CHAPITRE II
FERDINAND.L. OYONO LE DELEGUE ET LE
REPRESENTANT
PERMANENT DU CAMEROUN A L'ONU
(1960-1961) (1974-1982)
Après les stages passés au Ministère des
Affaires Etrangères de la France de 1958 à 1959, F.L. OYONO peut
se prévaloir de la formation de diplomate. Il assume ses
premières fonctions au Cameroun comme Chef de service des études
au ministère des affaires étrangères. Au cours de ces
fonctions il sera délégué aux Nations Unies de 1960
à 1961, avant d'être nommé plus tard en 1974, comme
Représentant Permanent du Cameroun.
A. Le Délégué permanent du Cameroun
aux Nations-Unies (1960 -1961) Après l'accession du Cameroun
à l'indépendance le 1er janvier 1960, Ahmadou AHIDJO
devient le premier Président de cette jeune République
quelques mois après. Cependant, le pays traverse
toujours un climat d'insécurité dans certaines grandes villes,
par exemple Douala, Bafoussam, Nkongsamba.... Cette situation délicate
ne prive pas le Président AHIDJO, courageux et dévoué
à affirmer, à légitimer et à rendre autonome son
pouvoir qui est contesté de l'intérieur comme de
l'extérieur (50).
Le 20 septembre 1960, le Cameroun est admis aux Nations-Unies
(51) oüles débats politiques et économiques se
tiennent régulièrement dans le souci de
solutionner ou d'améliorer le climat interne des Etats
ainsi que les tensions qui pourraient exister en leur sein. C'est donc aux
Nations-Unies le 22 novembre 1960 que Ferdinand OYONO, jeune diplomate est
nommé par décret présidentiel,
délégué permanent du Cameroun auprès de l'ONU. Sur
la table des Nations-Unies, Ferdinand OYONO a des dossiers brûlants, la
question Congo, la question du référendum du Cameroun anglophone,
et la question de l'Apartheid.
1-Le problème Congolais.
Le problème congolais peut se présenter comme
une des conséquences de la guerre froide en Afrique. Dans ce pays
d'Afrique au sous sol potentiellement riche, s'affrontent au travers des
nationalistes congolais, les puissances de l'Est et de l'Ouest. Après
moult turbulences, l'affaire est portée à l'O.N.U dès le
11juillet 1960. Dans cette crise on a d'un côté le chef du
gouvernement, Patrice Lumumba, soutenu par la tendance de l'Est ; de l'autre,
le bloc occidental et l'ONU qui reconnaissent le gouvernement de
Léopoldville. Le Cameroun qui sort peu à peu d'une
rébellion encouragée par les prolumumbistes, participe aux
travaux, et est représenté par le nouveau diplomate Ferdinand
Léopold OYONO. Conscient de la volonté des Africains de se
libérer de l'oppression et de s'affirmer sur le plan international,
Ferdinand OYONO va fustiger la politique du bloc de l'Est, menée par
l'URSS en Afrique.
En effet, au cours de la session ordinaire de
l'Assemblée Générale des Nations-Unies tenue le 12
décembre 1960, le délégué camerounais
s'élève contre la procédure invoquée par l'Union
soviétique et les démocraties populaires, qui tend à
rouvrir le débat sur le Congo alors que l'affaire a été
suspendue par l'Assemblée générale. Sa réflexion
est la suivante `' ... L'Union Soviétique ne comprendra jamais
que l'Afrique ne veut pas servir de terrain à la guerre froide
(152)... `'
OYONO va poursuivre son intervention au cours de ces travaux
en prenant le parti du Président Congolais; à la suite de la
déclaration soviétique porteuse de mépris à
l'endroit de ce dernier, il déclare que :
`' ... malgré l'estime que je porte au bloc
neutraliste, il est à craindre que celui-ci ne soit bientôt
neutralisé `' et que `'...le Président KASAVUBU est le
seul pionnier de l'indépendance du Congo, celui-ci ne saurait être
traité de laquais... le Congo n'a pas besoin de caution
étrangère pour exister ... `' (53).
Cette importante déclaration du
délégué camerounais aux Nations-Unies a permis en outre de
comprendre que les quelques semaines d'assistance soviétique au Congo
étaient favorables à Lumumba. M. OYONO décrit
également la tentative de sécession de la province orientale du
Congo, par les amis de M. Lumumba comme `'...un acte de désespoir des
ennemis de l'ordre public international... `' (54)2.
