Choix entrepreneuriaux et financement des t.p.e. de la ville de Yaoundé( Télécharger le fichier original )par Guy Roland KENMEGNI NOUMIGUE Université de Yaoundé 2 - D.E.A. 2005 |
SECTION I : FONDEMENTS THEORIQUESL'intérêt que porte aujourd'hui la littérature économique et financière sur: l'entrepreneuriat, la TPE et les différents modes de financement des entreprises n'est plus à démontrer. Par le biais des théories et concepts des auteurs ont tenté d'expliquer les raisons de la recrudescence d'un tel phénomène dans les économies des pays du tiers monde. Afin de présenter les différentes théories à ce sujet, présentons l'aspect culturel qui semble, le plus expliquer la particularité de la gestion dans les pays de l'hémisphère sud. I.1 : LES FACTEURS SOCIOCULTURELS : UNE EXPLICATION DU MODE DE GESTON DES TPE ET L'ENTREPRENEURIAT AFRICAIN Le dictionnaire Larousse universel (2002), définit la culture comme : « l'ensemble des activités soumises à des normes socialement et historiquement différenciées, et des modèles de comportement transmissibles par l'éducation, propre à un groupe social donné. ». Il ressort de cette définition que nous ne pouvons pas parler de culture sans l'associer à un groupe social ou à une communauté donnée. La culture permet de donner une explication au succès des entreprises informelles ceci par le canal d'une approche du management différente de celle de l'occident. I.1.1 Une approche culturelle du management Le concept de culture, appliqué à l'entreprise, est l'un de ceux ayant fait l'irruption la plus marquante dans le champ de la gestion au cours de ces dernières années. Il a rencontré un grand succès et suscite de nombreuses controverses entre auteurs. On peut en effet avoir deux conceptions de l'entreprise. Si elle relève de l'ordre sociétaire (confer TONNIES)24(*), elle a peu de réalité organique, elle est un patrimoine et un lieu où les salariés liés par un contrat à l'employeur apportent leurs compétences moyennant le versement d'une rémunération. Si elle relève de l'ordre communautaire, elle a une forte réalité socioculturelle. Elle est une communauté où les liens sociaux ne sont pas seulement contractuels (contrat de travail) mais aussi affectifs, personnels, moraux et où les intérêts des divers acteurs peuvent être fortement surdéterminés par les éléments de nature psychologique et symbolique. La deuxième approche parait plus féconde pour réfléchir à l'entreprise africaine. Une autre controverse oppose Amadieu J.F. (1989), tenant de l'homo oeconomicus et Iribarne (d') P. (1986), tenant de l'homo culturalis. Pour le premier, l'individu, dans l'entreprise, agit de façon rationnelle, calculée et raisonnée, pour le second, l'individu agit de façon irrationnelle, passionnée, dictée par les sentiments ou les valeurs. La réalité se situe peut être à mis chemin entre ces deux conceptions extrêmes. Un autre point a fait l'objet de débats entre « culturophiles » et « culturophobes », le lien entre rationalité et efficacité organisationnelle. Le postulat fondamental des rationalistes est qu'efficacité s'identifie à rationalité. Pour les mentors du management par la culture, au contraire, l'efficacité peut pâtir d'un excès de rationalité et gagner à s'appuyer sur les principes simples d'une forte culture d'entreprise. Ils remettent en cause le choix rationnel comme source d'efficience des organisations. Si comme Livian Y.F. (1992)25(*), le succès du concept de culture « s'est fait sur la base de nombreuses ambiguïtés », la notion de rationalité comporte en finalité plusieurs faces : Max Weber oppose la rationalité qui vise l'ajustement optimal des moyens aux fins poursuivies, aux résultats, et correspond au décisions dites rationnels et la rationalité en valeur reposant sur la croyance en des valeurs éthiques, esthétiques, religieuses, managériales, etc...., déterminant le comportement indépendamment des résultats et conduisant aux décisions à base culturelles. Herbert Simon, partant de l'analyse du comportement administratif en terme de décision, a introduit la notion de rationalité limitée par opposition à la rationalité absolue ou objective de l'homo oeconomicus. Bonarelli P. (1990)26(*) par souci de réconcilier la culture et la rationalité, déduit que la vérité ne se situe pas à mi chemin des deux extrêmes mais dépend de l'importance