Retour sur la migration à Lima
Ces conflits liés à la propriété
communale (dans les Andes) se retrouvent aussi dans quelques situations de
discordes liées aux terres de Lima.
A la Vizcachera, le système des terres communales dit
« inaliénables » (rurales mais côtières, ce qui
est différent) a engendré un conflit aux mesures
disproportionnées. Les autres quartiers qui rencontrent cette même
rivalité sur le statut d'occupation des sols, sont confrontés
à une situation analogue
Il serait également intéressant de mettre
en lien le rapport à la terre des paysans avec cette conquête de
la propriété que l'on constate dans la migration.
Les migrants attachent donc une réelle importance au
statut d'occupation du sol, en d'autres termes à la
propriété. Cela se joue à un double niveau.
Individuel, avoir son terrain et sa maison à soi
revêt un caractère fondamental chez eux. Communal :
lutter ensemble pour la reconnaissance de la propriété
privée, et appartenir à un territoire donné dont les
règles et les rapports semblent d'ordre communautaire.
A Lima, conquérir la propriété, c'est
obtenir un statut, une reconnaissance sociale dans les dissensions urbaines et
une assise dans une situation économique difficile. Lutter sur un
territoire commun, c'est aussi consolider sa nouvelle identité et son
appartenance à un groupe.
Il n'est pas vain de se demander si l'accès
à la terre dans la Sierra influe sur leurs conditions et donc
sur la migration. En effet, les conditions de vie sont plus
difficiles pour quelqu'un qui ne jouit pas de terres et elles
amènent plus volontiers à rechercher d'autres
possibilités, par la migration. Mais cela n'est peut-être ni le
seul ni le premier facteur de migration, et l'on a vu et voit encore
des paysans laisser leurs terres aux bons soins des autres, ou les revendre.
Que font-ils de leurs terres quand ils s'en vont ?
?
« Ils vendent oui, mais plus couramment ils les
gardent. Le problème, c'est toujours que si quelqu'un vient sur la terre
d'un autre et que ce dernier est absent il peut la lui usurper !!
» D'après Jala Uma (voir § « le droit
à la terre »)
« Mon père a gardé ses terres, mais il
ne va plus les cultiver, connue avant. Mais il l'a 1011.1011r
là-bas. Il les CI laissées entre les mains de ses frères
là-bas... le problème là-bas, c'est que quand tu n'es pas
là, ils prennent ton terrain... Et ici, il est avec les
chanchos...làbas aussi, il a du bétail, mais
différent...ce sont des vaches, des moutons... » Une jeune
femme de la Vizcachera.
En revanche, certaines terres semblent jouir d'un certain
respect des gens me disaient que les terres de telles personnes, on les
respectait. On sait très bien que ce lopin de terre appartient à
"Untel", et on n'y touche pas
Nombreux sont ceux qui les louent à des gens qui
n'en ont pas ou peu.
Soit, d'autres les exploitent et ils partagent les
récoltes ; c'est néanmoins souvent à un neveu, un oncle,
un parent qu'ils confient les terres... Certains reviennent
régulièrement pour semer et récolter, mais cela est plus
rare.
Soit, ils les vendent, mais c'est un peu plus compliqué
dans la mesure où une partie des terres est communale et une autre
individuelle ; souvent elles ne sont ni formalisées ni
registrées. Certaines régions, où elles ont
été individualisées, favorisent peut-être ce
choix.
Ou sont-ils enterrés ?
Les personnes plus âgées, dont le lien à
la communauté et son territoire est plus fort, émettent le
souhait d'être enterrées dans « leurs terres ». Ainsi,
implicitement, elles retransmettent leur lien à la terre d'origine
à leurs enfants. Désireux de visiter leurs proches, nombreux sont
ceux qui « fréquentent » les cimetières à Lima,
et, s'ils le peuvent, occasionnellement dans la Sierra.