Le climat de stupeur et de violence constaté en
Afrique, et dû en partie aux affrontements Est-ouest, donne à
Ferdinand OYONO l'occasion d'exprimer une admiration à l'armée
Congolaise d'avoir capturé Patrice Lumumba. L'exploit,
dit-il `'...a privé d'un atout les ennemis de
l'Afrique...'' (55); Il poursuit sa prise de position sur cette
affaire en déclarant que :
`'... l'arrestation de M. LUMUMBA ne regarde
que le Congo et que les Nations-Unies n'interviennent pas
chaque fois qu'un gouvernement est renversé par un coup d'Etat comme
cela se produit dans de nombreux pays...''(56)
Il y a lieu de rappeler que au moment ou
Délégué Camerounais présente position camerounaise
à la communauté internationale, le Cameroun sort peu à peu
d'une rébellion menée par l'UPC principal parti d'opposition dont
le nationalisme est encouragé par les pays de l'Est; pour le
gouvernement Camerounais, il ne pouvait être question de soutenir toute
action nationaliste.
Au cour de la même session, le représentant du
Cameroun a rejeté (57) le projet de remplacement du
Secrétaire général de l'ONU par un triumvirat
proposé par l'Union soviétique :
`'... Nous n'acceptons pas non plus les coups de
chaussures sur la table, ni les injures du chef de la délégation
soviétique...'' (58).
Après avoir rappelé l'appui total de son
gouvernement aux mesures prises par le Secrétaire Général
des Nations-Unies au Congo, Ferdinand OYONO a terminé en mettant en
garde le Conseil de sécurité contre d'éventuelles
tentatives d'ingérence soviétique en Afrique : `'...dans
un an ou deux, ou dans un mois ou deux... `'(59). Entre temps en
Afrique, des conférences réunissant les pays d'expression
française se multiplient avec pour finalité d'asseoir un groupe
qui
permettrait de renforcer la coopération politique et
économique entre nations. Le 20 décembre 1960, le climat
d'instabilité politique et sociale qui règne au Congo ne laisse
pas les nations indifférentes. Aux Nations-Unies, les propositions
visant à solutionner le problème congolais ne manquent pas. A la
suite des interventions de M. Dato Nik Ahmed, Délégué de
la Malaisie, M. Dag Hammarskjöld, Secrétaire général
de l'ONU affirme le contraire :
`' ... L'ONU ne saurait recourir à la force pour
influencer des litiges politiques intérieurs du Congo et ne doit pas
dépasser son rôle consultatif... et ne pourrait en aucun cas
s'interposer entre les parties dans une guerre civile au Congo...
`'(160)
Aux côtés également de M. Koça
Popovic, Ministre des Affaires étrangères de Yougoslavie, le
délégué du Cameroun, M. Ferdinand OYONO reproche au
représentant de l'Inde, M. Khrishma Menon, d'avoir dans un texte de
trente deux pages, traité du problème du Congo à la
légère. Il demande si `'... tout ce que les Congolais posent
comme actes est entaché d'irrégularités... `'
Dans le style(61) qu'on lui reconnaît,
Ferdinand OYONO s'éleva contre les insultes proférées
à l'endroit du Président Kasavubu et estima que
l'Assemblée générale devait clore le débat sur le
Congo sans adopter de résolution car, dit-il :
`'... Les Nations-Unies n'ont rien à faire dans les
affaires intérieures du Congo... `'(62).
Le diplomate camerounais a fait valoir que certains pays
voudraient faire du Congo une sorte de colonie de l'ONU. Suite à
l'intervention de M. Valerian
Zorine, Chef de la délégation Soviétique,
qui s'est livré à une vive attaque contre les occidentaux
qualifiés d'hypocrites et de la manipulation des Etats-Unis, M. OYONO
propose que :
`'.. L'on permette au Congo de panser les plaies que lui a
causées son indépendance...» (63).
S'il est vrai que l'attitude et les prises de positions de
Ferdinand OYONO fustigent le système en place à l'ONU ainsi que
la politique du gouvernement soviétique, il faut dire qu'il ne s'agit
pas d'une initiative personnelle mais celle du gouvernement Camerounais. En
effet, au cours des années soixante le Cameroun fait partie du groupe
des modérés; composé pour la plus part d'anciens membres
du groupe de Brazzaville dont les prises de position sont concertées
d'avance et appréciées en grande partie par le « parrain
» dudit groupe qu'est la France. Ce groupe prône l'accès
à l'indépendance tout en maintenant une coopération avec
la métropole. Cette politique n'est pas appréciée par
Patrice LUMUMBA qui, après l'accession du Congo à
l'indépendance veut rompre tout lien avec la métropole.
