DEUXIEME PARTIE ~
CHAPITRE DETAILLE
CHAPITRE 1 : DE LA CREATION DU MINISTERE DES
AFFAIRES
ETRANGERES A L'ORGANISATION DU CORPS DES
DIPLOMATES (1960-1982)
L'histoire du personnel diplomatique camerounais de 1960
à 1982, est une histoire Intéressante, entrecoupée de
multiples étapes et faits. Ces faits peuvent se comprendre dès la
création du Ministère des Affaires étrangères, en
1960. Dans les lignes qui vont suivre, nous nous proposons d'étudier,
les raisons de la création du MINAE, la structure et l'évolution,
enfin, l'organisation du corps des diplomates.
A- De la création du MINAE 1-Les raisons de la
création
Le souci de coopérer du Jeune Etat qu'est le Cameroun
est à mettre en exergue parmi les principaux faits qui peuvent justifier
le pourquoi de la création du Ministère des Affaires
étrangères.
Etant donné que les membres de la société
internationale ne peuvent pas vivre isolés et repliés sur
eux-mêmes, ils doivent donner une certaine cohérence à la
conduite de leurs affaires extérieures. Un Etat à travers la
conduite d'une certaine politique extérieure poursuit des buts qui
seront souvent différents, voire opposés aux buts poursuivis par
d'autres Etats. C'est la raison pour laquelle le Cameroun, dans le but
d'harmoniser, de communiquer et de bien gérer ses relations avec les
autres Etats du monde, crée sur le plan interne, une structure devant
servir de relais comme le Ministère des Affaires
étrangères. Cette disposition intra-étatique remonte
à l'antiquité et constitue aujourd'hui l'un des piliers de la
diplomatie moderne.38
38 A., Mouzong, `'Du Ministère des Affaires
Etrangères...», p.10
L'internationaliste Philippe Cahier dans son droit
diplomatique
contemporain, vient l'étayer en ces termes :
Lorsque les événements historiques firent
apparaître la nécessité des rapports suivis entre les
divers Etats, les gouvernements furent dans l'obligation de créer un
organisme spécial, un cabinet particulier chargé de la
correspondance politique et de la direction des affaires
étrangères.39
C'est ce cabinet auquel fait mention Philippe Cahier, qui est
appelé au Cameroun, le Ministère des Affaires
étrangères.40
Pour le Président Ahidjo, le fait d'harmoniser et de
veiller à la bonne marche de toutes les affaires relatives à la
coopération inter-étatique se présentait comme une
nécessité. C'est donc en vertu de cette coutume propre à
tout Etat souverain, que le Cameroun crée le 19 Janvier 1960 par le
décret n° 60-9, le Ministère des Affaires Etrangères.
La création dudit ministère répondait à la logique
politique qui prévalait à cette époque qui, dès
janvier 1960, était de « créer des institutions
éthiques modernes, (...) qui seraient dirigées par des
camerounais compétents, intègres et patriotes »41
Il serait fastidieux de ne pas relever l'aspect lié
à la configuration identitaire du Ministère des Affaires
Etrangères du Cameroun.
En effet, la configuration de la structure ainsi
créée présente des similitudes avec son homologue
français, ainsi que l'attestent les propos de l'un des envoyés
spéciaux du Cameroun en France dans les années soixante,
Rostand Mvie :
The structure we set up in 1960 had some remote resemblance of
the french foreign Ministry but which was less elaborated than it's french
counterpart because of the limited means at the disposal of the emerging state
42.
39 P., Cahier, Le Droit diplomatique contemporain,
Genève, Librairie Droz, 1964, P.25
40 Depuis 1988, l'appellation a changée et est devenue le
Ministère des Relations extérieures.
41 Lire la communication d'ouverture de J.R Booh Booh du colloque
sur les ressources Humaines dans la diplomatie camerounaise tenu les 26-27
avril 2007 à l'IRIC.(Inédit)
42 Ces propos ont été cités par Lucas
Nkwentamo, dans son étude `'The organisation and the functioning of the
foreign ministry of the United Republic of Cameroon», Thesis of master's
degree in international relations, IRIC, 1981, p.31.
Cette similitude ne voile aucunement l'intention et la
volonté des nouvelles autorités camerounaises à lui donner
une forme qui reflète les aspirations et les ambitions du jeune Etat.
2- De la structure et de l'évolution dudit
ministère a)- De la structure
Dès sa création, le MINAE jouit d'un pouvoir
considérable et de ce fait, est le centre d'impulsion de la politique
étrangère du Cameroun. En dépit de sa structure
réduite43, il mènera avec succès les missions
qui lui sont confiées grâce à l'entregent et à la
compétence des ministres successifs et leurs collaborateurs. Et,
même s'il est dirigé au départ par le Président de
la République, son action n'est pas particulièrement
marquée du sceau présidentiel comme c'est le cas en ce moment.
Le visage du Chef de l'Etat est certes central en politique
étrangère, mais le MINAE reste au coeur de cette dernière
à un point tel que certains ministres par leur aura et à leur
charisme donnent l'impression de faire ombrage au Président de la
République44. Avec la création du MINAE en effet, la
diplomatie camerounaise va définitivement s'inscrire comme une
réalité administrative et professionnelle qu'il fallait
mûrir progressivement. De fait, la structure va connaître des
évolutions et mutations successives qui vont marquer sont
développement et influencer son action.
