I.3. stratégie de
l'amélioration du traitement des ordures ménagères
La population de Bertoua est en perpétuelle croissance
du fait que la ville est un lieu de transit non seulement entre la
République centrafricaine et le Cameroun mais aussi entre le Tchad et le
Cameroun. A la lumière des tableaux 23 et 24 il en ressort que 89% des
répondants affirment ne pas être impliqués dans le
processus du traitement des ordures.
La population de Bertoua a différentes approches de
gestion des ordures ménagères ; 82,5% des enquêtés
connaissent une technique de traitement des ordures ménagères;
une majorité (32,1%) pense qu'elles sont destinées à
l'incinération. Certains envisagent l'enfouissement (13,3%) pour boucher
les trous et seulement 7,5% ont évoqué le compostage. Mais les
maraîchers connaissent bien l'utilité agronomique des ordures
ménagères ; ils savent que les ordures ménagères
peuvent être transformées en compost et terreau ; seulement une
bonne tranche des enquêtés ne savent rien du devenir de ces
ordures.
A la question de savoir si les populations étaient
impliquées dans le processus de traitement des ordures, il ressort que
89% des répondants ne participent pas à cette activité.
Cela signifie que la pratique du compostage ne saurait se développer si
les populations sont en marge du processus. Afin de vulgariser la pratique du
compostage et d'inciter les populations à prendre part aux
activités de traitement des ordures, 30,6% envisagent la vulgarisation
de la technique auprès des ménages à travers des campagnes
d'information et de sensibilisation
A ce sujet, des propositions ont été faites par
les maraîchers pour favoriser l'utilisation des composts dans leurs
exploitations. Les maraîchers suggèrent l'attribution du
rôle de composteur à d'autres groupes spécialisés,
qui bénéficieront des prêts remboursables. Aussi, certains
proposent une subvention directe du prix de vente des composts ; leur souhait
est que le compost soit moins cher que les engrais chimiques.
II. Vérification des
hypothèses
Pour qu'une hypothèse soit
confirmée, il faut qu'elle obtienne un pourcentage d'au moins 51% de
réponses favorables. Le cas échéant, elle se trouvera
infirmée. De même l'hypothèse générale ne
sera infirmée ou confirmée que si deux des trois
hypothèses sont vérifiées. Notre recherche présente
trois hypothèses secondaires.
II.1 Vérification hypothèse
N°1
H.S. 1 :
La gestion des ordures ménagères dans
la ville de Bertoua est insuffisante en raison de la quasi absence des
connaissances en la matière par les populations et ce, malgré la
multitude des intervenants.
La gestion des ordures ménagères dépend
de quelques variables telles la distance et la disponibilité des bacs
à ordures, le lieu de rejet, les responsables chargés de
l'évacuation, de la connaissance et la pratique du traitement des
ordures etc. Les populations (75,5%) affirment qu'il n'existe pas de bacs
à ordures. Cette absence des bacs semblent être la raison de la
multiplication des tas sauvages des ordures dans les quartiers. Ainsi l'on
observe que 66,1%jettent leurs ordures dans la broussaille et les
décharges sauvages du quartier. Notons également qu'au cours de
notre enquête l'évacuation des ordures est le plus souvent
assurée par les enfants. Cette situation se justifie au regard du
tableau 11 où, 73% des enquêtés affirment que le service de
ramassage de ordures est inexistant voir occasionnel. Les parents
préfèrent laisser l'évacuation aux enfants parce qu'ils la
font sans gêne.
L'entretien avec le
délégué départemental du MINDUH, nous a permis de
noter que le flou institutionnel n'est pas de nature à rendre
aisée la gestion des ordures dans nos villes. Car il y a ici une absence
de frontières nettes dans l'exercice des responsabilités des
différents intervenants. Ces imprécisions sont source
d'incompréhension, de lutte d'influence et de contre performance. Les
méthodes actuelles de gestion n'ont pas une réelle
intégration de la participation des populations. Ceci est lié
à une information, sensibilisation et éducation insuffisantes au
niveau des communautés. Cet état de chose amène les
populations à utiliser les méthodes comme la mise à feu et
le développement sauvage et illégal dans les quartiers.
Toutefois, le cadre
législatif et réglementaire régissant les rapports entre
l'Etat et les municipalités, il ressort que plusieurs
départements ministériels sont impliqués dans la gestion
des ordures ménagères. Cela peut se justifier par le fait que la
gestion des ordures englobe un nombre important de disciplines et des
techniques d'où la nécessité d'associer plusieurs
intervenants. Mais la disparité des intervenants et le chevauchement de
certaines compétences sont source de conflit de compétence et
d'abandon de certaines tâches. Toutes ces situations fragilisent
l'organisation du traitement des ordures, car les limites et les
responsabilités ne sont pas clairement définies entraînant
une inefficacité des actions à mener. Au regard du contexte
juridique, les populations premières pourvoyeuses des déchets
jouent un rôle insignifiant dans le traitement des ordures. Ceci peut se
vérifier à un double niveau :
v d'une part à travers la
contribution financière qui est faible notamment à l'analyse de
l'assiette de la Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères
(TEOM) ;
v d'autre part, par la faible
implication physique des ménages parce que l'Etat et les
municipalités doivent tout faire.
