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Dynamiques socio-économiques dans les sites à  risque de Douala et ses implications sur l'environnement social

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par Valentin NGOUYAMSA
Université de Douala, Cameroun - diplome d'étude approfondie 2006
  

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CHAPITRE V

CONDITIONS ET STRATEGIES DE VIE DES POPULATIONS

DES SITES A RISQUE

Les conditions de vie des populations de zones à risque présentent de situations particulières. Après avoir traité des motivations à faire recours à ces zones, il est important dans le cadre de ce chapitre d'évaluer et de décrire leurs conditions de vie dans ces sphères. Les indicateurs sont les suivants : la taille des ménages et le type de l'habitat, les sources d'approvisionnement en eau et en énergie, le type d'aisance et les conditions d'administration des soins. Aussi nous avons évalué les conditions de vie des populations en mettant l'accent sur les stratégies de suivi dans les ménages. L'analyse a pris en compte à la fois les données qualitatives et les données quantitatives.

V -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGESIV -1- CONDITIONS DE VIE DANS LES MENAGES

Pour mieux définir les conditions de vie des populations enquêtées, nous avons pris en compte la taille de ménage et le type d'habitat, les sources d'approvisionnement en eau, en énergie et type d'aisance, les conditions d'administrations des soins.

V -1-1- CONCEPT DE MÉNAGE

Selon F. BARTIAUX (1986 :53),

 Un ménage peut être un ensemble de personnes qui vivent et prennent

ensemble leurs repas en tant qu'unité domestique, ou une personne

qui vit seule et prend ses repas séparément. 

Le ménage s'identifie ici comme une unité de production et de consommation.

Plus tard, (F. BEGEOT, 1998) le définit comme la manière dont les personnes pourvoient à leurs repas et aux autres besoins vitaux. Cependant les Nations Unies (NU) acceptent aussi que le ménage soit définit selon le simple critère de résidence. Ainsi, l'ensemble des personnes qui occupent une même unité d`habitation forme le ménage. Le ménage apparaît ainsi comme un concept pluridimensionnel, c'est-à-dire qui rend difficile l'établissement d'une définition admise par tous. De toutes ces définitions, le ménage s'identifie comme une unité de production, une unité de consommation et une unité d'habitation.

Nous avons pris le ménage ici comme la manière dont les gens pourvoient en groupe ou individuellement à leurs besoins (alimentaires, vitaux, etc.). Ensuite nous l'avons adopté comme un groupe de personnes, vivant habituellement sous un même toit, contribuant chacun aux dépenses et partageant l'essentiel de leurs repas.

V-1-2- TAILLES DES MÉNAGES ENQUÊTÉS ET TYPES D'HABITAT DES POPULATIONS DES SITES A RISQUE

Les conditions de vie des populations des sites à risque sont adéquates. Ceci se révèle à travers l'enquête réalisée au sein des ménages. Ces derniers sont de grandes tailles (plus de dix personnes dans certains ménages). Plusieurs personnes partagent un logement parfois insalubre, dormant dans des conditions rudimentaires. Interrogées sur le pourquoi de ces co-habitations, certaines personnes affirment être animées par le désir de vivre ensemble pour renforcer les liens culturels. D'autres par contre mettent en exergue les difficultés liées au logement, conséquence de la pauvreté. La plupart des ménages sont constitués des individus issus du même village, d'autres issus des liens d'amitiés et d'autres encore de la famille restreinte (père, mère, enfants). La taille des ménages est assez élevée et varie selon le type de ménage.

Tableau 9: taille de ménage selon le type de ménage.

Type Ménage

Taille Ménage

 

0-6 personnes

7-10 personnes

10personnes & plus

Effectifs

Parental

10

5

5

20

Monoparental

0

02

08

10

Total

10

7

13

30

Pourcentages

33,3

23,3

43,3

100

Source : notre enquête sur le terrain

Deux types de ménages ont été identifiés et enquêtés. Les ménages parentaux sont des ménages dirigés par un homme, une femme. Les ménages monoparentaux sont ceux dont les membres sont constitués des personnes dirigées par un seul parent ; soit un homme, soit une femme. Sur trente ménages enquêtés dans les deux sites, vingt sont des ménages parentaux et dix sont des ménages monoparentaux. Sur vingt ménages parentaux, cinq sont constitués de plus de dix personnes et cinq de moins. Dans les ménages monoparentaux (dix au total), huit sont constitués de plus de dix personnes et deux de moins de dix personnes. L'analyse montre une grande proportion des ménages constitués de plus de dix personnes (43,3%) et une faible proportion des ménages constitués de sept à dix personnes (23,3%). Le taux élevé des personnes dans les ménages traduit la difficulté liée au logement dans les sites enquêtés. Ces sites quand bien même ils offrent de logements à faibles coûts, certains individus ne peuvent s'en procurer un individuellement, faute de moyen financier. Plus les individus ont des difficultés de logement individuel, plus le désir de partager une même habitation est élevé. M. MONIQUE rencontrée sur le site de Maképé Missoké déclare :

