2.- Déficience ou échec de l'outil de
production industriel ?
Dans le cas de la filière des huiles alimentaires, les
activités de trituration locale, n'ont pas
bénéficié de la considération voulue à la
faveur des orientations quasi-exclusives des investissements industriels
publics, vers le raffinage d'huiles brutes importées.
En effet, l'essentiel des investissements publics
réalisés à ce jour dans l'industrie des corps gras a
été programmé au cours de la période 1970-1977. Ces
investissements qui ont porté surtout sur des programmes de
modernisation d'unités de production anciennes (d'avant la
Révolution de 1954) et d'extension de leur capacité de
production, ont permis à l'entreprise publique du secteur de faire
évoluer ses capacités de raffinage dans des proportions
importantes :
353 tonnes / jour en 1969, 795 tonnes / jour en 1982.
Durant la même période, les importations de
graines oléagineuses destinées à la production locale
d'huiles et de tourteaux, ont stagné puis fléchi à la fin
des années soixante- dix, pour aboutir en 1982 à la fermeture
définitive des trois ateliers de trituration en place depuis la fin de
la Seconde guerre mondiale et dont la capacité globale atteignait les 80
000 tonnes de graines triturées annuellement, avec une production de
tourteau de l'ordre de 40 000 tonnes par an.
Pourtant, le pays venait d'adopter avec le quinquennal 198
1/85 un modèle d'intensification de l'élevage bovin, et surtout
de l'aviculture gros consommateurs de tourteaux. Les importations de ce
sous-produit de l'oléagineux, allait se démultiplier rapidement
sans pour cela impliquer une quelconque intention de développement de
cette culture.
Tableau 14 : L'importation de tourteaux durant le
premier quinquennal 1981/85.
Années
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
Quantités (tonnes)
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60 000
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86 000
|
97 000
|
140 000
|
183 000
|
Source : Douanes, rapport plan quinquennal
1980-84.
Replacée dans le contexte des décennies
quatre-vingt et quatre-vingt dix, cette mesure peut surprendre devant le fait
que l'Algérie était en possession d'une industrie locale non
négligeable, elle bénéficiait à la fois d'un
potentiel, d'une expérience et d'un savoir-faire accumulés depuis
fort longtemps dans le domaine de la trituration des graines. Par ailleurs les
moyens financiers rendus disponibles par la maîtrise totale du secteur
des hydrocarbures auraient pu conduire à l'élargissement et
à la modernisation de ce potentiel.
Il n'en a pas été ainsi dans la mesure où
l'importance accordée au développement des secteurs
agro-alimentaire et hydro-agricole dont faisait partie la filière des
huiles alimentaires, était restée limitée devant la
formidable préoccupation de création « d'une base
industrielle industrialisante » et l'extension des activités
pétrolières à l'exploitation du gaz et l'implantation de
la pétrochimie.
L'absence d'un intérêt particulier au
développement des petites et moyennes industries manufacturières
a entraîné rapidement la régression de
l'intérêt pour la culture des oléagineux et de la
construction d'une filière nationale des huiles alimentaires
orientée vers l'indépendance partielle ou totale du marché
extérieur en cas de besoin.
Les facilités d'importation des huiles brutes et des
tourteaux, avaient estompé durant toute la période qui suivit,
toute volonté d'analyse de la situation en cas de pénurie et de
modification des tendances sur les marchés internationaux entre la
graine oléagineuse et les huiles brutes et tourteaux. Aussi, durant
toute cette période, seule l'extension des capacités de raffinage
a connu un réel progrès pour atteindre 1520 tonnes / jour en
1998/99 (Tableau n°11)
Il n'en demeure pas moins que la libéralisation et
l'orientation vers l'économie de marché ont modifié
progressivement les données. C'est ainsi qu'après son
implantation, le groupe privé CEVITAL avec le potentiel de raffinage de
1800 tonnes / jour, a bien vite analysé la situation pour s'orienter
vers la réalisation de silos et d'infrastructures portuaires visant
l'approvisionnement en graines de l'extérieur dans une première
étape et projeter la mise en valeur dans le Sud du pays pour un
approvisionnement de l'intérieur dans une seconde étape pour
parer à toute éventualité en provenance des marchés
internationaux ou des catastrophes et périodes de sécheresse au
niveau local.
Capacités de trituration installées par
CE VITAL en 2005 :
*5 000 tonnes / j de graines de soja avec un rendement de 18% en
huile et 82% de tourteaux.
*2 500 tonnes / j de graines de tournesol ou colza avec un
rendement de 44% en huile et 56% en tourteaux
Ce niveau de vigilance et de dynamisme constitue un apport
considérable pour la mise en ordre et l'organisation des
activités de la filière et lui permettre d'assurer une
pérennité d'existence dans cet environnement fortement
agressif.
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