Analyse multidimensionnelle de l'avortement en république du congo( Télécharger le fichier original )par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Elève Ingénieur Statisticien 3è année 2007 |
IV.3.2 Fréquence d'avortement et Niveau de bien-être économique du ménageLe tableau IV.3.2-1 de l'annexe B.2, donne la répartition de l'ensemble des femmes selon le nombre d'avortements eus au cours de la vie et le niveau de bien-être économique du ménage d'origine de la femme. La variable quantitative (Nombre d'avortements) a été transformée en variable qualitative après l'avoir découpée en tranches. Ce tableau d'effectifs bruts n'est pas intéressant à analyser. Nous allons nous intéresser aux tableaux IV.3.2-1-a (profils niveau de bien-être économique) et IV.3.2-1-b (profils nombre d'avortements) qui lui sont associés. Le tableau IV.3.2-1-a donne les profils-lignes c'est-à-dire la répartition du niveau de bien-être économique du ménage pour chaque poste de la variable Nombre d'avortements. Il s'agit des probabilités conditionnelles qu'une femme appartienne à un ménage de niveau de bien-être économique i sachant qu'elle a eu j avortement(s) au cours de sa vie. Son examen appuyé par le graphique IV.3.2-1-a dessine les mêmes tendances que celles du graphique IV.3.1-1-a, c'est-à-dire que quelque soit la catégorie de niveau de bien-être économique, il y a une très forte prédominance des femmes n'ayant jamais avorté. La fréquence d'avortement croit avec le quintile de bien-être économique, passant par exemple de 6.05 % dans le quintile +Pauvre à 15.48 % dans le quintile +Riche. Cette croissance n'est pas ahurissante : « les pauvres ont un taux de fécondité plus élevé que les riches » se dit parfois « le lit du pauvre est fécond », dans le langage populaire. De même le tableau IV.3.2-1-b donne les profils-colonnes c'est-à-dire la répartition de la variable `'Nombre d'avortements'' pour chaque poste de la variable `'Niveau de bien-être économique''. Il s'agit des probabilités conditionnelles de rencontrer une femme ayant connu j avortement(s) au cours de sa vie sachant qu'elle est issue d'un ménage de niveau de bien-être économique i. Son examen rapide appuyé par le graphique IV.3.2-1-b montre que le niveau bien-être économique croit avec la fréquence d'avortement, passant de 81.36 % à 85.11 % lorsque le nombre d'avortements varie de JAM à AV+. Il relève aussi une prédominance des les femmes issues des ménages les plus riches. Malheureusement ces 2 tableaux (et donc ces 2 graphiques) mis en exergue dans cette partie ne donnent pas les différences des divers profils-lignes et profils colonnes. Et aussi les deux histogrammes ne donnent pas séparément l'information de profil à celle de poids. D'où l'intérêt d'étudier la liaison globale Niveau de bien-être économique *nombre d'avortements de la table de contingence IV.3.2.
