CHAPITRE III : LA VALORISATION ET LA GESTION DE
L'AVIFAUNE
Depuis toujours les hommes sont fascinés par les
oiseaux, par leurs aptitudes au vol, les couleurs de leur plumage, mais aussi
par leur chant. Certaines espèces sont également très
prisées pour leur viande et leurs sous produits. Pour éviter une
exploitation déraisonnable et totale de cette ressource qui peut souvent
se solder par des pertes irréparables, la valorisation et la gestion de
l'avifaune passent par : le comptage et le suivi sanitaire du cheptel mais
aussi par ses différents usages.
3.1. COMPTAGE ET SUIVI DU CHEPTEL
3.1.1. Comptage
Les comptages s'effectuent de préférence le
matin ou dans la soirée à cause des problèmes de
turbulence au milieu de la journée, en tenant compte des habitudes des
espèces. Ainsi les canards sont comptés sur les remises et les
reposoirs dans la journée, les laridés ou certaines limicoles sur
les lieux de passages ou en dortoirs (de préférence à
l'arrivée ou éventuellement au départ), les bihoreaux le
soir quant ils sortent des zones de végétation où ils se
tiennent durant la journée, les limicoles côtières sur les
reposoirs des marais [37].
3.1.1.1. Les moyens de comptage
Il existe plusieurs moyens et méthodes de comptage qui
varient en fonction des caractéristiques particulières de
l'espèce et du site.
Les comptages à poste fixe sont certainement les plus
utilisés et présentent de nombreux avantages tels que la
possibilité de faire plusieurs comptages des mêmes groupes
d'oiseaux, la reconnaissance spécifique des oiseaux, ainsi que la
stabilité de l'observateur. Par ailleurs son inconvénient est
l'exigence d'un certain nombre de précautions pour obtenir des
résultats fiables.
La voiture est plus généralement utilisée
comme moyen de déplacement et permet de s'arrêter à
volonté, de s'approcher d'assez près des oiseaux car ils n'ont
pas peur de véhicule mais de la silhouette humaine.
Le bateau ou la pirogue est un moyen de déplacement et de
comptage performant dans les secteurs à accès terrestre
réduits ou nuls tels que les marigots, rivières, fleuves et
petits lacs.
L'avion reste un moyen lourd mais obligatoire pour couvrir de
très grandes zones en un minimum de temps grâce à sa
rapidité. Il est indispensable pour des grandes zones telles que :les
deltas intérieurs, les grands lacs aux berges ou à surface
encombrée de végétations etc. Son inconvénient est
qu'il est bruyant et provoque souvent l'envol ou la plongée des oiseaux.
Par
rapport à l'avion l'un des plus grands avantages de
l'hélicoptère est la possibilité de voler à vitesse
très réduite, voire sur place [37].
3.1.1.2. Equipement et méthodes de
comptage
Le matériel de comptage varie en fonction des moyens
utilisés. Les instruments les plus fréquemment utilisés
sont les jumelles à longue vue, le compteur manuel, la carte du secteur,
la boussole et éventuellement le GPS (global positionning system), le
carnet, le crayon, le magnétophone, le manuel et/ou guide
d'identification.
Les méthodes de comptage utilisées varient plus ou
moins selon la taille, la disposition et la composition des groupes [37].
Pour les petits groupes, les oiseaux sont comptés
individuellement. Ce comptage est précis et offre la possibilité
de bien distinguer chaque espèce. Pour les groupes moyens posés
ou au vol, et comprenant quelques centaines d'oiseaux, le comptage se fait
généralement par paquet ou sous groupe de 10, 25, 50 oiseaux. La
grandeur de ce sous groupe initial dépend de la taille du groupe et
l'équivalent de ce sous groupe est ensuite reporté autant de fois
que nécessaire pour couvrir l'ensemble du groupe.
Pour les groupes plurispécifiques, on procède
différemment selon que les espèces sont reparties de façon
homogène ou hétérogène.
* Quand les espèces sont réparties de
façon homogène : on commence par compter l'ensemble du groupe,
ensuite on effectue quelques échantillonnages en comptant dans chaque
échantillon la proportion de chaque espèce ; on reporte ensuite
cette proportion à l'effectif total.
* Quand les espèces sont reparties de façon
hétérogène : on commence par compter
l'ensemble du groupe, ensuite on effectue un comptage pour chaque
espèce.
Pour les groupes importants, on procède de la
même façon que pour les groupes moyens, en se servant seulement
des fourchettes initiales beaucoup plus grandes (sous groupe de 100, 500,
1000), et en n'oubliant pas de faire varier la fourchette en fonction de la
densité des oiseaux. Pour les groupes en mouvement, le comptage
s'effectue selon les mêmes techniques mais il faut seulement être
rapide. On commence le comptage par les oiseaux situés en tête du
groupe.
