Le management des associations des usagers d'eau (AUE) dans le cadre de l'hydraulique villageoise au Bénin: cas de quatre AUE dans le departement du Zou( Télécharger le fichier original )par Didier OGORONON Universitté de Parakou - Maitrise en Sciences de Gestion 2007 |
CHAPITRE I : APPROCHES CONCEPTUELLES ETMETHODOLOGIE DE L'EtudeLe présent chapitre traitera de trois points essentiels. Nous aborderons d'abord l'approche conceptuelle qui précisera la problématique, l'intérêt de l'étude, la formulation des objectifs et des hypothèses de même que la revue de littérature. Ensuite, il sera présenté le cadre de l'étude et pour enfin finir, nous énoncerons la méthodologie de la recherche. SECTION1 : APPROCHE CONCEPTUELLEAprès avoir énoncé la problématique et l'intérêt de l'étude, les objectifs et hypothèses de travail seront formulés et enfin suivra la revue de littérature. Paragraphe 1 : Problématique et intérêt de l'étudeCe paragraphe met en relief la problématique et l'intérêt que vise cette étude qui porte sur le management des structures de gestion des ouvrages hydrauliques. 1- Problématique L'eau potable constitue un bien très essentiel à l'existence humaine. N'a ton pas dit que « l'eau, c'est la vie ». Mais l'accès à cette ressource pose encore d'énormes difficultés dans plusieurs régions du monde. En effet, un milliard quatre cent millions environ d'êtres humains dans le monde, n'avaient toujours pas accès à l'eau potable en 2003 et parmi eux, 450 millions se situaient en Afrique (Gauthier, 2004). Alors qu'environ 85% de la population urbaine en Afrique ont de l'eau potable, 55% de la population rurale n'y ont toujours pas accès (Enterprise Works World Wide, 2003). D'une manière générale, on note que la situation environnementale en milieu rural est préoccupante au même titre que celle du milieu urbain. En République du Bénin comme dans beaucoup d'autres pays en voie de développement, la population rurale est estimée à près de 80% de la population totale. Cette population rurale est souvent exposée à des maladies liées à un mauvais approvisionnement en eau potable. C'est ce que confirment Briand et Lemaître en 2004 en pensant qu'il existe un lien direct entre le manque d'accès à l'eau potable et toutes sortes de maladies dont sont victimes les populations pauvres dans le monde, en particulier dans les pays en voie de développement. Les effets néfastes des difficultés d'accès à l'eau potable sur la santé et l'hygiène, constituent aussi un facteur prépondérant dans le cercle vicieux de la pauvreté. Par ailleurs, les femmes des villages passent des heures pour aller, à pieds, chercher l'eau encore non potable mais nécessaire à la « survie » de leur famille. Ces heures pourraient autrement être consacrées à des soins accrus aux enfants, à la culture et à d'autres activités productives de grandes utilités. Conscientes de la contribution très importante de la population rurale au développement socio-économique de la Nation, les autorités politico- administratives de notre pays ont pris à coeur les problèmes du monde rural. Dans ce cadre, l'État béninois consent depuis des décennies des efforts louables pour mettre en oeuvre une politique nationale d'hydraulique villageoise qui puisse assurer l'approvisionnement en eau potable des communautés. Des structures et moyens ont été mis en place pour atteindre les différents objectifs fixés. Ces efforts ont permis au Bénin de réaliser « 11950 points d'eau dont 11775 forages équipés de pompes à motricité humaine et 175 équipés de pompes motorisées entre 1970 et fin de l'année 2004 à travers le pays pour assurer le minimum des besoins en eau à au moins 39% de la population nécessiteuse »3(*). Durant ces plusieurs décennies, la gestion des ouvrages est faite directement par les bénéficiaires dans le souci de les impliquer dans le système afin que les objectifs fixés soient mieux atteints. Mais malgré ce taux de desserte un peu faible, les statistiques à fin Décembre 2004, montrent que le taux de panne est de l'ordre de 