3- L'exploitation des ressources aquifères
fossiles:
Les ressources en eau de la plupart des pays du Sahara et du
Sahel ont fait l'objet de monographies et d'évaluations assez
récentes, le plus souvent dans le cadre d'études de base des
schémas directeurs d'aménagement des eaux liés aux plans
de développement. De leurs résultats, il convient de mettre en
lumière deux faits majeurs:
· de tous les grands espaces géopolitiques du
monde, la région du Sahara et du Sahel est la plus démunie en
ressources en eau naturelles, en grandeur absolue aussi bien que par rapport
à sa population, pouvant entraver fortement le développement
durable;
· à l'intérieur de cette région,
les ressources en eau sont différemment et inégalement
réparties: les types et les structures de ressources en eau des
différents pays sont très contrastés et leurs
degrés d'indépendance sont variés, ce qui crée des
conditions de gestion très variées. Dans la plupart des pays, la
politique de l'eau et l'économie de l'eau doivent dès à
présent faire face aux problèmes posés par une tension
grandissante entre les ressources en eau limitées et les besoins
croissants en eau. La gestion de l'eau y prend donc une importance cruciale
pour le développement et la paix.
|
Superficie
Millions de km²
|
Population 1990
Millions d'habitants
|
Ressources en eau douce naturelles,
renouvelables
Milliards de m/an
|
Région du Sahara et du Sahel
|
16,57 (11,1%)
|
282 (5,3%)
|
Intérieures* : 420 (1,05%)
Totales : 510
(avec ressources externes* potentielles)
|
Monde entier
|
149
|
5 292
|
40 000
|
Il existe de fortes disparités des ressources
intérieures par pays, et la grande irrégularité
saisonnière et pluriannuelle des écoulements, aggrave, en outre,
la faiblesse des moyennes.
Les groupements en "sous-régions" mettent aussi en
évidence des contrastes majeurs : ainsi, le Maghreb est le plus
démuni, avec des ressources en moyenne inférieures à
1 000 m/an par habitant, mais ses ressources sont intérieures pour
l'essentiel, avec une part de ressources non renouvelables notable en terre
saharienne.
Sur des bases de connaissance, souvent fort approximatives et
inégales, les faits dominants qui conditionnent la gestion de l'eau dans
la région du Sahara et du Sahel peuvent se résumer ainsi:
- Les 4/5 des quantités d'eau totales sont
utilisées dans le bassin du Nil et l'Afrique de l'Est -70 % dans la
seule vallée du Nil : Égypte et Soudan (poids
prépondérant des irrigations)- 1/4 au Maghreb et seulement 5 %
dans les pays du Sahel.
- L'accélération de la croissance globale des
demandes en eau depuis le milieu du XXème siècle semble due
davantage à celles des populations qu'à une augmentation sensible
des demandes par habitant.
Mais Les tensions à venir et les inadéquations
grandissantes entre les besoins en eau croissants et des ressources
conventionnelles limitées, seront génératrices de
problèmes aggravés et de conflits d'usage que la gestion de l'eau
aura pour objectif de résoudre.
· Les plus classiques et les plus répandus sont
les conflits d'usage entre usagers (compétitions pour
l'accès aux ressources les moins coûteuses, les plus facilement
mobilisables et celles qui offrent le plus de sécurité) qui
naissent de l'intensification d'exploitation de systèmes de ressource
définis, superficiels ou souterrains. Ces conflits s'exacerbent
naturellement en temps de sécheresse.
· Une autre forme de conflit tient aux difficultés
de coexistence entre les modes traditionnels et les procédés
modernes d'exploitation gravitaires traditionnels, par exemple entre
l'exploitation d'une nappe souterraine par galeries captantes à
potentiel imposé (Foggaras du Maghreb) et l'exploitation par
pompage qui entraîne de forts rabattements.
· Les grands systèmes aquifères des bassins
sédimentaires transfrontières peuvent aussi donner lieu à
des conflits qui restent toutefois actuellement potentiels. Dans ce cas l'objet
du partage à régler est plus complexe qu'un écoulement :
il s'agit de répartir équitablement les influences, notamment
dans les plans d'exploitation de ressources non renouvelables. (4)
Plus les demandes en eau approchent et a fortiori
excèdent les ressources conventionnelles, comme c'est déjà
le cas dans plusieurs pays de la région, plus les objectifs de gestion
et de politique de l'eau deviennent indissociables des objectifs de la
politique socio-économique et de développement.