L'action du Ministère des Affaires Etrangères
sur le champ de la diplomatie est très dense. Cette densité tient
du fait de son rôle d'administration chargée de la mise en
oeuvre de la politique étrangère arrêtée par le
Président de la République que lui confère le
décret du 12 janvier 1970. Ainsi, en raison de la
spécificité et de la nature de ses missions,
43 Cf décret n°60-9 du 19 janvier 1960, in JOEC.
44 G., Alougou, op.cit. p.61
le Ministère des Affaires Etrangères a en
matière de politique étrangère un rôle
cardinal.45 La convention de Vienne du 18 avril 1961 pose donc ce
dernier comme la porte d'entrée et de sortie de tout Etat. Cette
tradition a été reprise par la plupart des Etats, y compris le
Cameroun.
A ce titre, il est chargé de la coordination de la
coopération entre le Cameroun et les pays étrangers, et de la
coopération multilatérale avec les organisations internationales
; du placement des nationaux dans la fonction publique internationale.
Ce ministère est également chargé de la
représentation de l'Etat camerounais dans diverses conférences
internationales et la co-présidence des commissions mixtes dans
lesquelles le pays est impliqué.46 Traditionnellement, le
Ministère des affaires Etrangères est chargé du suivi des
relations ave le monde extérieur dans le cadre de la mise en oeuvre de
la politique étrangère d'un Etat. 47
Ainsi, toutes les missions diplomatiques et les postes
consulaires relèvent de sa responsabilité et constituent ses
représentations extérieures. En effet, tous les rapports
d'activités réalisés par eux lui sont destinés en
priorité et, elle centralise toutes les données relatives
à la vie internationale au plan latéral comme
multilatéral. C'est tout naturellement que le Cameroun va
intégrer cette manière de faire.
Aussi, l'orthodoxie diplomatique voudrait qu'il en sont
toujours ainsi, pour des besoins de cohésion de l'action gouvernementale
en matière de politique étrangère et de diplomatie, et
pour conforter le principe de l'indivisibilité de l'Etat sur la
scène internationale. En effet, dans le domaine de la mise en oeuvre de
la politique extérieure du Cameroun, s'il y a un
~~ N., Mouelle Kombi., La politique étrangère
du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996, p.28
46 Pour plus d'informations sur les attributions du MINAE, cf. N.
Mouelle Kombi., La politique étrangère, p.29-30 ~~ G.,
Alougou, `'Les dynamiques ...», p.38
54 instrument qui a été uniquement crée
à cette fin, c'est bien le Ministère de Relations
Extérieures.48
Par le biais de son chef, de son administration centrale et de
ses services extérieurs, le MINAE est `'le seul ministère capable
de fournir une vue synthétique de la situation internationale, de
réfléchir en terme globaux, de mesurer toutes les incidences
externes des décisions prises».49
Cependant, il y'a lieu de relever que cette mission n'est pas
complètement remplie, par le fait que l'Etat camerounais accorde la
possibilité à certains Ministères techniques, de traiter
directement avec des partenaires étrangers, au détriment de
certains services du MINAE, compétent en la matière. En un mot
c'est à un dépouillement systématique du
MINAE qu'on assiste et c'est à juste raison que J.F.Bayart
écrit que :
La mission du département des Affaires
étrangères a été absorbée par la
présidence pour les questions politiques, par les ministères
techniques pour les questions économiques. Loin de suivre
étroitement les négociations avec l'étranger, poursuit-il,
fussent-elles économiques, comme le fait le Quai d'Orsay en France, le
MINAE camerounais ne participe plus qu'à leurs phases finales et d'une
manière formelle. 50
b)- De l'évolution du MINAE
La structure du Ministère des Affaires
Etrangères camerounais n'est pas restée statique. Elle s'inscrit
dans une perspective dynamique et s'est faite progressivement au gré des
situations, des conjonctures sur la scène internationale, de
l'évolution de l'Etat et de sa consolidation.
Son histoire est jalonnée de réformes
intervenant par vagues successives, chaque réforme étant
l'occasion pour cette organisation d'opérer une mue lui permettant de
cadrer avec la structure de la société
48 F.X., Ndoungou Ndjoum, `'Le ministère des relations
extérieures ....''p.30
49 S., Cohen., la monarchie nucléaire. Les
coulisses de la politique étrangère sous la Ve
république, Paris hachette, 1986, p.46, cité par Zacharie
Serge Nyanid, `'la diplomatie à l'épreuve de la
démocratisation du régime politique camerounais»,
Mémoire de DESS, IRIC, 2001, p.71
50 J.F., Bayart., L'Etat au Cameroun, Paris, Presses de la
Fondation Nationale des sciences politiques, 1979, p.176
internationale. Il faut se souvenir qu'à sa
création, le département des Affaires Etrangères brille
par la « simplicité » de son cadre organique.
Il est composé d'un cabinet du ministre, d'une
administration centrale formée par trois divisions
opérationnelles toutes à vocation régionale,
coiffée par un Secrétaire Général51
poutre maîtresse de son fonctionnement. La structure du MINAE est
calquée sur celle du Quai d'Orsay qui fait de ce personnage le maillon
essentiel, le noyau central de son organisation administrative.
