Les DIFFICULTES DU SYSTEME BANCAIRE
Malgré toutes les mutations observées dans le
secteur bancaire sénégalais en vue de l'adapter aux exigences
d'une économie très complexe, l'intermédiation
financière n'a jamais pu jouer pleinement le rôle qui lui
était dévolu. Au courant des années 80, l'acuité de
la crise bancaire ne pouvait passer inaperçue. De graves obstacles au
processus de financement et à la poursuite des politiques
monétaire et budgétaire s'étaient érigés.
Ils étaient dus au caractère inadéquat de
l'évaluation des risques liés aux prêts, au financement
des entreprises publiques opérant à perte, à
l'accumulation des prêts non productifs et non garantis. Toutes ces
imperfections ont été camouflées par un recours excessif
aux concours de la BCEAO.
Au 30 septembre 1988, le système bancaire
Sénégalais comptait vingt établissements de crédit,
dont quatorze banques et six établissements financiers.
Plus de la moitié de ces établissements, soit
onze parmi lesquels étaient répertoriées neuf banques,
connaissaient des insuffisances notoires . Les créances douteuses et
litigieuses étaient évaluées à plus de 200
milliards de FCFA sur un encours total de 450 milliards de FCFA,
entraînant la constitution de provisions importantes et des pertes
cumulées atteignant 77 milliards de FCFA.
Le dispositif prudentiel d'alors n'était pas
respecté. Cette situation a conduit à un quasi cessation des
paiements : les établissements concernés ne pouvaient plus faire
face à leurs engagements vis à vis de la clientèle, des
correspondants et de la Banque Centrale. Les soldes de compensation ainsi que
les paiements aux guichets n'étaient plus honorés.
Par ailleurs les banques dont la solvabilité et la
liquidité sont restées satisfaisantes se montraient de plus en
plus réticentes pour le financement des besoins de l'économie,
entraînant une certaine désarticulation dans le processus
d'intermédiation financière. Elles ont
préféré déposer leurs excédents au niveau de
la BCEAO au lieu de financer le secteur privé
Cette crise était structurelle et se
matérialisait par une dégradation de la qualité des actifs
bancaires, une insuffisance des ressources, un déséquilibre des
structures financières. L'Etat y a décisivement
contribué.
Le problème des banques sous la tutelle publique
Dès les indépendances, la nouvelle
autorité publique à chercher à se doter de moyens
financiers en vue d'accompagner les différents plans mis en oeuvre pour
l'amélioration des conditions d'existence des citoyens. Ainsi la
création de banques par l'Etat répondait à cet objectif.
Cependant, ces banques n'ont jamais pu jouer le rôle qui leur
était dévolu.
Malgré leur devoir d'apporter les financements
nécessaires au plan, ces banques n'ont jamais été
associées à la conception ni à la mise en oeuvre des
projets financés.
Par ailleurs, les entreprises publiques que les banques
finançaient ont toujours été gérées par des
personnes souffrant d'intégrité, rendant la rentabilité
des fonds investis compromise. Il en était de même pour les fonds
injectés dans le monde rural; souvent des paysans assimilaient les
crédits à des dons.
Le noeud du problème, pour ces banques de service
public, était de devoir octroyer des crédits dont le recouvrement
était aléatoire et de s'être dessaisies de la fonction de
collecte de fonds du public. Elles ne comptaient que sur des lignes de
crédits négociés par l'Etat.
Ainsi dans un contexte de libéralisation du secteur
bancaire, ces institutions ne pouvaient continuer d'exister, à moins que
des discriminations ne fussent établies en leurs faveurs.
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