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Ferdinand Léopold OYONO: le diplomate

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par Georges Patrice ETOA OYONO
Université de Yaoundé I - mémoire de maà®trise en histoire 2004
  

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B-la coopération multilatérale

En dehors des relations bilatérales, le Cameroun a noué d'autres liens avec des institutions internationales spécialisées à partir desquelles il a reçu des aides en espèces et en nature ainsi que des experts pour la réalisation des projets de développement. A cet effet on peut relever la présence et le rôle de Ferdinand OYONO en tant que MINREX durant certaines Conférences internationales, lors du sommet de l'OUA à Yaoundé en 1996, et surtout dans la signature d'accords multilatéraux.

1- La participation du MINREX aux Conférences internationales

Le triptyque de la diplomatie camerounaise, durant le passage de Ferdinand Léopold OYONO à la tête du MINREX, est le rayonnement, la présence et la participation. C'est ainsi qu'on a pu voir le ministre des Relations Extérieures aux côtés du Président Paul Biya lors de diverses conférences internationales telles que présentées par le tableau n°2 ci-après.

Participation du Cameroun aux conférences internationales.

Sommet

Lieu

Année

OUA

Dakar

1992

Francophonie

Maurice

1993

OUA

Tunis

1994

France-Afrique

Biarritz

1994

Francophonie

Cotonou

1995

50 ans OUA

New-york

1995

Commonwealth

Auckland

1995

OUA

Addis Abéba

1995

Conf. Mondiale sur le développement Social

Copenhague

1995

51e Assemblée générale de l'ONU

 
 

Alimentation

New-York

1996

OUA

Rome

1996

 

Lomé

1997

Tableau dressé à partir des données du MINREX

Il ressort de ce tableau que le Cameroun a été présent sur la scène internationale de 1992 à 1997 où il a pu renforcer ses liens avec d'autres Etats dans le cadre multilatéral.

Par ailleurs, on note la participation du ministre des Relations extérieures à toutes les Assemblées générales de l'ONU de la 47e à la 51e session. Le MINREX a également assisté à tous les conseils de ministres de l'OUA de 1992 à 1997. Ferdinand OYONO, en tant que MINREX, a représenté le chef de l'Etat à plusieurs conférences également. C'est le cas du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements du Commonwealth à Limassol (Chypre) en 1993, du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des pays des grands lacs (Arusha 1 et 2, Nairobi 1 et 2) portant sur la crise dans les grands lacs ainsi que la première réunion du comité international de médiation sur la crise congolaise qui s'est tenue à Libreville

en 1997(145). Dans ces travaux auxquels prennent part les présidents du Gabon, Tchad, Bénin, Mali, Sénégal, Togo, RCA, Guinée-Équatoriale, Ferdinand Léopold OYONO a représenté le Cameroun en lieu et place du Chef de l'Etat Paul BIYA. Les travaux visaient à trouver un accord de cessez -le- feu à propos de la crise qui opposait le Président Pascal LISSOUBA, le Chef du gouvernement Bernard KOLELAS et le Général d'armée Denis SASSOU NGUESSO, leader des Forces Démocratiques Unies (FDU).

Au terme de cette réunion, les parties se sont engagées à régler la crise par la poursuite des négociations politiques sous l'égide du Comité international de médiation présidé par le Chef de l'Etat gabonais OMAR BONGO.

Le ministre des Relations Extérieures Ferdinand OYONO a participé à tous les sommets France Afrique depuis 1994, de la Francophonie organisés depuis 1992, ainsi qu'à diverses conférences internationales; on peut relever par exemple sa participation:

- aux conférences des Ministres des Affaires Etrangères et au septième sommet de l'O.C.I de Casablanca en 1994,

- au Comité des cinq sur l'embargo imposé à la Libye qui s'est rendu

successivement à Tripoli et à New York, enfin au sommets du mouvement

des non-Alignés qui se sont tenu en Indonésie en 1992 et en Colombie en

1995(146).

Parallèlement à sa participation à ces conférences internationales à l'extérieur, le Cameroun a également été l'hôte de quelques rencontres internationales ou a accueilli les dirigeants de ces organisations (Cf. tableau n°3).Ce fut le cas des conférences des ministres des Finances de la Zone franc en 1992, de la cinquième conférence mondiale de l'ONUDI en 1993, du congrès mondial sur le Sida et du sommet des chefs d'Etats de l'UDEAC en 1994.