3.1.2. Baguage
Le baguage systématique des oiseaux a commencé
en Lituanie en 1929. Cette technique qui consiste à poser les bagues est
un outil prépondérant, précis et irremplaçable pour
étudier de manière approfondie des oiseaux [58]. Les grands
mécanismes qui gouvernent la dynamique des populations aviennes et les
phénomènes de la migration ont été en grande partie
élucidés grâce au
baguage. Or c'est à partir d'une bonne connaissance de
la biologie des oiseaux et de leurs statuts, que peuvent être
développées les mesures de gestion et de protection
satisfaisantes, qu'il s'agisse d'élaboration et de mise en application
des règlements intérieurs à chaque Etat ou des conventions
internationales.
Il existe actuellement deux méthodes de baguages : le
baguage métallique permettant une identification par un numéro et
le baguage visuel dont les marques sont lisibles à distance[37].
3.2. SUIVI SANITAIRE
Il est désormais admis que l'existence de programmes de
surveillance sanitaire de la faune sauvage permet au pays de déceler
plus vite la présence de maladies et de prendre des mesures
appropriées [49][82]. Ici nous n'aborderons que les
principales maladies des anatidés qui peuvent être parasitaires,
bactériennes ou virales.
3.2.1. Les maladies parasitaires
Les principales maladies vermineuses des canards sont dues aux
capillaires localisés dans l'oesophage, aux ascaris situés dans
l'intestin grêle, aux hétérakis qui se développent
dans la lumière des caeca et plus rarement aux ténias
[27] [80]. La contamination se fait par la voie buccale dans des mares ou des
endroits boueux [78].
3.2.1.1. Les helminthoses du proventricule et du
gésier
3.2.1.1.1. Capillariose
C'est une infestation peu fréquente due à
Capillaria contorta. Ces vers ayant de 10 à 20
millimètres de long sur 500 micromètres de diamètre vivent
sur la muqueuse et dans la sous muqueuse et provoquent des troubles de
déglutition. Cette affection frappe surtout les canards à partir
de deux mois. Le cycle est direct et le ver de terre et les escargots sont des
hôtes intermédiaires. Chez les oies il existe également une
capillariose cæcale due à Capillaria anatis : ver de 1
à 3 centimètres de long dont le rôle pathogène est
mineur [72] [80].
3.2.1.1.2. Amidostomose
Elle est due à Amidostomum anser un
Trichostrongylidé de 1 à 2 centimètres de longueur sur 300
micromètres de diamètre, rougeâtre car hématophage
et possédant une capsule buccale avec des dents. C'est un des parasites
les plus fréquents et plus dangereux de l'oie. Il vit
inséré dans la muqueuse, la sous muqueuse et sous le
revêtement corné du gésier et absorbe de 375 à 444
millilitres de sang par ver et par jour [31] [32].
La primo-infestation ne serait pas immunogène, ce qui
expliquerait la présence parfois massive du parasite chez les oies
adultes [78].
3.2.1.1.3. Epomidiostomose
Parasitose due à Epomidiostomum uncinatum de
0,5 à 1 centimètres de long. Ce nématode présente
des appendices céphaliques typiques (bouche dirigée en avant,
tête à 12 épines). L'épidémiologie est
voisine de celle des amidostomum avec une même localisation, ce qui est
un facteur aggravant pour cette infestation [31] [32].
3.2.1.1.4. Spiruroses
Ce sont des affections du proventricules et du gésier
causées par :
* Echinuria uncinata qui est un nématode
blanchâtre de 1 à 2 centimètres de long, se reconnaissant
à sa cuticule portant quatre rangées longitudinales
d'épines. L'hôte intermédiaire est un mollusque aquatique :
la daphnée. Ce parasite est à l'origine des gastrites chroniques
chez les canards et oies.
* Tetrameres fissispina qui est un parasite des
cryptes glandulaires du proventricule , c'est un ver de 1 millimètre de
diamètre, hématophage, et ayant l'aspect d'une goutte de sang
[78]. Il a deux hôtes intermédiaires : la daphnée ou la
gammare. Les parasitoses massives entraînent des dysphagies et un
amaigrissement avec anémie [80].
3.2.1.2. Helminthose de l'intestin
grêle
3.2.1.2.1. Ascaridiose
C'est une affection parasitaire due à des nématodes
parasites de la famille des heterakidés qui comprennent deux genres :
* le genre Ascaridia 1 à 2 millimètres de
diamètre et 3 à 10 centimètres de long ; c'est un ver qui
vit dans l'intestin grêle ;
* le genre Heterakis de 1 à 2 centimètres de
long ; c'est un ver qui vit dans les caeca. L'hôte intermédiaire
est un ver de terre, mais dans la plupart des cas le cycle est direct [31]
[32]. Le rôle pathogène des Ascaridia tient à leur action
traumatisante sur la muqueuse intestinale et qui provoque une entérite
chez les oiseaux. Le nombre de vers est parfois tel qu'il provoque une
obstruction. Les déchets métaboliques des ascaridia sont aussi
toxiques pour l'hôte. Tout ceci explique le tableau clinique de cette
parasitose: amaigrissement, anémie, entérite et troubles nerveux
[80].
