INTRODUCTION GENERALE
I- PROBLEMATIQUE
L'analyse néo-classique considère l'entreprise
comme une « boîte noire » incapable de créer
de la valeur par une organisation stratégique spécifique (F.
Bancel, 1997). La firme doit être traitée comme une organisation
complexe réunion d'individus et de groupe qui a leur identité
propre, leurs intérêts et leurs objectifs personnels. Quoique
remontant à des origines très anciennes, le débat de la
séparation des fonctions de propriété et décision
qui caractérisent les grandes sociétés par action
Américaines, les sociétés
« managériales » la rupture du lien
propriété / Direction entraîne des conflits entre
actionnaires et dirigeants qui poursuivent d'autres objectifs que le
traditionnel objectif de maximisation de valeur de marché des fondements
propres. Cette relation contractuelle est à l'origine de la
théorie d'Agence (Jensen, Meckling 1976). Elle permet de rendre compte
de la séparation entre propriété / Décision qui se
définie par le pourcentage du capital détenu par les actionnaires
(Djelassi, 1996). Il est considéré comme un indicateur fiable des
diffusions du capital (Demstz et Lehn, 1985). L'identité des
actionnaires principaux joue aussi un rôle important dans
l'efficacité de la concentration du capital comme mode de gestion des
problèmes d'agence (Djelassi, 1996).
L'Entreprise est vue cette fois-ci comme un
« noeud de contrat», (AOKI, GUSTAFFSON, Williamson, 1990),
une structure qui dirige « gouverne » l'action de ses
agents. La question du contrôle et de management reste au centre car
conditionne ses choix stratégiques et ses performances. Il existe ainsi
les liens entre la propriété, le contrôle, la structure
financière et les performances de la firme (short, 1994).
Les débats actuels portent sur l'efficacité des
nombreux systèmes de contrôle qui interviendront entre
actionnaires et dirigeants. Ainsi trois thèses s'affrontent celle de la
convergence d'intérêt (Berle et Means, 1932) et récemment
Jensen et Meckling (1976), de neutralité (Demsetz, 1983) et
l'enracinement (Sheifer and Vishny, 1989).
La nature des conflits qui émergent dépend de
nombreux paramètres, dont la répartition du capital par les
actionnaires, c'est ainsi que Charreaux et Pitol - Belly (1985), Mougue (1987)
distinguent 3 catégories de firmes.
- Les grandes entreprises cotées où aucun
actionnaire ne détient une part significative du capital.
- Les sociétés familiales qui se
caractérisent par le fait que les dirigeants détiennent une part
significative du capital.
- Une entreprise dominée par une autre firme.
Ainsi de nombreuses études empiriques ont
été réalisées afin de tester l'hypothèse
selon laquelle les structures de propriété et de décision
ont une influence sur la performance de la firme.
· La plus part des études conformément
à la thèse de neutralité (Berle et Means, 1932),
concluent à une performance supérieure par les firmes
gérées par leur propriétaire sur la base des
critères comptables (Mougues, 1987).
· Demsetz et Lehn (1985) rejettent toute liaison
entre structure du capital détenu par le dirigeant et la
performance. Mork, Sleifer et Vishny (1988) critique ce dernier, et
ayant recours au Q de Tobin, identifie une relation non linéaire entre
la performance et le pourcentage du capital détenu par le dirigeant.
Dans cette thèse l'effet d'enracinement ou de convergence domine. En
adoptant deux seuils critiques 5% et 25% pour le pourcentage du capital
détenu par le dirigeant, il démontre la non
linéarité entre la structure de propriété et la
performance.
· Holderess et Sheehan (1988) en ayant recours
au Q de Tobin et au Taux de rentabilité comptables des capitaux propres
ne trouvent aucune différence significative de performance entre les
firmes à capital diffus et celle dont le capital est détenu par
un actionnaire majoritaire.
· Djelassi (1996),qui dans les entreprises
françaises cotées établit une relation positive entre la
performance et les entreprises contrôlées à actionnaire
principal détenant entre 0 et 20% du capital et une relation
négative au delà de 20%.
Toutes ces études sont effectuées dans un
environnement disposant des marchés financiers. Dans ce contexte la
structure de propriété notamment la détention du capital
par les dirigeants constituent un mécanisme disciplinaire.
Dans le cas spécifique du Cameroun qui se
particularise par l'absence des indicateurs boursiers et compte tenu de la
théorie existante, il est question pour nous de savoir quelle
est l'incidence de la participation du dirigeant au capital social sur la
performance financière des entreprises camerounaises ? Autrement
dit, le pourcentage du capital détenu par le dirigeant a-t-il une
influence sur la performance des entreprises camerounaises ?
II- OBJECTIFS
L'étude que nous présentons a donc pour ambition
de comprendre l'impact de la participation du dirigeant au capital sur la
performance. Ses principaux objectifs se résument ainsi :
- Vérifier la validité des résultats de
Djelassi dans le contexte camerounais.
- Montrer le lien entre la performance et la structure du
capital détenu par le dirigeant.
- Montrer l'existence des relations d'agences dans les
entreprises ou les dirigeants participent très peu au capital.
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