145 146

Visites des dirigeants des organisations internationales au Cameroun de

1992 à 1997

NOM

Statut

Année de la visite

HAMID ALGABID

Ancien SG de l'OCI

1992, 1993, 1995

AHMED MOHAMAD ALI

Président Banque Islamique du

Développement

1993

ENAM AHMED

Vice-Président Banque Islamique du

Développement

1993

ANTHONY GOODENOUGH

Secrétaire d'Etat Adjoint de la Grande Bretagne chargé des affaires étrangères et du Commonwealth

1993

BOUTROS BOUTROS

Secrétaire Général de l'ONU

1993

Chief EMEKA ANYAOKOU

Secrétaire Général du Commonwealth

1993

Jean Louis ROY

Secrétaire Général de l'ACCT

1993

Délégation conduite par

KAMAK HOSSEN

Du secrétariat général du Commonwealth

1993

Jacques DIOUF

Directeur Général du FAO

1995

NICK HARE

Secrétaire Général Adjoint du

Commonwealth

1996

Anatole TIENDREBEOGO

Secrétaire Général Adjoint de l'OUA

1996

SALIM AHMED SALIM

Secrétaire Général de l'OUA

1996

Mission spéciale de l'ONU

Sur l'affaire BAKASSI

1996

IBRAHIMA FALL

Sous-Secrétaire Général des Nations

Unies chargé des questions politiques

1997

Source : tableau dressé à partir des données tirées du livre intitulé Cinq ans de
progrès avec Paul BIYA

De ce qui précède, il résulte que la diplomatie camerounaise sous Ferdinand OYONO a été dynamique et imaginative, ce qui lui a permis de relever nombre de défis tout en assurant le rayonnement du pays dans le monde.

2- Le sommet de l'OUA à Yaoundé

C'est au cours du trentième (30e ) sommet de l'OUA tenu en Tunisie en juin 1994 que le Cameroun est désigné pour abriter la conférence des chefs d'Etat de l'Organisation panafricaine deux ans plus tard. En 1995, Ferdinand OYONO rentrant d'Addis-Abeba ne se fait plus de souci dans la mesure où son pays vient d'apurer ses arriérés de cotisation s'élevant à 500 millions de F CFA (147) auprès de l'OUA.

Membre fondateur de l'organisation, le Cameroun n'avait jamais abrité un sommet de l'OUA. Pourtant le diplomate OYONO faisait partie de la délégation(148) qui s'était rendue à Addis-Abeba à la suite du Président Ahidjo le 25 mai 1963 pour participer à la création de cette Organisation. Il donne les raisons de la tenue du sommet de l'OUA à Yaoundé en ces termes :

`' ... le Cameroun en tant que membre fondateur entendait ainsi apporter une fois de plus sa contribution au progrès de l'Afrique, au progrès de l'OUA. Ceci fait partie des responsabilités normales attachées à la qualité de membre d'une organisation internationale ... `' (149).

Au cours de la réunion préparatoire dudit sommet, le comité d'experts de l'organisation africaine a retenu trente cinq thèmes relevant des domaines divers :

147 148 149

politique, économique, social, financier de la coopération multilatérale et politique extra continentale de l'OUA, etc. (150)

Ainsi pas moins de 31 chefs d'Etat, de chefs de gouvernement, de ministres et de chefs de délégations venues de tout le continent africain auront répondu au rendez-vous de la capitale camerounaise. Pour la réussite d'une telle entreprise, c'est au ministre des Relations extérieures qu'incombe une des plus lourdes tâche des préparatifs, à savoir s'assurer et veiller à la bonne tenue et à la participation effective des différentes délégations, en vue d'un établissement ou d'un renforcement des liens de coopération.