Si je vis avec mes frères, ce n'est pas tellement parce que je veux être en communauté, mais parce que je n'ai pas encore les moyens d'avoir un logement. Lorsque je serai en mesure de m'en procurer un, je pourrai sortir et être indépendant.

De cette déclaration, la crise de logement liée aux difficultés financières des populations enquêtées est ainsi une cause du taux élevé des tailles des ménages. La cohabitation a un but économique. En ce sens, elle permet aux acteurs dans un premier temps de faire des économies et dans un deuxième temps d'investir au village. Ces populations outre leur nombre élevé dans les ménages, habitent des maisons peu confortables.

La plupart des logements sont construits en matériaux provisoires. Le bois est le principal matériau de construction. Les bois utilisés sont rarement traités et leur mise en oeuvre en terre expose à l'attaque par l'eau et par les termites. C'est ainsi qu'à la longue, les maisons ont tendance à s'incliner et dans certains cas à se renverser. En raison de la mauvaise adhérence entre le bois et la terre, des fissures et des fendillements sont souvent observés et les pluies renforcent les risques de pourrissement du bois. La faible hauteur de ces maisons leur confère un aspect peu confortable. C. PETTANG (1996).

Cependant, d'autres construisent en briques de terre et en parpaings. En fait, pour fabriquer des briques en terre, les populations creusent des terres sous les pentes du site. Cette technique à l'avantage qu'elle ne nécessite pas de lourds investissements, ni trop de dépenses comparativement aux maisons en parpaings, qui nécessitent un investissement financier dans l'achat du ciment et autre matériel. Ces maisons sont réalisées très souvent rapidement et occupées avant la fin des travaux qui aussi se réalisent de façon évolutive sans que cela ne constitue un problème important car s'adaptant aux conditions économiques des populations. Les techniques qu'elles utilisent sont simples et ne nécessitent pas une main d'oeuvre particulièrement qualifiée. Ce qui n'est pas sans conséquence comme l'atteste cette affirmation d'une dame interrogée à Maképé Maturité :

 En quinze ans, mon mari a déjà construit au moins trois fois cette maison. Après chaque cinq ans au moins, elle commence à s'affaisser et on est obligé de relever à nouveau les murs . (Mme MACHE, Maképé Maturité)

En fait cette conséquence vient du fait que ces maisons dans les terres marécageuses sont construites sans fondations appropriées. Lorsqu'il y a pluies et inondations, les maisons s'affaissent et sombrent petit à petit. Voici le tableau qui présente la répartition des populations enquêtées selon le type d'habitation.

Tableau 10: répartition des individus selon le type d'habitat

Type d'habitat

Zone

 

Maisons en carabottes

Maisons en briques

Maisons n parpaings

Effectifs

Maképé Missoké

70

10

20

100

Maképé Maturité

60

11

29

100

Total

130

21

49

200

Pourcentage

65

10,5

24,5

100

Source : notre enquête sur le terrain

De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 130 affirment vivre dans les maisons en carabottes (65%), 21 affirment résider dans des maisons en briques de terre (10,5%) et 49 dans des maisons en parpaings (24,5%). L'analyse révèle à partir du tableau une forte proportion des individus habitant des maisons en carabottes. La conclusion qui résulte de ce tableau est que les habitants des sites à risque habitent des maisons construites en carabottes. La raison première de la sollicitation de ce type d'habitat vient non seulement de son caractère économique, mais aussi du fait de l'état psychologique des populations qui ont peur d'être détruites à tout moment. Elles ont peur de construire en matériel définitif pour être détruites plus tard.

M. INOUSS affirme :

 Chaque fois, nous sommes menacés de destruction. Si nous nous mettons à construire en matériel définitif, ce n'est pas seulement parce que nous n'avons pas de moyens, mais parce que nous avons peur d'investir et nous faire détruire après.  (INOUSS, Maképé Missoké)

Dans la plupart des cas, ce sont des maisons sans chambres. Uniquement des salons où se retrouvent des lits, des équipements prêts à être déplacés en cas de destruction ou d'inondation.

