Revalorisation de la Micro finance
Avant les réformes, la micro finance existait
sous forme embryonnaire. Cependant, elle est apparue comme indispensable
après les réformes lorsque le secteur bancaire classique ne
pouvait que satisfaire une partie de la demande adressée par le secteur
formel. Au même moment, le pays disposait d'un secteur non encore
maîtrisé, appelé informel, plein d'imagination et ne
demandant que des produits adaptés à ses
spécificités.
La promotion de la micro finance allait permettre la
réintégration de cette couches. Par elle, les exclus du
financement bancaire et qui représentent plus 90% des populations du sud
pouvaient accéder à de micro- crédits.
Il s'agit d'un crédit de montant faible offert
à ceux qui ne peuvent pas accéder à aux crédits
bancaires, faute de pouvoir apporter les garanties matérielles
exigées: salaire, maison, terre...
Cette politique, dont les relais sont constitués par
les SFD, a été conçue pour être
complémentaire au financement bancaire. Ce dernier connaît des
contraintes dans la fourniture de produits à la fois attractifs pour
l'épargne et le crédit et qui serait destinés à
l'informel.
Du point de vue de la collecte de fonds prêtables, la
micro finance devait essentiellement se constituer en alternative à la
thésaurisation, à l'épargne en nature (bétail).
Cependant, elle devait être aussi assez proche des populations pour les
assister en cas de besoin, respectant ainsi une logique traditionnelle. Par
ailleurs, un travail de sape devait être effectué en vue
d'installer l'esprit de banque dans un milieu qui, pour des raisons
historiques, tenant de la religion et de la culture, y est très
hostile.
Le micro crédit, en tant qu'instrument de lutte contre
la pauvreté a connu un énorme succès en Asie, en
Amérique Latine, et même en Europe. Des problèmes
identiques aux nôtres, et nés de la libéralisation, ont eu
à se poser et des solutions radicales ont été mises en
oeuvre. Par exemple, dans certains pays asiatiques, les BSR sont tenues d'avoir
10% de leurs portefeuilles sous forme de crédits accordés aux
pauvres...
Dans cette dernière partie nous essaierons de faire une
présentation générale de la micro finance au
Sénégal, des relations entre banques et SFD et d'essayer de
donner une contribution pour l'essor de cette nouvelle finance
LES SYSTEMES DE FINANCEMENT DECENTRALISES AU
SENEGAL.
Les SFD ont commencé à voir le jour au
Sénégal à partir des années 90 suite à
l'exclusion des couches défavorisées du financement bancaire.
Données Générales
Présentation
Les SFD ou IFD sont une variété
d'expérience d'épargne et /ou de crédit destinée
à l'auto promotion économique et sociale des populations
touchées par la pauvreté. Leur fonctionnement est
réglementé dans un cadre juridique défini par la Loi
n° 95-03 du 5 Janvier 1995 et sur décret d'application n°
97-11-06 du 11 Novembre 1997 Deux catégories de structures y sont
distinguées : les Institutions Mutualistes ou Coopératives
d'épargne et de crédit et les autres Institutions. Elles ont
toutes pour objectif de fournir des crédits à moyen et long terme
à un grand nombre de personnes sans ressource ou presque, à des
coûts très faibles.
Les Institutions d'épargne et de crédit ( IEC)
sont des expériences basées sur le rôle central de
l'épargne pour alimenter le crédit. Elles insistent sur la
responsabilité de l'emprunteur( individuel ou groupe d'individus) et une
épargne est généralement préalable à tout
accès au crédit. Au Sénégal, les structures de ce
genre sont le Crédit Mutuel Sénégalais, (CMS) et le
Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au
Sénégal (PAMECAS).
A côté d'elles, se développent d'autres
expériences dans lesquelles l'épargne n'est pas obligatoire pour
nourrir les crédits. A cet effet, il est recours à des
financements extérieurs.
Leurs structures relèvent essentiellement de la
spécificité des groupes cible.
Les autres institutions regroupent les organisations ayant
comme activité unique ou principale la distribution du crédit et
celles qui l'ont comme activité accessoire.
Les premières sont des expériences de
crédit direct, non liées, obligatoirement à une
épargne préalable. Elles font souvent appel à un
système contraignant fondé sur la responsabilité solidaire
de chacun au sein du groupe d'emprunteurs.
Les autres sont des projets à volets de crédit;
ne faisait du crédit qu'à titre accessoire.
1-2 Evolution du Nombre de SFD
Type d'organisation
|
1995
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Epargne/crédit
|
20
|
26
|
26
|
119
|
117
|
Crédit/Direct
|
3
|
4
|
3
|
3
|
4
|
Projets à volet crédit
|
14
|
11
|
1
|
0
|
0
|
Total
|
37
|
41
|
30
|
122
|
121
|
Banque de données sur les SFD (1998 et 2000)
recensés par le PASMEC.
Ces deux documents (banques de données) n'ont
concerné que les SFD qui se sont conformés aux instructions de la
BCEAO dans la communication de leurs états financiers.
Le nombre de SFD s'est rétréci entre 1995 et
1998 du fait du recul des projets à volet de crédit, le plus
souvent arrivés à terme. Cependant ils ont connu une hausse
fulgurante en 1999 en passant de 30 à 122. Cette hausse est surtout due
à celle des expériences épargne / crédit.
En 2000, peu de changement ont été
observés dans leur évolution. A cette date, on recensait 324
institutions de base.
C) Evolution de la situation juridique
Vu la sensibilité du secteur, financier qui l'englobe
et dont le principal atout est constitué par la confiance du public, les
activités de la micro finance devaient être assujetties à
une réglementation.