3.2.1.2.2. Trichostrongylose
Parasitose de l'intestin grêle et surtout des caeca due
à Trichostrongylus tenuis de quelques millimètres de
long. C'est une affection rare mais dans les cas graves les animaux meurent
d'une typhlite hémorragique avec des diarrhées.
3.2.1.2.3. Acanthocephalose
Deux espèces sont en cause :
* Echinorynchus minitus : C'est un ver rouge
orangé caractéristique dont la partie antérieure est
hérissée de piquants. Le mâle a 3 millimètres de
longueur sur 750 micromètres d'épaisseur, et la femelle a 10
millimètres de longueur sur 800 micromètres d'épaisseur.
Le cycle a deux hôtes : l'hôte intermédiaire est un
crustacé d'eau douce, le gammare ou un ver de terre. Il vit fixé
sur la paroi intestinale.
* Fillicolis anatis : de 1 à 8
millimètres de longueur suivant le sexe, blanchâtre. Il vit
fixé dans la partie moyenne de l'intestin grêle. Le cycle à
deux hôtes ; l'hôte intermédiaire est un crustacé
isopode d'eau douce : l'aselle [31][32]. Les signes cliniques des
acanthocéphaloses sont peu caractéristiques (amaigrissement et
diarrhée) [80].
3.2.1.2.4. Cestodoses
Les ténias responsables de ces parasitoses sont des
vers plats, segmentés en anneaux, fixés à la paroi
intestinale par un scolex à rostre parfois rétractile armé
des crochets ou des ventouses ou des deux. Ils peuvent mesurer de quelques
centimètres à quelque dizaines de centimètres .Les
espèces les plus fréquemment rencontrées sont :
* Hymenolepididés
C'est un ténia de petite taille caractérisé
par un scolex à rostre rétractile armé d'une seule
couronne de crochets [27] [80].
Ses segments sont plus larges que longs. Le genre le plus
rencontré est celui des Hymenolepis dont Hymenolepis abortiva
qui est un ténia de 2,7 millimètres de long contre 300
micromètres de diamètre ; Hymenolepis parvula qui est un
ténia de 1,5 millimètres à quelques centimètres de
longueur contre 275 micromètres de diamètre, et Hymenolepis
gracilis qui est un peu plus long avec 12 à 27 centimètres
de longueur contre 1,5 à 2 millimètres de diamètre. Tous
ces ténias ont pour la plupart un crustacé d'eau douce comme
l'hôte intermédiaire (gammare, copépode, cyclops) et
rarement un annélide (sangsue) ou un mollusque.
* Fimbriara: C'est un ténia de 2,5 à 40
centimètres de long sur 700 micromètres à 5
millimètres de large, avec un rostre invaginable de 10-12 crochets.
* Drépanidotenia: Un ténia de 3 à 12
centimètres de long sur 5 à 10 millimètres de large,
très petit scolex globuleux rétractile muni d'un rostre
cylindrique à 8 crochets. Aspect lancéolé :
les derniers anneaux sont plus étroits que ceux du
centre [31] [32]. L'intensité de l'amaigrissement et l'anémie
sont en rapport avec l'importance de l'infestation parasitaire [80].
3.2.1.2.5. Flagelloses
Elles sont dues à la prolifération des parasites
flagellés dans les parties terminales de l'appareil digestif. Les
symptômes sont en fonction de l'intensité de l'infestation: en cas
d'infestation sévère, la mortalité est importante en 24-48
heures après un amaigrissement rapide accompagné d'une
diarrhée profuse et le plumage terne [27][72] [73].
3.2.1.2.6. Coccidioses
Les coccidies des oies et canards seraient peu ou pas
pathogènes. Par ailleurs Eimeria truncata est responsable de la
coccidiose rénale chez l'oie, bien que cette affection parasitaire est
rare et se caractérise par l'insuffisance rénale s'accompagnant
des troubles soit locomoteurs et nerveux. Les coccidioses sont très
rarement décrites chez les canards [39][72][73][80].
3.2.2. Maladies bactériennes
Nous ne décrirons que les maladies les plus
fréquentes à savoir la salmonellose ; la pasteurellose,
colibacillose et l'ornithose-psittacose.
3.2.2.1. Salmonellose
La salmonellose affecte surtout les jeunes animaux,
principalement avant l'âge de 4 semaines. Son agent étiologique
est un bacille de la famille des entérobactéries du genre
Salmonella, très résistant dans le milieu
extérieur ; de nombreuses espèces sont incriminées dans
cette pathologie parmi lesquelles S .typhimurium. La contamination du
canard est assez fréquente sans extériorisation de la maladie.