relative de ces deux variables. On doit donc dire que le respect de la culture africaine ne doit pas faire oublier aux acteurs les contraintes de la rationalité. Hernandez E.M. (2000) dans sa description de l'environnement socioculturel africain, dégage six principales caractéristiques que sont : la soumission à l'ordre divin, la soumission au temps, le non partage du pouvoir, le primat de la communauté sur l'individu, le goût de la convivialité et le refus de conflits, une distanciation face aux rapports de production En Afrique, les valeurs sociales ou communautaires priment sur les valeurs économiques dans la mesure où la famille ou l'ethnie constitue le marché principal et primaire du travail. En effet, la famille et la communauté, en tant que « combleur du vide » laissé par le système formel, apparaissent comme des instruments de confiances et de répression sociale qui réduisent les comportements opportunistes et les coûts de transaction des échanges entre les individus dans un contexte d'insécurité contractuelle. Pour Saporta B. et Kombou L. (2000), la culture africaine « ... privilégie (...) le sacré, l'ordre immuable de la nature, le respect des anciens » qui prônent la solidarité ; ce qui est différent de l'occident où prime l'individualisme. Ainsi, Yoshimori M. (1987) oppose le « Nous » japonais au « Moi » et au « Vous » des occidentaux. Selon cet auteur, l'émergence de l'individualisme moderne en Occident est à la fois la cause et le résultat de la dégradation de la société féodale et l'essor de la société capitaliste. Pour Bal de M.B. (1988), cet individualisme est le résultat de la culture de l'autonomie, de l'indépendance initiée par chaque mère à son enfant dans un contexte qui oppose l'amour au management, l'affectif au rentable. En définitive, « Au désir occidental de bousculer l'ordre des choses, de produire plus pour consommer plus (...), d'entretenir des rapports froids et brutaux avec ses semblables, l'Africain préfère lui un monde respectueux de l'ordre divin où les relations sociales sont plus harmonieuses et la convivialité plus grande » (Hernandez E.M., (1997).
I.1.2 La culture et le succès des entreprises africaines Deux concepts nous permettrons d'expliquer le succès des entreprises africaines d'une part, l' « osmose » entre les valeurs culturelles africaines et l'entreprise informelle et d'autre part le mode d'épargne des petits entrepreneurs africains. I.1.2.1 Une « Osmose » entre l'entreprise informelle et les valeurs culturelles africaines Nombreux chercheurs se sont intéressés à la prospérité des entreprises informelles et ont essayé de comprendre pourquoi elles réussissent mieux que les entreprises « officielles », ou « classiques », c'est à dire en effet les plus proches des conceptions occidentales de ce que doit être une entreprise. L'explication essentielle qui ressort de leurs travaux est culturelle : l'entreprise africaine doit son succès au respect de la culture et des valeurs africaines. Dia M. (1992), dénonce les trois postulats majeurs sur lesquels reposent les projets de développement institutionnel : une conception mécaniste et linéaire de l'histoire du développement ; une approche technologique de la gestion portant sur l'idée que la modernisation, passe obligatoirement par l'assimilation des méthodes et des techniques de gestion occidentales ; et une approche ethnocentrique de la culture fondée sur l'idée que toute société tend in fine à épouser les même valeurs que les pays développés, et que le refus de les partager est synonyme de sous-développement. Pour cet auteur la réussite des entreprises informelles pourtant aux prises avec un environnement hostile et sans aides de l'Etat, s'explique avant tout par « leur aptitude à concilier les valeurs sociales et culturelles de l'Afrique avec la nécessaire efficacité économique ». Engelhard P. (1987), parle d' « une ADEQUATION qui nous échappe entre le mode d'organisation des entreprises de ce « secteur » et les caractéristiques du système culturel et du système économique environnant ». Ben Abdallah T. et Engelhard P. (1990), indiquent que l'ensemble des systèmes et des processus économiques et sociaux du secteur informel sont en « osmose » avec les cultures ambiantes. Ces auteurs reconnaissent que si l'informel constitue une réponse de survie, il semble correspondre