C'est ainsi, par exemple que trois mois avant les
déclarations de M. OYONO aux Nations Unies en décembre 1960,
l'ambassadeur de France au Congo, M. Charpentier remit aux ministres congolais
un don de cinquante tonnes de manioc, vingt cinq tonnes de riz et trois tonnes
de lait. Côté Camerounais, on procéda une semaine
après le geste de la France, à l'établissement d'un pont
aérien avec le Congo auquel était destiné une cinquantaine
de tonnes de riz et de viande frigorifiée. Le geste d'assistance permet
au gouvernement camerounais déléguer à Léopoldville
M. Jean Ekwabi, ministre de l'Education nationale, pour organiser l'aide au
Congo et rencontrer le Président Joseph Kasavubu (64).
Plus tard, à la veille de la réunion du conseil
de sécurité sur le Congo, le Président du Libéria
S.E. William Tubman va déclarer que :
`' ... si M. LUMUMBA se trouvait en désaccord avec
M. Hammarskjöld, il aurait dû le faire connaître par voie
diplomatique ; nous devrions faire face au Premier Ministre LUMUMBA qu'il nous
est difficile d'appuyer ses attaques contre le Secrétaire
général des Nations-Unies dans la forme où elles ont
été lancées... `'(165)
Ce débat sur le Congo s'est achevé sans
qu'aucune résolution ait été adoptée comme le
proposait le délégué du Cameroun, excepté un projet
autrichien suggérant que le problème figure à l'ordre du
jour de la session de mars 1961.
L'année 1961 correspond au retour de Ferdinand OYONO au
Cameroun oüil est nommé chef du Service des
études au Ministère des Affaires étrangères ;
mais aussi à la naissance de l'organisation africaine
et malgache de coopération économique entre pays
modérés (OAMCE).
L'expérience acquise à New York par Ferdinand
OYONO ne va pas laisser le chef de l'Etat camerounais indifférent. Il
fait de nouveau appel à lui dans la gestion d'un autre dossier en voie
de ternir l'image de marque du Cameroun sur la scène internationale : la
question de la réunification du Cameroun anglophone.
2- Le dossier de la réunification du Cameroun
anglophone
Au cours de la session de l'Assemblée
générale des Nations Unies qui se tient en mars 1959, des
réflexions sont menées dans le but de restaurer l'unité
dans la partie du Cameroun sous tutelle Britannique, qui est divisée en
deux : le Cameroun septentrional (Northern Cameroons) et le Cameroun
méridional
(Southern Cameroons). Bien que le Northern Cameroons soit
rattaché au Nigeria et administré comme une partie
intégrante de cette fédération, les populations de ces
deux régions vivent séparées du reste du Cameroun. Ainsi
pour connaître le désir des populations sur leur avenir, le
Commissaire aux plébiscites et le conseil de tutelle recommandent
l'Assemblée générale des Nations Unies à voter la
résolution 1473 (XIV) le 12 décembre 1959(166).
Celle-ci recommande l'organisation d'un plébiscite au Cameroun
septentrional entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961 sur la base de deux
questions :
`' Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la République
camerounaise indépendante ? `'
ou
`' Désirez-vous accéder à
l'indépendance en vous unissant à la Fédération
nigériane indépendante ? `'
Il en est de même au Cameroun méridional
où la résolution 1352 (XIV)du 16 octobre 1959 de
l'Assemblée Générale de l'ONU fixe la date du
plébiscite entre le 30 septembre 1960 et le 30 mars 1961.