V-1-3- SOURCE D'APPROVISIONNEMENT EN EAU, ÉNERGIE ET TYPE D'AISANCE

Que ce soit dans la zone de Maképé Missoké ou celle de Maképé Maturité, l'accès à l'eau potable est difficile pour les populations enquêtées. Dans la zone de Maképé Maturité, il existe une borne fontaine payante relevant d'une initiative privée, deux forages construits par une Organisation Non Gouvernementale (ONG) canadienne. Une couche minoritaire de la population a accès à ces deux sources d'approvisionnement. D'autres par contre, n'ayant pas de revenus leur permettant d'acheter l'eau de la fontaine et celle des forages se ravitaillent dans de nombreux puits creusés par eux-mêmes. Ces puits sont non aménagés et contiennent des impuretés dues aux infiltrations souterraines tels que le démontre le schéma ci-dessous.

Schéma 1 : Processus d'infiltration des impuretés dans les puits

Source : (G. R. MATCHAN, 2005)

Le schéma ci-dessus montre le processus d'infiltration (latérale et verticale) des impuretés. Lesquelles proviennent des rivières polluées de la Ngoné. Plusieurs individus se ravitaillent par ce moyen qui consiste à attacher un fil sur un sceau qu'on introduit dans le puits et au bout de quelques secondes, on le ressort plein d'eau. Cependant d'autres encore se ravitaillent dans la rivière. Le processus consiste à puiser de l'eau de rivière, la laisser au repos pendant quelques temps et ensuite l'utiliser. Cette eau est généralement utilisée pour la cuisson des aliments et pour certaines lessives.

Tableau 11 : Répartition des populations selon la source d'approvisionnement en eau

Source

d'approvisionne-

ment

Population

SNEC

Puits

Borne fontaine,Forage

Rivière

Effectifs

 

Maképé Missoké

20

30

25

25

100

Maképé maturité

12

33

35

20

100

Total

32

63

60

45

200

Pourcentages

16

31,5

30

22 ,5

100

Source : notre enquête sur le terrain

De ce tableau, sur 200 personnes enquêtées, 60 affirment avoir accès à l'eau de la fontaine et du forage (soit 30%), 32 l'eau provenant de la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) soit 16%, 63 se ravitaillent dans les puits (31,5%) et 45 ont pour source d'approvisionnement en eau la rivière Ngoné (22,5%). L'analyse révèle une forte proportion des individus qui se ravitaillent dans les puits (31,5%). En conclusion, la plupart des individus n'ont pas accès à l'eau potable. Ils se ravitaillent dans des sources douteuses (près de 54% de la population enquêtés). Ceci est une conséquence de la pauvreté ambiante qui caractérise cette population comme le déclare F. TEZA

 Si nous nous ravitaillons dans les puits, c'est parce que nos moyens sont limités pour aller au forage et à la fontaine. Les puits que vous voyez ont été creusés par nous-mêmes et parfois les inondations les remplissent et nous les creusons à nouveau.  (F. TEZA, Maképé Missoké)

Le recours à ce type de ravitaillement est donc lié tel que dit plus haut à un manque de moyens de la part de la population. Mais certaines personnes interviewées expliquent le recours aux eaux d'origine douteuse comme celles des rivières en mettant en exergue la proximité. C'est le sens de la déclaration de cette personne enquêtée à Maképé Maturité :

 Ma maison est juste à coté de la rivière. Je ne trouve pas important de parcourir encore une longue distance pour aller chercher de l'eau alors qu'elle est à mes côtés. D'ailleurs je n'ai pas les moyens pour acheter de l'eau. (PAUL, Maképé Maturité)

L'eau de la rivière étant proche et gratuite, les individus s'y déploient pour se ravitailler. Une analyse du tableau précédent permet de comprendre que le pourcentage de personnes ayant recours aux eaux de rivière est plus élevé dans la zone de Maképé Missoké (25% %) comparativement à celui de Maképé Maturité (20%). Il s'établit une différence de niveau de vie dans les deux sites. Les populations de Maképé Maturité s'organisent régulièrement en associations dans le but d'initier des projets. Les forages creusés dans la zone sont le fruit de cette initiative locale.