assez bien aux valeurs socioculturelles africaines. Les auteurs précédemment cités parlent d' « adéquation » ou d' « osmose » entre l'entreprise informelle et les valeurs africaines. En fait le petit entrepreneur, dans sa gestion quotidienne, tente de concilier deux conceptions totalement opposées : la primauté de l'économique sur le social (société moderne) et la primauté du social sur l'économique (société traditionnelle). De l'aptitude du petit entrepreneur à savoir concilier ces exigences contradictoires dépend la survie de sa TPE. I.1.2.2 Culture, épargne et développement des PVD Ndione E.S. (1992), étudie les circuits monétaires et économiques au sein d'une communauté Sénégalaise. Les chercheurs du groupe auquel il appartient (ONG ENDA) se sont aperçues que les crédits spécifiques alloués à des femmes, des jeunes ou des artisans des bidonvilles pour les activités économiques précises étaient en fait détournés de leurs destination première pour servir à de multiples investissements sociaux ou pour satisfaire des besoins familiaux. Il y'a pas de segmentation du champ social en compartiments étanches mais une grande fluidité de circulation monétaire entre les domaines de l'économique, du social, ou des besoins familiaux immédiats, qui montre que le don et le contre don reste encore vivant dans ces communautés. Pour ce qui est du système d'information comptable dans l'entreprise informelle africaine, Hernandez E.M. (2000) s'est interrogé sur son rôle social, sur les raisons de son succès et de son développement. Partant du fait que les auteurs s'accordent à reconnaître que la fonction première de la comptabilité est d'introduire la confiance dans les transactions entre les partenaires économiques, et s'appuyant sur la thèse de Dia Demba (1997) selon laquelle la comptabilité en Afrique n'apporte pas de confiance mais, au contraire, inspire une défiance généralisée aux populations locales, Hernandez E.M. (2000) affirme avec ce dernier que ce sont les liens communautaires, la proximité familiale, villageoise et ethnique qui sont sources de confiance. S'intéressant au développement des nations démunie, Haudeville B. (1990), montre que l'entreprise informelle a plus un rôle social qu'économique, à savoir : fournir des biens et services à coûts très faibles à la population et particulièrement à la fraction la plus démunie ; créer des revenus d'activités pour une partie importante de la population qui, de toutes façons, n'aurait pas d'emploi dans le secteur moderne ; socialiser la partie migrante de la population en milieu urbain. La théorie des conventions, contribue aussi à expliquer le comportement des petits entrepreneurs. I.2 LA THEORIE DES CONVENTIONS OU LA RATIONNALITE MIMETIQUE Les principales contributions à ce sujet portent l'estampille de Favereau O. (1989,1994), Orléan A. (1994), Gomez P.Y. (1996), ces travaux replace l'étude de la firme et de ses formes dans le cadre des systèmes institutionnels où elle s'insère. Selon Hernandez E.M. et Marco L. (2002) elle analyse la diversité des formes de rationalité et des modes de coordination et, par conséquent, la diversité des formes d'entreprises. L'extrême variété des entrepreneurs et des unités créées constitue un thème central du champ de l'entrepreneuriat et justifie l'intérêt que nous pouvons porter à cette théorie dans le cadre de notre étude. La généalogie des conventions a été retracée par Montmorillon (de) B. (1999), qui lui voit trois sources majeures. Tout d'abord, les travaux d'Herbert Simon à partir des années cinquante, dont l'apport essentiel à la réflexion conventionnaliste est la critique de la rationalité néoclassique. Ensuite, l'analyse de l'apprentissage organisationnel proposé par Argyris C. et Schön O.A. (1978), avec en particulier leur concept de « Theory in use » proche de celui de « convention ». Enfin, la contribution des économistes du travail, en particulier Piore et Doeringer, assez fréquemment cités par les théoriciens des conventions (Gomez P.Y. (1996)). Le terme convention est utilisé dans le langage courant pour désigner « ce qui est admis d'un commun accord, tacite ou explicite » ou encore « la règle de conduite adoptée à l'intérieur d'un groupe » (Le Grand Larousse, 1995). Ainsi le savoir-vivre est un ensemble de conventions sociales et le classement alphabétique d'un