Le sommet de l'OUA de Yaoundé, de l'avis de certains observateurs afro pessimistes, ne devait pas se tenir compte tenu de l'absentéisme notoire du Président BIYA à presque tous les sommets de 1983 à 1991 d'une part, du climat sociopolitique qui régnait en Afrique dans les années 1990 caractérisé par les conflits ethniques, les guerres frontalières d'autre part. A tous ceux là, Ferdinand Léopold OYONO, Vice- Président du comité national d'organisation dudit sommet et l'un des principaux artisans de sa tenue avait répondu au cours d'une interview en prélude au sommet de Yaoundé en ces termes :

`' ...Nous déplorons comme vous ces conflits qui déchirent le continent. Ils constituent, hélas un obstacle réel au développement économique et social des pays concernés ; mais en aucun cas ils ne sauraient être la preuve de l'échec de la dynamique unitaire inspirée par l'OUA. L'OUA est un organe de concertation et de décision par excellence, les rencontres périodiques des chefs d'Etat et de gouvernement

150

voire les différents conseils des ministres ne sont que la partie visible de l'iceberg... `'(1151)

Sur le plan politique et social, l'actualité africaine était marquée par la psychose qui régnait au Burundi. Toutefois, les participants ont pu débattre également des conflits (152) du Rwanda, Libéria et de Somalie. Une résolution portant sur le maintien de la paix et de la sécurité fut prise.

Hormis ces problèmes de paix qui affectaient le continent africain, la rencontre de Yaoundé a permis de débattre des questions économiques régionales mais également de la promotion d'un développement durable etc....(3153)

Parlant du rôle de l'OUA sur la situation économique des pays d'Afrique, le chef de la diplomatie camerounaise déclare :

`' ... Les problèmes liés à la décolonisation du continent, à l'Apartheid étant déjà réglés, il était important pour l'organisation de s'attaquer aux questions essentielles de la survie et du bien- être des peuples. Une partie des discussions aura porté sur la mise sur les rails du traité d'Abuja instituant la Communauté économique africaine entrée en vigueur en mai 1994... `'(4154)

Le sommet de Yaoundé, a permis aux différents participants de débattre sur les questions de dette extérieure, de la situation socio-économique de l'Afrique, de la coopération et de l'intégration économique régionale. La promotion d'un développement durable, le maintien de la paix et de la sécurité, tout comme la gestion de l'environnement et la promotion de la culture et des industries africaines n'ont pas été en reste (155).

151 152 153 154 155

Au total, le sommet de l'OUA de 1996 a été pour le chef de la diplomatie camerounaise,

`'... le rendez-vous d'une Afrique qui, consciente des enjeux de l'heure devait se préparer pour le troisième millénaire ; débarrassé de ses tabous. Ce fut bien évidemment un succès pour notre diplomatie... `'(156)

S'il est vrai que le rôle de Ferdinand OYONO dans les préparatifs du 32e sommet de l'OUA a été très important, il n'en demeure par moins que le chef de la diplomatie camerounaise aura parfois outrepassé son domaine de compétence. Ce fut le cas du problème qui se pose au sujet d'une structure de l'OUA basée à Dschang, le Centre africain de recherche et de formation phytosanitaire (CARFOP).

En effet, le CARFOP était une institution de formation de cadres africains de conception dans le domaine de la protection des végétaux et des récoltes. Les membres directeurs du CARFOP étaient nommés par le Secrétaire général de l'OUA. En mars 1994, le directeur général du CARFOP, Jacob FOKO, se trouve en démêlés avec Ferdinand OYONO, MINREX, pour « refus d'exécution » (157).

Le ministre camerounais des Relations extérieures est entré en discorde avec le Secrétaire Général de l'OUA pour avoir voulu imposer un directeur autre que celui nommé par Salim Ahmed Salim alors que les textes de l'OUA ne lui donnait aucun droit de poser un tel acte. La Présidence de la République du Cameroun informé par les protestations du Secrétaire Général de l'OUA va réagir par la voix de son Secrétaire général Titus EDZOA demandant à OYONO de surseoir au limogeage de Jacob FOKO ou de le rétablir dans ses fonctions.

156 157

Mais Ferdinand Léopold OYONO n'a pas cru devoir obéir aux instructions de sa hiérarchie. Ce bras de fer entre OYONO et Salim Ahmed Salim mit près d'un mois jusqu'à ce qu'ordre soit donné au Recteur de l'Université de Dschang de procéder, avec au besoin le secours de la police, à la réinstallation de Jacob FOKO ( 158)

Abus de pouvoir ? Rancune ou malentendu entre les parties concernées? Addis- Abeba en particulier ? Il est difficile de donner un jugement. Toutefois, on sait qu'avant le déclenchement de ce différend en 1994, le Cameroun faisait partie des Etats africains considérés comme des mauvais payeurs à l'OUA accusant plus de deux milliards d'arriérés de cotisation(159).