En ce qui concerne l'énergie, les ménages manquent d'éclairage moderne. La plupart des populations enquêtées affirment avoir pour principale source de ravitaillement en énergie la lampe traditionnelle et dans une moindre mesure des bougies. Dans le cadre de la cuisson des aliments, elles utilisent les feux de bois ou les charbons. D'autres par contre ramassent des débris issus des plantes sciées quelles pilent dans les fours pour y mettre ensuite le feu.

Tableau 12 : répartition des individus selon le type d'éclairage.

Population

Type d'éclairage

 

Eclairage moderne

Lampe à pétrole

Bougie

Effectifs

Maképé Missoké

30

55

15

100

Maképé Maturité

50

40

10

100

Total

80

95

25

200

Pourcentages

40

47,5

12,5

100

Source : Notre enquête sur le terrain

Sur 200 personnes interviewées, 95 affirment avoir pour source d'énergie en matière d'éclairage des lampes à pétrole représentant un taux de 47,5%. 25 utilisent des bougies et 80 des ampoules modernes. Soit respectivement 12,5% et 40% %. De manière générale, les populations n'ont pas accès au système d'éclairage moderne. La plupart utilise des lampes à pétrole et des bougies, ce qui est souvent à l'origine des feux, des pertes humaines et matérielles telles que développées dans le chapitre six. Une analyse comparative permet de comprendre que dans la zone de Maképé Maturité, le pourcentage des personnes ayant accès à l'énergie moderne est élevé (50%) par rapport à la zone de Maképé Missoké (30%). Par contre le nombre d'individus utilisant les lampes à pétrole et les bougies est plus élevé à Maképé Missoké (70%) qu'à Maképé Maturité (60%). La conclusion qui résulte de cette analyse est que l'accès dans la zone de Maképé Maturité est plus facile pour la Société Nationale d'Electricité (SONEL, principale et unique distributrice de l'énergie électrique moderne au Cameroun) que l'accès à la zone de Maképé Missoké. En outre, la présence massive des étudiants dans la zone de Maképé Maturité peut expliquer cet état. Car la plupart des étudiants sont en location et les bailleurs des minis cités présentes déploient beaucoup de moyens pour les alimenter en électricité. Ce qui profite aussi à certaines maisons comme le témoigne (G. CEZAIR Maképé Maturité) « C'est parce que le courant est venu tout proche de moi que j'ai résolu d'alimenter ma maison. Ce sont des étudiants ici à coté qui poussent parfois les pouvoirs publics à réagir en notre faveur ». La présence massive des étudiants dans la zone de Maképé maturité est d'un atout particulier pour la population, ceux-ci sont toujours prêts à initier des jaillissements de voix attirant ainsi la réaction des pouvoirs publics, ce qui représente un avantage pour les habitants de la zone.

En ce qui concerne le type d'aisance, les conditions de logement imposent aux individus un partage de toilette. Parfois jusqu'à cinq ménages pour une toilette. La difficulté qu'il y a pour cette population d'avoir accès à l'eau leur impose aussi un équipement sanitaire inadéquat. Les populations utilisent massivement des WC traditionnels (sans chasse eau). Leur entretien n'est pas généralement pris en compte. Ces WC sont des trous d'au trop deux à trois mètres de profondeur, creusés à proximité des cuisines et qui coulent parfois à vue d'oeil. Pendant les saisons de pluies, elles s'inondent et les déchets sont évacués.

Les services d'hygiène et de salubrité de douala 5e passent de temps en temps pulvériser les douches et toilettes. Mais selon le chef de quartier de Maképé Maturité, M. BELLA, cette fréquence « rare » de passage ne connaît point de succès puisqu' après pulvérisation, « la population reprend avec les mêmes conditions ».

D'autres personnes par contre qui ne disposent pas d'un espace propice pour creuser un WC, se contentent des sachets (plastiques) dans lesquels elles déposent leurs excréments qu'elles achemineront dans les eaux de la rivière ou dans les toilettes les plus proches. Le tableau ci-dessous présente la répartition des individus enquêtés selon le type d'aisance.

Tableau 13: répartition des individus selon le type d'aisance

Population

Type d'éclairage

 

WC moderne

(avec chasse)

WC tradit.

(sans chasse)

Autres

Effectifs

Maképé Missoké

30

50

20

100

Maképé Maturité

25

50

25

100

Total

55

100

45

200

Pourcentage

27,5

50

22,5

100

Source : Notre enquête sur le terrain.