Cette structure du Ministère des Affaires
Etrangères va s'étoffer sous la houlette de M. Charles Okala qui
met sur pieds quelques services extérieurs de grande importance en cette
année 1960 : Paris, Bonn, Lagos, Washington, New-York. En 1965,
l'administration est reconfigurée autour de deux directions principales
: la direction des Affaires politiques et la direction des Affaires
économiques et techniques.52 L'objectif à en croire
les témoignages historiques, est de rendre la structure efficace et
rationnelle compte tenu du fait que, les relations internationales se
spécialisent de plus en plus.
Cette période est aussi celle de l'ouverture aux pays
de l'Est et à la Chine communiste sous la férule de M.
Benoît Bala. Le MINAE connaîtra par la suite quelques mutations
légères mais significatives entre 1970 et 1974.
Au niveau des services extérieurs du MINAE notamment
les ambassades, ces politiques auront pour effet d'entraîner la
création des missions économiques. La période 1960-1970
marque l'âge d'or du MINAE en matière de politique
étrangère. Le département est en effet doté de
réels pouvoirs dans ce domaine et de manière presque exclusive,
en définit les
51 Il convient de signaler que c'est la première
expérience du genre au Cameroun parce que, à cette période
tous les départements ministériels son dotés de cabinets
politiques sous la coordination d'un directeur et d'un chef de cabinet qui
coiffèrent l'administration centrale et les services techniques du
ministère. C'est donc au MINAE que fut crée pour la
première fois au Cameroun un poste de Secrétaire
Général. Le titulaire du poste est M. François Xavier
Tchoungui ;
52 A la faveur du décret n°65/DF/349 du 05 août
1965 portant réorganisation du MINAE
orientations et les objectifs et assure leur mise en
oeuvre53 . Ce pouvoir est d'autant plus important, dans la mesure
où quelques ministres respectifs de la première heure sont
d'illustres personnalités, jouissant d'une renommée sur la
scène internationale. Cette renommée aura permis à la
diplomatie camerounaise de se rendre visible et conséquemment, d'obtenir
des résultats, Yaoundé étant devenue une place de la
diplomatie africaine.
A l'analyse de l'évolution de ladite administration de
1960 à 1970, il est loisible d'affirmer que les réformateurs
camerounais ont toujours été animés par la
préoccupation prévue dans son texte organique.54 Dans
l'article 2 du décret du 19 janvier 1960, le Ministère des
Affaires Etrangères reçoit l'exclusivité en la
matière.
En effet, le Ministère des Affaires Etrangères
assure toutes les relations du Cameroun avec les Etats étrangers et les
organisations internationales et veille à la protection des
ressortissants et des intérêts des camerounais à
l'étranger.55
Bien que relativement récente, l'histoire de la
diplomatie au Cameroun ne manque pas de leçons, bien au contraire. Elle
constitue un chapitre important de l'histoire politique du pays dont l'objet
reste encore à explorer et à reconstruire. Sa trajectoire
historique est consubstantielle à celle de l'Etat dont elle est un pan
stratégique, parce que c'est l'Etat qui lui donne forme et
signification. En réalité, le système diplomatique
camerounais est calqué sur la structure de l'Etat et il serait difficile
de les dissocier56.
53 G., Alougou, op.cit p..62
54 Il s'agit de renforcer la cohésion de l'action
gouvernementale en matière de politique étrangère et de
diplomatie et pour conforter le principe de l'indivisibilité de l'Etat
sur la scène internationale.
55 Cf Décret n°60-9 du 19 janvier 1960, art 2, in
JOEC.
56 G., Alougou `'Les dynamiques...», p.39
3- Les difficultés rencontrées dans la mise
sur pied du MINAE.
Du point de vue de la théorie du droit international,
un Etat n'existe que pour autant qu'il jouit d'une souveraineté
internationalement. L'Etat camerounais n'existe que depuis 1960, et c'est
depuis cette date qu'il est devenu un acteur international à part
entière. Or, la diplomatie est fondamentalement un attribut de la
souveraineté et son rôle est classiquement orienté vers la
paix et la guerre, facteurs structurants de la souveraineté nationale et
par lesquels un Etat défend et préserve cette
souveraineté.57
La construction de la diplomatie est donc souvent
corrélative à celle de la souveraineté, raison pour
laquelle il est plus commode de ne parler de diplomatie camerounaise que
dès lors que le pays a acquis le statut d'Etat souverain. L'histoire de
la diplomatie camerounaise est donc récente. En effet, c'est au
lendemain de l'accession à l'autonomie interne que les contours de
l'appareil diplomatique camerounais commencent véritablement à se
dessiner.
Ainsi, un an avant son accession à
l'indépendance, le gouvernement Ahidjo pense à la prise en main
de l'administration au détriment du colonisateur. Pour cela, il doit se
contenter des ressources disponibles dans l'environnement
camerounais.58
Il va se poser le problème du manque de personnel
qualifié, et l'insuffisance de l'effectif. A l'occasion, le personnel
encore peu qualifié est emprunté à d'autres
départements ministériels, ou parmi les anciens
élèves de l'école coloniale française ou anglaise,
voire des quelques camerounais s'étant imprégnés des
tâches administratives, en côtoyant l'administrateur colonial.
57 Ibid. p.60
58 A., Mouzong, `'Du Ministère des Affaires
Etrangères...», p.37
Cette politique n'a pas toujours satisfait la très
forte demande en ressources humaines de la nouvelle institution qu'est le
Ministère des Affaires Etrangères.