[78] [80] Ainsi, l'infection reste latente et ne se déclenche
qu'à la faveur d'affections intercurrentes et de divers stress. Le
pronostic est toujours grave, puisque la mortalité peut atteindre15-20
p.100 de l'effectif [72] [73].
3.2.2.2 Pasteurelloses
Il existe deux manifestations de ces maladies en fonction des
agents étiologiques.
* Pasteurellose à P. multocida : le germe de
cette affection parfois appelée choléra, est Pasteurella
multocida ; plusieurs sérotypes existent qui se
caractérisent par l'absence de
réaction immunologique croisée La transmission se
fait par voie horizontale ; les symptômes sont peu
caractéristiques mais la mortalité peut atteindre 50 p.100 de
l'effectif.
* Pasteurellose à P.anatipestifer : beaucoup
moins fréquente que la pasteurellose à P. multocida ,
cette maladie affecte surtout les jeunes oisillons âgés de 3-6
semaines et la mortalité peut atteindre 50-100% [72] [73] [80].
3.2.2.3. Colibacillose
Les colibacilles sont des entérobactéries
habituellement saprophytes du tube digestif des oiseaux qui, placées
dans les conditions propices, peuvent exprimer leur pouvoir pathogène
notamment dans la sphère respiratoire. Le taux de mortalité peut
atteindre 5-10 p.100 de l'effectif âgé de 3-8 semaines [72] [73]
[80].
3.2.2.4. Ornithose-psittacose
C'est une maladie légalement réputée
contagieuse provoquée par une bactérie de petite taille
(Chlamydia psittaci,. Cette bactérie affecte les oiseaux
d'agrément, les oiseaux domestiques mais aussi les oiseaux sauvages en
liberté.
Le danger de cette maladie est sa transmission à
l'homme; il est ainsi souvent le révélateur d'une infection
animale méconnue (crypto-zoonose). Chez les oiseaux, le germe est
absorbé par la voie buccale mais chez l'homme la transmission se fait
essentiellement par la voie aérienne. L'épidémiologie chez
l'homme dépendrait des conditions majeures de la transmission de l'agent
causal. Hormis un léger coryza, les animaux atteints ne
présentent , le plus souvent, aucune atteinte clinique alors que 6
à 10 p.100 des pneumopathies humaines sont des ornithoses [80].
3.2.3. Les maladies virales
3.2.3.1. Réovirose
Le canard est sujet à une maladie virale
spécifique dont l`agent étiologique est un réovirus de la
famille des Reoviridae . La transmission est essentiellement
horizontale. La forme aiguë, plus classique, s'observe fréquemment
chez les animaux âgés de 10 à 30 jours et se
déclenche à la faveur d'un stress [80]. Les animaux atteints sont
prostrés, s'amaigrissent rapidement et la mort survient dans quelques
jours. Chez les canards d'élevage, la mortalité peut atteindre 20
à 40 p.100 [72][73][80].
3.2.3.2. Maladie de Derzy
C'est une maladie infectieuse virulente, très
contagieuse, due à un Parvovirus très résistant
dans le milieu extérieur. La contamination s'effectue à partir
des déjections d'animaux malades ou guéris [80]. La
mortalité peut atteindre 20 à 40 p.100 [72][73].
3.2.3.3. Peste du canard
Aussi appelée entérite à virus, cette
maladie infectieuse spécifique des anatidés est due à un
Herpes virus assez résistant dans le milieu extérieur. Elle est
peu contagieuse, affecte les sujets de tous âges ; la transmission est
essentiellement directe; la pénétration du virus se fait
par la voie orale ou nasale [78][80]. Classiquement la maladie évolue
sous une forme aiguë avec l'effet immunodépresseur, le taux de
mortalité est très variable allant de 10 à 90 p.100
[72][73].
3.2.3.4 West Nil
D'après BALANCA et HARS ,2004 [2], la
West Nil est une maladie virale remarquable par la diversité
géographique des ses émergences, que l'on attribue
généralement aux oiseaux migrateurs et à leurs
mobilités, au transport des moustiques et au réchauffement
climatique. Cette maladie originaire de l'Afrique est apparue depuis une
dizaine d'années en Israël, en Europe et en Amérique du
Nord.
L'agent étiologique est un virus qui se maintient par
un cycle de transmission continuelle entre moustiques piqueurs ornithophiles
(vecteurs) et généralement les moustiques du genre Culex,
et oiseaux (réservoirs). La maladie affecte principalement les
oiseaux mais aussi les mammifères dont les chevaux et les hommes.
L'infection reste souvent inapparente chez l'homme mais les symptômes
peuvent aller du simple syndrome grippal avec une forte fièvre à
la méningite et encéphalite grave et parfois mortelle.