En 1992, la BCEAO et le Bureau International du Travail ont
initié le Programme d'Appui aux Structures Mutualistes ou
Coopératives d'Epargne et de Crédit (PA- SMEC) qui, depuis le
01er Août 1999, est intégré dans la Mission pour la
Réglementation et le Développement de la Micro finance (MRDM).
Les objectifs de ce programme visent à assurer, avec une certaine
flexibilité ( compte tenu de l'état de développement des
institutions), la protection des déposants, la sécurité
des opérations ainsi que l'autonomie financière des SFD.
Un cadre juridique s'adressant en premier aux institutions
mutualistes mais prévoyant des dispositions pour les non - mutualises
assujetties au régime de la convention a été
érigé. Selon lui, la tutelle de ces institutions revient au
Ministre des Finances qui délivre un agrément en contrepartie
d'une communication régulière des informations sur leurs
activités.
Au plan du fonctionnement, il est requis que les fonctions de
gestion et de contrôle soient séparées et exercées
par des entités autonomes en vue d'une meilleure surveillance de la
gestion.
D) Les bénéficiaires des services des SFD
|
1998
|
1999
|
2000
|
Femmes
|
78.271
|
91.706
|
102.846
|
hommes
|
88459
|
116.765
|
140.046
|
Groupements
|
17.983
|
23.897
|
36914
|
Usagers
|
31.979
|
37.022
|
11.240
|
S / TOTAL
|
216.692
|
269.360
|
291.046
|
Autres bénéficiaire
|
0
|
12.495
|
282
|
TOTAL
|
216.692
|
281.885
|
291.328
|
Banque de données sur les SFD - 2000
Au cours des trois dernières années, le nombre
de bénéficiaires des services de SFD est passé de 216.692
en 1988 à 291.328 en 2000, soit une hausse de 34,4 %. Cette
évolution est imputable à la percée de l'UM - PAME CAS et
du CMS dont les membres ont respectivement augmenté de 157 % et 33 %
durant la période.
Pour ce qui est de l'aspect genre, la place des femmes est
relativement plus faible que celle des hommes qui représentaient 58 %
des bénéficiaires alors que les femmes restaient avec 42 %.
Néanmoins cette part est plus importante que la leur dans le vie active.
Cela est une matérialisation des faveurs accordées aux femmes
dans le secteur.
E) Evolution du sociétariat
Le sociétariat concerne les expériences
basées sur une épargne avant tout crédit.
Paramètres
|
1998
|
199
|
2000
|
Nombre de membres
|
184.713
|
226.131
|
267.207
|
Dont femmes
|
78.271
|
85.487
|
93.911
|
Pourcentage
|
42 %
|
38 %
|
35 %
|
Dont hommes
|
88.459
|
116.747
|
138.050
|
Pourcentage
|
48 %
|
52 %
|
52 %
|
Dont groupement
|
17.983
|
23.897
|
32.246
|
Pourcentage
|
10 %
|
10 %
|
13 %
|
B - De données sur les SFD Sénégal en
2000.
En termes absolus, le nombre de femmes dans ce type
d'expérience a connu une hausse régulière (78.271 en 19998
à 93.911). Cependant, celle des hommes est plus marquée.
Globalement, le nombre de sociétaires a sensiblement augmenté,
traduisant une plus grande confiance du public et les groupements connaissent
une évolution : 17.983 en 1998 et 32.246 en 2000.
En 2000, la clientèle des SFD du Sénégal
était composée à 90 % par les membres des institutions
d'épargne / crédit.
Les cinq plus importants en nombre de membres
SFD
|
Nombre de membres
|
En % de l'ensemble
|
CMS
|
116.995
|
46,5 %
|
UM - PAMECAS
|
64.432
|
25,6 %
|
ACEP
|
13.534
|
5,4 %
|
MUSO -FENAGIE - PECHE
|
10.690
|
4,2 %
|
UMECU
|
9.657
|
3,8 %
|
Total des 5 SFD
|
215.308
|
85,7%
|
Ensemble des SFD
Ep / cred
|
251.322
|
100%
|
Banque de données sur les SFD Sénégal
2000
Ainsi nous voyons une forte concentration de la micro
finance : Cinq SFD concentrent plus de 85 % des expériences
« Epargne préalable au Crédit ». Le CMS reste
l'institution forte de la micro finance sénégalaise avec 47 % de
l'ensemble des membres
II) Analyse de l'activité financière des SFD
A) L'évolution des ressources
Tableau : évolution des ressources (en
millions)
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
Ressources
|
18.285
|
26.238
|
31.906
|
Progression en %
|
- 0,9 %
|
43,5 %
|
21,6 %
|
Banque de données sur les SFD Sénégal
2000.
Les ressources des SFD, ont connu une croissance continue en
passant de 18.285 millions en 1998 à 31.906 millions en 2000. Cette
hausse des ressources est due à l'accroissement des dépôts
qui a gonflé les ressources internes.
Par ailleurs, les ressources externes, dont les refinancements
bancaires, ont connu une baisse relative en passant de 14 % en 1998 à 11
% en 2000. Cependant en termes absolus, on a pu noter une hausse.
Les hausses enregistrées dans les dépôts
sont la traduction matérielle d'une plus grande confiance qui leur est
accordée mais aussi le résultat d'une politique de
l'épargne adoptée aux spécifiés des milieux
ciblés.
En effet, les SFD, mettent à la disposition de leurs
membres une gamme variée de produits qui répondent à des
besoins spécifiques : plan épargne entrepreneur, plan
épargne- projet, plan - tabaski. Les taux de rémunération
varient entre 2 % et 8 %.
Le Crédit Mutuel rafle la mise avec près de
50% des membres et il existe une très forte concentration de la micro
finance (5 institutions concentrent 87% du marché
|