retrouvé en marge du processus
électoral, une grande partie de ses partisans au sein de l'UDPS ont
pensé à une machination du pouvoir pour mettre hors course leur
leader.
Il y a eu également des sentiments de trahison dans le
chef de certains hommes politiques. Par exemple, Théodore Ngoy qui a
participé aux négociations de Sun City sous le Label du
gouvernement Kabila, s'est vite désillusionné à cause de
ses prises de position contre la nouvelle dictature qui semblait s'installer au
pays.
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