En 1961, le gouvernement Ahidjo est contraint de restreindre
à une poignée, les différents services qui oeuvrent
à la marche de la diplomatie camerounaise.
Par ailleurs, l'autre difficulté que rencontre le MINAE
dès sa création est due au fait que, contrairement à
d'autres structures étatiques, c'est la seule institution au Cameroun en
1960, ne disposant pas de conseillers techniques étrangers. C'est
grâce à la brillante élite issue des stages diplomatiques,
ou des écoles spécialisées camerounaises,
françaises ou anglaises, que le Ministère des Affaires
Etrangères va écrire les premières pages de son
fonctionnement.
Face à ce problème de ressources humaines, et
compte tenu du contexte sociopolitique international, ayant
évolué, des enjeux diplomatiques de plus en plus croissant, le
besoin de recruter et de former des camerounais va se poser comme une politique
urgente pour le gouvernement Ahidjo, dont le souci est de rendre dynamique la
politique étrangère du Cameroun.
Les bases d'une organisation du corps des diplomates commencent
ainsi à se concrétiser.
B- De l'organisation du corps des diplomates
1- Les formes de recrutement et les cadres de formation.
a- Les formes de recrutement (1960-1982)
La constitution et l'organisation du personnel diplomatique
camerounais n'a pas relevé du fait du hasard. Dans le système
camerounais, le corps des diplomates reçoit ordre directement du
Président de la République, à telle enseigne que son
fonctionnement quotidien est tributaire de la décision
présidentielle au même titre que sa gestion. La diplomatie est
l'une des administrations59 reconnue comme telle.
Cette singularité a été reconnue par le
décret n° 75 / 773 du 18 décembre 1975, portant statut
particulier du corps des fonctionnaires de la diplomatie et son modificatif de
197760.
Conscient des multiples difficultés que rencontre le
Ministère des Affaires étrangères après sa
création en 1960, le gouvernement Ahidjo adopte une politique qui vise
à préparer le personnel devant y exercer.
On va dès lors assister au recrutement de nombreux
camerounais. Le mode de recrutement procède de quatre façons, le
premier consistant à l'envoi en stage61, le deuxième,
de façon directe c'est-à-dire, sans suivre de formation à
la noble tâche de diplomate62, le troisième par
l'emprunt des fonctionnaires à d'autres ministères, enfin, le
dernier par l'intégration de certains diplômés de
l'ECA63.
Dans le premier mode, il serait fastidieux de dire avec
exactitude les mobiles qui ont souvent motivés le gouvernement Ahidjo
dans le choix des personnes appelées à oeuvrer au fonctionnement
du Ministère des Affaires
59 Au même titre que la l'armée et la police.
60 G., Alougou ., op.cit.,p.108
61 C'est M. Ahidjo, alors premier ministre, et aidé par le
colon, qui choisit des camerounais qui vont effectuer des stages en France et
dans les représentations diplomatiques françaises en Europe.
62 Ce mode dépendait du passé élogieux ou
des bonnes relations que ces camerounais ont tissés avec des membres
influents de l'élite politique française ; c'est cette
élite qui parrainait ces derniers pour des nominations.
63 Ecole Camerounaise d'Administration créée par
décret n°59_123 du 27 juillet 1959, in JOEC. pp.1111-1115.
Etrangères. Toutefois, nous nous essayons à dire
que, l'administrateur colonial a été pour beaucoup dans ces
choix.
En effet, venu pour exploiter à son profit et non pour
contribuer au développement des pays africains, il était
important pour le colonisateur de former des camerounais capables d'être
utilisé tout juste là ou il faut et quand il faut, et non pour se
faire remplacer par eux. Donc, la France va se refuser à en faire autre
chose que des `'instruments» nécessaires à son
développement.
C'est pourquoi l'administration coloniale Française,
à travers son fidèle partenaire64 Ahidjo, va choisir,
accueillir et former les 14 camerounais qui sont les premiers hauts cadres du
MINAE. Il n'était pas demandé à ces futurs fonctionnaires
en stage de comprendre ou de créer, encore moins d'administrer, mais
d'aider à faire.
En dehors de ces intérêts qu'il fallait
sauvegarder, on peut également relever que ces camerounais pour
être choisis, devaient avoir été d'anciens collaborateurs
de l'administrateur colonial, être intelligent, représentatif et
influent dans sa région d'origine. Ce dernier point comptait beaucoup,
probablement dans l'optique de pallier à toute menace éventuelle
des intérêts du colonisateur. C'est pourquoi, sur les conseils
avisés d'un de ses mentors Pierre Messmer65, le gouvernement
Ahidjo puise dans le vivier de francophiles, les personnes devant jouer les
premiers rôles dans la République à venir66.
Dans sa grande majorité, ledit personnel sera
envoyé plus tard en France pour étudier les relations
internationales, le droit international, l'administration des affaires
étrangères et le fonctionnement des ambassades, en
préparation de la souveraineté du Cameroun. C'est le point de
départ de la
64 Par fidèle partenaire, nous entendons celui qui accepte
servir les intérêts de l'administrateur colonial au
détriment de la Nation quel qu'ils soient. C'est une relation du genre
enfant- parrain, que l'on observe ici.
65 Pierre Messmer fut un des tout derniers Commissaires
français au Cameroun avant l'accession de ce pays à
l'indépendance en 1960.
66 S., Abona, `'Aimé Raymond Nthepe,
diplomate....''p.41
structuration d'une profession qui ne tardera pas à
prendre de l'envergure au fil des ans et au gré des changements que
connaît le Cameroun.