Ce paragraphe sur le suivie sanitaire de l'avifaune nous a
permis de passer en revue l'épidémiologie des dominantes
pathologies des canards sauvages à savoir: les maladies parasitaires,
les maladies bactériennes et les maladies virales. La plupart de ces
maladies sont communes entre aux canards sauvages et aux canards domestiques,
raison pour laquelle un accent doit être mis sur leurs
intertransmissibilités mais aussi sur la transmission éventuelle
à l'homme de certaines maladies réputées zoonotiques.
3.3 LES DIFFÉRENTS USAGES DE
L'AVIFAUNE
L'avifaune peut faire l'objet d'une utilisation non consommatrice
ou consommatrice
3.3.1. Usages non consommatrices
Ce sont des usages dans lesquels aucun prélèvement
des ressources n'est pratiqué. Ces usages se limitent au tourisme de
vision avec ses diverses variantes
3.3.1.1. Ecotourisme
D'après l'Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T),
l'écotourisme rassemble toutes les formes du tourisme exercées
sur la nature et dans lequel la principale motivation est d'observer et
d'apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles.
Pour l'Union Mondiale pour la Nature (U.I.C.N),
l'écotourisme rassemble les visites et voyages respectueux de
l'environnement dans des sites naturels relativement intacts motivés par
l'observation et l'appréciation de la nature. Bref l'écotourisme
est un tourisme de découverte de la nature qui valorise toutes les
composantes de l'écosystème [61] [67].
3.3.1.2. Tourisme classique
L'avifaune est très peu valorisée en Afrique
francophone comparativement aux pays anglophones de l'Afrique orientale
où le bird watching voire le bird twitching sont très
prisés. Actuellement seuls quelques rares parcs d'Afrique francophone
peuvent présenter un spectacle correct aux gens qui pratiquent ce
tourisme. Ce sont le parc de Waza au Cameroun, le parc de Zakouma au Tchad, le
ranch du Nazinga au Burkina Faso, le Gaunda en R.C.A, l'Akagera au Rwanda, et
le Djoudj au Sénégal [28].
Ce mode de valorisation n'a théoriquement aucun impact sur
le milieu hormis la construction des hôtels de qualité parfois
douteuse dans certains parcs nationaux [64].
3.3.2. Les usages consommatrices
Ce sont les usages qui consistent à prélever une
partie des ressources.
3.3.2.1 L'élevage des gibiers
3.3.2.1.1 Elevage extensif (Game ranching)
Dans ce type d'élevage les animaux sont libres sur un
vaste domaine clôturé, ou non . Les contacts avec l'homme sont
rares et les interventions sur les animaux sont exceptionnelles. Ce mode de
valorisation de la faune qui tend à la gérer de la façon
la plus rationnelle, n'a aucun impact sur cette ressource [15].
3.3.2.1.2 Elevage intensif (Game farming)
Les animaux sont gardés en captivité sur un espace
restreint : enclos, logettes, cages, bassin etc. Les interventions sur les
animaux sont fréquentes, le contact avec l'éleveur est quotidien,
ce
qui peut induire une semi-domestication. Cette technique se
rapproche de l'élevage classique et demande de ce fait les connaissances
zootechniques. Les espèces les plus concernées sont
généralement les oiseaux dont les produits et/ou sous produits
ont une assez forte valeur marchande telle que l'autruche pour son cuir, ses
plumes, ses oeufs et sa viande [42].
En dehors de la rentabilité, cette activité
pourrait avoir néanmoins un impact positif indirect sur l'avifaune
sauvage [13][14]. En effet, en fournissant sur le marché la viande
d'élevage, elle permettrait de diminuer la pression de la chasse et/ou
du braconnage sur l'avifaune sauvage mais d'enrichir notre basse-cour de
nouvelles espèces d'oiseaux [10].
3.3.2.2. Récolte de l'avifaune (game
cropping)
C'est un mode de valorisation de l'avifaune dans lequel on
prélève un certain pourcentage bien défini d'une
population animale. Ce pourcentage ou quotas est calculé de façon
à ce que les prélèvements ne compromettent pas , à
terme , la survie de la population concernée. Cette pratique est
destinée à contrôler l'effectif de la population animale de
façon à ce qu'il reste en adéquation avec la
capacité de charge [57]. S'il est correctement pratiqué, la game
cropping n'a qu'un impact négligeable sur l'avifaune.
3.3.2. 3. Capture et vente des oiseaux
vivants
Elle est surtout utilisée pour peupler les ranches
privés et les jardins zoologiques. La capture des oiseaux d'ornement est
particulièrement développée en Tanzanie qui est sans doute
le premier exportateur africain, mais également au Sénégal
et dans une moindre mesure en Guinée [18] [19] [42].
