CONCLUSION
La santé publique est l'un des problèmes
brûlants qui préoccupent la communauté tant nationale
qu'internationale. En effet dans toutes les sociétés du monde qu'
elles soient primitives ou bien modernes, les hommes se sont toujours investis
pour trouver des solutions aux problèmes de santé qui se posent
à leur communauté. La République Centrafricaine à
l'instar des autres pays sub-sahariens n'est pas non plus
épargnée de ce phénomène de santé publique
et de la population. En fait, avant les indépendances, on parlait en
terme de culture de gratuité où presque toute la santé
publique est prise en charge par la colonie. Les soins étaient gratuits,
les agents chargés de la santé publique et de la population
était en majorité des blancs et la gestion des ressources
humaines était l'apanage de l'occident. Avec les indépendances
dans les années 60 malheureusement, on assiste au revers de la
médaille. Les choses ont changé, c'est une nouvelle ère
avec son corollaire le changement de paradigme c'est-à-dire une nouvelle
vision qui met fin définitivement au principe de gratuité tout en
instaurant une nouvelle politique fondée sur la prise en charge, par le
gouvernement luimême de la santé de la population. C'est ainsi que
le gouvernement a mis en place une politique de formation des cadres
centrafricains pour prendre la relève en vue de combler le gap
créé par les indépendances et répondre au besoin de
la santé publique et de la population. C'est dans ce contexte où
la gestion des ressources humaines de la santé publique et de la
population trouve sa raison d'être. Il faut des hommes et femmes
formés, outillés, capables de prendre en charge efficacement la
santé publique et de la population. C'est ainsi que des normes
juridiques ont été créées par le gouvernement pour
constituer un cadre approprié où doit se faire cette gestion de
ressources humaines : on relèvera au passage entre autres, la loi
N° 99.16 du 16 juillet 1999, son décret d'application N°
00.172 du 10 juillet 2000 et le règlement Intérieur de la
Direction des ressources humaines de la santé publique, pour ne citer
que ceux-là.
Malheureusement cette gestion de ressources humaines qui en
principe devrait permettre au développement de la santé publique
et de la population s'est confrontée à de nombreuses
difficultés tant endogènes qu'exogènes de nature à
paralyser la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière
de santé pour tous. Par conséquent, au lieu de la santé
pour tous on assiste à une crise de la santé publique et de la
population avec ses corollaires le taux élevé de la
mortalité, la pauvreté et la misère.
En effet cette gestion souffre d'un manque cruel de
matériels. Les biens meubles et immeubles sont en nombre insuffisant et
peu modernes ; les bâtiments datent généralement de la
période coloniale et font l'objet d'une vétusté
remarquablement très avancée ; les outils informatiques sont
rares caduques et ne répondent plus aux normes modernes de la nouvelle
technologie. Les moyens roulants sont quasi inexistants. Les quelques rares
véhicules et motos sont non seulement concentrés au niveau de
Bangui mais aussi sont de très mauvais état et ne permettent pas
de résoudre le problème de transport qui se pose à cette
gestion.
En matière financière, il se pose un
problème réel de fonds qui doivent accompagner et soutenir les
actions du gouvernement relatives à cette gestion des ressources
humaines. En réalité le gouvernement dans sa politique du
développement a fait de l'éducation et de la santé
publique sa priorité. Malheureusement force est de constater que ce sont
ces deux départements qui souffrent des finances pour leur
développement. En effet les difficultés que rencontre le
trésor public place le pays dans une situation de
précarité financière et par
conséquent constitue un obstacle réel aux
efforts du développement poursuivis par nos gouvernements. Aussi faut-il
noter que non seulement les fonds alloués au département de la
santé publique sont insuffisants pour faire face aux obligations de
santé publique mais aussi ils font l'objet de détournement par
certains agents mal intentionnés. Cette culture de malversation
financière entretenue par une culture d'impunité, constitue un
obstacle réel à la gestion des ressources humaines de la
santé publique.