L'organisation de ces plébiscites était de
savoir si les populations désiraient réintégrer le
Cameroun ou se rattacher au Nigeria. Ces plébiscites eurent lieu les 11
et 12 février 1961 avec les résultats suivants : Cameroun
méridional 70,49% des votants choisirent le rattachement du territoire
au Cameroun francophone indépendant et 29,50% pour le rattachement
à la Fédération nigériane. Tandis que dans la
partie septentrionale 40,03% choisirent le rattachement à la
République camerounaise et 59,97% la solution de l'union à la
Fédération nigériane (67)
La contribution de Ferdinand Léopold OYONO compte
également sur cette .question de la réunification du
Cameroun anglophone. En effet, le 18 mars 1961, aux côtés du Dr
Marcel Bebey EYIDI, Député du Parti Travailliste, le
fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères se rend
en mission auprès des Chefs d'Etat du
Ghana, de la Guinée, du Mali et du
Maroc(168). Le problème du référendum au
Northern Cameroons est préoccupant pour le Président AHIDJO. Il
était donc opportun pour le Président AHIDJO de choisir des
émissaires en vue d'expliquer le point de vue du gouvernement
camerounais à certains Chefs d'Etat africains qui n'avaient pas assez de
contacts directs avec le Cameroun F.L. OYONO donne les raisons de ces
différentes rencontres :
`' ... on devait leur faire comprendre qu'il s'agissait
d'une prise de position sur laquelle s'est réalisée
l'unanimité des Camerounais...» (69)
Avant de se rendre à New York en passant par Paris pour
clore cette mission, Marcel Bebey EYIDI et Ferdinand OYONO devaient se rassurer
d'un soutien de certains de leurs proches d'Afrique, en rencontrant des Chefs
d'Etats qui devaient donner des instructions à leurs
représentants aux Nations Unies, où, à la fin du mois de
mars, le débat sur la question du référendum au Cameroun
du Nord devait se tenir.
Les plébiscites dans les deux parties du Cameroun
septentrional et méridional eurent lieu les 11 et 12 février
1961, donnant les résultats suivants :
Au Cameroun méridional, 70,49% de votants choisirent le
rattachement du territoire au Cameroun francophone. Tandis qu'au Cameroun
septentrional, une bonne partie soit 59,97% choisit la solution de l'union
à la fédération nigériane. La journée du 12
février fut déclarée journée de deuil national.
(70)
Malgré les multiples démarches du gouvernement
Camerounais auprès des chefs d'Etats étrangers ou de la C.I.J,
pour dénoncer la mauvaise organisation dudit plébiscite, rien n'y
fit.(71)
Le diplomate camerounais, au cours de ce premier passage
à l'ONU, n'a pas été aux avant-postes de toutes les
questions qui se sont posées ici; Il faut se souvenir d'un autre dossier
qui a vu l'implication de son pays: la question de l'apartheid.
3- La question de l'Apartheid
C'est au cours de l'an 1969 que le Cameroun définit
clairement sa position vis-à-vis du régime raciste d'Afrique du
sud ; Ferdinand OYONO est alors nouvellement accrédité
auprès du gouvernement Parisien.
La majorité de la population constituée de
Noirs, est victime de ségrégation raciale de la part des Blancs.
Bien que n'ayant pas été aux avant-gardes de ce problème,
Ferdinand OYONO a néanmoins contribué à faire
connaître que la position du Cameroun était en conformité
avec les principes fondamentaux définis par le Manifeste de Lusaka. En
effet, en 1969 au Caire, le Cameroun signait ce document relatif à
l'Afrique Australe et, en sa qualité de Président en exercice de
l'OUA, S.E. Ahmadou AHIDJO devait présenter ce texte au cours de la
Vingt quatrième session de l'Assemblée générale des
Nations Unies le 8 octobre 1969.
Selon l'esprit du manifeste de Lusaka, aucun dialogue
n'était possible entre l'Afrique indépendante et le régime
raciste de Pretoria. Cette position devait demeurer inchangée tant que
les droits de la majorité noire vivant dans ce pays continuaient
à être bafoués par la minorité blanche qui
poursuivait sa domination. En revanche, le manifeste de Lusaka accordait une
primauté aux dialogues entre Blancs et Noirs de chaque territoire
d'Afrique Australe.
Comparée à la démarche de la Côte
d'Ivoire et de quelques pays francophones engagés vis-à-vis de
l'Afrique du sud dans une politique de dialogue, la position du Cameroun est
indiscutablement plus ferme. Ce qui permet de comprendre le rôle
important des diplomates(72) camerounais dans la prise des
décisions du président Ahidjo, prise de
décision ayant déterminé souvent celle de l'ensemble
composé de pays appartenant à la mouvance française.
B- Le Représentant permanent à l'ONU treize
ans après (1974-1982)
Treize ans après avoir servi à l'ONU, les
nécessités de service ramènent Ferdinand Léopold
OYONO cette fois comme représentant permanent du Cameroun auprès
de cette institution. Durant ce séjour, la tâche de Ferdinand
OYONO est tout à fait particulière. Il est interpellé par
la question namibienne et doit également s'impliquer dans certaines
structures onusiennes à l'instar du Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance (UNICEF) etc.