Examinons dans les tableaux qui suivent les statuts et
origines de ce personnel qui constitue la toute première élite de
stagiaires diplomates Camerounais dès juin 1959, ces
éléments nous édifient davantage.
TABLEAU N°1
PREMIERE VAGUE DU PERSONNEL STAGIAIRE EN
DIPLOMATIE (1959)
Noms et Prénoms
|
Date et lieu de naissance
|
Grade
|
Région d'origine
|
NTHEPE AIME RAYMOND
|
19 Mai 1914 à Bonapriso
|
Secrétaire d'adm principal 1er
échelon des services civils et financiers
|
LITTORAL
|
MVIE ROSTAND
|
1923 à Mekoé
|
Secrétaire d'adm principal 1er
échelon des services civils et financiers
|
CENTRE
|
KUOH TOBIE CHRISTIAN
|
23 Avril 1921 à Akwa
|
Secrétaire d'adm principal 2ème
classe 3ème échelon des services civils et financiers
|
LITTORAL
|
NKO'O ETOUNGOU
|
14 février 1932 à Messok
|
Secrétaire d'adm principal 2ème
classe 2ème
échelon des services civils et financiers
|
SUD
|
OWONO NKOUDOU JOSEPH
|
17 Décembre 1921 à Mengueme
|
Conducteur des travaux agricoles de 2ème
classe 4ème échelon
|
CENTRE
|
BINDZI AMOUGOU BENOIT
|
1924 à Ekok
|
Contrôleur adjoint douanes de 2ème
Classe, 2ème échelon
|
CENTRE
|
MAHMOUDOU HAMAN DICKO
|
26 Octobre 1927 Rey Bouba
|
Infirmier vétérinaire
de 2ème classe
|
NORD
|
NGOKO PAUL
|
1927 à Bamenda
|
Adjoint administratif de 2ème classe
|
OUEST
|
AZOLA LUC
|
11 Nov 1923 à Madoula
|
Instituteur de 1ère classe
|
EST
|
BEB A DON PHILEMON
|
15 Août 1925 à Kiki
|
Agent contractuel d'administration au Ministère de
l'intérieur
|
CENTRE
|
HAPI TINA GABRIEL
|
15 Sept 1926 à Bana
|
Agent contractuel d'administration au MINFI
|
OUEST
|
Tableau conçu par nous à partir des sources des
ANY, Arrêté n° 1507 du 20 mai 1959, in JOEC,
P-642-643.
TABLEAU N°2
DEUXIEME VAGUE DU PERSONNEL STAGIAIRE EN
DIPLOMATIE (1959)
Noms et Prénoms
|
Date et lieu de naissance
|
Grade/Titre
|
Région d'origine
|
OYONO FERDINAND LEOPOLD
|
14 septembre 1929 à Ngoulemakong
|
Chercheur à l'ORSOM de Paris
|
SUD
|
SENGAT- KUO FRANÇOIS
|
1931 à Douala
|
Secrétaire d'administration principal
|
LITTORAL
|
NGANDO BLACK
|
/
|
Secrétaire d'administration principal
1er échelon des services civils et financiers
|
LITTORAL
|
Tableau conçu par nous à partir des sources
des ANY, Arrêté n° 3178 du 15 septembre 1959, in JOEC,
p.1331.
L'analyse que nous pouvons établir de ces tableaux est
que, le gouvernement Ahidjo, pour choisir les camerounais qui allaient
effectuer un stage de formation diplomatique en France, s'appuyait d'avantage
sur, l'intelligence, le sens de gestion, le charisme et parfois le grade. C'est
d'ailleurs ce que relève Jacques Roger Booh Booh en ces termes :
De manière générale, le Président
Ahidjo s'est appuyé en priorité sur une élite
pétrie de talents, formée dans de prestigieuses écoles et
universités françaises, mais également sur des cadres
compétents et intègres de l'administration
camerounaise67.
Dans ces formes de recrutement, un constat déplorable
se dégage néanmoins. En effet, de tout le personnel choisi par le
gouvernement Ahidjo pour effectuer lesdits stages en diplomatie, l'on ne compte
aucune femme dans ces deux vagues de Camerounais. Est-ce à dire que
parmi ledit
67 J.R., Booh Booh., `'Les premiers diplomates
camerounais»,inédit, intervention au colloque sur les ressources
humaines dans la diplomatie camerounaise (1957-1971) tenue à l'IRIC du
27 au 28 avril 2007.
personnel choisis pour contribuer à renforcer, voire
établir des liens nouveaux entre le nouvel Etat indépendant
qu'est le Cameroun et d'autres nations, l'apport féminin était
introuvable, rare ou du moins, ne se présentait pas comme une
nécessité ? Une interrogation qui ne saurait manquer
d'éléments de réponses. Nous nous essayons à dire
que le contexte historique était marqué par une marginalisation
politique de la femme. Ainsi, dans presque toutes les nations
développées ou non, le constat est le même. C'est dire, que
l'absence de la femme parmi le premier personnel diplomatique camerounais, ne
relevait pas d'une marginalisation particulière au gouvernement
Ahidjo.