Le nombre de cimetières, des plus informels
(flanqués dans les collines auprès des maisons) aux plus
luxuriants, est à l'image des "invasions" et arrivées fulgurantes
des Andins à Lima. Visitées régulièrement, beaucoup
de tombes d'immigrés donnent une image des pratiques liées
à la mort par les objets significatifs qui y sont
déposés.
de tombes... qu'un mur sépare
A la Vizcachera, le cimetière se trouve à plus
de 30 minutes de marche dans les collines environnantes. On le nomme : «
le cimetière des pauvres », probablement parce qu'il se trouve
à la limite de cet opulent parc parsemé pour rappeler que ce sont
deux mondes qui s'excluent... ?
AiFY C'est vers la gauche qu'il faut
se diriger pour accéder au cimetière, entre les
collines, sur un site archéologique funeste. Ces arbres séparent
les collines arides de la vallée fertile, avec le cimetière
luxuriant de
1 Campo Fé. (Cf. introduction
Vizcachera)
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-; I"
4 1-ty:
Certaines croix comme ci-dessus, portent des symboles andins,
comme le soleil et la lune (et 1 ' échelle)
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Les migrants et la terre de l'invasion à la
"formalisation"
L'invasion
Il est question d'invasion dans la partie sur la Vizcachera.
C'est ce mode presque usuel et banal d'occupation d'un terrain par un groupe de
personnes, de familles plus précisément qui décident d'en
prendre possession afin d'y élire domicile.
Généralement, c'est au cours de la nuit que les
protagonistes viennent avec leurs esteras pour y construire leur
maison, qui verra jour dès le lendemain, telle une "cabane"... Ce sont
souvent les migrants (ou des enfants de migrants) "en attente de terrain" qui
viennent envahir, et donc s'approprier le lieu. Ils conquièrent des
lieux "vierges", sur les collines vertigineuses de Lima, encore
inoccupées, de plus en plus ingrates (étant donné la
rareté croissante des terrains).
Si ce n'est pas la façon dont a été
occupée la Vizcachera, c'est ainsi que se sont constitués de
nombreux quartiers de Lima. La Vizcachera est d'ailleurs sujette à ce
mode d'invasion contre laquelle elle lutte.
Dans le journal, on peut régulièrement lire
qu'il y a eu une nouvelle invasion à tel endroit. Parfois, c'est en
couverture, parce qu'il y a eu des conflits, des « guerres » entre
« irwasores2° » ou avec les voisins ou
encore les éventuels propriétaires... Il y a peu, on a pu
assister à une invasion organisée par les autorités : il
fallait reloger toute une population qui
20 ,'Envahisseurs"
Ii
[
L
H
faisait exploser le district de Villa el Salvador, et quelques
familles d'autres quartiers... Cette invasion a eu lieu sur les dunes de
Ventanilla (district de Lima): c'est la naissance de Pachacutec... Parfois,
ceux sont les municipalités qui les déclenchent pour augmenter
leur électorat...
Historique de l'invasion dans la migration Ce
phénomène a commencé dans les années 40, où
l'on voit apparaître un système d'urbanisation informel
basé sur l'appropriation illégale des terrains de l'Etat,
municipalités ou privés, ou aux abords de terres
agricoles21, par des pobladores en carence de logement,
alors convertis en « invasores ». Il s'est intensifié
avec l'augmentation incontrôlée d'immigrants venant de province,
en quête de meilleures conditions de vie à la ville. José
Matos Mar22 fut un des premiers à en parler et à
souligner qu'il se présente de manière spontanée et
organisée dans la périphérie urbaine. Selon Christophe
Martin23' c'est "un terrain à faire". « L'invasion est
comme une victoire sur la vie et la nature qui en est la clé. Pour que
cela devienne un « chez soi ». Mais, ils vivent toujours dans le
danger du « desalojamiento » (délogement). La
fondation est un moment sublimé ».
L'invasion a pris d'autres dimensions aujourd'hui. Elle n'est
plus seulement le moyen sine qua non pour obtenir une terre à habiter,
puisqu'elle est devenue l'apanage des "trafiquants"de terrains,
spéculations aidant... On dit souvent que des familles viennent envahir
pour laisser les terres à d'autres membres de leur famille, ou qu'ils
envahissent ci et là, dans un but lucratif et recommencent ailleurs (une
invasion).