Au Sénégal, cette activité qui procure des
revenus très importants à de nombreux opérateurs
économiques est prévue de façon détaillée et
explicite par les articles D.6 et D.7 du code de la chasse et de la protection
de faune[63], et aussi par la convention de CITES. (Annexe 3 et4). Ainsi, comme
le souligne GROSMAIRE cité par NIANG [53], cette pratique date d'avant
1952 où la région du nord du Sénégal avait
exportée 278.701 oiseaux en direction de la France, du Danemark, de
l'Italie et des Etats Unis.
Pour l'année 2005, le quota annuel d'exportation
prévu pour 30 espèces concernées, est fixé à
673 000 oiseaux. (Annexe 3)
Cette pratique a donc certainement un impact sur les
populations cibles. On estime ainsi que pour 10 millions d'oiseaux
exportés par le Sénégal (dont la moitié
périra pendant le transport) 20 millions sont capturés [18].
3.3.2.4. La chasse de l'avifaune
3.3.2.4.1. La chasse traditionnelle
Par définition la chasse traditionnelle est une chasse
pratiquée par les populations pour des raisons alimentaires et non le
trophée. Cette chasse pratiquée selon les modalités
réglementaires qui varient d'un pays à l'autre, est aussi
appelée chasse de subsistance ou la chasse coutumière [13] [14].
Outre les caractéristiques des chasseurs, la chasse traditionnelle en
Afrique est caractérisée par l'absence apparente de règles
de chasse car dans la perception traditionnelle le gibier n'est pas « res
nullius » propriété de personne même s'il n'est
généralement pas propriété des hommes « simple
usagers de la propriété des esprits » [18]. Au
Sénégal, cette chasse est toujours d'actualité.
Cependant au plan juridique et institutionnel il n'existe
aucun texte ni aucune structure qui prend en charge cette pratique. Ce vide
juridique et institutionnel fait des chasseurs traditionnels des braconniers et
en tant que tels, ils sont susceptibles de poursuites judiciaires devant les
juridictions répressives pour violation de la législation de la
chasse et de la protection de la faune [51]. Par ailleurs, il existe au
Sénégal une chasse appelée chasse banale qui tend à
se confondre avec cette dernière, et se pratique dans les zones qui
n'ont pas fait l'objet d'amodiation et en dehors des réserves
spéciales de faune, parcs nationaux et forêts classées [66]
[68].
Ce mode de valorisation apporte peu à l'économie
nationale mais elle occupe une place importante dans l'économie locale.
Selon DIOP ,2004[26], la fourniture en protéines animales de bonne
qualité et à faible coût est l'apport essentiel de cette
activité aux populations. Cette chasse a normalement un impact minime
sur l'écosystème [54].
3.3.2.4.2. La chasse touristique
C'est un mode de chasse motivé par la recherche d'un
trophée et le goût du sport mais non par la récolte de la
viande ou le contrôle démographique [13] [41]. C'est une
activité organisée dans les zones cynégétiques
situées le plus souvent à la périphérie des aires
protégées. Cette localisation découle de l'idée que
ces dernières agissent comme des réservoirs dont le trop-plein se
déverse dans les zones de chasse où il est exploité [57]
[63].
C'est en effet une activité coûteuse
réservée aux expatriés ou à des nationaux
aisés puisque, outre l'achat des armes et munitions et les paiements de
diverses prestations de services des guides et des permis de chasse, le
chasseur doit verser une taxe aux services responsables de la gestion de la
chasse.
Selon NIANG [54], les études faites
par la coopération Française, la Banque mondiale (B.M) et l'
Union Européenne (U.E) sur la chasse touristique dans de nombreux pays,
l'ont reconnue comme le mode de valorisation de la faune assurant la
rentabilité la plus rapide et la meilleure. Elle demande moins
d'investissement que le tourisme classique, et procure des revenus
importants et immédiats. Concernant l'avifaune, les
gibiers sont soit les oiseaux locaux : francolins ou perdrix d'Afrique,
pigeons, pintades, tourterelles canards, oies, gangas etc. soit des
espèces migratrices paléarctiques tels que certains
anatidés et les limicoles [51], POMEROY et ABE, 1991 cité par
CORNELIS [18].
3.3.2.4.3. Utilisation de la grenaille de plomb dans la
chasse de l'avifaune
3.3.2.4.3.1. Généralités sur le
Plomb
Le plomb (Pb207,2182) existe dans la nature surtout
à l'état de sulfure de Plomb ( SPb) appelé Galène.
De symbole Pb et de numéro atomique 82 c'est un « polluant
optionnel ». Il est très lourd (d=11,3). Son point de fusion est
relativement élevé (327°C). L'eau oxygénée attaque
légèrement le plomb en donnant des hydroxydes plombeux [Pb (OH)
2] peu solubles dans l'eau mais assez pour la rendre toxique [74] [71].