1- La question namibienne
Depuis l'accession à l'indépendance de plusieurs
pays africains en 1960 et leur admission à l'ONU, cette organisation n'a
cessé de répéter que l'occupation de la région
Walbis Bay était illégale et que l'Afrique du sud devait se
retirer(173)
Lors de la tenue du Conseil de sécurité en 1976,
il est exigé que l'Afrique du sud accepte la tenue des élections
au sein du territoire sous le contrôle des Nations Unies. Des
débats de l'Assemblée générale, il ressort que les
pourparlers relatifs à l'indépendance doivent inclure la
participation de la South West Africa People's Organization (S.W.A.P.O)
reconnue par elle comme le seul représentant du peuple namibien
(74).
Il faut rappeler que la question namibienne remonte dès
le début du XXe siècle très longtemps, et que
presque tous les pays membres de l'ONU ont manifesté leur regret
à propos de cette occupation illégale de la région de
Walbis Bay. Ainsi, lorsque les autorités de Pretoria décident le
1er septembre 1977 de placer cette enclave sous leur autorité
en l'intégrant à la province du Cap `' C'est
presque toute la communauté internationale qui
réagit vivement contre ce projet qu'elle qualifia d'annexion
illégale... `'(75)
A propos de cette question namibienne, on note la
présence de deux têtes de proues : d'un côté, le bloc
conduit par les Etats Unis qui s'oppose à toute annexion, et de l'autre
les néocolonialistes amenés par la France. La position du
Cameroun sera celle du groupe d'Etats francophones qui avaient cessé
d'être influencé par la France, dont ils avaient compris, à
leur demande de révision des accords de coopération, qu'elle
était une puissance néo-coloniale (76). Toutefois,
cette position camerounaise qui, au départ, soutenait l'initiative
américaine militant contre l'occupation de la Namibie tout en
prônant la négociation, va changer au profit cette fois d'un
groupe officieux dans le cadre du conseil de sécurité : le groupe
de contact (77).
Le président du conseil de sécurité se
prononça sur ce problème de la manière la plus explicite
et la plus solennelle dans la résolution 432 / 78 du 27 juillet 1978
adoptée à l'unanimité en réintégration
(78).
`' ... en attendant la réalisation de cet objectif,
l'Afrique du Sud ne doit utiliser Walbis Bay d'aucune manière qui soit
préjudiciable à l'indépendance de la Namibie ou à
la viabilité de son économie... `'( 79)
Lors de la visite du Président de la République
française au Cameroun Valérie Giscard D'Estaing le 8
février 1979, le Président Ahidjo s'est félicité
des efforts du groupe de contact en déclarant :
`' ... en Namibie malgré les efforts
méritoires des cinq puissances occidentales et les condamnations
répétées de
l'ONU, le régime de Pretoria n'a cessé de
montrer son vrai visage, celui de l'injustice et de
l'irréalisme...''(80)
Cette question fut traitée principalement par les
Nations Unies dont le Conseil de sécurité entérina les
recommandations du Secrétaire général pour
l'exécution de la proposition de nommer un représentant
spécial pour la Namibie et de créer le groupe d'assistance des
Nations Unies pour la période de transition (GANUPT)(81).
Malgré la volonté de certains Etats membres de L'ONU de condamner
cette annexion, malgré les décisions prises par le conseil de
sécurité, ce n'est que dix ans plus tard que ce plan trouvera
commença à être exécuté.
A l'ONU où il représente le Cameroun, Ferdinand
OYONO sur cette question Namibienne, comme sur d'autres questions d'ordre
politique, est resté très réservé,
conséquence, nul doute de la politique de la politique très
prudente adoptée par gouvernement en matière de politique
étrangère. Il serait fastidieux de ne pas relever l'intervention
du diplomate camerounais suite au conflit des Malouines opposant la
Grande-Bretagne à l'Argentine en 1975. Au cour du sommet des
nonalignés qui se tient en Amérique Latine, dont le but
était de trouver les voies et moyens permettant de solutionner ce
conflit, Ferdinand OYONO va voter contre l'Argentine. En guise de
reconnaissance, l'Angleterre enverra une mission à Yaoundé
remercier les autorités Camerounaises pour ce soutien.
Toujours à l'ONU où il représente le
Cameroun, un soutien similaire est accordé au Maroc au détriment
de l'Algérie au sujet de la zone du Sahara occidental en 1975.
En dehors des questions d'ordre politiques, le diplomate
Camerounais a déployé une importante activité sur les
questions sociales et de développement.
