B-la coopération multilatérale
En dehors des relations bilatérales, le Cameroun a
noué d'autres liens avec des institutions internationales
spécialisées à partir desquelles il a reçu des
aides en espèces et en nature ainsi que des experts pour la
réalisation des projets de développement. A cet effet on peut
relever la présence et le rôle de Ferdinand OYONO en tant que
MINREX durant certaines Conférences internationales, lors du sommet de
l'OUA à Yaoundé en 1996, et surtout dans la signature d'accords
multilatéraux.
1- La participation du MINREX aux Conférences
internationales
Le triptyque de la diplomatie camerounaise, durant le passage
de Ferdinand Léopold OYONO à la tête du MINREX, est le
rayonnement, la présence et la participation. C'est ainsi qu'on a pu
voir le ministre des Relations Extérieures aux côtés du
Président Paul Biya lors de diverses conférences internationales
telles que présentées par le tableau n°2 ci-après.
Participation du Cameroun aux conférences
internationales.
Sommet
|
Lieu
|
Année
|
OUA
|
Dakar
|
1992
|
Francophonie
|
Maurice
|
1993
|
OUA
|
Tunis
|
1994
|
France-Afrique
|
Biarritz
|
1994
|
Francophonie
|
Cotonou
|
1995
|
50 ans OUA
|
New-york
|
1995
|
Commonwealth
|
Auckland
|
1995
|
OUA
|
Addis Abéba
|
1995
|
Conf. Mondiale sur le développement Social
|
Copenhague
|
1995
|
51e Assemblée générale de
l'ONU
|
|
|
Alimentation
|
New-York
|
1996
|
OUA
|
Rome
|
1996
|
|
Lomé
|
1997
|
Tableau dressé à partir des données du
MINREX
Il ressort de ce tableau que le Cameroun a été
présent sur la scène internationale de 1992 à 1997
où il a pu renforcer ses liens avec d'autres Etats dans le cadre
multilatéral.
Par ailleurs, on note la participation du ministre des
Relations extérieures à toutes les Assemblées
générales de l'ONU de la 47e à la
51e session. Le MINREX a également assisté à
tous les conseils de ministres de l'OUA de 1992 à 1997. Ferdinand OYONO,
en tant que MINREX, a représenté le chef de l'Etat à
plusieurs conférences également. C'est le cas du sommet des chefs
d'Etat et de gouvernements du Commonwealth à Limassol (Chypre) en 1993,
du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des pays des grands lacs (Arusha
1 et 2, Nairobi 1 et 2) portant sur la crise dans les grands lacs ainsi que la
première réunion du comité international de
médiation sur la crise congolaise qui s'est tenue à Libreville
en 1997(145). Dans ces travaux auxquels prennent
part les présidents du Gabon, Tchad, Bénin, Mali,
Sénégal, Togo, RCA, Guinée-Équatoriale, Ferdinand
Léopold OYONO a représenté le Cameroun en lieu et place du
Chef de l'Etat Paul BIYA. Les travaux visaient à trouver un accord de
cessez -le- feu à propos de la crise qui opposait le Président
Pascal LISSOUBA, le Chef du gouvernement Bernard KOLELAS et le
Général d'armée Denis SASSOU NGUESSO, leader des Forces
Démocratiques Unies (FDU).
Au terme de cette réunion, les parties se sont
engagées à régler la crise par la poursuite des
négociations politiques sous l'égide du Comité
international de médiation présidé par le Chef de l'Etat
gabonais OMAR BONGO.
Le ministre des Relations Extérieures Ferdinand OYONO a
participé à tous les sommets France Afrique depuis 1994, de la
Francophonie organisés depuis 1992, ainsi qu'à diverses
conférences internationales; on peut relever par exemple sa
participation:
- aux conférences des Ministres des Affaires
Etrangères et au septième sommet de l'O.C.I de Casablanca en
1994,
- au Comité des cinq sur l'embargo imposé à
la Libye qui s'est rendu
successivement à Tripoli et à New York, enfin au
sommets du mouvement
des non-Alignés qui se sont tenu en Indonésie en
1992 et en Colombie en
1995(146).
Parallèlement à sa participation à ces
conférences internationales à l'extérieur, le Cameroun a
également été l'hôte de quelques rencontres
internationales ou a accueilli les dirigeants de ces organisations (Cf. tableau
n°3).Ce fut le cas des conférences des ministres des Finances de la
Zone franc en 1992, de la cinquième conférence mondiale de
l'ONUDI en 1993, du congrès mondial sur le Sida et du sommet des chefs
d'Etats de l'UDEAC en 1994.