Le plomb est une substance métallique extrêmement
toxique dont tous les effets physiologiques sont négatifs [7]. Selon
BINTEMA [9], le plomb empêche la production d'hémoglobine,
protéine sanguine responsable du transport de l'oxygène ; il peut
par conséquent entraîner une grave anémie mortelle. De
plus, le plomb peut affecter les systèmes nerveux et circulatoires, le
foie et le rein. Pourtant, les chasseurs de gibiers d'eau et les autres
chasseurs continuent de l'utiliser comme munition des fusils de chasse.
3.3.2.4.3.2. Toxicité du plomb pour les oiseaux :
le saturnisme
Chaque cartouche de fusil à plomb utilisée pour
chasser le canard et l'oie contient environs 280 plombs pesant au total entre
30-35 grammes. Un chasseur tire en moyenne 5-6 cartouches pour chaque oiseau
atteint, et seul un petit nombre de plombs atteint réellement l'oiseau.
Le reste retombe sur le sol ou dans l'eau [7]. Selon BEINTEMA
[8], au Canada par exemple, avant l'interdiction de la grenaille de plomb en
1991, la quantité de plomb déposée dans la nature
dépassait 2.000 tonnes par an. En France et en Espagne, ces chiffres
sont actuellement respectivement de 6.250 et 5.000 tonnes par an, soit 2
à 5 kilogrammes de plomb par chasseur et par an [83]. Or il faut
plusieurs dizaines d'années voire plusieurs siècles pour que ces
plombs se dissolvent dans l'eau. En outre, les sols des zones humides sont
souvent trop durs pour que les plombs disparaissent dans les sédiments.
Par conséquent, une grande majorité des grenailles de plomb
dispersées dans la nature restent en contact avec les oiseaux d'eau
pendant une très longue durée [46]. En 1894, le
naturaliste américain GRINELL cité par BAZ [7], a constaté
que les oiseaux d'eau pouvaient souffrir d'une grave intoxication saturnine par
suite d'ingestion de plomb. Selon ZOUN et KENNTNER [83], ces oiseaux picorent
délibérément sur le sol et avalent
les grains de plomb qu'ils confondent avec les aliments ou les
petits graviers et grains de sables destinés à faciliter le
broyage des aliments dans le gésier. En France, la fréquence de
cette ingestion au cours d'une seule saison est estimée entre 5 et 20
pour100 [7]. Une fois ingérés, certains plombs
sont évacués dans les intestins, mais nombreux sont ceux qui
restent dans le gésier et s'y dissolvent rapidement suite aux effets des
sucs gastriques acides combinés aux mouvements de broyage des aliments.
Le plomb ionique franchit alors la paroi intestinale et affecte le
système circulatoire, le système nerveux, le foie et les
reins.
Les oiseaux qui ingèrent 10 grains de plomb ou plus
mouront en quelques jours de saturnisme aiguë, en cas d'ingestion de 2
à 10 grains certains oiseaux pourront survivre mais d'autres
présenteront des symptômes de saturnisme chronique avec des
manifestions d'ailes tombantes, d'excréments aqueux et verdâtres,
de perte de poids, de comportement atypique , et mouront dans les deux ou trois
semaines qui suivent. Un oiseau n'ayant ingéré qu'un seul grain
de plomb, survivra généralement mais son système
immunitaire et sa fertilité seront affectés, car même une
faible plombémie gêne le stockage de l'énergie ce qui est
particulièrement problématique pour les oiseaux d'eau migrateurs.
Ces oiseaux ont l'habitude de se retirer dans les fourrées pour mourir
en toute tranquillité ; les chasseurs ont peu de chances de les trouver
en terrain découvert, car ils sont rapidement enlevés par les
prédateurs ou des charognards [8].
3.3.2.4.3.3. Toxicité du plomb pour les
humains
Les grains de plomb de chasse contenus dans la chair des
oiseaux, sont d'un moindre danger pour les humains. Comme nous ne
possédons pas un estomac musculaire, ces grains peuvent parcourir notre
système digestif sans avoir le temps de s'y dissoudre. Toutefois, si un
grand nombre de grains de plomb est retenu dans l'appendice, il peut conduire
à un saturnisme, même si chez certains patients l'appendice peut
contenir jusqu'à plus de 200 grains de plomb [83].
D'après BEINTEMA [9], c'est
plutôt la consommation de la chair d'oiseaux atteints de saturnisme qui
pourrait conduire à une intoxication par le plomb chez l'homme car en
moyenne 15 p.100 des oiseaux tués ont une plombémie
généralement supérieure aux normes sanitaires
acceptées (0,5 milligrammes de plomb par kilogramme de viande). Dans
certains échantillons d'enquête cette plombémie est 1500
fois supérieure.