Mesure globale de la liaison Le problème consiste à répondre aux questions suivantes : Q1 : le nombre d'avortements qu'à eus une femme renseigne t-il sur le quintile de bien-être économique du ménage dont elle est issue ? Q2 : les femmes issues d'un ménage de quintile de bien-être économique donné avortent elles `'particulièrement'' un certain nombre de fois ? Il y a indépendance entre Nombre d'avortements et Quintile de bien-être économique. Il existe une liaison entre le Nombre d'avortements et Quintile de bien-être économique. On va donc éprouver l'hypothèse principale contre l'alternative, telle que : Résultats de l'AFC avec SPAD Nous avons de même ici 4 axes factoriels [min (n, p)-1=min (5,5)-1]. Et la somme des 4 valeurs propres du tableau IV.3.1-1-c (annexe B.2) donne 0.0138, qui correspond à la trace de la matrice de départ ou en d'autres termes à l'inertie totale du nuage de points initial. Multipliée par l'effectif total (7051) des femmes du tableau de contingence, on trouve une statistique de test khi-deux : .Or l'on sait que sous, une telle statistique suit une loi de (khi-deux) à 16 degrés de liberté. Avec un seuil de, on a : Ainsi, le observé est largement supérieur au critique (97.30>26.30) : on rejette donc l'hypothèse principale d'indépendance . Exhiber l'AFC s'avère alors utile. Nombre d'axes à retenir L'histogramme des valeurs propres joint au tableau IV.3.2-1-c montre l'existence d'un décrochement (ou un coude) entre la 1ère et la 2ème valeur propre. Nous retenons un seul axe important : le 1er, avec une valeur propre . Il explique 84.50 % de l'inertie du nuage. Interprétation des Résultats de l'AFC Le premier axe explique près de 85 % de l'information et oppose les femmes qui ont déclaré n'avoir jamais avorté au cours de leur vie aux femmes ayant avorté 1 fois, 2 fois, 3 fois et 4 fois ou plus. Si tous les profils-colonnes avaient même contribution, celle-ci varierait autour de 20 % (100% divisé par 5). Les profils-colonnes de contribution au-delà de 20 % sont donc celles ayant influencé fortement le 1er axe : il s'agit des profils-colonnes AV2 et AV3 qui ont, d'après le tableau IV.3.2-1-d (annexe B.2), expliqué respectivement 43.1 % et 24.3 % de l'inertie de l'axe 1. Le profils AV1 en a expliqué 17.2 %. Quant à l'axe 2, l'explication est donnée majoritairement par le profil AV1 qui apporte seule plus de la moitié de l'information (59 %). On remarque aussi que le profil JAM (co2=1) est parfaitement représenté sur l'axe 1 qu'il ne serait plus important de le prendre en compte sur l'axe 2, et tous les autres profils sont bien représentés sur le 1er axe. Par ailleurs, d'après le Tableau IV.3.1-1-e (annexe B.2), si tous les profils-lignes avaient même contribution, celle-ci balancerait entre 20 % (100% divisé par 5). Au-delà de cette moyenne les profils seront considérés comme ayant plus influencé le 1er axe : il s'agit des profils-lignes +Pauvre et +Riche qui ont contribué à la formation de l'axe 1 en apportant respectivement 42.7 % et 37.8 % environ (81 % environ pour les deux à la fois). Sur l'axe 2 (bien que non important ici), ce sont les profils-lignes +Pauvre (23.6 %) et Second (69.3 %) qui participent significativement à la création d'environ 93 % de l'inertie dans l'ensemble. L'on remarque la bonne représentation sur l'axe 1 de tous les profils-lignes (excepté le profil-ligne « moyen ») et la parfaite représentation du profil-ligne+Riche sur cet axe. Tous ces détails sont synthétisés dans le graphique IV.3.2-1-c suivant, qui représente simultanément les profils Nombre d'avortement*Quintile de bien être économique. Classe 3 GraphiqueIV.3.2-1-c :Représentation simultanée. Profils Nombre d'avortements*profils Quintile de bien-être économique.............................................. Classe 2 Classe 1 Source : EDSC-I 2005 L'inspection visuelle de ce graphique relève et confirme la croissance de la fréquence d'avortement avec le quintile de bien-être économique du ménage dont est issu la femme. Elle relève aussi sur le 1er axe une opposition entre les femmes issues des ménages +Riche, Quatrième ou Moyen et ayant connu soit 2 soit 3 avortements au cours de leur vie aux femmes issues des ménages +Pauvre ou Second