145 146
Visites des dirigeants des organisations
internationales au Cameroun de
1992 à 1997
NOM
|
Statut
|
Année de la visite
|
HAMID ALGABID
|
Ancien SG de l'OCI
|
1992, 1993, 1995
|
AHMED MOHAMAD ALI
|
Président Banque Islamique du
Développement
|
1993
|
ENAM AHMED
|
Vice-Président Banque Islamique du
Développement
|
1993
|
ANTHONY GOODENOUGH
|
Secrétaire d'Etat Adjoint de la Grande Bretagne
chargé des affaires étrangères et du Commonwealth
|
1993
|
BOUTROS BOUTROS
|
Secrétaire Général de l'ONU
|
1993
|
Chief EMEKA ANYAOKOU
|
Secrétaire Général du Commonwealth
|
1993
|
Jean Louis ROY
|
Secrétaire Général de l'ACCT
|
1993
|
Délégation conduite par
KAMAK HOSSEN
|
Du secrétariat général du Commonwealth
|
1993
|
Jacques DIOUF
|
Directeur Général du FAO
|
1995
|
NICK HARE
|
Secrétaire Général Adjoint du
Commonwealth
|
1996
|
Anatole TIENDREBEOGO
|
Secrétaire Général Adjoint de l'OUA
|
1996
|
SALIM AHMED SALIM
|
Secrétaire Général de l'OUA
|
1996
|
Mission spéciale de l'ONU
|
Sur l'affaire BAKASSI
|
1996
|
IBRAHIMA FALL
|
Sous-Secrétaire Général des Nations
Unies chargé des questions politiques
|
1997
|
Source : tableau dressé
à partir des données tirées du livre intitulé
Cinq ans de progrès avec Paul BIYA
De ce qui précède, il résulte que la
diplomatie camerounaise sous Ferdinand OYONO a été dynamique et
imaginative, ce qui lui a permis de relever nombre de défis tout en
assurant le rayonnement du pays dans le monde.
2- Le sommet de l'OUA à Yaoundé
C'est au cours du trentième (30e ) sommet de
l'OUA tenu en Tunisie en juin 1994 que le Cameroun est désigné
pour abriter la conférence des chefs d'Etat de l'Organisation
panafricaine deux ans plus tard. En 1995, Ferdinand OYONO rentrant
d'Addis-Abeba ne se fait plus de souci dans la mesure où son pays vient
d'apurer ses arriérés de cotisation s'élevant à 500
millions de F CFA (147) auprès de l'OUA.
Membre fondateur de l'organisation, le Cameroun n'avait jamais
abrité un sommet de l'OUA. Pourtant le diplomate OYONO faisait partie de
la délégation(148) qui s'était rendue à
Addis-Abeba à la suite du Président Ahidjo le 25 mai 1963 pour
participer à la création de cette Organisation. Il donne les
raisons de la tenue du sommet de l'OUA à Yaoundé en ces termes
:
`' ... le Cameroun en tant que membre fondateur entendait
ainsi apporter une fois de plus sa contribution au progrès de l'Afrique,
au progrès de l'OUA. Ceci fait partie des responsabilités
normales attachées à la qualité de membre d'une
organisation internationale ... `' (149).
Au cours de la réunion préparatoire dudit sommet,
le comité d'experts de l'organisation africaine a retenu trente cinq
thèmes relevant des domaines divers :
147 148 149
politique, économique, social, financier de la
coopération multilatérale et politique extra continentale de
l'OUA, etc. (150)
Ainsi pas moins de 31 chefs d'Etat, de chefs de gouvernement,
de ministres et de chefs de délégations venues de tout le
continent africain auront répondu au rendez-vous de la capitale
camerounaise. Pour la réussite d'une telle entreprise, c'est au ministre
des Relations extérieures qu'incombe une des plus lourdes tâche
des préparatifs, à savoir s'assurer et veiller à la bonne
tenue et à la participation effective des différentes
délégations, en vue d'un établissement ou d'un
renforcement des liens de coopération.
