C) Les opérations financières des SFD
La situation des opérations financières des SFD
est décrite par le tandem ressources/emplois.
Les ressources sont constituées des fonds propres, des
subventions des dépôts et des lignes de crédit que
fournissent les partenaires financiers( Etat, banque, bailleurs de fonds).
Ce prochain tableau retrace leur évolution en millions
de FCFA.
Années
|
Ressources
|
Progression en %
|
1996
|
13 469
|
94,1%
|
1997
1998
|
19372
17332
|
43,8%
-10,5%
|
Banque de données sur les SFD Sénégal
1998
L'évolution des ressources s'est effectuée en
dents de scie.
En 1996,les ressources ont presque doublé ( 94,1%)
avant d'augmenter de moitié en 1997. En 1998, l'évolution
négative (-10,5%) s'expliquerait par la diminution des projets à
volets de crédit qui bénéficiaient d'importantes lignes de
crédit.
D) Décomposition des ressources
|
31-12-96
(millions de FCFA
|
%
|
31-12-97
(millions de FCFA
|
%
|
31-12-98
(millions de FCFA
|
%
|
Fonds propres
|
6668
|
49,5
|
8437
|
43,5
|
6432
|
37,0
|
Dépôts
|
5176
|
38,4
|
8521
|
44,0
|
9854
|
57,0
|
Ligues de crédit
|
1625
|
12,1
|
2414
|
12,5
|
1046
|
6
|
Ressources
|
13469
|
100,0
|
19372
|
100,0
|
17 332
|
100,0
|
Le tableau ci-dessus relate l'évolution de la structure
des ressources. Les fonds propres connaissent une tendance à la baisse
(49,5% en 1996 et 37% en 1998) tandis que les dépôts ont connu une
tendance évolutive (38,4% en 1996 et 57% en 1998). Cette
évolution est un critère fiable pour mesurer la confiance du
public.
E) Evolution des dépôts
Les hausses enregistrées dans les dépôts
au niveau des SFD sont la traduction d'une plus grande confiance qui leur est
accordée mais aussi d'une politique de l'épargne adaptée
aux spécificités des milieux défavorisées.
Les institutions d'épargne mettent à la
disposition de leurs membres une gamme variée de produits qui
répondent à des besoins spécifiques : plan épargne
entrepreneur, plan épargne-projet, plan épargne -tabaski...Les
taux de rémunération de l'épargne collectée varient
entre 2% et 8%
Projet à volet de crédit
|
259
|
5,0
|
378
|
4,4
|
76
|
0,8
|
Total
|
5176
|
8521
|
8521
|
100,0
|
9855
|
100,0
|
Le taux de croissance des dépôts est de 64,6% en
1997 et 15,6% en 1997. Ce fléchissement dans la classe s'explique par le
recul des projets à volet de crédit. Les SFD (
épargne/crédit) avaient enregistré une nette progression
dans les dépôts (72,2% en 97 et26% en 1998). Par contre les autres
types d'expérience avaient connu une chute dans l'épargne
collectée.
Section 2) RELATIONS SFD-BANQUES
Avant les réformes, les IFD existaient, mais
sous forme embryonnaire :3% par rapport au nombre actuel. Cependant, constater
leur présence en même temps que les banques de
développement qui faisaient un travail similaire, pousse à penser
que le problème essentiel à résoudre se condense dans les
conditions d'octroi de crédit.
Durant cette période d'avant réforme, les SFD
n'étaient pas structurés. Ils relevaient de l'informel et ne
faisaient l'objet d'aucune attention de la part des autorités; c'est
pourquoi aucune statistique fiable relative à leurs activités,
durant cette période, n'est disponible.
Cependant, aux lendemains des réformes, ils se sont
imposés comme alternative au financement bancaire qui excluait une
partie non négligeable de la société. Et c'est dés
lors qu'ils ont commencé à être suivis; surtout par
comparaison aux banques et dans leurs relations directes avec les banques.
