SECTION 2 : PRESENTATION DES RESULTATS
Dans cette section, il sera d'abord question de
présenter les résultats de la gestion par les structures
respectivement au plan administratif, technique et financier. Ensuite nous
verrons les différents rapports qui existent entre ces structures et les
autres acteurs internes et externes du secteur. Enfin, nous procéderons
à l'exploration du système de motivation des membres de ces
structures et aussi des Exploitants.
Paragraphe1: Résultats
de gestion au plan administratif, technique et financier
Les séances de tête à tête avec les
responsables concernés à divers niveaux surtout avec ceux
impliqués dans la gestion administrative, technique et financier nous
ont permis d'obtenir comme résultats ce qui suit :
1- Au plan administratif
· Les documents administratifs sont très mal tenus
au sein des structures de gestion visitées. Sur un nombre minimum de
huit (08) documents administratifs confiés a chaque structure, nous
avons pu constater que les AUE d'Agbakou et de Banamè utilisent
seulement trois (03) chacune, celle de Kinta un (01) et Massi deux (02).
· Bon nombre des membres des structures interrogés
ont estimé que leurs rôles et tâches ne sont pas souvent
maîtrisés bien qu'ils reçoivent par moment des formations
par rapport à ce module. Cette situation crée parfois de conflits
d'attribution de pouvoir au sein des membres de ces structures de gestion. Ce
type de constat a été fait au niveau de toutes les structures
concernées.
· Toutes les structures étudiées disposent
des textes législatifs réglementaires qui devraient normalement
être leur guide par rapport à la gestion effectuée. Mais
les gestionnaires de ces ouvrages hydrauliques ont souvent du mal à les
appliquer. La principale raison qui milite en faveur de cette non mise en
application de ces textes statutaires est l'existence des relations familiales
qui empêchent l'application effective des sanctions prévues par
les textes statutaires des AUE.
· Bien que ces textes statutaires soient très
difficiles à mettre en application, nous avons pu entendre et même
observer que les décisions sont souvent prises collectivement au sein de
toutes ces structures de gestion et c'est d'ailleurs la force de ces
dernières.
2- Au plan technique
La même technique de recherche que la
précédente nous a permis de constater que la gestion à ce
niveau souffre d'un certain nombre d'insuffisances mais variant d'une structure
à une autre. De toute façon, il a été entendu au
niveau de toutes les structures qu'il n'existe pas un contrat les liant avec un
maintenancier (spécialiste de réparation des équipements
installés) comme les textes statutaires l'auraient recommandé.
Pour ce qui est des autres aspects techniques, nous avons pu entendre
que :
· Les entretiens quotidiens et courants des
équipements de production d'eau se font rarement par les exploitants de
ces structures de gestion. C'est vrai que la fréquence des
différents entretiens varie d'une structure à une autre, mais la
philosophie est que le système de production d'eau ne doit pas
être perturbé tant qu'il est fonctionnel.
· Le stock de pièces de rechanges est très
important pour le bon fonctionnement des équipements de production d'eau
et celui-ci doit pouvoir être l'une des premières
préoccupations des gestionnaires à ce niveau, mais le constat
fait est tout à faire le contraire. Aucune des structures ne dispose
d'un nombre dépassant plus de deux (02) types de pièces de
rechange lors de nos enquêtes. Au niveau de l'AUE d'Agbakou, le nombre de
pièces de rechanges souvent disponible en stock est de deux (02)
types ; pour les AUE de Banamè et Massi c'est souvent un (01) et
pour Kinta, il n'existe même pas de stock de pièces de
rechanges.
3- Au plan financier
La tenue des documents comptables qui pourrait permettre
d'évaluer la transparence au niveau de la gestion financière des
structures n'est pas aussi meilleure que la tenue des documents administratifs.
Nous avons pu constater que ces documents comptables sont très peu tenus
quand nous considérons toutes les structures concernées. Sur un
nombre minimum de dix (10) documents comptables confiés à chaque
structure, nous avons remarqué que seule l'AUE d'Agbakou tenait trois
(03) et les autres restantes deux (02) chacune.
Néanmoins, il existe tous les comptes bancaires
exigés à ces entreprises sociales tant bien même que ces
derniers ne sont pas régulièrement approvisionnés. Le
respect du système de décaissement de fonds au niveau des
institutions bancaires s'observe par la majorité des structures
grâce à la rigueur des institutions bancaires. Ainsi les membres
interrogés pensent que le décaissement des fonds se fait
très bien et conforme aux exigences des textes statutaires de chaque
structure.