Quant au second mode de recrutement, à savoir
l'insertion directe, on note par exemple le cas de Kuoh Moukouri Jacques, qui
est nommé le 04 janvier 1960, comme le premier Ambassadeur du Cameroun
en France. Ce dernier au moment de sa nomination remplit la prestigieuse
fonction de Préfet du département du Nyong et Sanaga68
.
Quelques éléments sont à mettre au
crédit de l'ascension spectaculaire de Kuoh Moukouri. D'après
notre informateur Jacques Roger Booh Booh69,
Le dynamisme et l'activisme antérieur de KUOH Moukouri
ont beaucoup contribués à sa nomination ; ce dernier fut le
1er camerounais en 1946 à devenir souspréfet ; en
dehors du fait qu'il a été un ancien vice-président de la
Jeunesse Camerounaise Francophone (JEUCAFRA), ce fut un proche collaborateur et
ami de Louis Paul Aujoulat. C'était quelqu'un d'une forte
personnalité et d'un tempérament élevé.
Le facteur familial de parenté peut également
être considéré dans cette ascension des premiers diplomates
camerounais à de prestigieux postes. Ceci se vérifie en effet
chez les Kuoh. En dehors de l'activisme et du
68 Cf Décret n°60-1 du 4 janvier 1960 portant
nomination d'un ambassadeur du Cameroun en France, in Journal Officiel de
l'Etat du Cameroun, du 03fevrier 1960, p.131.
69Ancien Ministre des Affaires
étrangères, proche de Kuoh Moukouri, Entretien du 14 juin 2007
à l'IRIC.
dynamisme de Kuoh Moukouri Jacques, alors sous préfet,
son cousin Kuoh Tobie Christian, candidat dans la première vague de
stagiaires diplomates de 1959, et un des tout premiers membre du gouvernement
sous Ahidjo, à avoir occupé conjointement les fonctions de
Directeur du Cabinet civil et de Secrétaire général de la
Présidence, aurait favorablement oeuvré pour la
désignation de Kuoh Moukouri, comme Chef de mission diplomatique du
Cameroun en France en 1960.
Toutefois, il serait fastidieux de s'interroger sur quelles
bases s'est souvent appuyé le Président de la République
pour choisir un personnel non initié aux affaires diplomatiques, pour en
faire des Ambassadeurs.
Plusieurs raisons peuvent justifier ces actes. En effet il
faut s'en remettre aux termes de la constitution du 2 juin 1972, qui dispose
que `'le Président de la République accrédite les
Ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des puissances
étrangères».
L'internationaliste Narcisse Mouelle Kombi, dans son analyse
de la politique étrangère du Cameroun, va dans le même sens
en précisant que cette compétence d'organe accréditant est
essentiellement discrétionnaire et exclusive70.
Ceci sous entend que, premièrement, le Président
nomme et mute librement ses Ambassadeurs auprès des puissances
étrangères sans avoir à en référer ou
à en rendre compte à quelques autre organe constitutionnel, ou
même à son ministre chargé des Affaires
étrangères. Deuxièmement, le chef de l'Etat est libre de
choisir les personnalités auxquelles il confie la charge de
représenter le pays à l'extérieur71.
7° N., Mouelle Kombi., La politique
étrangère p.24
71 Ibid.
Quant au personnel emprunté à d'autres
départements ministériels, il est constitué pour la
plupart d'agents contractuels d'administration. Ce sont des camerounais issus
de la catégorie B, et qui vont se distinguer dans les domaines
économiques et financiers. En 1966, ceux-ci exercent au MINAE ; il
s'agit entre autre de Kima Tabong, qui est nommé chef de service des
relations économiques et bilatérales, Max Legrand Evehé,
adjoint administratif des services civils et financiers, Vincent Owona, chef de
service des conférences internationales, Guillaume Owona, adjoint
administratif des services financiers, etc.
Dans le dernier mode de recrutement, seuls les meilleurs
élèves issus du moule de l'Ecole camerounaise d'administration
étaient orientés comme agent diplomatique au MINAE. Et, avant de
prendre fonction au MINAE, un des tout premiers stagiaires, témoigne du
mode de formation ;
Ces nouvelles recrues devaient effectuer un stage de
perfectionnement dans un institut spécialisé hors du Cameroun.
Dans la plupart des cas, ces stages de perfectionnement se déroulaient
à l'ambassade du Cameroun à Paris72.
Ainsi, cette école créée pour former des
administrateurs, sera un des principaux foyers d'approvisionnement du MINAE en
fonctionnaires dès 1961. L'ECA disposait en effet, « d'une Division
des Affaires Etrangères » au sein de laquelle étaient
formés les futurs diplomates en collaboration avec la section
diplomatique de l'IHEOM. 73
Parmi ces diplômés de l'ECA qui vont oeuvrer
comme des agents diplomatiques du MINAE et occuper parfois les hautes fonctions
de la diplomatie, on retrouve quelques noms comme : Salomon Bakoto, Jean
Baptiste Beleoken, Paul Dontsop, Pièrre Mvondo Shé, Dénis
Noah, Guy
72 C.T., Kuoh, Mon témoignage. Le Cameroun de
l'indépendance (1958-1970), Paris, Karthala, 1990 p.67
73 Cf. Salomon Bakoto, op.cit., pp11-12 ; il fut lui aussi
lauréat de cet établissement en 1963.
Lucien Saoh, Jean Jacques Efangon, Daniel Seck, Edouard Bikok
Momha, etc.
