C- L'Organisation de l'Outil diplomatique Camerounais.
Il s'agit de montrer dans cette partie l'action de Ferdinand
OYONO, dans l'organisation, l'amélioration des structures du
département ministériel dont il a la charge.
163 164
1-le statut et la vie des diplomates
Camerounais
En période de crise économique dans les
années 1990, bien avant l'arrivée de Ferdinand OYONO à la
tête du MINREX, le manque de moyens contraignit l'Etat Camerounais
à revoir à la baisse le nombre d'agents dans ses
représentations diplomatiques. Le diplomate OYONO, proche collaborateur
et ami du chef de l'Etat Camerounais, ne parvint pas à maintenir un
important nombre de diplomates à l'étranger. Un diplomate
(165) se souvient de ce qui fut dès lors
considéré comme une psychose et déclare à cet effet
:
`' On se disait que Monsieur OYONO proche du
président, réussirait à plaider notre cause sur cette
réduction salariale, malheureusement ce fut une déception. Il a
fallu attendre deux ou trois ans pour qu'on réhabilite les salaires ...
`'.
Entre temps on a assisté à des manoeuvres de
diverses natures de ces derniers. Des diplomates qui faisaient la manche, des
diplomates affamés, le personnel féminin pratiquant le plus vieux
métier du monde pour survivre etc. On a observé cette situation
à Ottawa, à Berne, la Haye, Djeddah et Ndjamena.
Un rapport de la représentation diplomatique d'Ottawa
vient éclairer cette réduction salariale ; celui-ci fait
état d'une baisse de Septembre à Octobre 1993, de non perception
pour les mois de novembre et décembre 1993, le changement du taux
préférentiel qui est passé de 185, 20 F.CFA pour un dollar
Canadien à 417 F.CFA (166). Cette situation de crise
économique qui se manifeste au Cameroun par la baisse des salaires ne va
pas être propice à la bonne gestion du ministère des
165 166
Relations extérieures. Ainsi, dans les services
extérieurs dudit département ministériel des abus de
presque toute nature sont observés : trafic, vol,
mendicité....
A Paris par exemple, malgré les menaces d'expulsion
dont les diplomates sont l'objet, on signale l'arrêt de deux trafiquants
des faux timbres fiscaux. Phostin Djoutsop et Robert Moundoubou, tous agents
chargés de la préparation des visas, mettent au point entre
août et décembre 1994, une parade de substitution de timbres
fiscaux (167), remis par les usagers. Cette pratique permit à
nos deux agents d'encaisser un pactole de 11 874000 F CFA (168).
L'acte posé par nos deux diplomates ne pouvait que
traduire la situation de misère dans laquelle nos diplomates se
trouvaient dans leurs représentations diplomatiques. Par ailleurs du
côté de Moscou, les arriérés de paiement en instance
peuvent être évalués à près de trente trois
millions de francs CFA.
Face à ce constat, Ferdinand OYONO n'est pas
resté amorphe ; dans les correspondances du 27 juin et 1er
juillet 1994 qu'il adresse au Secrétariat Général de la
Présidence de la République du Cameroun, il reconnut vertement la
situation dramatique de ses fonctionnaires en ces termes :
`' Le gouvernement belge menace d'expulser de
manière irrévocable monsieur Tamwo et Ngollo Ngama diplomates
camerounais en poste à Bruxelles si règlement dettes
intéressées n'est pas effectué avant le 30 juin 1994
`'
Et de préciser dans une autre lettre
167 168
`' L'ambassade du Cameroun à Bangui connaît
pratiquement un arrêt d'activités depuis octobre 1992, date du
dernier mouvement de fonds d'un montant de 30 millions de FCFA»
(169)
Le chef de la diplomatie camerounaise Ferdinand OYONO,
conscient de ce que peut éprouver un fonctionnaire loin de son pays, a
tenté de revoir le statut des diplomates. Malheureusement, la signature
de cet important texte qui prévoyait l'amélioration de la
condition du diplomate n'eut pas lieu avant le départ de Ferdinand OYONO
à la tête du MINREX. C'est un dossier qui est resté en
suspend à la présidence de la République, nous attendons
toujours avec espoir déclare un diplomate (170) en
fonction.
L'année 1996 sera pleine de modifications dans le
fonctionnement de l'appareil diplomatique camerounais.
2- Dans la restructuration de l'appareil diplomatique et
consulaire Camerounais
Dès le 26 septembre 1996, sous la supervision du chef
de l'Etat, l'on va assister à la restructuration de l'appareil
diplomatique et consulaire du Cameroun. Cette restructuration porte sur les
points suivants : la réduction des effectifs du MINREX, l'entretien des
immeubles diplomatiques et l'extension des locaux des services centraux du
MINREX.
a) La réduction des effectifs
En dépit de l'importance des services rendus pour le
bon fonctionnement de la diplomatie camerounaise, le MINREX va devoir
réduire son effectif ; ainsi sur 494 personnes en service hors du
Cameroun, le chef de l'Etat prescrit le rappel de
169 170
243 personnes soit une réduction de 49,19% des
effectifs en poste à l'étranger (171). Dans cette
optique, le nombre d'agents recrutés sur place beaucoup mois
coûteux va sensiblement augmenter pour compenser le vide crée par
le rappel des agents administratifs et domestiques.
Un diplomate se souvient de cette décision revoyant les
effectifs à la baisse :
`' Ce fut une décision très difficile
à comprendre ; car ce n'est pas au moment où on avait besoin
d'agents dans nos ambassades qu'il fallait plutôt les ramener au pays la
preuve en est que nous sommes sous représentés chiffre à
l'appui `' ( 172)
b) L'entretien des immeubles diplomatiques et l'extension
des locaux des services centraux du MINREX
S'il est vrai que l'on peut placer à l'actif de
Ferdinand OYONO le projet d'extension des locaux pour des raisons de logistique
et d'organisation dont une dotation financière fut prévue dans le
budget d'investissement public de 1992, on ne saurait oublier son action dans
l'entretien des locaux diplomatiques camerounais.
Malgré la crise économique qui rend difficile
l'entretien des édifices, le paiement des factures d'eau,
d'électricité, de téléphone, ou de loyer, un effort
financier supplémentaire sera fait pour la réfection de certains
immeubles ; c'est le cas des représentations diplomatiques de Londres et
d'Ottawa, où des crédits de 220 millions de FCFA et de 20
millions FCFA seront alloués respectivement (173).
171
PHOTO N°4
172
Après avoir dirigé les activités du
MINREX cinq années durant, Ferdinand OYONO est remplacé à
la suite du remaniement ministériel du 7 décembre 1997 par
Augustin KONTCHOU. Le « vieux nègre » (174) bien
qu'ayant été muté pour le ministère de la culture,
ne quitte pas pour autant la scène diplomatique camerounaise ; il
devient l'Eminence grise du chef de l'Etat Paul BIYA.
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