2- Ferdinand OYONO et l'UNICEF.
Bien qu'organe des Nations Unies, le Fonds des Nations Unies
pour l'Enfance (UNICEF) diffère des autres organisations mondiales pour
plusieurs raisons : il n'est pas financé par le budget de l'ONU, pas de
conférence générale ni de programme annuel à
réaliser ; c'est ce qu'on appelait encore un Fonds de Secours à
l'Enfance (FISE).
Créé le 11 décembre 1946 par
l'Assemblée Générale de l'ONU, l'UNICEF a pour mission
d'assister les trois quarts des enfants du monde qui vivent dans les Pays en
Voie de Développement dans l'ignorance, la pauvreté et la
maladie. L'action de l'UNICEF rayonne ainsi sur quatre grands secteurs :
santé, nutrition, éducation et formation professionnelle,
bien-être de la famille et de l'enfant. Cette organisation faut-il le
rappeler ne réalise pas de programmes qui lui sont propres ; elle aide
les pays à mettre sur pied des initiatives qui répondent aux
besoins spécifiques de l'enfance et de la jeunesse (82).
C'est donc en faveur de la cause humanitaire et au sein de ce
Fonds que le diplomate camerounais F.L. OYONO va déployer ses
énergies.
En effet, le 03 novembre 1977, le représentant
permanent du Cameroun aux Nations Unies est élu par acclamations
Président de la conférence pour les annonces de contributions au
Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). Conscient des efforts à
fournir par les dirigeants des pays pauvres pour sortir de leur situation, un
accent est mis sur les ressources humaines par le tout nouveau Président
Ferdinand OYONO, qui déclare à cet effet :
`' Il est de plus en plus admis que les être humains
sont à la fois le moyen et la fin du développement ; par
conséquent il faut faire comprendre combien il est important d'assurer
des
services corrects aux enfants à l'âge de la
formation, période vitale pour eux... `'(83)
On se souvient que Ferdinand OYONO alors étudiant et
écrivain avait déjà pris position pour la cause
humanitaire dans un de ses romans intitulés Une vie de boy paru
en 1956. Le représentant permanent du Cameroun à l'ONU,
Président de la conférence pour les annonces de contributions
à l'UNICEF, milite ainsi pour un monde juste et propice à
épanouissement des enfants.
Cette élection de Ferdinand OYONO à la
tête de cette cellule de l'UNICEF va contribuer à renforcer les
liens de coopération entre son pays et ladite structure internationale.
C'est ainsi que le 6 juillet 1978, un accord de coopération est
signé entre le gouvernement de la République Unie du Cameroun et
l'UNICEF. Dans cet accord, la partie camerounaise a manifesté le
désir de recevoir l'assistance de l'UNICEF ; il est stipulé
qu'elle sera chargée d'assurer à ses frais la réception,
le déchargement, l'entreposage, l'assurance, le transport et la
distribution des articles et du matériel fournis par l'UNICEF une fois
qu'ils seront arrivés au pays. (84)
L'UNICEF quant à elle bénéficie de la
possibilité d'établir un bureau sousrégional au Cameroun
et de la mise à sa disposition des facilités et services
postaux.
En dehors des services rendus à l'UNICEF, Ferdinand
OYONO va assumer d'autres responsabilités durant son séjour
onusien.
3 - Une tâche immense.
En effet, durant ce dernier, Ferdinand OYONO préside le
conseil de sécurité qui est l'organe de l'ONU auquel incombe la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la
sécurité. Les Etats membres sont dans l'obligation d'accepter et
d'appliquer ses décisions ; même s'il est vrai que les
recommandations d'autres organes qui reflètent l'opinion de la
communauté internationale peuvent influencer
certaines situations. Après avoir présidé
ce conseil un mois durant, le Cameroun à travers OYONO est élu en
1980 vice-président de l'Assemblée Générale des
Nations Unies. L'expérience et les qualités du diplomate
camerounais lui vaudront de nombreux autres postes tels que : Président
de la conférence des non alignés qui se tient en 1976 à
LIMA au Pérou ; ou encore Président de la première
commission des Nations Unies dénommée Paix et
Sécurité Internationale.
Après avoir présenté l'implication de
Ferdinand OYONO (85) sur certaines questions posées à
l'ONU au cours de ses deux passages, il est important de mentionner que le
diplomate OYONO a eu une autre mission tout aussi délicate, celle
d'être chef de mission diplomatique.
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