Avant leur sortie de l'ECA en tant qu'administrateurs civils,
ces élèves ont suivis trois années durant, des cours en
administration générale et sociale, en administration
économique et financière, et en droit.74
Compte tenu des exigences de l'heure et des pressions du
colonisateur qui tenait à garder le contrôle de la politique
extérieure du Cameroun, Il fallait de plus en plus recourir au
recrutement des agents diplomatiques sans exigence de connaissance en
diplomatie. Quelques uns étaient envoyés en stage pour la
formation de diplomate.
TABLEAU N°3
ETAT NUMERIQUE QUALITATIF DU PERSONNEL
DIPLOMATIQUE (1960-1970)
Qualité
|
Administration Centrale
|
Services Extérieures
|
Total
|
Pourcentage
|
Diplomates
|
116
|
101
|
217
|
26,11%
|
Non Diplomates
|
230
|
384
|
614
|
73,88%
|
Source : F.X.Ndoungou Ndjoum, `'Le
ministère des relations extérieures ....''p.173
Le constat qui se dégage de ce tableau est que, de 1960
à 1970, le personnel dans la diplomatie camerounaise comprend beaucoup
plus d'agents non diplomates soit 614 contre 217 Diplomates seulement.
Ce fort déséquilibre s'explique par les
conditions dans lesquelles ont été réalisées les
multiples intégrations successives du personnel en provenance d'autres
ministères, le reclassement dans le cadre des affaires
étrangères
74 Cf arrêté n°2547 du 4 août 1959,
portant organisation des concours d'entrée et fixant les conditions de
la scolarité à l'école camerounaise d'administration, in
JOEC, chapitres 3 et 4, p.1113-1115
s'étant effectué à partir des besoins
immédiats qui se faisaient sentir. Or, les intégrations
réalisées sur la base de textes généraux dont la
préoccupation d'ailleurs était d'assurer le bon fonctionnement du
MINAE, ont été fréquentes dans ce ministère.
C'est ce phénomène qui sera la l'nue des
principales causes du trop plein d'agents détachés d'autres
corps, et dont les fonctions antérieures ne prédisposaient pas
aux tâches diplomatiques.75
b- Les cadres de formation (1960-1970),
(1971-1982)
La formation du personnel diplomatique camerounais de 1960
à 1982, s'est déroulée aussi bien au Cameroun qu'à
l'extérieure.
Comme nous l'avons relevé plus haut, c'est à
compter de 20 mai 1959, que des camerounais de divers statuts sont choisis pour
suivre un stage de formation de diplomate en France. C'est au ministère
des affaires étrangères du gouvernement de la République
française (Le Quai d'Orsay) et dans les missions diplomatiques
françaises à l'étranger76, que ce stage est
suivi. La formation qui dure six mois, procède en deux phases, et
s'appuie sur l'administration générale et le droit international
public.
La première phase consiste à inculquer aux
stagiaires quelques notions de droit international public, et à un
renforcement des modes de gestion administratives taillées à
l'avantage du colon. La dernière phase qui consiste à la
pratique, se déroule hors de la France, après avis respectifs du
ministre des affaires étrangères du gouvernement français,
et du chef de gouvernement camerounais77. Les stagiaires observent
et s'imprègnent des divers canons qui régissent la tâche
diplomatique.
75 F.X., Ndoungou Ndjoum, `'Le ministère des relations
extérieures ....''p.173
76 Cf Arrêté n° 1507 du 20 mai 1959, in JOEC,
P-642-643, et Arrêté n° 3178 du 15 septembre 1959, in JOEC,
p.1331, à propos desdits stages diplomatiques.
77 Cf article 4 de l'arrêté n°1507, in JOEC, p.
643.
Après cette rapide et brève formation, les
fonctionnaires et agents camerounais désormais diplomates, rentrent en
décembre 1959, se mettre au service de leur pays.
Il convient néanmoins de relever que c'est par simple
calcul politique, et par le souci d'orienter les relations extérieures
du Cameroun post-indépendant, que la France avait pris soin de ne former
qu'un personnel diplomatique autochtone venu de diverses régions du
pays. La formation de ce personnel autochtone aurait sûrement eu des
retombées négatives sur les relations camerounaises avec les
métropoles coloniales. C'est sans doute ce qui justifie le parrainage de
ladite formation.
Aussi dans le contexte camerounais, la diplomatie s'organise
essentiellement autour du pôle gouvernemental, et ses acteurs majeurs
sont des acteurs étatiques qu'ils s'agissent des acteurs institutionnels
ou individuels. En effet, le diplomate tient sa légitimité de
l'Etat qui lui exprime sa confiance en lui confiant la charge de le
représenter auprès des Etats étrangers, et ainsi, de
parler en son nom. Ses choix, ses gestes sont ceux de l'Etat qu'il
représente78. Dès 1973, la formation des diplomates
est effective à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun.
Pour être formé à l'IRIC, deux conditions
doivent être remplies par tout postulant à la fonction
diplomatique : la condition juridique et la condition académique.
Les conditions juridiques concernent la nationalité et
le sexe des candidats. Les premiers diplomates issus de l'IRIC avaient
l'obligation d'être de nationalité camerounaise, et remplir de
bonnes conditions morales, civiques et physiques79. Par ailleurs, il
n'ya pas de distinction quant au sexe des postulants.
78 G., Alougou ., op.cit.,p.108
79 De nos jours cette école accueille également des
étudiants de nationalités étrangères.