I) Analyse comparative de l'activité financière des
SFD et banques
Tableau comparatif de l'activité financière des
SFD et Banques (en milliards)
Paramètres
|
1998- BANQ
|
1998- SFD
|
1999- BANQ
|
1999- SFD
|
2000- BANQ
|
2000- SFD
|
Dépôts
|
467,6
|
9,8
|
529,7
|
13,6
|
614,0
|
18,4
|
% des dépôts
|
98,0%
|
2%
|
97,5%
|
2,5%
|
97,1%
|
2,9%
|
Crédits
|
440,4
|
11,4
|
486,2
|
14,9
|
62(,1
|
20,3
|
% des crédits
|
97,5%
|
2,5%
|
97%
|
3%
|
96,8%
|
3,2%
|
Guichets
|
63
|
233
|
66
|
285
|
73
|
324
|
% des guichets
|
21,3%
|
78,7%
|
18,9%
|
81,1%
|
18,4%
|
81,6%
|
B- de données sur les SFD au SENEGAL en 2000
Le tableau ci dessus matérialise la montée
en valeur absolue, des crédits, dépôts et guichets pour les
deux institutions.
Durant cette période, les dépôts ont
progressé de 31,3% dans le système bancaire alors que ceux des
SFD se sont accrus de 87,7% en passant de 9,8 milliards en1998 à 18,4
milliards en 2000.
Pour ce qui concerne les crédits, le taux de croissance
dans le classique est de 42% tandis que celui des SFD est de 78%.Cette
évolution, dans la collecte et la distribution des fonds, s'est
répercuté dans le partage du marché. Les SFD ont
gagné du terrain par rapport aux banques (dépôt, 2% en
1998 contre 2,9% en 2000; Crédit 2,5% en 1998 contre 3,2% en 2000).
Cet accroissement de la part des SFD est, en partie, le
résultat de changements opérés par certaines
catégories sociales qui ferment leurs comptes auprès des banques
pour en ouvrir dans les SFD qui offrent des services qui leur sont mieux
adaptés.
L'évolution des guichets montre un taux de
pénétration plus élevé chez les SFD qui assurent
d'énormes services de proximité aux populations non
bancarisées. Le nombre de guichet des SFD est quatre fois plus important
que celui des banques (324 contre 73 en 2000).
Par ailleurs, malgré l'importance des crédits
octroyés, les SFD sont parvenus à mobiliser assez de
liquidités qu'ils ont placées dans les banques. En contrepartie,
les banques leur octroient des refinancements.
II La Complémentarité
Selon, M. Fodé Ndiaye, agroéconomiste,
le SFD est assimilable à toute structure, quelle que soit sa nature
institutionnelle, qui fournit des services financiers à des
populations, qui, de par la faiblesse de leurs revenus ou leur
inaccessibilité géographique ou sociale, n'y auraient pas
accès autrement.
Dans le cadre de leur développement, certains SFD
ont jugé plus opportun d'entretenir des relations de solidarité
avec les banques. Ce partenariat traduit une volonté d'articulation dans
le système financier.
Concept d'articulation
" L'articulation des banques avec les SFD est
la mise en synergie de deux types d'entités institutionnelles ayant des
compétences distinctes leur conférant la capacité de se
pourvoir mutuellement,en produits et services financiers ayant pour but
d'améliorer au moindre coût la viabilité de chaque
structure dans le cadre de l'amélioration de la construction de
marchés intégrés et efficaces."
Cette articulation a engendré plusieurs
avantages autant du coté des SFD que de celui des banques.
A) Les avantages pour les
SFD
Les SFD se trouvent entre le marteau et l'enclume: ils doivent
fournir des services financiers à des populations pauvres en croissance,
difficilement accessibles et avoir une autonomie financière. Ces deux
objectifs, tendanciellement, ne vont pas dans la même direction et
l'expérience des banques de développement en Afrique
l'atteste.