L'aspect finance a aussi des répercutions sans doute
sur les agents de la santé publique et de la population dans la mesure
où les salaires affectés aux agents sont no seulement très
bas mais aussi tombent à compte goûte. Aussi faut-il qu'on
relève le problème de déblocage des effets financiers des
avancements de ces agents bloqués depuis1985 ; ce qui ne leur permet pas
de mener une vie d'aisance. Comme conséquences on note avec beaucoup
d'amertume l'absence quasi totale de conscience professionnelle, le manque de
conformité et de respect de leur serment professionnel. Par
conséquent la plus part de ces agents de santé se lancent sur
d'autres voies et d'autres terrains pour leur permettre de subsister et joindre
les deux bouts. C'est ainsi qu'on parle de corruption, des
intéressements, du népotisme pour ne citer que ceux-là qui
conduisent à l'amour de l'argent source de tous les maux sociaux. Avant
tout soin, il est triste de le relever certains agents demandent aux parents
des patients une rentions sans qu'ils s'en inquiètent de rien. Pire
encore faut -il le rappeler, les agents tels que les médecins
développent une préférences pour les consultations dans
des cliniques laissant ainsi les pauvres crever par suite de leur maladie
après des longues attentes devant les hôpitaux publics sans
parvenir à rencontrer leur médecin. D'autres agents, pour
chercher mieux vivre, font leur entrée dans les organismes
internationaux laissant ainsi un gap difficile à combler.
Sur le plan juridique, il convient de noter que des efforts
ont été faits par les autorités gouvernementales et
l'Assemblée Nationale pour mettre en place un arsenal juridique qui
constitue un cadre approprié où la gestion des ressources
humaines doit se faire. Cependant force est de constater que certaines
dispositions de ces textes sont caduques et ne répondent plus aux
exigences socio - financières actuelles. C'est par exemple le cas des
grilles salariales qui doivent être relues en tenant compte des effets de
la dévaluation du franc CFA et de la cherté de vie due au
phénomène de l'inflation sur le marché national
qu'international.
Par ailleurs, le véritable problème lié
au droit que rencontre la gestion des ressources humaines de la santé
publique et de la population est celui de l'applicabilité des textes
juridiques. En effet plusieurs actes juridiques ont été
constitués dans le cadre de la gestion des agents de l'Etat en
général et celle du personnel de santé publique en
particulier. Cependant l'applicabilité de certaines dispositions pose un
problème réel. Parfois ces dispositions sont complètement
ignorées et demeurent en désuétude, parfois elles sont
appliquées mais pas dans leur totalité.
Quant au problème de gestion des cadres de la
santé publique et de la population, il y a lieu de faire observer que
cette gestion s'est confrontée à des difficultés
sérieuses d'effectif de cadres déjà très
insuffisant pour prendre en charge la couverture sanitaire de l'ensemble de la
population. Ensuite il y a un problème réel de répartition
des cadres dans les régions sanitaires. En effet on relève avec
regret une forte concentration de certains corps tels que les
médecins et les sages femmes au niveau de la capitale
alors que certaines régions ont un nombre très réduit de
personnel. Aussi le problème d'intégration des cadres qui ont
déjà fini leur formation constitue-t-il un aspect essentiel qui
traduit le manque de cadres. Aussi ceux qui sont déjà
intégrés sont parfois mal gérés. C'est le cas de
plusieurs agents des provinces dont les bulletins n'arrivent jamais à la
fonction publique et par conséquent n'ont aucun acte d'avancement
quoiqu'ils aient passé plusieurs années de fonction.
Toutes ces difficultés que nous venons de relever
ci-dessus pèsent lourdement sur la gestion des ressources humaines de la
santé publique et de la population et se présentent comme un
obstacle de nature à compromettre le développement des ressources
humaines empêchant ainsi le gouvernement d'atteindre son objectif en
matière de couverture sanitaire de la République Centrafricaine.
Cette situation apparaît comme un drame, cependant elle est loin
d'être une fatalité dans la réalité lorsque des
actions sont menées pour sortir de la situation de crise que
connaît le département de la santé publique et de la
population.
En effet, lorsque les actions ne sont pas menées d'une
manière urgente, alors la situation de la gestion des ressources
humaines de la santé publique va s'empirer, se détériorer
plongeant le pays dans le chaos et par voie de conséquences aggravant
ainsi les conditions sanitaires de la population centrafricaine. Aussi, le pays
continuera-t-il à compter ses morts résultant de cette situation
de crise.
En réalité, quelques efforts ont
été fait par le gouvernement pour faire face à cette
situation dégradante de la gestion des ressources humaines de la
santé publique et de la population dans plusieurs domaines :
matériel, financier, juridique et de la gestion de carrière des
cadres de la santé. Cependant force est de constater que ces efforts son
en deçà des résultats attendus. C'est pourquoi quelques
suggestions s'avèrent nécessaires à l'intention des
autorités compétentes pour la sortie de crise. C'est dans ce
contexte de crise de gestion des ressources humaines de la santé
publique que nous proposons des voies de solutions sur deux principaux axes
essentiels.
