CHAPITRE IV
FERDINAND OYONO LE CHEF DE LA
DIPLOMATIE CAMEROUNAISE (1992 - 1997) ET LE MINISTRE
EMINENCE GRISE POUR LES AFFAIRES DIPLOMATIQUES.
Lorsqu'on fait une analyse de la gestion de la politique
étrangère du Cameroun depuis 1960, on a tendance à penser
que c'est le ministre qui se trouve à la tête du
département des affaires étrangères qui conçoit
cette politique. Il n' en est pas le cas ;car, dans le système
camerounais, le chef de la diplomatie est le chef de l'Etat, et c'est en
dernier ressort lui qui formule des objectifs de la politique
étrangère du Cameroun que s'emploie à mettre en oeuvre le
Ministère des Relations Extérieures(108).
Autrement dit, le ministre en charge des Affaires étrangères
n'est qu'un « exécutant », il ne participe pas à
l'élaboration de la politique dont il a la charge d'exécuter,
c'est le domaine réservé du chef de l'Etat . Après avoir
servi dans la diplomatie camerounaise pendant plus de trente ans, Ferdinand
Léopold
108
OYONO, n'était pas arrivé au bout de son action.
Il a de 1992 à 1997 la plus lourde tâche de sa carrière
à savoir coordonner les affaires diplomatiques : la coopération
bilatérale, multilatérale, la charge de l'organisation de l'outil
diplomatique camerounais, et plus tard un rôle d'éminence grise du
chef de l'Etat Paul BIYA pour les affaires diplomatiques.
A- La coopération bilatérale.
On peut définir la coopération bilatérale
comme la collaboration entre deux pays souverains tant au niveau
économique, diplomatique, social, culturel, scientifique, etc. Ce type
de coopération trouve son fondement dans le souci qu'ont deux pays de
défendre en commun leurs intérêts, de réaliser en
commun des projets, de s'entraider mutuellement. C'est une coopération
qui procède par la signature d'accords. Ainsi, au cours de cinq
années passées à la tête du MINREX, Ferdinand OYONO
aura signé plusieurs accords liés à des questions
diverses.
1- L'affaire Bakassi.
Alors que les relations avec les autres partenaires
bilatéraux ont connu un dynamisme sans cesse renouvelé dans
l'intérêt mutuel, les liens traditionnellement pacifiques avec le
Nigeria sont entrés dans une phase de grandes turbulences depuis
l'occupation de la péninsule camerounaise de Bakassi par les forces
armées de ce pays. En sa qualité de ministre des relations
extérieures, Ferdinand OYONO, a été en première
ligne dans cette crise frontalière déclenchée au mois de
décembre 1993(109). Ferdinand OYONO explique comment le
Nigeria a occupé le territoire camerounais en ces termes :
109
`' En décembre 1993 l'armée
nigériane, au mépris de la charte des Nations unies et de la
charte de l'OUA, a franchi la frontière naturelle et internationalement
reconnue marquée par le fleuve Akwayafé. Pour s'installer au
Cameroun ! Et de là par des attaques successives, n'a de cesse de
progresser à l'intérieur de la presqu'île de Bakassi. Et
ces troupes se trouvent sur une pénétrante d'environ 30
kilomètres chez nous ! Et au mépris des recommandations, tant du
conseil de sécurité des Nations unies que de la cour
internationale de justice... `'( 110)
Face à cette situation entre des voisins liés
par l'histoire et la géographie(111), le Cameroun a
développé une politique étrangère d'isolement de
son agresseur sur le plan international et de stabilisation du front militaire
en attendant la décision de la cour internationale de justice sur le
différend frontalier qui oppose les deux pays.
Au niveau africain, en marge de la saisine de l'organe central
du mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le
règlement des conflits, une activité diplomatique intense a
été déployée auprès des Etats membres de
l'organisation panafricaine sur la justesse de la cause défendue par le
Cameroun(112).
Le 13 janvier 1994, Ferdinand OYONO est
dépêché à Abuja par le Président Paul BIYA
porteur d'un message de paix et de conciliation au Général ABACHA
en vue d'un règlement pacifique du différend. Un mois plus tard,
c'est au tour du ministre délégué auprès du
Ministre des Relations Extérieures de se
110 111 112
rendre auprès de son homologue nigérian en vue
de lui faire entendre raison. Tous ces efforts se sont avérés
vains.
Le 20 mars 1994, Ferdinand OYONO conduit une
délégation de huit membres (113) à Addis-abeba
pour prendre part aux travaux de la deuxième réunion de l'organe
central du mécanisme de prévention, de gestion, et de
règlement des conflits de l'OUA. Cette délégation a pour
mission de défendre la camerounité de Bakassi et de demander le
retrait immédiat et sans condition des troupes nigérianes de ce
territoire. Cette délégation devait également obtenir de
l'organisation panafricaine que les deux pays soumettent leur différend
devant la Cour Internationale de Justice (C.I.J) de la Haye, mais aussi le
rétablissement d'un climat durable de paix et de bon voisinage dans le
golfe de Guinée(114).
Abordant le dossier de Bakassi avec beaucoup de tact et de
dialogue, Ferdinand OYONO n'a pas désespéré. Pour lui,
l'agression n'était pas consommée ; optimiste, le chef de la
diplomatie camerounaise au cour d'un entretien accordé à la
presse1 (115) a déclaré que :
`' ... Nous avons introduit notre requête au mois de
mars 1994 donc, cela signifie que les troupes nigérianes doivent
retourner chez elles... `'
Devant l'échec avéré des efforts de
règlement de la crise par voie de négociation suite à la
saisine de l'organe central du mécanisme de l'OUA du règlement
des différends, le Cameroun a porté l'affaire devant la C.I.J. de
la Haye, et par delà la question de Bakassi il a également
demandé une solution par voie judiciaire de tous les problèmes
pendants sur ses frontières terrestres lacustres et maritimes avec le
Nigeria (116).
Sans préjudice de la procédure judiciaire
pendante devant la C.I.J., d'intenses activités diplomatiques se sont
déployées pour freiner les ardeurs du
Nigeria et stabiliser le front militaire. Sous les auspices du
Président Gnassingbe Eyadema du Togo, le Ministre des Relations
Extérieures Ferdinand OYONO et son homologue du Nigeria Chief Tom IKIMI,
se sont rencontrés pendant deux jours à Kara (Nord du Togo) au
sujet du différend frontalier et territorial opposant les deux pays.
Cette tentative de médiation initiée par le Président
Eyadema est restée la plus significative (117) de toutes
celles qui ont concouru à la résolution du différend. On
se souvient de la première qui se tint à Tunis le 13 juin 1994.
Et au cours de la même année les ministres des affaires
étrangères du Cameroun et du Nigeria s'étaient
concertés à Kara du 4 au 6 juillet. Les deux ministres avaient
arrêté conjointement une série de mesures visant à
maintenir la paix dans la presqu' île de Bakassi, en attendant le verdict
de la C I J.
Les 16 et 17 février 1996, à l'invitation du
Général Eyadema, Ferdinand Léopold OYONO rencontre
à Kara au Togo son homologue nigérian, Chief Tom IKIMI qui avait
remplacé Babagana KINGIBE au courant de l'année 1995. Au terme de
cette deuxième réunion des ministres des affaires
étrangères, les ministres camerounais et nigérian
reconnurent que l'affaire était pendante devant la C.I.J. et se mirent
d'accord sur l'arrêt de toutes les hostilités à Bakassi
(118).
`' ...J'y étais, tout comme le
précédent Ministre des Affaires étrangères du
Nigeria. Nous sommes tombées d'accord pour gérer la paix, en
attendant des décisions de la C.I.J. ... `'(119).
Cette médiation du président togolais aboutit au
processus de Kara du 17 juillet 1994. Les autorités de Yaoundé
poursuivront la recherche d'un climat de paix. A cet effet, le lundi 5
février 1996, l'ambassadeur du Nigeria à Yaoundé Georges
BELLO fut convoqué au ministère des Relations extérieures
par Ferdinand
113
OYONO qui lui traduisait la très vive
préoccupation de Yaoundé au sujet des manoeuvres de provocation
de nature à susciter une escalade de violence(120).
Dans un communiqué du 22 février 1996, le
ministre camerounais des Relations extérieures dénonce les termes
de l'accord du 17 février et révéla qu'en violation
flagrante des engagements pris à Kara, le Nigeria poursuit les
hostilités militaires à Bakassi. Ce même jour, le Cameroun
décida de saisir de nouveau le Conseil de Sécurité des
Nations-Unies (121).
Les initiatives de l'OUA à travers son organe de
règlement des conflits, ainsi que celles du conseil de
sécurité et du Secrétariat général des
Nations Unies ont conduit au déploiement d'une mission de bons offices
alternativement au Cameroun, au Nigeria et dans la région de Bakassi.
Certains diplomates (122) admettent à
présent que c'est sous la conduite de Ferdinand OYONO que le dossier de
Bakassi a connu plus tard un aboutissement heureux. Monthe TOMMO à cet
effet déclare :
`' ...il aura été un grand débutant
dans la gestion de ce dossier, lorsque tout espoir semblait perdu; l'ayant
successivement engagé auprès du conseil de sécurité
des Nations-Unis, de la C.I.J., du mécanisme de prévention de
gestion et des règlements de l'OUA... `'(2123).
C'est avec beaucoup de tact, de rigueur et de dialogue que
OYONO a su mener ce dossier avant de passer le témoin au ministre de la
Justice qui se chargea par la suite de le gérer. Mais, il faut dire que
c'est à Ferdinand Léopold OYONO en partie qu'on doit cette
solution (124).
114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124
On ne saurait parler de l'action de Ferdinand Léopold
OYONO sans mentionner le courage dont le diplomate camerounais a fait montre
dans la gestion de ce dossier. En effet, dix huit mois après le scrutin
Présidentiel d'octobre 1992, Ferdinand OYONO reconnaissait au cours
d'une conférence donnée que les relations entre Yaoundé et
Washington avaient connu une relative détérioration du fait que
son ambassadeur madame Frances Cook se montrait favorable à
l'opposition. Saisissant au cours de la même occasion
l'opportunité de faire le point sur l'affaire de Bakassi, Ferdinand
Léopold OYONO réaffirma à l'intention des
américains le libre choix des orientations des dirigeants camerounais en
ces propos :
`' ... parce que le problème de nos pays est que
certains estiment les connaître tout de go et pensent de ce fait, pouvoir
nous dire ce qui est bon pour nous et nous demandent de faire comme ils
veulent... `'(1125)
Toutefois, il faut dire que ce différend frontalier n'a
pas frustré le chef de la diplomatie camerounaise dans son action.
Ainsi, sous la supervision du Chef de l'Etat qui définit la politique
étrangère du Cameroun, le MINREX a pu relancer les travaux des
commissions mixtes.
2- La tenue des commissions mixtes.
Les commissions mixtes sont l'expression de la volonté
des partenaires de conférer une dynamique nouvelle ou renouvelée
à leurs relations bilatérales. Jusqu'à l'arrivée de
Ferdinand OYONO à la tête du MINREX, celles-ci se sont tenues pour
la dernière fois en 1988 entre le Cameroun et ses partenaires
(2126). L'apparition des commissions mixtes comme une nouvelle
pratique diplomatique a
été rendue nécessaire par
l'évolution des relations bilatérales. Se situant au-delà
des relations diplomatiques traditionnelles, ces travaux sont apparus comme un
cadre auquel les Etats ont recours lorsqu'ils désirent consolider leurs
interactions.
Le rôle des commissions mixtes qui se tiennent à
intervalles réguliers est d'examiner l'état des relations, de
dresser le bilan de la coopération entre deux pays et de suggérer
les voies de maintenir et de développer ces relations
(127)
Ainsi, il est important de savoir que l'existence d'une
commission mixte entre deux Etats n'est pas automatiquement synonyme de
consolidation des relations entre ces Etats. La relation qui existe entre la
commission mixte et l'approfondissement des relations bilatérales ne
peut s'établir que si la commission mixte existe et fonctionne
régulièrement. ( 128)
De 1992 à 1996, le MINREX a organisé près
de dix rencontres bilatérales avec d'autres pays. C'est le cas des
grandes commissions mixtes qui se sont tenus à Yaoundé du 29-30
août 1995 avec l'Egypte et à Libreville du 18-20 juillet 1997 avec
pour ambition de renforcer les liens de coopération avec ces pays.
a) La 4e commission mixte
Cameroun-Egypte
Les relations entre le Cameroun et l'Egypte remontent aux
années cinquante. C'est au cours de ces années là que
l'Egypte abrite les nationalistes camerounais. Les liens diplomatiques entre
les deux pays s'établissent avec la reconnaissance du gouvernement de
Yaoundé par celui du Caire en 1960. C'est à cet effet que le chef
de l'Etat égyptien déclare :
`'Une fois l'indépendance acquise il n'y a plus de
raison de continuer à aider l'opposition dont la raison d'être
était de lutter contre les colons français `'
(129).
125 126 127 128 129
Une ambassade est ouverte la même année dont le
représentant est M. BEHLE. Trente cinq années après, cette
coopération a fonctionnée tant bien que mal jusqu'en 1995. A
partir de cette année, elle a connu un coup d'accélérateur
avec la tenue de la IVe session de la grande commission mixte
EgyptoCamerounaise.
En effet, sur une invitation de Ferdinand OYONO, ministre des
Relations extérieures du Cameroun, Amre MOUSSA, ministre des Affaires
étrangères de la République Arabe d'Egypte est venu en
visite officielle au Cameroun du 29 au 30 août 1995 dans le cadre des
travaux de la IVe session de la grande commission mixte
égypto-camerounaise présidés conjointement par les deux
ministres.
A la suite des travaux, Amre Moussa a eu une série
d'entretiens avec Ferdinand OYONO, entretiens au cours desquels les
perspectives des relations bilatérales entre les deux pays ont
été évoquées. Les deux ministres ont
recommandé le lancement des négociations devant aboutir à
la signature des accords dans les domaines des transports aériens et
maritimes avec la nécessité selon la partie égyptienne de
l'ouverture d'une ligne directe Douala-Alexandrie ainsi que la mise en circuit
d'un bateau qui devait desservir la côte Ouest africaine. Ils se sont par
ailleurs félicités de la signature de l'accord de
coopération entre le fonds égyptien pour la coopération
technique en Afrique et au Cameroun, ainsi que de la signature du protocole de
coopération culturelle entre le Cameroun et l'Egypte pour les
années 1996-1998(130). En outre, ces entretiens empreints
d'un climat d'amitié, de fraternité et d'entente mutuelle, ont
permis aux deux ministres de passer en revue les questions africaines et
internationales d'intérêt commun: notamment la situation au
Burundi, Rwanda, Libéria, ainsi que la situation au Moyen orient.
130
Ferdinand OYONO et son homologue se sont
félicités de la volonté de leur gouvernement de
déployer tous les efforts nécessaires en vue de consolider les
liens d'amitié et de diversifier la coopération bilatérale
dans tous les domaines (131). Enfin, le rôle-clé du
secteur privé dans la consolidation de la coopération
économique entre Yaoundé et le Caire notamment par
l'accroissement du volume des échanges commerciaux a été
débattu.
Jusqu'à la tenue de cette IVe session, l'on
déplorait la timidité de la coopération commerciale. Les
échanges entre les deux pays étaient en deçà de
leurs potentialités réelles. A cet effet, Ferdinand OYONO et son
homologue égyptien ont lancé un appel pressant aux
opérateurs économiques des deux pays afin qu'ils exploitent
judicieusement l'environnement juridique et politique favorable,
créé par les deux gouvernements et qu'ils entretiennent un
courant d'échanges commerciaux et économiques entre les deux pays
(1132).
L'action du MINREX Ferdinand Léopold OYONO est loin
d'être achevée après cet appel à l'endroit des
opérateurs économiques égyptiens ; en effet dans le souci
de renforcer davantage les liens bilatéraux entre le Cameroun et ses
partenaires, des travaux en commissions mixtes vont se multiplier à
l'instar de ceux de Libreville.
b)- La 12e commission mixte avec le
Gabon
Le vendredi 18 juillet 1997 se sont tenus les travaux de la
12e commission mixte entre le Cameroun et le Gabon à
Libreville. A la tête d'une forte délégation de hauts
fonctionnaires et d'une quarantaine de femmes et d'hommes d'affaires
camerounais, Ferdinand OYONO a rencontré de hautes personnalités
gabonaises(133). La géographie, l'histoire et des liens
séculaires (134) de voisinage ont toujours constitué
des mobiles d'incitation à vouloir coopérer plus et s'entendre
131 132 133 134
mieux. Durant cinq jours le ministre camerounais est
reçu en audience par sept ministres ainsi que par le président du
Sénat Georges RAWIRI. Les deux parties font état de leur
volonté réciproque de coopérer.
Des opérateurs économiques de la trempe de
Françoise FONING, James ONOBIONO et Pierre TCHANQUE etc, ont pris part,
aux côtés de leurs homologues gabonais conduits par CASIMIR OYE
MBA, ministre des Affaires étrangères aux travaux de cette
12e commission. C'était une première dans le cadre des
relations bilatérales entre le Gabon et le Cameroun.
Cette volonté s'est concrétisée par la
mise sur pied d'un comité de suivi qui devrait veiller à ce que
les résolutions prises ne restent pas lettre morte (135). Les
deux parties ont relevé dans le communiqué final leur
désir de :
- de renforcer et d'élargir le cadre juridique des
relations entre le
Cameroun et le Gabon par la signature de nouveaux accords ;
- de dynamiser la coopération dans le domaine
universitaire ainsi que
dans les secteurs de la culture et des arts, de la
communication et des affaires sociales, de la condition féminine et de
la formation professionnelle, des sports et des
télécommunications ;
- de clarifier les questions frontalières ;
- de densifier et de renforcer la coopération entre les
autorités des deux
pays chargées des questions consulaires notamment celle de
la circulation des personnes et des biens ;
- de mettre en place un partenariat plus poussé et
mutuellement
bénéfique entre les opérateurs
privés camerounais et gabonais conformément à la
volonté des Présidents Paul BIYA du Cameroun et Omar BONGO du
Gabon(136)
135 136
c) Les autres commissions mixtes
En plus des deux cas relevés plus haut, beaucoup
d'autres commissions mixtes entre le Cameroun et ses partenaire ont eu lieu
sous l'impulsion du ministre Ferdinand Léopold OYONO, comme l'indique le
tableau numéro un ci après.
Tableau n° 1 :
Les rencontres des commissions mixtes entre le
Cameroun et ses partenaires (1993-1997)
Partenaires (Pays)
|
Lieu
|
Année
|
La République Populaire de Chine
|
Beijing
|
1993 et 1995
|
La Corée du Nord
|
Pyongyang
|
1993
|
Le Nigeria
|
Abuja
|
1993
|
La Belgique
|
Bruxelles
|
1994
|
Le Tchad
|
Maroua
|
1994
|
La Tunisie
|
Tunis
|
1995
|
L'Egypte
|
Yaoundé
|
1995
|
L'Allemagne
|
Yaoundé
|
1994 et 1996
|
Le Gabon
|
Libreville
|
1997
|
Source : Archives du
Ministère des Relations Extérieures
La particularité des commissions mixtes tenues avec ces
différents pays réside dans l'amélioration des liens
bilatéraux et surtout dans l'assistance économique des pays
développés (Chine, Allemagne) ayant abrité deux fois ces
commissions. Pour ce qui est de l'Egypte, la Tunisie et le Gabon, les
gouvernements se sont engagés à ouvrir le secteur privé
aux hommes d'affaires des
pays concernés ainsi que ceux du Cameroun. Ces pays
faut-il souligner offrent des opportunités réelles de partenariat
et de complémentarité avec le Cameroun.
On peut également mettre à l'actif des
commissions mixtes en raison de leur importance, des événements
tels que : le séminaire atelier Cameroun-Nigéria sur la
coopération transfrontalière (Yola mai 1992), la réunion
des experts camerounais et nigérians sur les questions de
frontières (Yaoundé, août 1993) qui a notamment abouti
à la reconnaissance, par la partie nigériane de la
validité de la déclaration de Maroua de 1975 portant
délimitation de la frontière maritime entre les deux pays
(137).
3- L'état des liens entre le Cameroun et ses
partenaires.
Entre novembre 1992 et décembre 1997 période au
cours de laquelle FerdinandOYONO coordonne les « affaires de dehors
», le Cameroun a noué des relations diplomatiques avec une douzaine
de pays. C'est le cas avec la République Sud-Africaine, le Guatemala, le
Paraguay, la Jamaïque, Singapour, l'Indonésie, le Pakistan,
l'Ukraine, l'Irlande, la Slovaquie et la Tchéquie. En outre, des
consulats honoraires ont été créés dans plusieurs
pays : en Italie (Gêne, Messine, Turin, Naples), au Costa Rica, en
Afrique du Sud (Johannesburg) et au Liban (Beyrouth) ( 138).
Parallèlement, le Cameroun a vu ses liens
renforcés avec les autres Nations en raison du climat de paix et de
stabilité qui y régnait. C'est ainsi que de nombreux pays ont
accrédité de nouveaux ambassadeurs au Cameroun en remplacement de
ceux arrivés en fin de séjour. C'est notamment le cas du Canada,
des Etats-Unis, de la Belgique, des Pays-Bas, de la France, du Royaume Uni, de
la Suède, du Tchad, de la Norvège, du Gabon, de la Pologne,
d'Israël, de la Turquie,
137 138
de l'Iran, de l'Union Européenne, de la Grès, de
l'Indonésie et du Saint Siège(139). Le Cameroun de son
côté a accrédité des représentants
diplomatiques en Espagne, Grande Bretagne, Danemark, Suède,
Norvège, Grèce, France, Gabon, Ethiopie, Russie et aux
Etats-Unis(140). Par ailleurs, on ne saurait oublier l'ouverture
d'une ambassade à Prétoria le 2 juin 1997.
a) Avec la Chine
Dans le cadre des liens bilatéraux, l'un des tout
premiers voyages officiels qu'effectue Ferdinand OYONO en tant que MINREX est
en Chine, le 11 janvier 1993. Yaoundé et Beijing entretiennent depuis
près de deux décennies, des relations fructueuses et cordiales.
C'est ainsi que moins de deux mois après sa nomination comme ministre
des Affaires étrangères, Ferdinand OYONO qu'assistent madame YAOU
Aïssatou, ministre des Affaires sociales et de la Condition
féminine et Francis NKWAIN, ministre délégué
auprès du ministre des Affaires étrangères reçoit
son homologue Chinois QIAN QUICHEM. Au cours de cette visite, il est
procédé à la signature d'une lettre de confirmation d'un
don de 100 000 000 (Cent millions) de francs CFA du gouvernement chinois au
gouvernement camerounais destiné à la construction d'un atelier
de couture pour handicapés de sexe féminin. A l'issue des
entretiens, Ferdinand OYONO et QIAN QUICHEM ont relevé le
caractère symbolique de ce don qui s'inscrivait dans le cadre de
coopération fructueuse qui liait les deux pays (141).
On ne saurait parler de la coopération
Sino-Camerounaise entre 1992-1997 sans mentionner l'accord portant sur le
jumelage des provinces du Sud-Cameroun et de Hubei ; encore moins de l'accord
de prêt sans intérêt de trois milliards de Fcfa
accordé à Yaoundé par Beijing. L'enveloppe initiale de ce
prêt a bénéficié d'une rallonge de deux milliards de
Fcfa, suite à un protocole additionnel signé
139
140 141
dans la capitale camerounaise le 13 août
1996(142). Il y' a lieu de souligner que la plus part des projets de
coopération sino-camerounais sont déjà été
réalisés ou en cours de réalisation ; à l'instar du
don d'engins de forage au Centre National d'Etudes et Expérimentation du
Machinisme Agricole (CENEEMA) déjà réalisé, le
projet de construction d'une usine de fabrication de glaces, la construction
des routes etc.
b) Avec la France
Avec la France, les relations sont restées cordiales.
Relations d'échanges et beaucoup plus d'assistance à l'endroit du
Cameroun, malgré l'ambitieux projet manqué du chef de la
diplomatie camerounaise le 28 avril 1994.
En effet, le ministre Ferdinand OYONO, est au centre du projet
de transformation de l'Institut National de la Jeunesse et des sports (I.N.J.S)
en Institut international de la Jeunesse et des sports (I.I.J.S)
réunissant le MINREX, le MINJES et les services de la primature. Ce
projet multilatéral ne sera jamais réalisé et pour cause
la France principal partenaire de l'ancienne structure (I.N.J.S) n'ayant jamais
été informé dudit projet. Les fonds nécessaires au
financement soit 700 millions de francs CFA apprêtés à cet
effet n'ont pas été versés (143).
Incompréhension ? Malentendu entre parties ? Ou mauvaises intentions des
promoteurs ? On ne saurait répondre par l'affirmative à ces
interrogations.
Toutefois, des négociations entre le gouvernement
camerounais représenté par Augustin F. KODOCK, ministre du plan
et le gouvernement français représenté par Pierre
Jacquenot, chef de Mission française de coopération et d'action
culturelle au Cameroun aboutirent le 19 juillet 1994 à la signature
d'une convention de financement de 700 000 000 f CFA pour l'exécution du
« complexe d'entraînement du sport d'élite à fonction
régionale » (144).
142 143 144
Ces relations d'amitié, d'échanges et de
fraternité entre le Cameroun et ses partenaires lui ont permis dans une
certaine mesure, de pouvoir s'affirmer sur la scène internationale.
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