Chapitre 2
Un modèle de la cohérence
textuelle : la RST de Mann et
Thompson
2.1 Qu'est-ce qu'un texte cohérent?
2.1.1 Définition de la cohérence
La cohérence d'un discours est ce qui fait qu'il est
interprétable : c'est selon MOESCHLER et REBOUL (1994) la «
dimension interprétative du discours ». Un texte pour être
cohérent1 doit en effet avoir un sens, une unité, et
être bien formé: la cohérence est la caractéristique
fondamentale du texte: sans elle, il n'existe pas. On peut ainsi dire que la
cohérence est au discours ce que la grammaticalité est à
la syntaxe.
1Il existe, toujours selon MOESCHLER et REBOUL
(1994), deux types de cohérence : la cohérence temporelle et la
cohérence référentielle. C'est à cette
dernière que nous nous intéresserons plus particulièrement
dans notre étude des connecteurs consécutifs, la première
mettant aussi en jeu d'autres problèmes comme par exemple l'aspect
verbal qui ne concernent pas la cohérence
référentielle.
Un bien trop tendre cambrioleur (Marianne)
Le cambrioleur d'Erstein était un baluchonneur, il
raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
Mais il «travaillait» avec sa propre voiture. Les voisins en ayant
relevé le numéro, les gendarmes n'ont eu aucune peine à
débarquer chez lui et à récupérer les objets
volés. Il n'y manquait que les bijoux et le chien. Les gendarmes lui ont
alors montré une photo du clébard avec sa maîtresse, une
fillette de 4 ans. Le cambrioleur a téléphoné à sa
mère, promettant de rapporter l'animal et les bijoux.
Les gendarmes lui ont alors montré une photo du
clébard avec sa maîtresse, une fillette de 4 ans. Il n'y manquait
que les bijoux et le chien. Les voisins en ayant relevé le
numéro, les gendarmes n'ont eu aucune peine à débarquer
chez lui et à récupérer les objets volés. Il
raflait tout : argent, bijoux, jusqu'au chien de la maison, un yorkshire blanc.
Le cambrioleur a téléphoné à sa mère,
promettant de rapporter l'animal et les bijoux. Mais il «travaillait»
avec sa propre voiture. Le cambrioleur d'Erstein était un
baluchonneur.
FIG. 2.1 - un texte cohérent et un texte
incohérent
2.1.2 Cohérence, cohésion et
connexité
Par cohérence, on entend
généralement « interprétabilité d'un texte
» : il existe entre les parties de ce texte des relations, pas
forcément explicitées, qui le rendent cohérent. On peut
donc dire que des relations pragmatiques font la cohérence d'un texte.
Il existe plusieurs sources de cohérence: l'anaphore, l'ellipse, les
implicatures... .
La cohésion, par contre, concerne la
continuité informationnelle du texte et ne met en jeu que des
éléments syntaxiques et sémantiques pour rendre compte par
exemple des relations temporelles, thématiques ou
référentielles. Les déictiques, la pronominalisation, les
substitutions lexicales entre autres font partie de ce qui rend un texte
cohésif.
Notre étude portant sur les connecteurs du
français, nous nous pencherons bien évidemment sur l'étude
d'un phénomène particulier de la cohérence textuelle : la
connexité. La connexité est en effet ce qui fait
qu'un texte est connecté par des marques linguistiques. On parle de
connexité pour des relations marquées linguistiquement, mais elle
n'est pas obligatoire dans un texte : elle ne fait que préciser un peu
plus les
conditions d'interprétation d'un discours et permet de
lever quelques ambiguïtés. Nous allons illustrer ce
phénomène à l'aide des exemples suivants:
(2.1) Pierre a insulté Jeanne. Jeanne lui a donné
une gifle.
(2.2) Pierre a insulté Jeanne, alors
Jeanne lui a donné une gifle.
Dans l'exemple 2.2, les 2 propositions sont connectées,
ce qui ne change pas fondamentalement le sens de l'énoncé, mais
le précise : en effet on peut imaginer pour l'exemple 2.1 une simple
succession de faits, alors que l'exemple 2.2 montre bien une relation de cause
à conséquence.
|