Toutefois les cas de détournement s'observent
malgré cette veille de ces gestionnaires locaux au respect de la
procédure de décaissement des fonds des différents comptes
bancaires. Les sommes décaissées ne sont pas parfois
affectées pour ce pourquoi cette opération a été
faite.
Les structures n'ont pas l'aptitude d'élaborer de
budget qui puisse servir de prévisions par rapport à leurs
activités annuelles. L'enquête sur cet aspect a montré
qu'aucune des structures concernées n'a jamais élaboré un
budget prévisionnel depuis qu'elle effectue sa gestion.
Malgré ces dysfonctionnements d'ordre organisationnel
qui, faut-il le préciser, diffèrent d'une structure à une
autre, il existe quand même des relations qui lient ces dernières
aux autres acteurs du secteur.
Paragraphe 2: Rapports des AUE avec les autres acteurs
du secteur
Les AUE entretiennent des relations fructueuses avec les
autres acteurs du secteur.
1- Rapport AUE et AUE
Entre les structures de gestion, les échanges de
pièces, d'expériences, des appuis financiers, de même que
la fourniture d'eau en cas de panne sont les résultats issus des
rapports qui existent entre elles.
2- Rapport AUE et Communautés
Il s'agit ici des rapports souvent conflictuels et de
contrôle. Dans nombre de cas les communautés se réclament
le droit de vérifier la gestion des structures ce qui n'est souvent pas
du goût de ces dernières. Il en résulte des accusations,
à tord ou à raison, de mauvaises gestions, d'incompétence
des AUE.
3- Rapport AUE et Maintenancier
Dans la gestion technique des ouvrages, les AUE sont
amenées à collaborer avec les maintenanciers soit pour la
réparation des pannes, soit pour l'achat de pièces. Le coût
élevé des prestations et la non disponibilité des
maintenanciers sont les reproches formulées par les structures dans
leurs rapports avec ces artisans.
4- Rapport AUE et Fournisseurs des pièces de
rechange
Pour s'approvisionner en pièces de rechanges certaines
structures s'adressent directement aux dépôts. Au nombre des
difficultés évoquées par les AUE dans leur rapport avec
les dépôts, on note : la non disponibilité de
certaines pièces, l'insuffisance des dépôts, les prix
élevés de cession des pièces, le refus de livrer à
crédit.
5- Rapport AUE et CLCAM
Les structures de gestion entretiennent des rapports avec la
CLCAM. Les différents comptes y sont souvent domiciliés. Ainsi,
les opérations de dépôts et de retrait constituent
l'essentiel des rapports qu'entretiennent ces structures de gestion avec la
CLCAM.
6- Rapport AUE et Service de l'Hydraulique
Les AUE reconnaissent entretenir des rapports avec le Service
de l'Hydraulique. C'est grâce à ce dernier que les infrastructures
sont installées, le suivi appui des structures, les autorisations de
retraits de fonds sont rendu possibles.
Cependant, l'irrégularité des suivis appuis
conseils par le Service de l'Hydraulique est notée par certaines
structures. Cette situation est expliquée par l'inexistence de fond
spécial pour ce type d'activité.
7- Rapport AUE et Autorités communales
Avec la décentralisation, on note la volonté des
autorités communales à cerner la gestion effectuée par ces
structures et de les faire participer la mobilisation des ressources
communales. Cette volonté affichée des autorités rencontre
des réticences de la part des structures de gestion. Celles-ci ne
comprennent pas la motivation réelle de cette démarche des
autorités communales. Car estiment-elles, les mairies n'ayant pas
contribué à la mobilisation de la contre partie lors de la
réalisation de l'ouvrage, elles ne devraient donc pas prétendre
contrôler la gestion ni prélever des taxes.
Paragraphe3: Etude du
système de motivation des membres du CD -AUE et des
Exploitants
Les activités des membres des AUE ne sont pas
rémunérées. Toutefois les membres ont droit à des
frais de fonctionnement obligatoire, des formations permanentes, des
indemnités ou des primes périodiques. Il existe aussi une
ambiance de travail au sein des membres des différentes structures ce
qui leur permet d'assurer plus ou moins la mission qui leur a été
confiée.