dictionnaire est une convention d'édition. La convention est un dispositif cognitif collectif (Favereau O., 1989) qui permet à l'acteur confronté à une situation où ni le calcul rationnel ni l'établissement d'un contrat précis et exhaustif ne détermine pas l'action, de pourtant opter pour un comportement adéquat. Au petit déjeuner, la convention est une règle issue de l'expérience et transmise des uns aux autres. Au volant ou dans l'entreprise, les choses sont plus compliquées ; Sans doute, le code de la route fournit-il aujourd'hui une réglementation d'autant plus contraignante qu'elle est assortie de sanctions pénales, mais, l'appareil coercitif n'existerait-il pas, qu'il serait de l'intérêt de tous de conduire à droite plutôt qu'à gauche (ou à gauche plutôt qu'à droite). La convention apparaît bien alors, fondamentalement, mode de coordination collective. Sans elle, le risque de rouler en voiture serait tel que le plus grand nombre sans abstiendrait. Même si la théorie des conventions se veut beaucoup plus englobante, le problème central auquel se consacre cette théorie est celui de la coordination dans l'organisation productive. C'est bien le coeur de l'économie des conventions et c'est aussi la préoccupation essentielle de ceux que Gomez (1996), appelle avec une certaine distance, les « gestionnaires ». La vision de ceux-ci, ne s'écarte pas de l'approche dite évolutionniste.
I.3 L'APPROCHE EVOLUTIONNISTE Selon cette approche l'objectif principal de l'entreprise n'est pas de maximiser le profit, mais d'abord de survivre comme tout être vivant dans la théorie darwinienne de l'évolution. La notion de survie est essentielle dans toute TPE. L'origine communément admise de ce courant remonte à l'ouvrage fondateur de Nelson et Winter publié en 1982 : An Evolutionnary Theory of Economic Change. Elle commence en réalité avec les premiers travaux de Hannan M.T. et Freeman J. (1989), sur la démographie des populations d'organisation, qui datent déjà du milieu des années soixante-dix ; La branche évolutionniste est donc issue de deux troncs : le tronc de l'économie industrielle et le tronc de la sociologie des organisations ; Les apports gestionnaires ne se sont ajoutées que très récemment à ces recherches initiales. Du côte des économistes le grand ancêtre fut Joseph Shumpeter, celui de la théorie de l'évolution économique de 1926. Cette dernière a été complétée par la célèbre controverse entre Alchian et Edith Penrose sur l'analogie biologique dans les années cinquante (Coriat B. et Weinstein O., 1995). Le thème central est le concept de « sélection naturelle » des firmes dans un environnement changeant, ou « sélection environnementale » : « la viabilité des entreprises dépend de l'environnement de sélection et, en particulier, du niveau de concurrence (à la fois sur le marché du produit et celui du capital), de la politique publique et de la fréquence des discontinuités technologiques. Dans des environnements de sélection étroits, des entreprises moins efficaces peuvent survivre et même prospérer pour quelque temps. L'environnement de sélection d'un produit peut être plus fort ou plus faible qu'il ne l'est pour une entreprise, suivant la manière dont le management de l'entreprise traite les divisions internes et les produits qui ont des performances en dessous de la moyenne » (Dosi G., Teece D. et Winter S., 1990). Du coté des sociologues des organisations, l'auteur phare est Max Weber et ses analyses du XXe siècle sur l'influence de la religion dans la dynamique entrepreneuriale. Il a été relayé par le travail pionnier de Mason Haire en 1959 (réédition en 1987), celui-ci fait, en effet, le lien entre la théorie « classique » de la gestion d'une firme telle qu'elle fut défendue par Fayol ou Gulick, et Urwick, et les théories comportementales développées dans les années cinquante par l'école behaviouriste. Cette filiation a nourrit un nouveau courant évolutionniste en science des organisations27(*). La dichotomie fondamentale oppose, ici, les routines à la sélection dans les rapports de production : les routines constituent des modèles d'interaction entre problèmes, qui proposent des solutions efficaces à l'entrepreneur. Ces modèles interactifs sont propres à la structure « en groupe » des équipes de travail, bien que certaines routines de niveau inférieur