Au terme de cette
présentation, il se dégage un certain nombre de problèmes
tant du point de vue financier que de l'organisation des structures qui sont
appelées à intervenir dans la gestion des ordures. Les ressources
financières destinées aux problèmes des ordures
ménagères dans la ville de Bertoua sont insuffisantes. Puisque la
TEOM est mal recouvrée et l'assiette n'est pas à la hauteur des
besoins. Face à ces problèmes organisationnels et financiers, on
pourrait parler d'une insuffisance de la gestion des ordures. Ceci explique
pourquoi la ville de Bertoua ressemble à une ville abandonnée
où les tas d'immondices se trouvent partout, les populations vivent sur
leurs propres rejets. Les dépôts d'ordures s'entassent des
semaines voire des mois durant et entraînent une prolifération des
agents pathogènes, des vecteurs des maladies, des odeurs
nauséabondes et pollution pouvant participer à la
dégradation de l'environnement.
Aussi, l'on observe le rôle marginal des ménages.
Au regard du contexte juridique, les populations pourvoyeuses des ordures
ménagères jouent un rôle insignifiant dans la gestion des
ordures. Ceci se vérifie du fait de la faible implication (24%) physique
des ménages dans les actions d'hygiène et salubrité. La
filière des déchets est marquée par une
multiplicité des acteurs sans coordination des différentes
actions : Quand il y a un problème, chacun rejette la
responsabilité sur les autres.
De ce qui précède,
et en prenant en compte l'ensemble des pourcentages favorables à
l'hypothèse de recherche, nous pouvons donc répondre par
l'affirmative que la gestion des ordures dans la ville de Bertoua est
insuffisante. Ceci grâce à un pourcentage de près de 71%.
III.2 Vérification hypothèse
N°2
- HS2 : L'utilisation des
ordures ménagères récupérées et
recyclées (le compost) dans les exploitations agricoles est une source
de richesse contribuant non seulement à sécuriser l'alimentation
des populations urbaines à travers la fertilisation des sols, mais aussi
à améliorer la productivité des cultures ;
Les résultats de l'enquête ont montré que
69,5% des répondants pratiquent de l'agriculture en milieu urbain.
Ainsi, les populations utilisent les produits cultivés sont les
tubercules (27%), les légumes (25,2%) et les céréales
(24,8%). Les terres étant devenues peu fertiles, les populations
utilisent des engrais organiques (47,5%) en grande quantité au
détriment des engrais chimiques. Cette situation s'explique du fait que
les coûts des engrais chimiques ont augmenté depuis ces
dernières décennies. La fumure (46,5%), les excréments des
animaux (15%) et le compost (13,9%) sont utilisés dans la fertilisation
des sols de par les vertus qu'ils possèdent.
A l'issue des entretiens, la totalité des responsables
(98%) ont montré l'importance de l'utilisation agronomique du compost.
Cet engrais organique participe à l'amélioration de la
productivité, à la bonne qualité des produits issus d'un
sol enrichi. Les agriculteurs rencontrés ont précisé que
les engrais organiques sont de bons produits et de préférence
utilisés dans le maraîchage. A la question de savoir quels sont
les avantages agronomiques du compost ? Les responsables de la
délégation départementale du MINADER ont
précisé que :
o Il favorise la croissance des végétaux et des
racines : il a été démontré que les
végétaux plantés dans un milieu de croissance contenant du
compost sont plus forts et ont un meilleur rendement. Le compost ajoute non
seulement de la matière organique au sol mais aussi des
oligo-éléments tels que le fer, le manganèse, le cuivre,
le zinc et le bore, nécessaires à la croissance des
végétaux.
o Il améliore le rythme de diffusion des nutriments :
les éléments nutritifs ne sont libérés que lorsque
la plante en a besoin : plus vite quand le temps est chaud et humide, plus
lentement quand il fait froid. Le compost rend au sol ses nutriments,
prolongeant ainsi leur présence dans le sol pour nourrir les
végétaux pendant une longue période de temps. L'ajout de
fertilisants au sol prévient aussi la perte de fertilisants par
ruissellement dans les eaux de surface.
o Il améliore la porosité du sol :
l'activité microbienne est essentielle à la fertilité du
sol. Les micro-organismes décomposent les matières organiques
pour rendre les nutriments contenus dans ces matières accessibles aux
végétaux. Les sols compacts ne laissent pas l'eau et l'air
pénétrer la surface du sol. Le compost étant
composé de particules de tailles différentes, il offre une
structure poreuse qui améliore la porosité du sol.
o Il améliore la capacité de rétention
d'eau : la matière organique contenue dans le compost peut absorber
l'eau, améliorant ainsi la capacité de rétention d'eau du
sol. Le sol est alors en mesure d'absorber de l'eau lorsqu'il pleut ou pendant
les arrosages et de la retenir pour que les végétaux puisent
accumuler des réserves entre les pluies et les arrosages.
o Il accroît la résistance à
l'érosion par le vent et l'eau : l'ajout de compost prévient
l'érosion par l'eau et le vent en rendant l'eau et les nutriments plus
accessibles aux végétaux, ce qui leur permet de croître
plus rapidement et plus forts dans les endroits propices à
l'érosion. Il favorise la limitation de maladies chez les
végétaux : la recherche a démontré que certains
composts réduisaient l'incidence de certaines maladies chez les
végétaux.
