Enjeux de la Grande Distribution Helvétique : « Analyse socio-économique et stratégique de l'évolution des acteurs de la grande distribution alimentaire en Suisse »( Télécharger le fichier original )par Nicolas Mueller & Dominique Tinguely Université de Genève, faculté des Sciences Economiques et Sociales - Baccalauréat Universitaire en Gestion d?Entreprise 2007 |
« La coopérative » : une spécialité suisseEn vue d'une analyse complète du marché de la grande distribution suisse, il ne faut pas oublier de mentionner le fait que les deux plus grands acteurs, Migros et Coop, sont tous deux des coopératives. Cette situation est d'ailleurs unique dans le domaine de la grande distribution en Europe. Chez Migros avant tout, ce statut de coopérative est entre autres lié à une longue histoire d'engagement social et culturel basée sur la volonté de son fondateur Gottlieb Duttweiler. Migros compte actuellement 1'993'543 coopérateurs71(*) et Coop 2'461'462 coopérateurs72(*). Il faut toutefois remarquer que les deux coopératives sont aujourd'hui, par obligation, gouvernées comme des sociétés anonymes, justement pour faire face à la concurrence de celles-ci73(*). Mentionnons aussi une autre coopérative en Suisse, la coopérative de paysans Fenaco, qui possède les magasins d'alimentation Volg, présents uniquement en Suisse allemande. Cependant, avec ses 640 succursales, qui sont pour la plupart des petits commerces villageois, les magasins Volg sont nettement moins importants que les deux grands leaders. Remarquons que le statut de coopérative comporte certains avantages stratégiques pour Migros et Coop, qu'ils utilisent dans le but d'affirmer et de renforcer leur position sur le marché. D'abord, parce que la direction d'aussi grandes coopératives est, paradoxalement, moins contrôlée que celle d'une société anonyme, ceci étant dû à la difficulté de mobiliser 2 millions de coopérateurs dans le but de changer éventuellement des modes de gestion, coopérateurs qui, la plupart du temps, ne se sentent pas tellement concernés. Alors que, dans une société anonyme, les actionnaires sont logiquement plus impliqués dans la gestion de l'entreprise, car c'est leur argent qui est en jeu. La gestion d'une coopérative peut donc s'avérer plus commode pour les gestionnaires que la gestion d'une société anonyme, car ils ont les coudées plus franches pour l'élaboration et la poursuite de leurs stratégies. De plus, il est pratiquement impossible, pour une autre entreprise, de racheter d'aussi grandes coopératives que Migros ou Coop74(*). Ce fait est particulièrement intéressant, car cela signifie que Migros et Coop peuvent racheter des entreprises sans toutefois risquer de subir le même sort. Si bien que les deux distributeurs ne subissent pas de pression de ce point de vue-là. De plus, cela empêche de grands groupes étrangers d'entrer sur le marché suisse en rachetant éventuellement une des grandes chaînes locales, comme l'Américain Wal-Mart l'a fait au Royaume-Uni en rachetant le distributeur Asda75(*). * 71 RAPPORT DE GESTION MIGROS. (2006). * 72 RAPPORT DE GESTION COOP. (2006). * 73 WELTER, M. (avril 2005). « Genossenschaft - bedrohter und aktueller denn je ; Interview mit Peter Moser. » Landfreund d'avril 2005 * 74 ZULLIGER, J. (SANS DATE). « Eidgenossenschaft - nicht Schweiz AG. » Consulté le 26 septembre 2007 sur le site http://kvschweiz.ch/sw1437.asp * 75 DATAMONITOR. (mai 2007). « Food Retail in the United Kingdom. » P.16 |
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