puissent relever aussi du comportement individuel, tandis que la sélection dégage les comportements les mieux adoptés à la survie de l'organisation, c'est-à-dire ceux qui minimisent en réalité les conflits entre les groupes. I.4 THEORIE FINANCIERE SUR LES MODES DE FINANCEMENT. Nous verrons respectivement la structure financière et les différentes sources de financement et nous proposerons une analyse de la TPE par rapport à la théorie des coûts de transaction. I.4.1 La structure financière et sources de financement des entreprises : Plusieurs théories ont été développées autour de la structure financière et toutes ces dernieres portent sur des modes de financement propres aux économies modernes. I.4.1.1 La structure financière: polémique autour des théories et modèles. La littérature économique et financière propose trois modèles théoriques sur les modes de financement des entreprises : le modèle de MODIGLIANI-MILLER, le Trade-off et la Théorie du financement hiérarchique (Pecking Order Theory). Ces modèles s'inscrivent dans la logique suivant laquelle, aucun privilège n'est à priori accordé à la dette ou aux fonds propres. Seules les opportunités qu'offrent l'une ou l'autre permettent les ajustements. Wanda R. (2001). a) le modèle de MODIGLIANI ET MILLER (M.M) Ce modèle ne permet pas de déterminer une structure financière optimale. Se fondant sur la perfection des marchés, ce modèle est marqué par deux phases : - Une phase initiale 1958 : sans incidence fiscal, avec un impact nul de l'effet de levier de la dette (compensation de l'effet positif de l'espérance de rendement des capitaux propres par l'effet négatif du risque financier). La structure financière est ainsi neutre au regard de la valeur de l'entreprise. - La phase de 1963 : avec incidence fiscale, où, à cause de la déductibilité fiscale des frais financiers, la dette a toujours un effet positif sur la valeur de l'entreprise quelque soit son niveau. La structure optimale de l'entreprise n'est en réalité pas déterminée ou bien elle correspond à celle obtenue avec un niveau d'endettement maximum, c'est-à-dire à la situation irréaliste d'une entreprise sans fonds propres. Réduction de l'impôt, à cause de la déductibilité fiscale des frais financiers, l'effet de la dette sur la valeur de l'entreprise est positif ; c'est que la structure optimale de l'entreprise n'est en réalité pas déterminée ou alors elle correspond à celle obtenue avec un niveau d'endettement maximum (c'est - à - dire sans fonds propres). b) La théorie du Trade-Off (T.O.T.) Issue des travaux de Myers S. (1984), cette théorie permet d'établir l'existence d'une structure financière optimale ; la vertu de la dette est atténuée. Le taux d `endettement cible, qui détermine la structure financière optimale et partant, la valeur maximale de l'entreprise, se situe au niveau de l'écart maximal positif entre l'effet positif sur les coûts d'agence des fonds propres et l'effet négatif sur les coûts d'agence des dettes. c) Le modèle de hiérarchie (Théorie du Pecking Order : P.O.T). Issu des travaux de Myers S. (1984) et de Myers S. et Majluf N. (1984), aussi appelé « Théorie du picorage ordonné » (Hyafil A., 1995), ce modèle présente le caractère résiduel de la dette. Myers S. et Majluf N. (1984) établissent une préférence décroissante de financement. Cette théorie affirme que les entreprises ont un ordre de préférence entre les différents moyens de financement auxquels ils ont recours pour financer leurs activités. La préférence de départ est l'autofinancement par rapport au financement externe, et ce n'est que lorsque les possibilités de financement internes seront épuisées que l'entreprise fera recours au financement externe. Pour Wanda R. (2001), la vertu de la dette est décroissante du (M.M) au (T.O.T) et du (T.O.T) au (P.O.T). I.4.1.2 Les différents moyens de financement des entreprises Les financements mis en oeuvre doivent permettre de minimiser le coût de financement tout en assurant l'indépendance financière (équilibre interne/externe) et la stabilité financière (équilibre long terme/court terme) de l'entreprise. A partir de ce double constat, il est possible de construire un tableau pour trier et regrouper les principaux moyens de financement mis à la disposition de l'entreprise. Tableau 2.1 : Classification des principaux modes de financement des entreprises
