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L'eau matière stratégique et enjeu de sécurité au 21ème siècle

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par Abdessamad DRIS
Université Paris 10 - DEA Sciences Politiques 2005
  

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3- L'exploitation des ressources aquifères fossiles:

Les ressources en eau de la plupart des pays du Sahara et du Sahel ont fait l'objet de monographies et d'évaluations assez récentes, le plus souvent dans le cadre d'études de base des schémas directeurs d'aménagement des eaux liés aux plans de développement. De leurs résultats, il convient de mettre en lumière deux faits majeurs:

· de tous les grands espaces géopolitiques du monde, la région du Sahara et du Sahel est la plus démunie en ressources en eau naturelles, en grandeur absolue aussi bien que par rapport à sa population, pouvant entraver fortement le développement durable;

· à l'intérieur de cette région, les ressources en eau sont différemment et inégalement réparties: les types et les structures de ressources en eau des différents pays sont très contrastés et leurs degrés d'indépendance sont variés, ce qui crée des conditions de gestion très variées. Dans la plupart des pays, la politique de l'eau et l'économie de l'eau doivent dès à présent faire face aux problèmes posés par une tension grandissante entre les ressources en eau limitées et les besoins croissants en eau. La gestion de l'eau y prend donc une importance cruciale pour le développement et la paix.

 

Superficie

Millions de km²

Population 1990

Millions d'habitants

Ressources en eau douce naturelles, renouvelables

Milliards de m/an

Région du Sahara et du Sahel

16,57 (11,1%)

282 (5,3%)

Intérieures* : 420 (1,05%)

Totales : 510

(avec ressources externes* potentielles)

Monde entier

149

5 292

40 000

Il existe de fortes disparités des ressources intérieures par pays, et la grande irrégularité saisonnière et pluriannuelle des écoulements, aggrave, en outre, la faiblesse des moyennes.

Les groupements en "sous-régions" mettent aussi en évidence des contrastes majeurs : ainsi, le Maghreb est le plus démuni, avec des ressources en moyenne inférieures à 1 000 m/an par habitant, mais ses ressources sont intérieures pour l'essentiel, avec une part de ressources non renouvelables notable en terre saharienne.

Sur des bases de connaissance, souvent fort approximatives et inégales, les faits dominants qui conditionnent la gestion de l'eau dans la région du Sahara et du Sahel peuvent se résumer ainsi:

- Les 4/5 des quantités d'eau totales sont utilisées dans le bassin du Nil et l'Afrique de l'Est -70 % dans la seule vallée du Nil : Égypte et Soudan (poids prépondérant des irrigations)- 1/4 au Maghreb et seulement 5 % dans les pays du Sahel.

- L'accélération de la croissance globale des demandes en eau depuis le milieu du XXème siècle semble due davantage à celles des populations qu'à une augmentation sensible des demandes par habitant.

Mais Les tensions à venir et les inadéquations grandissantes entre les besoins en eau croissants et des ressources conventionnelles limitées, seront génératrices de problèmes aggravés et de conflits d'usage que la gestion de l'eau aura pour objectif de résoudre.

· Les plus classiques et les plus répandus sont les conflits d'usage entre usagers (compétitions pour l'accès aux ressources les moins coûteuses, les plus facilement mobilisables et celles qui offrent le plus de sécurité) qui naissent de l'intensification d'exploitation de systèmes de ressource définis, superficiels ou souterrains. Ces conflits s'exacerbent naturellement en temps de sécheresse.

· Une autre forme de conflit tient aux difficultés de coexistence entre les modes traditionnels et les procédés modernes d'exploitation gravitaires traditionnels, par exemple entre l'exploitation d'une nappe souterraine par galeries captantes à potentiel imposé (Foggaras du Maghreb) et l'exploitation par pompage qui entraîne de forts rabattements.

· Les grands systèmes aquifères des bassins sédimentaires transfrontières peuvent aussi donner lieu à des conflits qui restent toutefois actuellement potentiels. Dans ce cas l'objet du partage à régler est plus complexe qu'un écoulement : il s'agit de répartir équitablement les influences, notamment dans les plans d'exploitation de ressources non renouvelables. (4)

Plus les demandes en eau approchent et a fortiori excèdent les ressources conventionnelles, comme c'est déjà le cas dans plusieurs pays de la région, plus les objectifs de gestion et de politique de l'eau deviennent indissociables des objectifs de la politique socio-économique et de développement.