Le sommet de l'OUA de Yaoundé, de l'avis de certains
observateurs afro pessimistes, ne devait pas se tenir compte tenu de
l'absentéisme notoire du Président BIYA à presque tous les
sommets de 1983 à 1991 d'une part, du climat sociopolitique qui
régnait en Afrique dans les années 1990 caractérisé
par les conflits ethniques, les guerres frontalières d'autre part. A
tous ceux là, Ferdinand Léopold OYONO, Vice- Président du
comité national d'organisation dudit sommet et l'un des principaux
artisans de sa tenue avait répondu au cours d'une interview en
prélude au sommet de Yaoundé en ces termes :
`' ...Nous déplorons comme vous ces conflits qui
déchirent le continent. Ils constituent, hélas un obstacle
réel au développement économique et social des pays
concernés ; mais en aucun cas ils ne sauraient être la preuve de
l'échec de la dynamique unitaire inspirée par l'OUA. L'OUA est un
organe de concertation et de décision par excellence, les rencontres
périodiques des chefs d'Etat et de gouvernement
150
voire les différents conseils des ministres ne sont
que la partie visible de l'iceberg... `'(1151)
Sur le plan politique et social, l'actualité africaine
était marquée par la psychose qui régnait au Burundi.
Toutefois, les participants ont pu débattre également des
conflits (152) du Rwanda, Libéria et de Somalie. Une
résolution portant sur le maintien de la paix et de la
sécurité fut prise.
Hormis ces problèmes de paix qui affectaient le
continent africain, la rencontre de Yaoundé a permis de débattre
des questions économiques régionales mais également de la
promotion d'un développement durable etc....(3153)
Parlant du rôle de l'OUA sur la situation
économique des pays d'Afrique, le chef de la diplomatie camerounaise
déclare :
`' ... Les problèmes liés à la
décolonisation du continent, à l'Apartheid étant
déjà réglés, il était important pour
l'organisation de s'attaquer aux questions essentielles de la survie et du
bien- être des peuples. Une partie des discussions aura porté sur
la mise sur les rails du traité d'Abuja instituant la Communauté
économique africaine entrée en vigueur en mai 1994...
`'(4154)
Le sommet de Yaoundé, a permis aux différents
participants de débattre sur les questions de dette extérieure,
de la situation socio-économique de l'Afrique, de la coopération
et de l'intégration économique régionale. La promotion
d'un développement durable, le maintien de la paix et de la
sécurité, tout comme la gestion de l'environnement et la
promotion de la culture et des industries africaines n'ont pas
été en reste (155).
151 152 153 154 155
Au total, le sommet de l'OUA de 1996 a été pour le
chef de la diplomatie camerounaise,
`'... le rendez-vous d'une Afrique qui, consciente des
enjeux de l'heure devait se préparer pour le troisième
millénaire ; débarrassé de ses tabous. Ce fut bien
évidemment un succès pour notre diplomatie...
`'(156)
S'il est vrai que le rôle de Ferdinand OYONO dans les
préparatifs du 32e sommet de l'OUA a été
très important, il n'en demeure par moins que le chef de la diplomatie
camerounaise aura parfois outrepassé son domaine de compétence.
Ce fut le cas du problème qui se pose au sujet d'une structure de l'OUA
basée à Dschang, le Centre africain de recherche et de formation
phytosanitaire (CARFOP).
En effet, le CARFOP était une institution de formation
de cadres africains de conception dans le domaine de la protection des
végétaux et des récoltes. Les membres directeurs du CARFOP
étaient nommés par le Secrétaire général de
l'OUA. En mars 1994, le directeur général du CARFOP, Jacob FOKO,
se trouve en démêlés avec Ferdinand OYONO, MINREX, pour
« refus d'exécution » (157).
Le ministre camerounais des Relations extérieures est
entré en discorde avec le Secrétaire Général de
l'OUA pour avoir voulu imposer un directeur autre que celui nommé par
Salim Ahmed Salim alors que les textes de l'OUA ne lui donnait aucun droit de
poser un tel acte. La Présidence de la République du Cameroun
informé par les protestations du Secrétaire Général
de l'OUA va réagir par la voix de son Secrétaire
général Titus EDZOA demandant à OYONO de surseoir au
limogeage de Jacob FOKO ou de le rétablir dans ses fonctions.
156 157
Mais Ferdinand Léopold OYONO n'a pas cru devoir
obéir aux instructions de sa hiérarchie. Ce bras de fer entre
OYONO et Salim Ahmed Salim mit près d'un mois jusqu'à ce qu'ordre
soit donné au Recteur de l'Université de Dschang de
procéder, avec au besoin le secours de la police, à la
réinstallation de Jacob FOKO ( 158)
Abus de pouvoir ? Rancune ou malentendu entre les parties
concernées? Addis- Abeba en particulier ? Il est difficile de donner un
jugement. Toutefois, on sait qu'avant le déclenchement de ce
différend en 1994, le Cameroun faisait partie des Etats africains
considérés comme des mauvais payeurs à l'OUA accusant plus
de deux milliards d'arriérés de cotisation(159).