Du tableau ci-dessus, sur 200 personnes enquêtées, 55 soit 27,5% affirment utiliser les WC avec chasse, 100 personnes soit 50% utilisent des WC traditionnels (sans chasse) et 45 personnes soit 22,5% n'ont pas de douches, ni de WC. Nous pouvons conclure que les populations des sites à risque enquêtés n'ont pas des types d'aisance sains (près de 73% de la population). Cette situation s'explique tel que révélé plus haut par non seulement l'accès difficile à l'eau, mais aussi par l'impossibilité pour certains ménages à s'acquérir des surfaces pouvant abriter les douches, toilettes faute de moyens matériel et financier.

L'analyse comparée dans les deux sites de recherche permet de comprendre qu'à Maképé Maturité, la fréquence des individus utilisant les WC et toilettes inadéquates est plus élevée que celle de Maképé Missoké. Ceci peut s'expliquer démographiquement, car la population de Maképé Maturité est plus élevée que celle de Maképé Missoké. Le taux élevé de la population accroît le nombre de ménages et une demande de plus en plus croissante en type d'aisance, car selon le sociologue R. RANGEZ (1995 :66),

 La fréquence élevée d'une population pauvre dans une zone

augmente la tendance à construire des toilettes sans mesures

sanitaires afin de satisfaire les désirs pressants et immédiats .

V-1-4- CONDITIONS D'ADMINISTRATION DES SOINS

Dans les sites enquêtés, nous avons observé l'existence de plusieurs centres de santé et infirmeries relevant en majorité des initiatives privées. La zone de Maképé Maturité regorge plus de dix centres de soins de santé et une infirmerie. Quant à celle de Maképé Missoké, cinq centres y sont présents. Parmi les centres que regorgent les deux sites (seize au total), onze sont d'initiatives privées et cinq des pouvoirs publics. Ces structures sont l'oeuvre des étudiants en médecine ou ceux ayant reçu une formation dans le domaine médical. Elles sont au service de la population et leur offrent des opportunités diverses comme des consultations, hospitalisations, accouchement, pédiatrie, petite chirurgie. Centres de santé primaire, ils administrent des traitements au travers des personnes peu qualifiées. En outre, l'origine des médicaments vendus n'est pas souvent révélée.

Malgré la présence de ces structures primaires, les populations accèdent rarement aux soins modernes. Elles optent pour la médecine traditionnelle qu'elles qualifient de « moins chère ». L'affirmation ci-dessous de R. GASTON en est une illustration :

Les soins de santé moderne ne sont pas à la portée de tous. Pour une population démunie comme la notre, avoir les moyens nécessaires pour s'administrer ces soins est difficile. (R. GASTON, Maképé Maturité)

Cette affirmation est confirmée par celle de K. GISELE, infirmière dans le centre de santé La Grâce à Maképé Maturité

 Rares sont les personnes qui viennent ici. C'est quand la situation devient critique q'elles peuvent au centre de soins. Elles préfèrent les soins naturels. (K. Gisèle, Maképé Maturité).

Ces propos témoignent de la difficulté qu'on les populations enquêtées à se soigner de manière moderne car comme le déclare G. IYENDA (2002), pour les populations démunies, se soigner est un casse-tête, une préoccupation mineure. Sur 200 personnes enquêtées par sondage, 15% fréquentent les centres de santé au moins deux fois par an, et plus de 50% ne le font pas. Le taux des individus n'ayant pas régulièrement accès aux soins de santé moderne est très élevé (70%) et confirme davantage les déclarations faites sur les difficultés pour les individus à s'acquérir des moyens pour les soins modernes. Cependant, si la médecine traditionnelle est valorisée, les populations l'expliquent en mettant aussi en exergue le désir de valoriser les plantes africaines comme le témoigne cette déclaration :

 Votre médecine des blancs là est inefficace et ne s'adapte même pas à nos attentes. Nous devons valoriser nos arbres, nous devons valoriser nos écorces. C'est pour cela que je préfère la médecine traditionnelle.  (P. TEZA, Maképé Missoké)

Les manques de moyens financiers ne constituent plus l'unique raison de la préférence de soins traditionnels. Mais les populations sont aussi animées par le désir de faire valoir leur culture, leurs feuilles, leurs écorces.

Face aux difficultés qu'elles rencontrent pour la satisfaction des besoins quotidiens de consommation, de santé, d'éducation, les populations adoptent des stratégies socio-économiques de survie diverses. Ces stratégies modifient les plus souvent leurs habitudes alimentaires, leurs pratiques quotidiennes et leur solidarité sociale.

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King