Selon NIANG [55], le plomb est le seul élément
non essentiel qui, introduit dans l'organisme, n'a point de rôle
physiologique mais une série d'effets néfastes voire
délétères par perturbation des processus physiologiques.
Il se lie sur le groupement thiol des protéines et agit comme un poison
des enzymes, inhibant ainsi divers organes et systèmes enzymatiques,
d'où la diversité de ses effets. Parmi ceux-ci on peut citer :
* Les effets sur la synthèse de l'hémoglobine :
dès que le taux sanguin de plomb atteint 15 microgrammes par 100
millilitres, il inhibe plusieurs enzymes nécessaires à la
synthèse de l'hème et de l'hémoglobine [5] [6].
* Les effets sur les globules rouges : A leur niveau, le plomb
inhibe l'activité de la gluthation réductase (GR) ce qui
entraîne une diminution de gluthation réduit dans les
érythrocytes et une diminution de défense cellulaire contre le
stress oxydatif [81]. Il entraîne également une inhibition de
l'ATPase Na/K membranaire ce qui provoque une lyse cellulaire. Ce
phénomène permet de classer l'anémie saturnine parmi les
anémies hémolytiques [5] [55].
* Les effets sur les oxydations cellulaires :
l'activité pro-oxydante du plomb mise en évidence sur les
fibroblastes humains, a montré les effets cytotoxiques a des
concentrations très élevées [71] .
* Les effets au niveau du système nerveux : au niveau
du système nerveux central, le plomb altère l'homéostasie
calcique et interfère sur les processus cellulaires et
moléculaires ayant comme médiateur le calcium au niveau
membranaire et cytoplasmique. Il inhibe les mécanismes de captation et
de stockage des mitochondries , et interfère avec les neurotransmetteurs
comme la dopamine et la glutamate qui sont impliqués dans la
synaptogenèse, la prolifération cellulaire, mais aussi dans les
mécanismes de mémorisation et d'apprentissage [33] [34] [74] .
* Les effets au niveau des reins : le plomb provoque la
formation de complexes avec les protéines et provoque une fibrose
interstitielle ce qui conduit à une insuffisance rénale avec un
syndrome de FANCONI [55]. Ce syndrome est parfois compliqué de goutte ;
on parle de goutte saturnine [6] [44].
* D'autres effets toxiques du plomb ont été
signalés tel que la parotidite et la pancréatite, l'hypertension
artérielle, la perturbation de la spermatogenèse, la diminution
du volume de l'éjacula chez l'homme, les avortements spontanés
chez la femme, l'inhibition de la production d'ostéocalcine, inhibition
de l'activité des cytochromes P450, etc.
3.4 CONCLUSION PARTIELLE
Cette étude bibliographique nous a permis de rappeler
les généralités sur l'avifaune au Sénégal,
sur les espèces autorisées à la chasse, et sur les
différents moyens de gestion et de valorisation de l'avifaune dans le
monde en général et au Sénégal en particulier. La
pathologie des oiseaux d'eau et surtout celle des canards, mais aussi l'impact
toxicologique du plomb utilisé dans la chasse aviaire tant chez les
oiseaux que chez l'homme ont été présentés.
Dans la seconde partie, nous essayerons de rechercher et de
comprendre le danger que représente le plomb de chasse dans la gestion
des oiseaux d'eau mais également l'importance de l'helminthologie des
canards sauvages.
Deuxième partie :
ETUDE EXPERIMENTALE :
PORTAGE DE GRAINS DE PLOMB ET DES
PARASITES DIGESTIFS CHEZ LES OISEAUX D'EAU CHASSES AU SENEGAL
Le tourisme au Sénégal connaît un
véritable essor. La faune sauvage en général, et
l'avifaune en particulier y occupent une place importante. Or comme l'a dit
BLACOSKLONOV en 1968 « une gestion déraisonnable et totale des
ressources de la nature se solde souvent par des pertes irréparables
».
C'est donc dans l'optique d'une utilisation durable et
rationnelle de ces ressources à travers la chasse aux oiseaux d'eau que
ce travail a été initié. Cette étude qui allie une
enquête de terrain et une recherche de laboratoire a pour buts d'
d'étudier l'impact du plomb de chasse sur la santé des oiseaux
d'eau au Sénégal, c'est-à- dire savoir si ces derniers
ingèrent les grains de plomb sous forme de « grits », mais
également d'étudier la parasitologie digestive de ces oiseaux.
Cette partie est donc consacrée aux recherches que nous
avons menées. Dans un premier temps, nous aborderons le matériel
et les méthodes utilisés. Puis dans un second volet, nous
présenterons les résultats des différentes
méthodes. Enfin le dernier chapitre sera consacré à la
discussion du matériel et des méthodes utilisés ainsi que
des résultats obtenus, ce qui nous permettra de faire des
recommandations.
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