En ce qui concerne les Exploitants, rappelons qu'ils sont des
salariés des AUE et c'est donc eux qui mettent en application les
décisions prises au sein des structures. Par rapport à ce fait,
ils doivent jouir de très bonnes conditions avant que l'on puisse
attendre d'eux de résultats satisfaisants.
Il est question dans cette partie du document, de faire non
seulement l'étude du système de motivation des membres des
structures mais aussi de celle des Exploitants afin d'arriver à procurer
des suggestions objectives. Les résultats de terrain se
présentent comme suit :
Tableau 1 : Système de
motivation des membres des CD-AUE
|
Membres des CD-AUE
|
|
Agbakou
|
Banamè
|
Kinta
|
Massi
|
Critères
|
NOTE
|
Formation/Recyclage
|
4e
|
3e
|
4e
|
4e
|
Indemnités
|
3e
|
4e
|
3e
|
3e
|
Considération
|
2e
|
2e
|
2e
|
2e
|
Solidarité
|
1e
|
1e
|
1e
|
1e
|
Source : Enquête de terrain,
février 2007
NB : les notes représentent des rangs. Par rapport
à chaque critère, des priorisations ont été
dévoilées selon comment les membres de ces structures sont
actuellement motivés.
Les résultats obtenus de cette étude montrent
que la solidarité au sein des membres de ces structures de gestion est
au premier rang de leur existence. Quant au critère
« considération », nous avons remarqué
qu'elle occupe le deuxième rang au niveau de toutes les structures de
gestion. Cette position voudrait signifier que malgré tout, on porte une
quelconque attention aux membres de ces structures. Mais les formations ou les
recyclages des membres de ces entreprises sociales font un peu défaut.
Plus de la moitié des membres questionnés ont mis au
quatrième rang ce critère de motivation. Par rapport aux
indemnités, la majorité des membres estiment que c'est encore
mieux comparativement au critère formation. De toute façon ces
appréciations différent d'une structure à une autre.
La même étude a été aussi faite au
niveau des Exploitants parce qu'étant les véritables
gestionnaires quotidiens de ces ouvrages hydrauliques. Ainsi, ils doivent
être très dynamique au travail. Ce dynamisme fait appel forcement
à la mise en place d'une conditionnalité souhaitable de travail.
Le tableau suivant qui présente un certain nombre de critères et
la note accordée par chaque Exploitant rencontré nous permettra
de faire une analyse du système de motivation de ces employés des
AUE.
Tableau 2 : Système de
motivation des Exploitants
|
Exploitant
|
|
Agbakou
|
Banamè
|
Kinta
|
Massi
|
Critères
|
NOTE
|
formation
|
3e
|
3e
|
2e
|
3e
|
Rémunération
|
1e
|
2e
|
3e
|
1e
|
Suivi régulier
|
2e
|
1e
|
1e
|
2e
|
Sécurité
|
4e
|
4e
|
4e
|
4e
|
Source : Enquête de terrain,
février 2007
Tous les quatre Exploitants rencontrés estiment qu'ils
sont en sécurité dans leur cadre de travail. Pour eux, la
sécurité au travail n'est pas un besoin beaucoup pressant. Les
Exploitants de l'AUE-Agbakou et de l'AUE-Massi pensent qu'il faut d'abord
revoir leur salaire à la hausse, ensuite les suivre
régulièrement dans l'exécution de leurs activités
puis enfin leur organiser des formations périodiques avant qu'ils soient
plus dynamiques au travail. Ceux de Banamè et de Kinta estiment que des
suivis réguliers doivent d'abord être organisés à
leur endroit puis ensuite par rapport aux critères
« formation » et
« rémunération », l'Exploitant de
Banamè les classe respectivement en 3ème et
2ème rang tandis que celui de Kinta les range respectivement
en 2ème et 3ème. Pour eux, lorsque ces
conditions seraient réunies, ils seront plus dynamiques au travail.
Paragraphe4: Opinions des consommateurs par
rapport à la gestion faite par les structures
installées
Une enquête par sondage a été faite sur
les consommateurs d'eau dans toutes les zones concernées. Des opinions
ont été recueillies conformément aux questionnaires
élaborés et adressés aux deux cent (200) consommateurs
ciblés à raison de cinquante (50) par arrondissement. Le tableau
suivant donne les résultats obtenus :
Tableau 3 : Appréciations
des consommateurs d'eau par rapport à certains aspects de la gestion
faite par les structures.