L'un des plus grands de ces bassins correspond au Système Aquifère du Sahara Septentrional, SASS, qui couvre une large superficie répartie à travers les territoires de l'Algérie, de la Libye et de la Tunisie. Dans ces trois pays, les nappes sahariennes communes du Continental Intercalaire (CI) et du Complexe Terminal (CT) sont à l'origine de programmes de développement économique dont l'importance est capitale et basés principalement sur la mobilisation massive des ressources en eau de ces nappes.

Les ressources du SASS connaissent une exploitation de plus en plus soutenue pour faire face aux besoins de la région. Ceci commande une meilleure maîtrise des connaissances à l'échelle du bassin et à même de permettre une gestion optimisée et rationnelle.

Depuis les années 1980, l'intensification des prélèvements d'eau au niveau des trois pays concernés provoquent des rabattements importants des niveaux piéométriques, l'assèchement de nombreuses sources et le recours de plus en plus généralisé au pompage à partir de nombreux forages. Depuis lors, le nombre important de nouveaux forages réalisés a permis de rassembler un grand nombre de nouvelles données sur les aquifères, ce qui permettrait aujourd'hui de lever plusieurs des hypothèses simplificatrices adoptées jusqu'ici et donc de préciser le fonctionnement du Système Aquifère du Sahara Septentrional.

Initiée dès 1992 l'action de l'OSS concernant le Système Aquifère du Sahara Septentrional, a permis de rassembler l'ensemble des partenaires concernés, que ce soit les pays et les institutions nationales impliquées, ainsi que les organisations internationales ou régionales qui souhaitent s'associer ou partager leur expérience et enrichir une telle démarche au profit des pays partageant les ressources en eau de ce bassin.

La démarche de l'OSS a nécessité plusieurs réunions de concertation et études techniques, (évaluation actualisée des connaissances hydrogéologiques, synthèse, etc.) afin de mobiliser davantage les pays concernés et créer les conditions pour le succès des actions communes à atteindre.

Par ailleurs, l'OSS a mené en partenariat avec la FAO une réflexion sur le volet juridico-

4- Jean-Marc LOUVET rapport sur LES AQUIFERES DES GRANDS BASSINS UNE RESSOURCE VITALE POUR LE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION DANS LES ZONES ARIDES ET SEMI-ARIDES

institutionnel de la gestion durable des ressources en eau souterraines profondes du Système Aquifère du Sahara Septentrional. S'agissant d'un bassin partagé par trois pays, la réflexion a porté à la fois sur le droit interne des pays concernés et sur les aspects de droit international en matière de gestion et de mise en valeur des ressources en eau en général et des eaux souterraines en particulier.

Dans le cadre de l'action de l'OSS, les conditions sont aujourd'hui favorables pour une actualisation de l'évaluation des ressources en eau du Système Aquifère du Sahara Septentrional. Cette actualisation permettra en particulier d'établir de nouvelles bases scientifiques sur lesquelles pourront être ajustés les plans directeurs de développement des pays concernés d'une part et de considérer l'approche qu'ils jugeront nécessaires d'adopter pour un mécanisme de concertation sur un échange soutenu d'information en vue de la protection, de la mise en valeur et de l'utilisation concertée des ressources en eau communes à ces États.

Ce dernier volet requiert au plan du droit interne, l'analyse approfondie des règlements d'application des codes et lois des eaux en vigueur dans les trois pays en vue d'un rapprochement de règlements définis par les trois pays qui permettra dans un premier temps d'assurer l'harmonisation des actions nationales de gestion de la ressource commune. Au plan sous-régional, il s'agit de jeter les fondements d'une gestion concertée de la ressource partagée, à travers les propositions opportunes d'arrangements institutionnels souhaités par les pays eux-mêmes.

La gestion est intégrée à partir du moment où "la démarche du gestionnaire d'un certain nombre de relations et d'interactions physiques, économiques et sociales importantes. Mais tous cela sans une mobilisation internationale ne limite pas la crise. Des déférentes organisations en pris le problème très en sérieux, et ils ont proposés plusieurs solutions comme le programme hydraulique internationales de l'UNISCO, et Le Programme mondial pour l'évaluation des ressources en eau - une initiative de l'ensemble du système des Nations Unies.

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