De la tradition et du folklore dans la migration
La fête et le folklore semblent parfois être
l'expression la plus ostentatoire de la région dont on est originaire.
Lorsque l'on est parti, on voit d'un côté le fait de ne pas
annoncer ni signifier ses origines : on est maintenant d'"ici", pas de
"là-bas"... On dissimule certaines pratiques. Mais quand il s'agit
d'évènements et de pratiques collectives «
costumbrista54 », il semble que l'on ne soit plus la
risée des "criollos" et autres "cholos", ils
redeviennent fiers, à la fois, pour eux-mêmes, et pour ces
"autres" qui valorisent la diversité, la culture, la tradition de leur
pays. Les "provincictnos" semblent pouvoir enfin « se
lâcher » dans ces traditions réinterprétées,
justement. Ils parlent beaucoup de leur folklore et ont l'impression que c'est
ce qui fondamentalement intéresse l'anthropologue. Mais ce folklore a un
second rôle, social, qui l'éloigne de la connotation qu'il a pour
nous... Il n'est pas « que folklore » étant donné
l'attachement qu'il suscite. Je l'ai ressenti, et en tant qu'ethnologue, il
pensait que j'accordais un intérêt spécial au «
folklore » à la « tradition »
On peut aussi se demander si certains programmes de
télévision (comme « costumbres55
») n'ont pas contribué à ce que les gens se rendent
compte que les coutumes étaient importantes
54 « Coutumières » : fiesta costumbrista :
fêtes « de coutumes », traditionnelles.
55 Ce programme est dédié à la
démonstration de tout le folklore péruvien, fêtes, chants,
habits, danses... La danse "folklorique" est d'ailleurs largement
pratiquée, et l'on envient à danser des styles d'autres
régions, par ce "melting-pot".
et que l'on pouvait en être fier ? Malgré une
certaine discrimination, les gens semblent avoir toujours conservé cette
fierté à l'égard de cette partie de leur culture.
Peut-être ont-elles peut- être joué ce rôle au niveau
du public national, en général...
A travers la fête, c'est aussi une certaine forme de
prestige qui est mise en scène. Mais ce dernier --ou
une certaine recherche de considération, se manifeste également
à travers diverses aspirations. L'ascension sociale, les langues
pratiquées (être bilingue quechua et espagnol), avoir sa maison
à soi, être propriétaire --ou la fierté de
posséder une petite terre! Et puis ensuite, aller à Lima ? On dit
beaucoup que les gens viennent, au-delà des raisons de labeur et
d'étude, rechercher un statut. Lorsque l'on a des enfants qui sont
devenus "professionnels", on est très fier et
n'hésite pas à s'en vanter...
r
n
Les mayordomos, à Churcampa. Derrière, suit la
banda...
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