I-1.2 Une pluralité de concepts qui renvoient a une
même réalité
Les réalités auxquelles semble se
référer le développement local ne datent pas de
maintenant. En effet en 1970, l'Assemblée Générale des
Nations-Unies adoptait une stratégie dénommée «
Stratégie internationale du développement pour la décennie
des Nations-Unies ». Cette stratégie préconisait le «
Développement au ras-du-sol ».
Le Dr G. SICAULT (1977), justifiait ce choix
stratégique en insistant sur la participation, sur le champ
d'application (rural et urbain), sur l'émergence d'initiatives
(c'est-à-dire des actions définies par les
intéressés eux-mêmes) et sur les acteurs. Pour lui, l'homme
est « l'objectif ultime » du développement.
En résumé, voici la définition qu'il donne du
développement au ras-du-sol.
« Il peut être défini comme la prise en
charge, partielle ou totale, par les communautés ou les
groupements de communautés, de responsabilités et
d'actions directes correspondant à leurs
besoins propres, aux priorités qu'elles apprennent
à établir en prenant progressivement
conscience des problèmes qui affectent leur niveau de vie
et leur bien-être »9.
Un autre concept qui également s'apparente au
développement local est le « Développement
Communautaire ». Il a été mis en oeuvre
bien avant 1960 par les pays anglophones. Cependant il semble que dans le
développement communautaire, les objectifs étaient plus
économiques que sociaux et que le courant était plus centrifuge,
c'est-à-dire que les décisions partaient du centre vers la
périphérie. En fait il fallait plus convertir les populations au
point de vue « officiel », c'est-à-dire que l'Etat, par les
ressources libérées du fait de sa non intervention dans les
secteurs productifs, investirait davantage dans les infrastructures
économiques dont le secteur industriel en premier chef. Le
développement communautaire reposant pour ainsi dire sur des animateurs
sélectionnés en
9 SICAULT G (1977), Le Développement au ras du sol, in
revue Tiers Monde, p.705
LA CONTRIBUTION DU PPVCC AU RENFORCEMENT DES CAPACITES
DES PRODUCTEURS DANS LE BASSIN DE PRODUCTION DU CENTRE
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du DESS/MASTER II en Analyse et Evaluation de
Projets Par WAMBA Joseph Honoré
dehors de la communauté et pris parallèlement en
charge par elle. Le Dr SICAULT G (1977) emprunte la définition des
Nations-Unies de 1956.
« ... il s'agissait d'un processus dans lequel les
efforts propres des populations sont unis avec ceux des autorités
gouvernementales pour améliorer les conditions économiques et
sociales, pour intégrer les communautés dans la vie de la nation
et pour les rendre aptes à contribuer pleinement à
l'exécution des projets nationaux »10. Le Développement
Communautaire veut tout simplement dire « comptez d'abord sur
soi-même et l'État viendra après ».
Un autre concept qui lui aussi est assez proche du
développement local, est celui de
« Développement à la Base
». L'École Nationale d'Économie
Appliquée du Sénégal (ENEA) sans
en donner une définition claire, énonce cependant
les contours du Développement à la base.
« 1. - Le développement à la base vise
à répondre en priorité aux besoins des communautés
concernées, avec des moyens qu'elles maîtrisent, des structures
qui leur soient propres et qu'elles contrôlent, en fonction d'un projet
de développement de leur terroir.
2. - Aussi cette approche du développement doit-elle
donner aux groupes et aux personnes concernées le plus possible
d'initiatives et de responsabilités, en fonction de leurs connaissances
et savoir-faire, mais à partir de leurs besoins et de leurs moyens.
3. - Cette approche du développement s'oriente vers un
renforcement des moyens de « résistance » aux
dépendances de tous les ordres qui altèrent la capacité
des communautés à développer leurs propres ressources et
potentialités de façon cumulative »11.
Cette définition met en exergue les
éléments suivants : l'initiative et la responsabilité des
communautés qui s'exercent à travers un projet de
développement territorial. La définition ci-dessus décrite
se rapproche de celle de la FAO.
« Changement positif en direction d'une situation meilleure
s'effectuant à l'échelon le plus bas d'un système ou d'une
communauté dans une nation donnée »12.
10 Idem, p.704
11 E.N.E.A : Orientation - sans date-
12 F.A.O, Les Ménages ruraux et l'affectation des
ressources en vue du Développement : les perspectives de
l'écosystème, p.180
LA CONTRIBUTION DU PPVCC AU RENFORCEMENT DES CAPACITES
DES PRODUCTEURS DANS LE BASSIN DE PRODUCTION DU CENTRE
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du DESS/MASTER II en Analyse et Evaluation de
Projets Par WAMBA Joseph Honoré
Enfin il existe le concept de «
Développement Durable » qui lui est apparu
à la faveur du mouvement pour la gestion durable des ressources
naturelles. Depuis la conférence de Rio certaines institutions
spécialisées des Nations-Unies en ont fait leur credo. Ce concept
se préoccupe de la gestion des ressources naturelles. Il est
défini ainsi qu'il suit par la FAO :
« Changement progressif qui répond aux besoins
essentiels des générations présentes et futures en
imposant des limites à l'utilisation de ressources précieuses et
davantage d'équité dans la répartition des ressources
»13.
Ces différents concepts ne sont pas sortis credo Ils
traduisent chacun une approche du développement dans un contexte
particulier. Ainsi le développement au ras-du-sol exprimait la direction
prise pas les bailleurs de fond de financer de moins en moins ces projets
gigantesques sans impact significatif sur le commun des citoyens. Le
développement communautaire lui traduisant les mesures d'ajustement
structurel des Etats à travers le fameux slogan « moins d'Etat et
mieux d'Etat ». Le développement à la base était une
réponse au processus démocratique enclenché par les Etats,
alors que le développement local lui est une confirmation de la «
bonne gouvernance ».
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