Un vocabulaire presque "guerrier" se retrouve dans cette
migration : "conquête", "lutte", "invasion", "défense". Cela nous
montre peut-être la représentation que se font les gens de la
migration. Migrants ou citadins, tous parleront d'invasion, des combats qui lui
sont liés. La lutte est une dimension que les migrants semblent
s'approprier. La conquête, c'est ce que l'on peut constater dans cette
façon de venir "habiter" la ville.
L'invasion peut nous paraître insolite et inconcevable
en tant que mode d'accès à la terre. C'est pourtant si banal
à Lima ! Si cette pratique existe dans les terres andines, c'est
plutôt en tant que "débordement" sur d'autres parcelles, lorsqu'on
les considère trop exiguës ou mal délimitées, ce qui
est foncièrement différent. Mais ceux sont quand même les
immigrés à Lima qui ont développé cette
possibilité d'accès au sol, lorsque la ville n'était pas
prête à leur octroyer un logement (aujourd'hui encore)
La formalisation à Lima, par l'institution
COFOPRI
Si la formalisation de la propriété est en cours
dans les Andes, elle l'est aussi depuis quelques années à Lima
pour régulariser toutes ces terres...
Voilà ce que commente un juriste, Marta, qui travaille
dans le programme COFOPRI, à Lima.
« Dans le Sierra, souvent, il s'agit d'une
propriété de fait. S'ils ont des titres, c'est de leurs
ancêtres. Ils ne sont pas "registrés".
Les migrants s'approprient, ils prennent le pouvoir, ils
prennent possession d'un terrain. De fait, ils vendaient sans documents, par
possession, parce qu'ils occupaient. .11y a pourtant des
21 Lima était une petite ville, et autour, les
terres cultivées de l'oasis de Lima, qui ont peu a peu été
envahies.
22 José Matos Mar. Desborde popular y
crisis del estado. El nuevo rostro del Peru en la decada de 1980
23 Christophe MARTIN. Ethnologie d'un bidonville de
Lima, le petit peuple de Tupac Amaru.
façons de régulariser ! (Celles de
l'état, par adjudication ; les privées, par prescription
acquisitive)
Les invasions :
« Les gens sont habitués, quand ils voient des
terrains libres, à les occuper et parfois comme ça ils en ont
plusieurs et ils le donnent à. leurs enfants, par exemple... Ils
abusaient et ils vendaient C'est parce que les gens sont habitués
"à ce qu'on leur donne"! Cela peut arriver que des voisins jettent
quelqu'un pour pouvoir avoir accès à ses droits.
Notre but : empêcher les invasions !
« Parfois il faut reloger les gens,
parce qu'il y a des cas où l'on ne peut pas formaliser la
propriété, mais souvent, les gens ne veulent pas. (Diagnostic de
zone minière, archéologique ou d'irrigation)
« L'Etat avait donné des terres aux gens pour
quelque chose de bien spécifique, bien déterminé : semer
ou avoir du bétail. En fait, ils ne le firent pas mais à la
place, vendirent ces terres ! Maintenant, l'état doit
récupérer ses terrains !
« Pour les propriétés de l'Etat (PE) : il faut
formaliser la propriété collective, Mais on ne
peut pas formaliser les maisons individuelles.
« Voilà : notre action c'est de
formaliser en masse, par groupes humains et puis par personnes
individuelles ».
« L'idée, c'est de formaliser un lot, et c'est
fait, mais les maisons aussi en registres publics pour qu'ils puissent
hypothéquer, subdiviser, etc. Pour se faire, il faut réussir
l'inscription aux registres publics. Les municipalités donnaient des
titres sans le faire : à quoi bon ? Sans ces registres, ils vendaient
à 3 ou 4 personnes et au final, il y avait plusieurs
propriétaires ! »
Pendant ce temps, les gens luttent de leur côté
pour pouvoir obtenir les titres de propriété essentiels à
la pérennisation de leur logement. En outre, beaucoup d'institutions (de
l'état) ne peuvent pas intervenir dans l'installation d'infrastructure
(installation de l'eau, de l'électricité), tant que
l'occupation des sols n'est pas "formalisée". On voit des
quartiers se développer beaucoup plus vite que d'autres. Une des
principales raisons réside dans la résolution des conflits et des
jugements. Bien souvent les gens se sont installés sur des terres
à leurs yeux "inoccupées", donc n'étant la possession de
personne, qui sont ensuite revendiquées par un ou plusieurs
propriétaires (l'un se présentant pour réclamer ses droits
puis subséquemment un autre, revendiquant une propriété
plus ancienne donc plus certaines... )!