Source : Calmé I. et al. (2003), Introduction à la gestion, Dunod, Paris, p.192 a) les financements externes : Ils peuvent être regroupés en trois catégories en fonction des modalités de mise en oeuvre des financements. Ils peuvent être obtenus auprès d'autres entreprises, accordées par des établissements financiers ou collectés sur les marchés financiers. F Les financements interentreprises : lorsque l'entreprise obtient de ses fournisseurs des délais de paiement, elle contracte une dette qu'elle devra rembourser à brève échéance, sous quelque jours, semaines ou mois. L'entreprise et le fournisseur peuvent se mettre d'accord et créer un effet de commerce, un billet à ordre ou une lettre de change. F Les financements par les établissements financiers : les banques proposent de nombreuses possibilités de financement aussi bien à court terme qu'à long terme pour répondre aux besoins des entreprises. F Les financements externes par l'intermédiaire des marchés financiers : Ce type de financement concerne une certaine catégorie d'entreprises recherchant un important financement externe à long terme. Pour ce faire elles peuvent émettre des emprunts obligataires sur le marché boursier. b) Les financements internes : Trois principaux exemples de financements internes peuvent être mobilisés. Deux font appel aux propriétaires de l'entreprise et le dernier provient de l'activité de l'entreprise elle-même. F Les financements apportés par les propriétaires : les associés ou les actionnaires ont la possibilité de déposer de l'argent sur des comptes courants rémunérés dans l'entreprise. Ces dépôts constituent des financements à court terme. Le financement de l'entreprise à long terme, assuré par les propriétaires prend la forme d'un apport en capital. L'apport initial est réalisé à la création, mais les propriétaires peuvent décider d'augmenter le capital de leur entreprise quand ils le veulent, en fonction des besoins et des opportunités. F L'autofinancement de l'entreprise : il correspond aux ressources que l'entreprise crée du fait de son activité tout au long de l'exercice comptable et qu'elle garde pour investir ou pour diminuer son endettement. I.4.2 Une analyse spécifique de la TPE à partir de la théorie des coûts de transaction d'O.E WILLIAMSON : Plusieurs travaux ont mis en exergue l'incidence de la spécificité des actifs sur le mode de financement, mais celui qui a le plus contribuée en ce sens est Williamson O.E. I.4.2.1 Présentation de la Théorie L'entreprise est une cellule autonome dont les activités économiques sont coordonnées par des relations d'ordre et de hiérarchie, le marché est lui aussi un lieu de coordination fondé non pas sur la hiérarchie mais sur l'échange et le contrat Allix-Desfautaux E. et Joffre P. (1997). Ces échanges et contrats entraînent pour les entrepreneurs des charges qui constituent pour Williamson O.E. (1975) les coûts de transaction. Nous définirons les coûts de transaction en insistant sur la spécificité des actifs. Le coût de transaction désigne le prix du face à face entre deux agents économiques, individuels ou collectifs. Il constitue une source d'incertitudes « comportementale » dans les transactions économiques. Les coûts de transaction sont différents des coûts de livraison, dans la mesure où les coûts de transaction sont intimement liés à la méthode retenue pour l'allocation des ressources. Ces coûts peuvent intervenir avant ou après l'établissement du contrat28(*). S'agissant de la spécificité d'un actif, Williamson O.E (1975) la définit par les caractéristiques suivantes : les attributs spécifiques et originaux du matériel, les compétences spécifiques, voire uniques des salariés, l'immobilité liée à une implantation géographique des actifs, l'affectation spécifique d'un actif à un usage déterminé. Il convient tout de même de souligner l'importance de cet indice de spécificité en constatant que certaines transactions dépendent exclusivement de la réalisation préalable d'un investissement spécifique. La spécificité d'un actif peut aussi se mesurer par sa redéployabilité : plus un actif possède de caractères originaux moins il est fongible, plus sa valeur d'échange sur le marché est réduite, plus la reconversion des actifs humains et physiques est difficile, plus la substantialité entre échangistes