Cependant, par le biais de la complémentarité
les SFD tirent deux avantages qui leur permettent de poursuivre dans des
conditions incitatives leur mission. Ces avantages sont d'ordre financier et
institutionnel.
1) Les avantages financiers
A l'origine, les SFD déposaient leurs ressources dans
les banques, lorsque celles ci atteignaient un certain seuil, pour des raisons
de sécurité.
Cependant, avec un taux moyen de transformation des ressources
en crédits de 84,7% dans l'UEMOA, les SFD ont pris l'habitude de placer
leurs excédents auprès des banques.
Ces placements génèrent des produits financiers
qui, permettent une meilleure rémunération de l'épargne,
qui incite au dépôt donc à l'accroissement de la collecte
de fonds et du niveau d'activité pour un secteur qui connaît des
économies d'échelle. Ces effets positifs sont d'autant plus
significatifs que le différentiel d'intérêt entre le taux
de rentabilité des placements et le taux de rémunération
de l'épargne est élevé.
Globalement, dans l'UEMOA, l'épargne couvre les
crédits. Le ratio épargne/crédit pour les systèmes
Epargne-Crédit est 115%, celui des volets de crédit 34% et celui
des crédits directs 7%.Le recours aux ressources bancaires s'est
avéré nécessaire pour les deux dernières
structures. Ces ressources permettent d'augmenter les prêts et leurs
durées qui sont souvent à court terme.
Cette connexion permet aux SFD d'accéder à
d'autres types de clientèle ayant des activités
financières consistantes (producteurs ruraux, gros
commerçants...) et un accroissement de la capitalisation des SFD
grâce à une amélioration des résultats
d'exploitation.
2) Les avantages institutionnels
Les SFD en conformité avec les règles de la
BCEAO ne sont pas très nombreuses. Le partenariat permet l'accès
à des appuis : formation aux techniques bancaires, à la gestion
comptable, administrative, financière, la fourniture de logiciels et
l'assistance au développement de programmes adéquats.
Ce compagnonnage institutionnel permet l'amélioration
des relations entre banques et SFD considérés dans la mesure
où l'information nécessaire à l'analyse du risque est
disponible et fiable. Par ailleurs, il rend moins urgent la création
d'une banque des SFD qui requérrait d'importantes ressources
financières et humaines sans garantie d'efficacité.
B) Avantages pour les
banques
Les avantages pour les banques prennent diverses formes. Elles
parviennent à accroître leurs activités tout en
réduisant les risques et les coûts de transaction. Elles
parviennent ainsi à développer un portefeuille sain avec des
marges consistantes.
Pour les banques, fournir des services
d'épargne et de crédit dans les zones reculées à
des coûts de transaction compatibles avec les gains attendus est
pratiquement impossible à moins que des changements ne s'opèrent
dans leur structuration actuelle.
Cependant, les SFD, de par la
spécificité de leur implantation géographique parviennent
à offrir des services adaptés et à recouvrer plus de 90%
des crédits octroyés dans ces milieux. Cette mise en relation
avec les SFD entraîne un plus grand dynamisme dans la production
financière des banques lorsqu'elles cherchent à satisfaire la
demande des SFD
III) La Concurrence
Conçus à l'origine pour
compléter l'action des banques, certains SFD ont commencé
à se positionner comme alternative dés lors qu'ils ont
commencé à fournir des crédits d'un certain montant ( cinq
millions pour le Bénin). Devant cette situation, les banques
dénoncent une concurrence déloyale car elles n'ont aucune faveur
de l'Etat contrairement aux SFD.
Pour ce qui est des services offerts par les deux sous
secteurs, ceux des SFD sont plus attractifs car leurs coûts sont plus
allégés. Cela se matérialise dans le fait que certains
clients des banques ferment leurs comptes pour en ouvrir dans les SFD. Par
ailleurs, dans le but d'une plus grande autonomie financière, des SFD
tendent à se regrouper afin d'échapper à la domination
bancaire. Dans cette optique, la création d'une banque des SFD semble
faire l'objet d'un accord de principe.
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