Opinions par rapport
|
Les consommateurs d'eau ciblés
|
Agbakou
|
Banamè
|
Kinta
|
Massi
|
Pourcent* (%)
|
Bon*
|
Mau*
|
Bon*
|
Mau*
|
Bon*
|
Mau*
|
Bon*
|
Mau*
|
Bon*
|
Mau*
|
Service fournir par les AUE
|
24
|
26
|
14
|
36
|
18
|
32
|
31
|
19
|
43.5
|
56.5
|
Gestion technique des AUE
|
27
|
23
|
17
|
33
|
29
|
21
|
23
|
27
|
48
|
52
|
Gestion financière des AUE
|
22
|
28
|
17
|
33
|
15
|
35
|
21
|
29
|
37.5
|
62.5
|
Travail de l'organe de contrôle
|
16
|
34
|
12
|
38
|
06
|
34
|
17
|
33
|
25.5
|
74.5
|
Techniques managériales des AUE
|
07
|
43
|
11
|
39
|
04
|
46
|
09
|
41
|
15.5
|
84.5
|
Source : Enquête de terrain,
février 2007
Bon* : bonne
Mauv* : mauvaise
Pourcent* : pourcentage
1 - Le niveau de service du point de vue des
consommateurs
Sur l'ensemble des consommateurs ciblés, 56.5% pensent
que le service de fourniture d'eau effectué par les structures de
gestion est mauvais. En effet, sur cette préoccupation, il faut signaler
que les réponses varient d'un arrondissement à un autre. Ce qui
est tout de même évident dans chaque cas, tous les consommateurs
ont fustigé le niveau de service fournit par les différentes
structures de gestion. Le tableau 3 donne assez de précision sur cet
aspect de la question au niveau de chacun des arrondissements.
2 -La gestion technique des AUE du point de vue des
consommateurs
Pour ce qui est de la gestion technique au vue des
consommateurs, 48% ont estimé que c'est bien sur les 200
interrogés. Ainsi à Agbakou, Banamè, Kinta et Massi
respectivement 27 ; 17 ; 29 et 23 sur les 50 individus dans chaque
arrondissement ont témoigné que cette gestion technique dont
bénéficient les équipements par le biais des structures de
gestion semble être bonne. Ces résultats peuvent nous permettre de
constater que la gestion technique de ces équipements dans ces
différentes localités souffre encore d'un certain nombre de maux
qu'il y va falloir remédier.
3 - La gestion financière des AUE du point de vue
des consommateurs
Les consommateurs dans ces différents arrondissements
n'apprécient pas bien la gestion financière mise en place par ces
structures de gestion. En effet, 62.5% sur l'ensemble des 200 individus
interrogés n'ont pas caché leurs impressions par rapport à
la gestion faite des ressources financières au sein des
différentes structures. Il est important de signaler que les opinions
recueillies varient d'une localité à une autre et suivant
l'organisation de la communauté comme l'indique le tableau 3.
4 - Le travail des Organes de Contrôles du point de
vue des consommateurs
Pour la grande majorité des consommateurs, les organes
de contrôles installés pour suivre la gestion faite par les
structures ne jouent vraiment pas leurs rôles. 74.5% des consommateurs
interviewés ont répondu que leur travail est mauvais. Le tableau
3 donne une large information par rapport aux opinions de ceux-ci dans les
localités objet de l'étude.
5 - Les techniques managériales des AUE du point de
vue des consommateurs
Les structures de gestion utilisent des techniques
managériales qui ne riment pas avec les attentes des consommateurs. La
question posée aux consommateurs ciblés à ce propos est de
savoir comment ils aperçoivent de façon globale l'organisation
des structures de gestion. Après traitement des données, on
compte que 84.5% des interrogés ont estimé que les techniques
managériales que développent ces gestionnaires locaux sont
mauvaises. Le tableau 3 donne une répartition des points de vue des 50
consommateurs ciblés dans chaque arrondissement.
Ces différents résultats obtenus ont
été analysés dans leur ensemble et cela nous a permis de
confirmer ou d'infirmer nos hypothèses de recherche
énoncées dans ce document. C'est d'ailleurs l'objet de la
prochaine section de ce chapitre.
SECTION3: ANALYSE CRITIQUE DES RESULTATS ET
VERIFICATION DES HYPOTHESES
Après une analyse des résultats, nous
vérifierons nos hypothèses de travail énoncées
ci-dessus.
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