II.2. Littérature sur le milieu urbain et la sociologie
de la ville
L'analyse de la littérature consacrée à
la ville africaine permet de comprendre la difficulté, à la
définir, tant il est vrai que la définition d'une ville peut
varier d'un contexte à un autre.
Le Gret (1996), dans le portrait de la ville
africaine qu'il dresse, relève que la grande partie de l'habitat est
produite contrairement à toutes les normes d'urbanisation et de
l'habitat, les terrains sur lesquels les constructions sont faites
n'étant pas toujours lotis, encore moins desservis par les services
publics. Ici, les besoins élémentaires des populations ne sont
assurés qu'à un très faible niveau.
Ela (1998) analyse la réalité
urbaine africaine sous plusieurs angles. Milieu jouant essentiellement un
rôle séduisant pour les jeunes avec pour conséquence
l'exode rural massif, la ville est le creuset des problèmes de
chômage, de l'habitat et de transport, etc. Ainsi, il déclare
(1983, 27) : « Dans les quartiers où
la pression urbaine est la plus forte, les gens s'entassent dans le
désordre le plus invraisemblable ; ils colmatent un coin de
marécage avec des moyens de fortune, entaillent un versant pour y poser
une case approximativement horizontale ».
Cette affirmation met en exergue le problème de
logement engendré par l'exode rural massif. Ce problème serait
l'apanage de l'insécurité de l'habitation, de l'enclavement et de
la promiscuité. Il évoque par ailleurs le problème de
pollution par les déchets des ménages, la dégradation
continue du cadre de vie ; et pour faire face à tous ces
problèmes, l'auteur interpelle les pouvoirs publics à prendre la
situation d'amélioration des conditions de vie des populations urbaines
avec plus d'acuité, par une organisation efficiente des
municipalités
Ela (1983) poursuit en pensant que le sens du
phénomène urbain en Afrique reste difficile à
déterminer. La ville en Afrique présente une originalité,
en ce sens qu'elle est en même temps ville et campagne. Il est difficile
dans le contexte de ville africaine d'établir une coupure brutale entre
le « rural » et
« l'urbain » malgré la façade que
présentent les institutions administratives, politiques et culturelles,
les immeubles, la mode, les infrastructures, les activités, etc. A
travers les activités agricoles, pastorales et artisanales qui y sont
exercées, les modes contrastées de construction ou de
répartition des investissements ainsi que
l'hétérogénéité des populations, les
habitudes alimentaires, les regroupements ethniques, la vie associative, on
observe qu'il existe une véritable « vie rurale » au
sein de nos villes : « tout se passe comme si les
agglomérations urbaines étaient en réalité une
succession de gros villages qui entourent la cité
européenne » (Ela 1983, 49). Cette
constatation suffit pour comprendre la ville africaine dans son
originalité.
L'urbanisation, surtout quand elle est rapide, a des
conséquences importantes sur l'architecture des villes. Sous la
poussée de la croissance démographique, la ville grandit soit en
s'étendant sur une surface plus vaste, soit en s'élevant à
travers des immeubles toujours plus hauts. Finalement, la densité
moyenne de la population augmente dans les grandes villes.
D'après Vennetier (1991), le paysage
urbain africain est dominé par les activités du secteur primaire
et du secteur secondaire, plus précisément par l'agriculture.
Ceci est la conséquence de la crise économique, de la baisse
générale du pouvoir d'achat, ainsi que de l'approvisionnement en
vivres. Les activités agricoles en ville sont une réponse au
problème d'emploi, ou alors un palliatif à l'oisiveté et
l'ennui des femmes. A cet effet, il affirme :
« L'agriculture reste pour certaines ménagères un
palliatif à l'ennui d'une vie trop monotone en ville (...). Pour
d'autres, c'est un complément indispensable à la somme
que leur mari est tenu de verser pour les frais de
ménage ».p.162
Pour Guipami (1992), les populations
urbaines fonctionnent de nos jours comme dans les villages. Le calendrier
agricole est ici respecté et les activités agricoles y sont quasi
permanentes. Tout comme au village, elles cultivent pour consommer une partie
de leur récolte et vendre l'autre.
A la suite de toute cette littérature sur la ville
africaine, on retient que cette dernière est une réalité
complexe. Cette complexité la présente avec des survivances de la
campagne en ville à travers ses activités et ses habitants.
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