Dans un district de Lima, par exemple, les dirigeants de tous
les petits quartiers ont fondé une association pour aider les quartiers
et les habitants dans la lutte pour la propriété. C'est le
"Fridepz" : front indépendant de lutte pour la propriété
de Zapallal, que j'ai connu par Leoncio.
n
Li
LI
Territoires et propriété
hi
rcatitépiii,..J{:,rc., b),..uicinent
rciiir d .421h'.,
pelisc'v
De l'importance du territoire commun
L'exemple de la Vizcachera illustre très bien le sens
du territoire d'un groupe, appelé communauté (dans le cas de la
Vizcachera) ou pueblo25 (pour les quartiers de Lima), qui
par la participation de tous, a permis de construire un lieu de vie sur un
espace inhabité (qu'on pourrait juger inhabitable). Dès lors, la
cohésion du groupe semble revêtir une importance fondamentale.
Défendre son territoire --dans la Sierra comme à Lima, est une
dimension importante, et la lutte est évidente. L'espace commun semble
enraciner l'appartenance, constructrice de l'identité.
Au-delà, il semble indispensable d'"habiter" --au sens
strict de terme- le terrain que l'on a obtenu. Non seulement on est prêt
à le défendre coûte que coûte contre la menace des
"envahisseurs", mais aussi, il faut mériter son terrain, il faut le
nécessiter. Dans certains quartiers, il est arrivé que des
maisons soient "virées", ou des terrains récupérés
parce que le pueblo (du quartier) estime que la personne n'est pas
présente (ou autres raisons). Le concerné, en revenant, ne
trouvera plus sa demeure... Le terrain sera alors redistribué à
quelqu'un d'autre par l'assemblée directive du lieu. On assiste alors
à des situations assez violentes dans le rapport à l'espace, mais
cela a probablement son sens dans la manière de le concevoir. Le terrain
ne doit pas être un lieu de spéculation et la présence sur
celui-ci, et donc au sein du groupe, est primordiale. Attachement à la
terre ?
Protection du soi, mais aussi repli sur soi...
Des "murailles" protègent beaucoup de quartiers. Les
maisons "en dur" sont à Lima entièrement barricadées par
des barreaux, et les rues commencent à être « fermées
» : des grilles dans le pâté de maison filtrent les
entrées indues. Cela reste à peu près "normal", et la
tendance s'élargit aux quartiers récemment urbanisés
(comme Zarate par exemple) dans les
nouveaux districts. Mais l'"enfermement"
Mil. ne I peut aller très loin, et
c'est cela qui selon
moi, devient dangereux. Le cas le plus
le scandaleux (en première page du journal à
plusieurs reprises) ffit celle d'une maille
. OBmétallique au dessus d'une grille de 200 rn
de long qui sépare La Molina (district très
· -.,, 1 niri 1
' ·:,Iiiii.,.' résidentiel, si ce n'est "le plus"
résidentiel)
..... . '
i
Mil 1. · '
Il ly lie de Ate (district appartenant à.
cette
séparation en "cône" de la périphérie
de
. ' , 1 Lima), district populaire. Ces barrières
spatiales ne sont souvent que trop sociales. ..
|
MAU... · .tA Uttc.
|
- - - - - - - -
.sta
.1441t-As;.:44,5 .
|
Titre photo : maille de la discorde. Source :El comercio, 11
mai 2005
|
24
Étude anthropo-juridique. Ibid.