Selon les avis recueillis, l'utilisation des ordures
ménagères récupérées et recyclées
dans les exploitations agricoles est pleine d'opportunités allant de la
contribution à la sécurité alimentaire des populations
urbaines à l'amélioration de la productivité des cultures
et de la santé publique. En somme, l'exploitation de toutes ces
données de l'enquête permet de dire que l'hypothèse est
vérifiée. Etant donné que celle-ci a été
confirmée à plus 80% par les enquêtés.
III.3 Vérification hypothèse
N°3
H.S. 3 :
La participation des populations à la pratique du
compostage est le moyen de traitement des ordures ménagères
compatible au développement de l'agriculture urbaine et
périurbaine.
Les résultats de nos investigations affirment que le
manque de participation (89%) de la population a un sérieux impact sur
la vulgarisation de la pratique du compostage aux fins de développement
de l'agriculture. L'enquête effectuée sur le terrain
révèle que la technologie du compostage est relativement simple,
peu coûteuse et qu'elle exige une main d'oeuvre abondante. Les
populations peuvent facilement s'approprier cette technologie car elle
correspond à la culture technologique modeste des populations locales,
à leur niveau de revenus. Par conséquent, 27,8% des
répondants disent que la population doit être informée,
éduquée et sensibilisée de plusieurs manières, car
de nombreux citoyens polluent leur propre milieu et l'ensemble de
l'environnement par ignorance et par manque d'éducation et de
sensibilisation aux méfaits de la malpropreté et de
l'insalubrité. Afin que le traitement des ordures
ménagères implique une bonne partie de la population il faut
mettre à la disposition des populations une pratique ou un moyen de
traitement des ordures compatible avec le développement de
l'agriculture. La pratique du compostage permet de diminuer le volume de
déchets devant être évacués. La pratique du
compostage peut contribuer à l'application des méthodes
culturales propres à protéger l'environnement, la conservation
des sols, qui dégraderait sa fertilité et l'augmentation de la
production agricole. Le compostage permet le retour de la matière
organique dans le sol lorsqu'on l'utilise comme amendement organique des sols
agricoles ou urbains. Les éléments dégradés,
simplifiés peuvent alors entrer à nouveau dans le cycle de la
matière et notamment être réutilisés par les
plantes. Afin de participer au processus de prise en charge en accroissant la
rentabilité de leur propre production il s'agit, de procéder
à un développement participatif.
Dans un contexte où une tranche de la population est
analphabète, les méthodes et les moyens d'éducation et
d'information doivent être diversifiés et adaptés aux
différentes couches socioprofessionnelles suivant leur niveau
d'instruction. Outre les affiches, les réunions publiques, les
causeries-débats, les conférences, etc., la
télévision, les radios rurales, les journaux doivent être
mis à contribution pour la mise en application et le succès des
mesures destinées à la propreté et à la
salubrité des centres urbains pour le bien-être des habitants.
Cette hypothèse est vérifiée à 59% des
enquêtés.
III.4 Vérification hypothèse
Générale
Au vu des réponses obtenues à partir de nos
questions spécifiques de recherche, nous sommes amené à
penser que la multitude des intervenants, les conflits de compétences et
le manque de coordination des activités de gestion des ordures
ménagères dans la ville de Bertoua n'est pas de nature à
rendre effective la participation des populations au traitement des ordures aux
fins de l'agriculture. Cependant, il a été prouvé que les
produits issus du traitement des ordures offrent de nombres opportunités
à l'agriculture. Le compost est une source de richesse car elle
contribue à la sécurité alimentaire des populations
urbaines en améliorant la productivité des cultures et la
santé publique. Aussi, penser à une nouvelle stratégie de
traitement des ordures aux fins de développement de l'agriculture passe
par la participation des populations aux activités de valorisation et de
compostage des ordures.
Au regard des résultats de notre enquête, il
ressort que la prise en compte des populations dans la gestion des ordures
rendrait la ville plus plaisante et le compost issu du traitement des ordures
faciliterait le développement de l'agriculture urbaine et
périurbaine. L'hypothèse principale est donc
vérifiée, les hypothèses secondaires ayant
été confirmées. En termes de pourcentage, cette
hypothèse rencontre 70% de réponses favorables contre 30%.
|