est faible les cocontractants doivent faire preuve de confiance réciproque pour préserver l'équilibre du contrat et limiter les risques de conflits. I.4.2.2 La TPE et les coûts de transaction Le principal avantage qu'a la TPE est lié à sa taille (le risque que prend le petit entrepreneur n'est pas aussi élevé que dans la grande entreprise) (Marchesnay M. 1997). La conduite et le suivi des projets ici sont favorisés par une grande motivation, une faible bureaucratie, la proximité du management des consommateurs (clients), la main d'oeuvre qui dans la plupart des cas est très peu qualifiée se trouve plus aisément sur le marché de l'emploi. La plupart des difficultés résident dans l'acquisition des ressources matérielles (tangibles), leurs coûts étant très élevé en raison d'un manque d'économie d'échelle , l'absence de stockage pour une production élevée, le manque d'expérience, les compétences limitées et le faible niveau d'instruction des petits entrepreneurs. Quelques effets génériques de la taille de l'entreprise tendent à élever les coûts de transaction des TPE. Premièrement, le seuil des coûts29(*) augmente la taille des transactions et ainsi pèse plus lourd pour les transactions spécifiques à la petite taille de la firme. Deuxièmement, à partir du moment où les TPE ont moins de ressources que les grandes entreprises pour ce qui concerne l'accès à l'information et pour l'intégration des transactions externes, leur rationalité est plus limitée que celle des grandes firmes ; lorsque la rationalité est limitée, il y'a une étendue des comportements opportunistes entre les différents agents économiques Troisièmement, les TPE ont un nombre plus limité de partenaires que les grandes entreprises et sont ainsi plus vulnérables aux comportements opportunistes d'un seul partenaire contractuel. En plus la TPE peut être moins attrayante à partir du moment où les partenaires contractuels ont des risques de comportement opportuniste perçu très élevé. Ramamurthy et al. (1995), se résument en établissant qu'en général, les facteurs qui causent un coût de transaction élevé chez les TPE sont les suivants : L'insuffisance de l'information, une politique environnementale défavorable et la nature des actifs de la TPE elle-même. Elle doit essayer d'éviter, ou réduire les coûts de transactions élevés à travers une meilleure exploitation des forces internes en sa possession, à travers l'action collective et les réseaux : lobbying à travers les liens avec les grandes firmes (Sous-traitance) ou encore à travers la construction des réseaux avec les autres TPE. Une autre option est de développer les liens avec le secteur informel. Toutes ces options dépendent de la nature de l'activité de la TPE et des sources de financement du petit entrepreneur. SECTION II : SYNTHESE DES TRAVAUX SUR LES CHOIX ENTREPRENEURIAUX ET LES MODES DE FINANCEMENT * 24 Voir Hernandez E.M. (2000) page 9 * 25 Livian Y.F. (1992), « le concept de culture », Annale du 3ème congrès de L'AGRH, Lille, 19-20 Novembre, p.233-239 * 26 Bonarelli P. (1990), « Rationalité économique et culture d'entreprise », Thèse de doctorat de l'école polytechnique Spécialité Gestion, Paris, 4 mai. * 27 Ce courant est aujourd'hui représenté par les auteurs comme Howard Aldrich, Jeffrey Pfeffer et Ellen Auster qui travaillent sur l'environnement des organisations (Aldrich et Pfeffer, 1976), sur lers liens entre l'age et la taille (Aldrich et Auster,1986), ou encore sur les perspectives écologiques dans l'étude des taux de création (Aldrich, 1990). Il font le lien avec le management stratégique car la démographie des organisations est bien au coeur de la reflexion stratégique : Quels sont mes concurrents en effectif et mes adversaires potentiels ? Vais-je suivre dans cesecteur en fonction de cette pression de l'environnoment? Se dit la strategie d'entreprise. * 28 Les coûts de transactions ex ante (coûts correspondants à la première étape de la transaction où il est procédé à l'établissement du contrat) sont différents des coûts de transactions ex post (correspondants à certains coûts d'organisation interne de la firme) * 29 Capacité minimum requise pour une petite quantité produite d'outputs donnés, ce concept provient de l'indivisibilité des personnes, des machines, et des facilités |
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