Le premier consiste pour le gouvernement de renforcer les
acquis matériels, financiers et juridiques. Il s'agira ici de doter les
institutions chargées de la gestion des ressources humaines de la
santé publique, en matériels appropriés : fournitures de
bureau, outils informatiques répondant aux exigences technologiques de
l'heure, améliorer la situation financière du département
en charge de la santé publique et de la population en revoyant le budget
alloué à ce département en hausse d'une part et en
adoptant une nouvelle grille salariale améliorée qui doit prendre
en compte des conditions sociales actuelles des fonctionnaires et
procédant à un déblocage total des effets d'avancement des
agents de l'Etat.
En matière juridique, il faut faire une relecture de
certaines dispositions statutaires et réglementaires qui ont fait
l'objet d'une caducité et qui ne répondent plus à la
situation socioéconomique actuelle. Le gouvernement doit aussi veiller
sur l'applicabilité de ces nouvelles dispositions pour qu'elles ne
souffrent pas d'une désuétude.
que les régions sanitaires ne souffrent pas de manque
de cadres. Aussi faut-il que l'Etat organise à l'intention des cadres de
santé des formations, des recyclages et des séminaires pour le
développement des ressources humaines. Par ailleurs, que le gouvernement
donne des opportunités aux cadres d'avoir des ouvertures à
l'extérieur dans le cadre des formations à l'échelle
internationale pour des échanges de connaissances et
d'expériences. Enfin, le gouvernement doit veiller à ce que les
médecins accordent plus d'importance aux consultations dans les
hôpitaux publiques que dans leurs cliniques ; ce qui permettra aux
pauvres d'avoir accès à des soins réduisant ainsi le taux
de la mortalité infantile, maternel et autres.
Le deuxième axe est relatif au cadre ou l'environnement
où doit se faire cette gestion. Sans un environnement sein et
approprié, la mise en oeuvre de ces suggestions sera comme des efforts
vains. C'est pourquoi le cadre ou l'environnement de cette gestion trouve sa
raison d'être. Pour une bonne gestion des ressources humaines de la
santé publique et de la population, il y a nécessité d'un
<< changement de paradigme c'est à dire avoir une nouvelle vision,
une nouvelle manière de voir les choses, de penser et d'agir avec
efficacité et efficience afin d'atteindre les résultats
escomptés et satisfaire les besoins de la communauté>>.
Cette nouvelle méthode fait appel à un leadership
cohérent, une culture managériale bien structurée et une
politique de bonne gouvernance sans lesquels aucun développement ne sera
possible.
Ce changement de paradigme une fois amorcé, permettra
au gouvernement de réduire les effets de certaines pratiques qui
gangrènent le processus du développement des ressources humaines
de la santé publique et de la population. Il permettra de lutter contre
certains maux sociaux tels que la corruption, le népotisme, le
clientélisme, le détournement, la malversation financière
pour ne citer que ceux-là, qui étouffent et désorganisent
les pays pauvres en général et la République
Centrafricaine en particulier. Toutes ces suggestions et méthodes en
effet, lorsqu'elles sont systématiquement mises en pratique, on
l'espère, permettront à l'Etat sans risque de nous tromper de
bénéficier d'une bouffée d'oxygène en
matière de gestion des ressources humaines de la santé publique
et de la population et ouvriront une voie de la sortie de la crise de gestion
des ressources humaines.
Somme toute, la crise de gestion des ressources humaines de la
santé publique et de la population se présente désormais
comme un véritable challenge, un défit à relever par les
autorités de la République Centrafricaine si elles veulent
vraiment améliorer la situation de la pauvreté sanitaire dans
laquelle est plongé le peuple centrafricain tout entier. Si aucune
action n'est faite, si ces suggestions ci-dessus ne sont pas prises en compte
par le gouvernement, alors la situation de la gestion des ressources humaines
de la santé s'empirera, s'aggravera jusqu'à atteindre la
gangrène, alors le pays s'embourbera dans une crise sans
précédente avec des conséquences aussi bien néfaste
que dramatiques sur la situation sanitaire de la population centrafricaine.
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