3.2.2 Les moyens d'exprimer la conséquence en
français
Il existe en français de nombreux moyens pour exprimer
la conséquence -- moyens qui ne sont pas spécifiques à la
conséquence, mais peuvent de temps en temps servir à l'exprimer.
Nous allons les présenter brièvement dans cette section, ceux-ci
n'étant pas l'objet de notre travail, au travers de quelques
exemples:
Parataxe
(3.4) Le chat miaule: il a faim3.
Conjonction (« et »)
(3.5) Eudes chuta, et sa jambe se brisa.
Préposition
(3.6) Les supporters ont crié à s'en
déchirer les cordes vocales.
Participe présent
(3.7) La pluie tomba toute la nuit, rendant le terrain
impraticable.
Relative
(3.8) Le cheval heurta la barre, qui tomba au sol.
3Notons que cet exemple a deux
interprétations: on a soit un relation conséquentielle (le chat
miaule donc il a faim : il s'agit d'une inférence), soit une relation
causale (le chat miaule parce qu'il a faim : il s'agit d'un constat).
Il existe cependant un autre moyen de marquer la
conséquence, lui par contre plus spécifique à la
conséquence : les connecteurs, que nous allons présenter dans la
section suivante.
3.2.3 Les connecteurs de conséquence
Les connecteurs de conséquence sont des
éléments lexicaux spécialisés dans l'expression de
la conséquence4, parmi lesquels on compte « donc »,
« alors » ou « par conséquent » par exemple. La
relation de conséquence peut être divisée en deux
sous-ensembles : elle peut établir une relation entre deux faits, ou
bien marquer la conclusion d'un raisonnement. Il semble donc dès
à présent adéquat de distinguer entre connecteurs marquant
un rapport factuel de cause à conséquence et
connecteurs marquant une inférence, cette distinction
ayant des conséquences dans l'ordre de la relation (cause -*
conséquence ou conséquence -* cause).
Si nous avons réunis sous l'étiquette «
connecteurs consécutifs »5 un certain nombre de
connecteurs, c'est qu'ils ont une valeur commune, celle de marquer une relation
de cause à conséquence, que ce soit entre faits ou entre actes de
langage. Nous ferons par conséquent la distinction entre sens et emplois
d'un connecteur, le sens donnant les instructions de base indiquées par
le connecteur, ce connecteur pouvant ensuite avoir plusieurs emplois. Les
connecteurs consécutifs ont donc un sens primaire, et peuvent
connaître plusieurs emplois, parmi lesquels ils peuvent
4Comme nous le verrons par la suite, les connecteurs
de conséquence n'ont pas forcément uniquement une valeur
consécutive.
5Nous employons indifféremment «
connecteur consécutif » et « connecteur de conséquence
».
marquer la consécution factuelle ou l'inférence.
Consécution factuelle
Les connecteurs consécutifs du français peuvent
tous marquer une conséquence factuelle (c'est-à-dire une relation
de cause à conséquence entre deux faits ou entre le contenu
propositionnel de deux propositions).
Dans un cas de consécution factuelle, l'ordre des
propositions est fixe et va toujours de la cause factuelle à la
conséquence factuelle.
(3.9) Le disque dur a lâché, si bien que
l'ordinateur ne fonctionne plus
Ici la conséquence, marquée par « si bien que
», est factuelle, et l'ordre des propositions est contraint, sous peine de
ne plus comprendre l'énoncé.
Inférence
Certains connecteurs de conséquence peuvent aussi
marquer l'inférence. L'inférence, comme nous l'avons
expliqué à la section 3.2.1, consiste en un raisonnement
permettant de parvenir à une conclusion. L'inférence relie deux
moments d'un raisonnement et non uniquement des faits, et l'ordre des
propositions n'est pas fixé en ce qui la concerne : la relation peut
aller de la cause factuelle (exemple 3.10) à la conséquence
factuelle -- il s'agit d'une opération de déduction
--, ou l'inverse (exemple 3.11) -- alors on a une opération
d'induction. Mais l'ordre de la relation inférentielle
va toujours de la cause à la conséquence:
(3.10) Il fait beau, donc Pierre se
promène (3.11) Pierre se promène, donc il
fait beau
L'exemple 3.10 peut être paraphrasé comme «
Quand il fait beau, Pierre a l'habitude de se promener. Il fait beau, donc
Pierre se promène » : on a bien affaire à une
déduction.
L'exemple 3.11 présente, lui, une induction : sachant
que Pierre a l'habitude de se promener quand il fait beau et que Pierre se
promène actuellement, on en infère qu'il fait sûrement
beau.
En définitive, un connecteur marquant
l'inférence n'imposant pas d'ordre précis à ses arguments,
la seule contrainte reste qu'un fait ou un événement doit
obligatoirement être présent comme premier argument du connecteur,
et son deuxième argument doit être l'événement ou le
fait dont on infère l'existence.
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