L'un des plus grands de ces bassins correspond au
Système Aquifère du Sahara Septentrional, SASS, qui couvre une
large superficie répartie à travers les territoires de
l'Algérie, de la Libye et de la Tunisie. Dans ces trois pays, les nappes
sahariennes communes du Continental Intercalaire (CI) et du Complexe Terminal
(CT) sont à l'origine de programmes de développement
économique dont l'importance est capitale et basés principalement
sur la mobilisation massive des ressources en eau de ces nappes.
Les ressources du SASS connaissent une exploitation de plus en
plus soutenue pour faire face aux besoins de la région. Ceci commande
une meilleure maîtrise des connaissances à
l'échelle du bassin et à même de permettre une
gestion optimisée et rationnelle.
Depuis les années 1980, l'intensification des
prélèvements d'eau au niveau des trois pays concernés
provoquent des rabattements importants des niveaux piéométriques,
l'assèchement de nombreuses sources et le recours de plus en plus
généralisé au pompage à partir de nombreux forages.
Depuis lors, le nombre important de nouveaux forages réalisés a
permis de rassembler un grand nombre de nouvelles données sur les
aquifères, ce qui permettrait aujourd'hui de lever plusieurs des
hypothèses simplificatrices adoptées jusqu'ici et donc de
préciser le fonctionnement du Système Aquifère du Sahara
Septentrional.
Initiée dès 1992 l'action de l'OSS concernant le
Système Aquifère du Sahara Septentrional, a permis de rassembler
l'ensemble des partenaires concernés, que ce soit les pays et les
institutions nationales impliquées, ainsi que les organisations
internationales ou régionales qui souhaitent s'associer ou partager leur
expérience et enrichir une telle démarche au profit des pays
partageant les ressources en eau de ce bassin.
La démarche de l'OSS a nécessité
plusieurs réunions de concertation et études techniques,
(évaluation actualisée des connaissances hydrogéologiques,
synthèse, etc.) afin de mobiliser davantage les pays concernés et
créer les conditions pour le succès des actions communes à
atteindre.
Par ailleurs, l'OSS a mené en partenariat avec la FAO
une réflexion sur le volet juridico-
4- Jean-Marc LOUVET rapport sur LES AQUIFERES DES
GRANDS BASSINS UNE RESSOURCE VITALE POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA
DESERTIFICATION DANS LES ZONES ARIDES ET SEMI-ARIDES
institutionnel de la gestion durable des ressources en eau
souterraines profondes du Système Aquifère du Sahara
Septentrional. S'agissant d'un bassin partagé par trois pays, la
réflexion a porté à la fois sur le droit interne des pays
concernés et sur les aspects de droit international en matière de
gestion et de mise en valeur des ressources en eau en général et
des eaux souterraines en particulier.
Dans le cadre de l'action de l'OSS, les conditions sont
aujourd'hui favorables pour une actualisation de l'évaluation des
ressources en eau du Système Aquifère du Sahara Septentrional.
Cette actualisation permettra en particulier d'établir de nouvelles
bases scientifiques sur lesquelles pourront être ajustés les plans
directeurs de développement des pays concernés d'une part et de
considérer l'approche qu'ils jugeront nécessaires d'adopter pour
un mécanisme de concertation sur un échange soutenu d'information
en vue de la protection, de la mise en valeur et de l'utilisation
concertée des ressources en eau communes à ces États.
Ce dernier volet requiert au plan du droit interne, l'analyse
approfondie des règlements d'application des codes et lois des eaux en
vigueur dans les trois pays en vue d'un rapprochement de règlements
définis par les trois pays qui permettra dans un premier temps d'assurer
l'harmonisation des actions nationales de gestion de la ressource commune. Au
plan sous-régional, il s'agit de jeter les fondements d'une gestion
concertée de la ressource partagée, à travers les
propositions opportunes d'arrangements institutionnels souhaités par les
pays eux-mêmes.
La gestion est intégrée à partir du
moment où "la démarche du gestionnaire d'un certain nombre de
relations et d'interactions physiques, économiques et sociales
importantes. Mais tous cela sans une mobilisation internationale ne limite pas
la crise. Des déférentes organisations en pris le problème
très en sérieux, et ils ont proposés plusieurs solutions
comme le programme hydraulique internationales de l'UNISCO, et Le Programme
mondial pour l'évaluation des ressources en eau - une initiative de
l'ensemble du système des Nations Unies.
|