La condition académique quant à elle doit
être réglée par la présentation du diplôme de
licence.
Après avoir réuni ces critères, les
candidats sont soumis à une formation académique et
professionnelle qui dure deux ans.
La formation académique porte sur des enseignements
généraux, et particulièrement les relations
internationales80.
La formation professionnelle quant à elle, ne se limite
pas au stage qu'effectuent les futures diplomates au MINAE, encore moins
à l'étranger. Cette formation est continue, car le métier
de diplomate exige avant tout une connaissance approfondie des hommes, des
hommes de tous les continents et une sensibilité particulière aux
relations humaines81.
Parmi les premiers diplomates camerounais sortis de l'Institut
des Relations Internationales du Cameroun, on trouve des noms comme Christopher
Nsahlai, Michel Tommo Monthe, Anatole Nkou, Jean Simplice Endezoumou Ndjemba,
Martin Ayafor Chungong, André Marie Atangana Zang, Etienne Ateba,
Ambroise Behalal, etc82.
Conscient du besoin important des ressources humaines
qualifiées, pouvant permettre de pallier ledit manque en 1971, le
Président Ahidjo, en dehors de l'Institut des Relations Internationales
du Cameroun, qu'il créé, signe également un important
texte83.
Ce dernier porte intégration dans le corps de la
diplomatie, de nombreux camerounais formés dans certaines écoles
occidentales. Parmi celles-ci, on a la `'Columbia School of United States of
America», l'Institut International d'Administration Publique de Paris
(I.I.A.P), et l'Institut Universitaire des Hautes Etudes Internationales
(I.U.H.E.I) de Genève. Dans
80 Entretien avec le Pr Laurent Zang, chef de département
de diplomatie à l'IRIC, le 7 /04/09 à l'IRIC.
81 A., Chambon, Mais que font ces diplomates entre deux
cocktails ? Paris, A-Pedone, 1983, p.107, cité par F.X.Ndoungou
Ndjoum, `'Le ministère ....''p.177
82 Entretien avec le Pr Laurent Zang, le 7 /04/09 à
l'IRIC.
83 Il s'agit de l'Arrêté n°71/CAB/PR du 24 Mars
1977, portant agrément des écoles internationales diplomatiques,
JORUC, ANY.
ces Ecoles occidentales, des enseignements de relations
internationales, de droit et de sciences politiques, sont dispensées.
C'est avec ces mesures urgentes que prend corps progressivement
le personnel diplomatique au Cameroun.
2- La hiérarchie des agents diplomatiques et le
traitement en solde
La notion de personnel diplomatique révèle
l'éclatement du corps diplomatique et celle de la profession
elle-même. Définie comme `'le vaste groupe constitué par
les agents diplomatiques d'un pays et du ministère des affaires
étrangères, qui préside leurs
activités,»84 elle connote une réalité
plurielle, hétérogène et segmentée.
L'expression personnel diplomatique se structure autour de
plusieurs catégories socioprofessionnelles opposées, mais dont le
point commun est qu'elles participent toutes au pilotage et à la mise en
oeuvre de la politique étrangère et de la diplomatie. Au
Cameroun, le personnel diplomatique est constitué des diplomates et des
attachés des affaires étrangères ; ces deux
premières catégories sont compétentes pour traiter des
questions diplomatiques.
Par ailleurs, il faut ajouter à ces deux, les
catégories composées des contractuels d'administration
régis par le code du travail, les secrétaires de direction et
dactylographes, les agents décisionnaires. Les fonctionnaires des autres
corps de l'administration publique affectés au MINAE font
également partie du personnel diplomatique.
La classification de ce personnel peut s'effectuer en trois
groupes. Parmi ceux-ci viennent en premier les diplomates, ensuite les
attachés, enfin les agents.
Ces trois groupes comprennent des répartitions internes ;
ainsi, dans le cadre des diplomates on a deux grades : le deuxième grade
qui comprend les
84 M.A.F., Frangulus. (dir.) ; Dictionnaire
diplomatique, Paris, Académie diplomatique internationale, 1974
Ministres plénipotentiaires et les conseillers des
affaires étrangères. Le premier grade quant à lui, est
celui de Secrétaire des affaires
étrangères.85
La prise en solde du personnel diplomatique varie dès lors
qu'on se trouve en poste à l'étranger ou dans les services
centraux.
C'est compte tenu de cette classification du personnel
diplomatique, que la prise en solde est opérée.
Ainsi, les fonctionnaires du corps de la diplomatie en service
dans l'administration centrale, ont le statut de fonctionnaire de la fonction
publique camerounaise. Ceux des fonctionnaires diplomates en service à
l'étranger sont pris en solde en fonction du SMIG du pays d'accueil.
Pour ce qui est de la classification, les diplomates se
répartissent en plusieurs catégories : on a le cadre des
diplomates, classés dans la catégorie A, le cadre des
attachés des affaires étrangères classés dans la
catégorie B.
Placés tous sous la direction du Ministre des Affaires
étrangères, les diplomates sont chargés de la mise en
oeuvre des directives du Président de la République en
matière de politique extérieure. Cette tâche est
différente de celle de préparation et d'application
réservées d'une manière générale aux
attachés. 86
85 Cf décret n°75_775 du 18 décembre 1975 in
JORUC, portant statut particulier du corps des fonctionnaires de la diplomatie,
art 2, 3, 4, p.2484, ANY.
86 Ibid.
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