et n'ayant presque jamais avorté. Nous pouvons de même ici affiner ce résultat via un arbre de classification. C'est ainsi qu'a été complété25(*) l'examen de ce graphique par une ACH issue elle-même des résultats de l'AFC qui lui sont associés, ce qui a abouti à une classification des individus vis-à-vis des postes JAM, AV1, AV2, AV3 et AV4+ (voir graphique IV.3.2-1-d suivant). GraphiqueIV.3.2-1-d : Arbre de classification. Nombre d'avortements*Quintile de bien-être économique. Classe 2 Classe 3 Classe 1 Coupure du dendrogramme ici en 3 classes Source : EDSC-I 2005 Le dendrogramme ci-dessus obtenu, coupé, renseigne sur 3 classes décrites ainsi qu'il suit : Classe 1 : Constituée uniquement des femmes issues des ménages +Pauvre ayant le moins avortées (profil proche de JAM), c'est-à-dire, ont pour la plus part, déclaré n'avoir pas eu recours à l'avortement au cours de leur vie ; Classe 2 : Formée des femmes originaires des ménages de niveaux de vie second et moyen. Elles ont aussi leur profil de bien-être économique relativement proche de celui des femmes n'ayant connu aucun avortement au cours de leur vie. C'est précisément la sous-classe « second » qui a ce statut des femmes n'ayant presque jamais avorté ; Classe 3 : Constituée des femmes issues des ménages dont le niveau de bien-être économique est « quatrième, +Riche ». Il s'agit des femmes qui ont le plus déclaré avoir eu recours à l'avortement. La sous-classe +Riche particulièrement, est la plus représentée dans cette situation de fréquence élevée d'avortement. Ces regroupements en classes confirment les résultats de l'EDSC-I, 2005 en RC, qui stipulent que les femmes originaires des ménages les plus riches interrompent plus volontairement les grossesses par rapport à celles des ménages les plus pauvres qui ont plus tendance à garder le foetus jusqu'à ce qu'il devienne viable. On peut imaginer beaucoup de choses à ce niveau. Et de notre point de vue, la réponse se trouve entre deux courants de pensées du cadre conceptuel de l'appréhension de la pauvreté: § Selon l'école des welfarist, est considérée comme pauvre (ou non-riche), toute personne qui se situe en deçà d'un seuil fixé de bien-être économique (seuil de pauvreté) c'est-à-dire une personne, qui face à ces ressources, combine tous les paniers de biens/services qui maximisent son utilité ; Basée sur ce cadre, nous pouvons affirmer que les femmes pauvres26(*) ont de moins en moins recours à l'avortement parce qu'elles trouvent que l'enfant est une ressource future sur laquelle est fondée l'espoir de leur ménage afin de quitter le dessous du seuil de pauvreté. Et encore qu'avorter c'est risqué sa vie et c'est d'autant plus risqué lorsqu'on est dépourvu des moyens, palliatifs aux complications éventuelles. § L'école des besoins de base, qui considère comme pauvre (ou non-riche) une personne privée d'un minimum de conforts de base jugés élémentaires27(*) à l'atteinte d'une certaine qualité de vie. Dans cette optique, on peut par exemple dire que les femmes riches sont dotées des moyens financiers que la probabilité qu'elles soient tentées à avorter est plus grande par rapport aux femmes pauvres qui déjà sont dépourvues des commodités (conforts) élémentaires. A cela peut s'ajouter le fait que les femmes riches sont pour la plupart occupées (travail, scolarité,...) qu'elles trouvent la grossesse comme faisant obstacle à leur occupation. Il sied de préciser que ce dernier avis est discutable car on peut très rapidement trouver son contraire, en pensant par exemple au fait que les femmes riches ne devraient pas, compte tenu de leurs conforts (facilités économiques) devant leur permettre d'élever plus aisément un enfant, ne devraient en principe pas plus avorter que les femmes pauvres. Nous confirmerons (ou infirmerons) ce propos dans la suite et précisément dans la section IV.4 traitant de l'ensemble des interrelations choisis autour de l'avortement. * 25 Cf. section III.2 du chapitre III pour les détails de la méthode et les règles d'interprétation. * 26 Sous l'hypothèse classique selon laquelle une personne issue d'un ménage pauvre est pauvre. * 27 : Ce sont : nourriture, eau, logement, services sanitaires, éducation de base... |
|