CHAPITREVI
DYNAMIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LES SITES A RISQUE ET
SES IMPLICATIONS SUR L'ENVIRONNEMENT SOCIAL
Il existe une étroite
relation les conditions de vie des populations des sites à risque et ses
implications socio-économiques. Le phénomène ne peut plus
aujourd'hui être étudié du seul point de vue du
« rapport entre les objectifs stratégiques et les
résultats sur le théâtre des opérations. Son
analyse requiert d'évaluer l'ensemble des incidences qu'il peut
produire dans le temps et dans l'espace. » (R. BAUDOUI, 2003).
Pour évaluer et décrire les implications liées aux
conditions de vie des populations des sites à risque, nous nous sommes
appuyés sur les données secondaires et ensuite sur les
données empiriques. Les crises sanitaires font partie des premiers
risques encourus par la population. Ensuite, nous avons évalué
les implications sur la satisfaction des besoins de la famille notamment la
scolarisation des enfants, sur l'alimentation et sur la participation aux
activités associatives. Enfin les implications psychologiques ont
été évaluées. Toutes fois il est important de
montrer comment se construisent et se fabriquent les risques dans les sites
enquêtés.
VI-1-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUESV-2-ORIGIINE ET NATURE DES RISQUES
VI-1-1- RISQUES NATURELS
P. TRONCHON (1991 :30)
déclarait que « le milieu naturel impose des contraintes
à l'aménagement du fait qu'un site présente
toujours des caractéristiques dépendants. »
Il identifie :
- La topographie et le relief (pourcentage des pentes,
existence des falaises ou ravins)
- L'évolution du paysage soit par des mouvements lents
de terrains (érosion) ou rapides (glissements, éboulements), soit
par dissolution (cavités karstiques)
- L'eau sous ses différentes aspects : eaux de
surfaces (zones inondables)
- La topographie des terrains qu'ils soient meubles ou
compacts, argileux ou calcaires.
- L'existence éventuelle du risque sismique ou
volcanique.
Les quartiers Maképé Missoké et
Maképé Maturité, comme tant d'autres quartiers de la ville
de Douala sont des sites à risque de part la potentialité, voir
l'éventualité des catastrophes naturels qui s'y produisent :
les pertes en vies humaines de suite de glissements de terrains et des
multiples inondations. Les phénomènes naturels parfois
difficilement prévisibles, peuvent avoir des conséquences
catastrophiques. Mais il faut ajouter les risques aggravés par
l'activité humaine.
VI-1-2- AGGRAVATION OU FABRICATION HUMAINE DES RISQUES
Par ses activités et
très souvent sans se rendre compte des conséquences, les
populations de Maképé Missoké et Maturité sont
à l'origine et même de transformation du milieu naturel. Si les
phénomènes naturels, même aggravés par
l'intervention de l'homme, ne sont pas toujours prévisibles,
l'activité humaine comporte de plus en plus d'agressions envers la
nature ainsi que les dangers véritables pour l'individu.
L'aggravation des risques par les populations se traduit
par :
- Les rejets d'eaux usées d'origine animale
(élevage de porcs) ou humaines (eaux domestiques)
déversées sur le site.
- Les rejets de matière non dégradable
favorisé par la présence des marchés non
contrôlés.
- Les rejets d'eau liquide ou résiduelle industrielle
traitée ou non (polluants minéraux ou organiques des
sociétés CICAM et GUINNESS à l'amont de la rivière
Ngoné.
- Les eaux de ruissellement entraînant les polluants
d'origines chimiques (détergeant).
En effet, les populations déversent dans la nature
(leur environnement) des déchets ordinaires provenant de la
préparation des aliments et du nettoiement normal des habitations :
débris de verre ou de vaisselle, cendres éteintes, feuilles,
chiffons, balayures et résidus divers. En outre, nous avons
observé certains déchets provenant des établissements
artisanaux, petits commerces, les encombrants de toute nature, les montres, les
châssis et autres ferrailles de vielles voitures, pneus usés. Les
maisons sont construites de façon chaotique.
Dans les marchés, les commerçants ne disposent
d'aucun endroit pour jeter les aliments invendus ou pourris. Les égouts
et l'évacuation des ordures ménagères sont très
insuffisants. Le plus souvent, ces commerçants versent les eaux
usées dans la rue et entassent les ordures devant les maisons, non par
négligence, mais parce que les services de base ne sont pas
assurés tel qu' affirme M. ALBERT, commerçant de vivre frais
rencontré dans le petit marché Maképé
Maturité.
Il n'y a pas de considération pour notre zone. Ce
qui fait que les populations ne se soucient pas aussi de leur environnement.
Nous avons la volonté de maintenir nos alentours propre et sains. Mais
que faire de ces déchets qui ne dépendent pas de nous
(déchets provenant des industries). En plus il arrive que les ordures
entassées fassent des mois et des mois ici sans que personne ne s'en
soucie. Alors vous voulez qu'on fasse quoi ?
La construction et l'aggravation des risques par la population
seraient donc une conséquence de la non prise en considération de
leur zone par les pouvoirs publics. Les populations vivent ainsi dans le milieu
naturel et le modifient pour satisfaire certains besoins essentiels. Cette
pratique accroît les dangers sur le plan social, économique et
psychologique.
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