La nature des liens entre Yaoundé et Addis -Abeba à propos de ce différend est resté fort heureusement, sans effet sur la coopération multilatérale.

3- La signature d'accords multilatéraux.

Entre 1992 et 1997, le Cameroun a procédé à la signature de plusieurs accords qui ont contribué au développement du pays. Ainsi, sur les aspects sociaux, économiques et politiques, on peut citer entre autres, les accords de coopération Cameroun - UNESCO du 20 janvier 1993, relatif au programme international pour le développement de la commutation, (P.I.D.C) ou encore l'accord de siège Cameroun - Secrétariat ONU relatif au centre d'information des nations Unies à Yaoundé en 1994(1160).

Le 16 Août 1995, Ferdinand OYONO a reçu le Dr Hamid Algabid, Secrétaire général de l'organisation de la conférence Islamique (O.C.I). Excepté l'entretien portant sur les préparatifs de la conférence des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OCI prévue en Guinée en décembre 1995, les deux personnalités ont parlé de la coopération entre l'O.C.I et le Cameroun, malgré le statut du Cameroun comme Etat membre à part entière de cette organisation, il

158 159 160

sera procédé à la signature d'un accord de financement pour la construction des lieux de Kousseri, le barrage de Song - loulou d'un montant de (23 milliards de FCFA) et la Cellucam (4,8 milliards de F.CFA). F. L. OYONO qualifiera de bonne la coopération entre son pays et l'O.C.I et surtout réaffirmera la détermination du Cameroun à participer aux prochaines assises de l'O.C.I (161).

La date du 16 août 1995 va cadrer également avec l'admission du Cameroun comme 52e pays membre du Commonwealth, il faudrait attendre quatre mois environ pour voir le Cameroun signer de nouveau accord. En effet, le 19 décembre 1995, le ministre des Relations extérieures Ferdinand OYONO et Danielle Benjamin représentant du bureau national du Fonds des nations unies pour l'Enfance (UNICEF) ont procédé à la signature d'un accord de base qui fixe les conditions dans lesquelles l'UNICEF, dans la limite de son mandat et dans le cadre des opérations des Nations unies, va coopérer avec le Cameroun. Le ministre camerounais dans son allocution a dit que:

`' ... cet instrument cadre balise les conditions d'articulation du dialogue fructueux que le gouvernement ne cesse de poursuivre avec les nations unies en général et l'UNICEF en particulier, afin de permettre à celui-ci et à ses partenaires opérations, d'établir des stratégies isectorielles qui sauvegardent et la mission du fonds qui est d'assurer la survie, la protection et le développement de l'enfant... `'(162).

Cette assistance de l'UNICEF, ne constitue pas la fin de la série d'accords multilatéraux que le Cameroun, par l'intermédiaire de son ministre des Relations

161 162

extérieures, a signé au cours de son passage au MINREX cinq années durant. Il y eut d'autres parmi lesquels:

-L'accord de siège Cameroun - Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.DA) ; signé par OYONO et le Secrétaire permanent de l'O.H.A.D.A .

Ce traité relatif à L'O.H.A.D.A. avait été signé par quatorze Etats africains portés à 16 à Port Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993 ; il a pour objet l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats parties grâce à l'adoption de règles communes simples, modernes en oeuvre de procédures judiciaires appropriées, et par l'encouragement au recours à l'arbitrage pour le règlement des différends contractuels (163).

- En matière de sport, l'accord de siège signé entre le gouvernement camerounais représenté par Ferdinand OYONO, le ministre de la jeunesse et des sports Samuel MAKON, et la Confédération Africaine de Football (CAF) que représentait son Président Issa Hayatou. C'est au cours de la 22e Assemblée générale de ladite organisation, tenue à Johannesburg en janvier 1996 qu'il avait été décidé de la prise de toutes les mesures nécessaires pour l'ouverture d'une structure de la CAF à Yaoundé (164). Ou encore l'accord de siège Cameroun -Organisation du Sport Militaire en Afrique signé à Yaoundé en 1996.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault