CHAPITRE III
FERDINAND OYONO LE CHEF DE MISSION DIPLOMATIQUE DU
CAMEROUN
Dans la diplomatie camerounaise depuis 1960, le chef de
mission diplomatique est couramment appelé ambassadeur. Il a pour
tâche précise d'assurer la protection des ressortissants et des
intérêts des camerounais à l'étranger
(86).
1
Ferdinand OYONO occupe les fonctions de Chef du service des
études au Ministère de Affaires Etrangères depuis le mois
d' avril 1961, jusqu'à sa nomination au titre d'Ambassadeur,
envoyé extraordinaire et plénipotentiaire le 10 décembre
1962. Sans interruption, il réside dans cinq capitales
différentes. Ferdinand OYONO a en même temps assuré cette
qualité sans y résider dans plus d'une dizaine de capitales
étrangères. C'est dire qu'il est l'un des plus titrés
sinon, le plus titré des diplomates camerounais depuis l'accession de ce
pays à la souveraineté internationale.
86
A- L'Ambassadeur du Cameroun à Monrovia
(1963-1965)
Monrovia représente le premier poste diplomatique
africain auprès duquel Ferdinand OYONO est nommé ambassadeur
extraordinaire et plénipotentiaire de la République
Fédérale du Cameroun, le 10 décembre 1962. La
coopération entre les deux pays voit le jour dès l'accession du
Cameroun à l'indépendance. Considérant le rôle
important joué par le Libéria sur la scène internationale
dans les années cinquante et soixante et du fait que c'est le premier
pays indépendant d'Afrique noire en dehors de l'Afrique du Sud
dominée par les racistes blancs, Monrovia a constitué un phare
pour le continent africain. Il était par conséquent de bon ton
que le Cameroun y dispose d'une représentation diplomatique.
Par ailleurs, à cette période
précédent les indépendances africaines, le gouvernement de
Monrovia etait l'un des rares pays en Afrique à dire non à
l'anarchie et à la violence que l'on observait dans certains pays, et
à prôner la négociation (87). Du 8 au 12 mai
1961en effet, dans la capitale Monrovia , les Etats membres du groupe de
Brazzaville, favorables à la politique du Président William
TUBMAN vont se retrouver dans la capitale du Libéria et constituer le
groupe des modérés ou de Monrovia. Le Président Ahmadou
AHIDJO à la suite de l'initiative et de l'engagement du président
William TUBMAN, ouvrira une représentation Diplomatique à
Monrovia.
Cette ouverture peut également se justifier par le
soutien que le président libérien avait apporté au
président AHIDJO lors de la contestation de la réalité de
l'indépendance du Cameroun par l'Union des populations du Cameroun (UPC)
soutenue alors par certains pays tels le Ghana, la Guinée etc. C'est
dans ce sens que Alexis BOUM précise que :
87
`' Lorsque les nationalistes Upécistes se rendaient
aux Nations-Unies pour demander que cette indépendance qu'ils appelaient
factice ne soit pas reconnue, il n'y avait pas beaucoup d'Etats africains comme
le Libéria pour apporter leur soutien au Cameroun. Ce n'était pas
du tout évident compte tenu de l'opposition et de la résistance
qui était faite... `' (288).
En effet, à travers un communiqué publié
en 1961 le gouvernement de Monrovia a manifesté sa sympathie au peuple
Camerounais (89).
De 1963 à 1965, la mission de Ferdinand OYONO au
Libéria va consister à maintenir le climat de fraternité
et de coopération étroite entre les deux pays. Ferdinand OYONO se
souvient de cette nomination :
`' C'est avec beaucoup de joie et de courage que j'ai
accueilli ma nomination ; je ne pensais pas être nommé si
tôt pour défendre les intérêts de mon pays. Le
Président Ahidjo m'a fait confiance et je n'eu pas grande peine au cours
de ma mission à Monrovia `' (290)
Au cours de cette période (1963-1965) en effet, des
liens de coopération bilatérale en matière d'agriculture
et d'éducation se sont renforcés. Le Liberia a ouvert ses portes
aux Camerounais désireux de se former sur les techniques agricoles
modernes. En retour, il envoyait certains de ses étudiants se former au
Cameroun (91). Le climat de confiance réciproque entre les
deux pays s'est
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poursuivit jusqu'à nos jours malgré les troubles
politiques incessantes qu'a connu le pays depuis l'avènement du Sergent
Samuel Doe en 1980. Ferdinand OYONO deuxième Ambassadeur du Cameroun au
Liberia après Joseph OWONO NKOUDOU, peut être
crédité d'avoir contribué au renforcement durable des
rapports entre les deux pays. Cette coopération n'a connu aucun incident
lorsqu'il quitte ce pays pour Bruxelles.
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