CHAPITRE I : ROLE DU RENFORCEMENT DES
CAPACITES DANS LE DEVELOPPEMENT
LOCAL ET L'AGRICULTURE
LA CONTRIBUTION DU PPVCC AU RENFORCEMENT DES CAPACITES
DES PRODUCTEURS DANS LE BASSIN DE PRODUCTION DU CENTRE
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du DESS/MASTER II en Analyse et Evaluation de
Projets Par WAMBA Joseph Honoré
CHAPITRE I : ROLE DU RENFORCEMENT DES CAPACITES DANS LE
DEVELOPPEMENT LOCAL ET L'AGRICULTURE
Ce chapitre sera consacré à la compréhension
des concepts de développement local et de renforcement des
capacités et du rôle qu'ils peuvent jouer dans l'essor de
l'agriculture.
Section I : Développement local et renforcement
des capacités
I-1 Définitions du développement local
I-1.1 Genèse
Le développement local n'est pas un concept nouveau, il
apparaît en France au milieu des années 1960 en réaction
aux pratiques dirigistes de l'aménagement du territoire fondées
sur des logiques sectorielles de filière. Pendant cette période,
l'Etat avait décidé de faire de l'aménagement du
territoire une priorité nationale et l'objectif recherché
était de remédier aux disparités régionales, de
moderniser les infrastructures et de créer des pôles
régionaux. A cette fin, on a assisté à une certaine
déconcentration de l'appareil de l'Etat, à la mise sur pied de
conseils régionaux de développement (CDR), de conférences
administratives régionales (CAR), etc.
Cette régionalisation était portée par
une vision sectorielle qui reproduisait celle des divers
ministères à l'échelle des régions : conseil de la
culture, conseil du loisir, conseil du tourisme, conseil de l'environnement,
etc. D'où d'ailleurs le terme de « régionalisme fonctionnel
». Cette régionalisation fut avant tout une opération de
déconcentration de l'appareil de l'Etat Nation même si certaines
responsabilités ont été décentralisées.
Pour cette période des années 1960, la vision du
développement qui s'en dégage, est celle d'un
développement du haut vers le bas (approche «
Top Bottom ») car les décisions sont prises en
haut lieu sans concertation avec les populations concernées. Selon cette
vision, le local ne peut
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pas être un lieu d'innovation et de développement
puisqu'il est toujours sous le contrôle des élites
traditionnelles8.
Cette vision descendante de l'Etat est contestée au
début des années 1970 par de nombreux acteurs locaux qui
considèrent que le développement d'un territoire doit prendre en
compte les besoins et les aspirations de ses habitants : c'est le
développement par en bas (approche «
Bottom Up ») prôné par le « mouvement
des Pays », dont le slogan « vivre, travailler et décider au
Pays » résume bien la logique d'autonomie vis-à-vis des
centres décisionnels, qu'ils soient politiques ou économiques.
C'est pourquoi, les acteurs locaux engagés dans des démarches de
développement local ont été apparentés dans les
années 1970 comme des « militants d'un autre développement
» (on parlerait aujourd'hui des alternatifs).
Dans les pays du Sud, l'idée de développement
local émerge dans un contexte d'échec des Programmes d'Ajustement
Structurel. Au cours des années 1980, les gouvernements des pays en voie
de développement se voyaient imposer des mesures
d'austérité ralentissant à la fois la consommation et
l'investissement. Les conséquences furent dramatiques avec
l'augmentation du chômage et de la précarité,
l'insécurité civile et sociale galopante, la chute de
l'investissement provoquant dans les zones rurales le retour à
l'agriculture de subsistance, l'abandon de certaines filières telles que
le cacao. Tous ces faits constituaient les critiques portées aux PAS
dans les années 1990, poussant la Banque Mondiale (BM) et le Fonds
Monétaire International à revoir leurs approches de
développement dans les Pays Sous Développés (PSD).
Ainsi la BM restaure l'Etat en tant que régulateur et
stratège du développement, conduisant au retour de la
planification dans les PSD. Toute fois, il existe une différence dans
son application en ceci qu'elle n'est plus dirigiste comme dans les
années 1960 dans le cadre des politiques d'aménagement du
territoire. Cette planification du développement doit prendre en compte
les besoins et les aspirations des populations à la base.
Au Cameroun, le développement local est un vieux concept
qui a refait surface à la lumière des limites des politiques
macro-économiques mises en oeuvre et qui avaient tendance à
créer des
8 Benoît LEVESQUE, « Le développement local et
l'économie sociale : deux éléments incontournables du
nouvel environnement social »
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zones de marginalisation et/ou d'exclusion. Ainsi a la faveur
de la mise en oeuvre de la politique de décentralisation, le
développement local a ressurgi et est devenu une sorte de remède
miracle pour résoudre les problèmes qui se poseraient au niveau
des différentes collectivités territoriales. Ce faisant, il
semble s'établir une sorte de lien naturel entre le développement
local et la décentralisation.
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