La nature des liens entre Yaoundé et Addis -Abeba
à propos de ce différend est resté fort heureusement, sans
effet sur la coopération multilatérale.
3- La signature d'accords
multilatéraux.
Entre 1992 et 1997, le Cameroun a procédé
à la signature de plusieurs accords qui ont contribué au
développement du pays. Ainsi, sur les aspects sociaux,
économiques et politiques, on peut citer entre autres, les accords de
coopération Cameroun - UNESCO du 20 janvier 1993, relatif au programme
international pour le développement de la commutation, (P.I.D.C) ou
encore l'accord de siège Cameroun - Secrétariat ONU relatif au
centre d'information des nations Unies à Yaoundé en
1994(1160).
Le 16 Août 1995, Ferdinand OYONO a reçu le Dr
Hamid Algabid, Secrétaire général de l'organisation de la
conférence Islamique (O.C.I). Excepté l'entretien portant sur les
préparatifs de la conférence des ministres des Affaires
étrangères des pays membres de l'OCI prévue en
Guinée en décembre 1995, les deux personnalités ont
parlé de la coopération entre l'O.C.I et le Cameroun,
malgré le statut du Cameroun comme Etat membre à part
entière de cette organisation, il
158 159 160
sera procédé à la signature d'un accord
de financement pour la construction des lieux de Kousseri, le barrage de Song -
loulou d'un montant de (23 milliards de FCFA) et la Cellucam (4,8 milliards de
F.CFA). F. L. OYONO qualifiera de bonne la coopération entre son pays et
l'O.C.I et surtout réaffirmera la détermination du Cameroun
à participer aux prochaines assises de l'O.C.I (161).
La date du 16 août 1995 va cadrer également avec
l'admission du Cameroun comme 52e pays membre du Commonwealth, il
faudrait attendre quatre mois environ pour voir le Cameroun signer de nouveau
accord. En effet, le 19 décembre 1995, le ministre des Relations
extérieures Ferdinand OYONO et Danielle Benjamin représentant du
bureau national du Fonds des nations unies pour l'Enfance (UNICEF) ont
procédé à la signature d'un accord de base qui fixe les
conditions dans lesquelles l'UNICEF, dans la limite de son mandat et dans le
cadre des opérations des Nations unies, va coopérer avec le
Cameroun. Le ministre camerounais dans son allocution a dit que:
`' ... cet instrument cadre balise les conditions
d'articulation du dialogue fructueux que le gouvernement ne cesse de poursuivre
avec les nations unies en général et l'UNICEF en particulier,
afin de permettre à celui-ci et à ses partenaires
opérations, d'établir des stratégies
isectorielles qui sauvegardent et la mission du fonds qui est
d'assurer la survie, la protection et le développement de
l'enfant... `'(162).
Cette assistance de l'UNICEF, ne constitue pas la fin de la
série d'accords multilatéraux que le Cameroun, par
l'intermédiaire de son ministre des Relations
161 162
extérieures, a signé au cours de son passage au
MINREX cinq années durant. Il y eut d'autres parmi lesquels:
-L'accord de siège Cameroun - Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.DA) ; signé par
OYONO et le Secrétaire permanent de l'O.H.A.D.A .
Ce traité relatif à L'O.H.A.D.A. avait
été signé par quatorze Etats africains portés
à 16 à Port Louis (Ile Maurice) le 17 octobre 1993 ; il a pour
objet l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats parties grâce
à l'adoption de règles communes simples, modernes en oeuvre de
procédures judiciaires appropriées, et par l'encouragement au
recours à l'arbitrage pour le règlement des différends
contractuels (163).
- En matière de sport, l'accord de siège
signé entre le gouvernement camerounais représenté par
Ferdinand OYONO, le ministre de la jeunesse et des sports Samuel MAKON, et la
Confédération Africaine de Football (CAF) que représentait
son Président Issa Hayatou. C'est au cours de la 22e
Assemblée générale de ladite organisation, tenue à
Johannesburg en janvier 1996 qu'il avait été décidé
de la prise de toutes les mesures nécessaires pour l'ouverture d'une
structure de la CAF à Yaoundé (164). Ou encore
l'accord de siège Cameroun -Organisation du Sport Militaire en Afrique
signé à Yaoundé en 1996.
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