25 Le pueblo est à la fois le lieu
(village, quartier...) et le groupe (le "peuple")
Cela rappelle le mur qui sépare la Vizcachera de la
vallée fertile de Huarochiri... (Cf photo dans l'introduction à
la Vizcachera)
Ces thèmes (violence de l'espace --retrait du terrain
ou barrières) serait intéressant à approfondir, mais
malheureusement, je ne dispose que de quelques anecdotes et témoignages,
qui ne permettent pas d'appréhender réellement le sens d'un tel
phénomène.
Le sens de la lutte vers la
propriété
Comme on a pu le voir à la Vizcachera, les terres
n'échappent pas aux appétences spéculatives...
On entend aussi beaucoup parler de trafics de terrains, et les
habitants mêmes (outre les entreprises) entrent dans le jeu. Participer
(ou organiser) à. une invasion, c'est aussi prendre possession du lieu,
l'aménager26 (avec les autres familles) pour pouvoir le
"revendre" Il y a toujours beaucoup de gens "en attente" (donc en
location) de terrain, espérant un jour pouvoir "acheter" leur
terrain et construire leur "chez eux". Comme partout, la valeur peut vite
augmenter...
La propriété peut donc être aussi
considérée comme un moyen sûr qui garantit
la possession, toujours sujette à des invasions, des
expulsions, des relogements, des limites au développement, etc....
L'obtention du "titre" semble être la victoire...
Est-ce aussi le moyen pour le migrant ?
Cela a-t-il un lien avec l'importance dans la Sierra
d'avoir sa propre terre, pour les paysans et habitants de la Sierra ?
Finie la culture --agricole (encore que, beaucoup prennent soin à faire
pousser des plantes devant chez eux, malgré la carence en eau...un peu
de verdure, au milieu du désert !), mais les animaux se promènent
un peu partout autour des maisons! L'élevage reste une
activité largement pratiquée, mais adaptée...une
façon, plus citadine... ?!
Peut-on penser qu'il s'agit aussi d'une victoire (on parle de
lutte, non ?) sur le sol, pour ceux qui n'avaient jamais eu ("là-bas")
de terres, et qui vivaient difficilement en louant celle des autres... ou tout
simplement une victoire sur la ville ?
Du point de vue des habitants, le poids du collectif
protège par la propriété communale, mais le statut
individuel ouvre sur de nouvelles possibilités, celle du monde
d'aujourd'hui (garantie, hypothèque, revente...).
C'est aussi peut-être aussi un nouveau modèle
--encore une fois! -- qui s'instaure et devient nécessaire, parce que le
inonde extérieur (dans le sens « extérieur au groupe »)
suit cette direction. Mais quelles conséquences cela aura-t-il ?
26 L'aménager revient souvent à aplanir
k lot (souvent en pente) afin de le rendre constructible
SAYAD, à travers l'exemple algérien,
remarque que la migration était "devenue une entreprise
individuelle dépouillée de son objectif initialement collectif'.
On pourrait également s'interroger sur la double dimension, collective
et individuelle, de la migration à Lima, et quelles en sont ses
tendances actuelles. Si la migration permettait, comme le souligne Lida
Aguirre, à la communauté de retrouver vie, qu'en est-il
aujourd'hui ?
Les liens de la migration d'une partie de la communauté
changent-ils de caractère ? Le parcours individuel à travers la
"casa propia" (et la propriété) et la réussite
sociale s'inscrivent dans la lutte au sein du quartier, de la
communauté.
L'accès à la propriété --comme
symbole d'un « chez soi », d'une réussite sociale semble
donner un sens à l'existence dans le nouveau contexte, tout en
s'intégrant dans une dynamique communautaire.
En quittant la leur, ils ont besoin de reconquérir une
terre pour démarrer une nouvelle existence.
L
La propriété est aussi la condition pour avancer
et espérer obtenir plus d'aide pour se développer. Ces formes
d'occupations de l'espace et du sol semblent s'inspirer du rapport à la
terre important dans les Andes et des préoccupations d'aujourd'hui.
C'est le problème rencontré par les
déplacés du terrorisme qui ont perdu leurs terres et trop
souvent, n'en ont pas retrouvées d'autres (cas du district près
de Pampas, Tayacaja)
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