17% ce qui, relativement, paraît important (même source que la précédente). Pour ce qui est du reste des ouvrages fonctionnels, une mauvaise gestion de la distribution de l'eau s'observe quotidiennement si bien que les consommateurs ne cessent de se lamenter parce qu'ils font souvent de très longue distances avant de se procurer une bassine d'eau. Aussi les plaintes de ces usagers ne cessent de s'agrandir en ce qui concerne la qualité de l'eau distribuée et la transparence des prix pratiqués. Cette situation nous amène sans beaucoup réfléchir à penser qu'il se pose des problèmes de gestion au niveau de ces Associations des Usagers d'Eau. A ce propos, un certain nombre de questions méritent d'être posé : - Ne disposent-elles pas d'une bonne organisation du point de vue fonctionnement pouvant leur permettre d'atteindre les objectifs fixés ? - Ces structures subissent-elles des influences négatives de la part des autres acteurs du secteur ? - Comment sont traités les membres de ces organisations ? Dans l'idée que la mise en place d'une structure bien organisée et fortement motivée pourra assurer un meilleur service public de l'eau aux consommateurs et permettre une efficacité de la gestion des ouvrages hydrauliques, nous avons retenu le thème ci-dessus mentionné comme sujet de nos travaux de recherche. Il s'agira pour nous de faire un état des lieux du management développé par ces structures de gestion des ouvrages hydrauliques, d'identifier et de proposer des modes de gestion plus efficace à court, à moyen et à long terme dans le contexte de la décentralisation actuellement en vogue dans le pays. 2- Intérêt de l'étude Pendant longtemps, les services chargés de la fourniture d'eau potable sont restés en zones urbaines, sous le régime de la propriété publique alors qu'en zones rurales des pays en développement, cette ressource est restée en accès libre, même lorsque des investissements publics sont réalisés dans des aménagements spécifiques, pour la rendre accessible. Avec la mise en oeuvre des politiques de libéralisation économique depuis la fin des années 1980, notamment dans les pays du Sud, plusieurs Etats ont fait passer les services d'accès à l'eau potable en zones urbaines, du régime de propriété publique à celui de propriété semi-publique ou privée. Dans les zones rurales des pays concernés, le service d'accès à l'eau potable est enraciné dans nombre de cas, dans un régime de propriété commune. C'est le cas, en particulier, dans plusieurs localités rurales du Bénin, où des équipements collectifs de fourniture d'eau potable sont de plus en plus mis en place, dans le cadre d'une démarche participative venant des populations villageoises, avec l'aide de l'Etat et des organismes d'appui (ONG, bailleurs de fonds,...). La fourniture d'eau potable en zone rurale béninoise fait alors l'objet d'une gouvernance qui s'inscrit dans une perspective de développement durable, rendant les populations rurales propriétaires et gestionnaires des équipements installés. Dans ce cas, il va falloir que ces gestionnaires locaux disposent d'un minimum d'esprit managérial afin de pouvoir faire face efficacement aux défis qui les attendent et donc par ricochet combler les attentes de leurs concitoyens. C'est vu l'importance de ce que représente l'eau potable dans la vie de l'homme d'une part et la lourde responsabilité confiée à ces gestionnaires locaux d'autre part, que nous avons été amenés à faire un diagnostic du management qu'effectuent ces derniers et apporter ainsi notre modeste contribution à l'atteinte des objectifs que vise notre pays le Bénin dans ce secteur. Pour mener à bien notre diagnostic sur le management des AUE, nous nous sommes fixés des objectifs et hypothèses qui nous permettront d'effectuer nos enquêtes non seulement auprès de ces structures mais aussi des consommateurs d'eau dans ces zones d'étude.
* 3 Source : Rapport sur l'OMD au niveau National « Situation de l'approvisionnement en eau potable en milieu rural au 31 Décembre 2004 » (Bénin, 2006) |
|