2- La question des transferts :
Cette opération a été déjà
utilisée dans des nombreux pays. Le PHN espagnol, l'approvisionnement
par bateaux- citernes ou conduites sous marines de plusieurs îles
grecques ou espagnoles, le projet d'alimentation d'une partie de la Catalogne
par les eau du Rhône, l'effort turc qui est réalisé
vis-à-vis de la République Turque de Chypre du nord et plus
généralement, les projets qui au Proche Orient puisent leur
origine dans la relative abondance des eaux turques, sont autant d'exemples de
transferts d'eau existants ou sérieusement envisagés. Les
transferts dont il est question de parler maintenant sont d'une tout autre
ampleur géographique et quantitative. Ils sont parfois plus ambitieux
techniquement et soulèvent des interrogations multiples sur les
possibilités de leur réalisation.
C'est donc tout naturellement que la possibilité
d'échanger l'eau, à l'image en définitive de bien d'autres
marchandises, a été envisagée. Cette
éventualité semble acceptée par des dirigeants du
Sud : inaugurant le barrage Al Wahda en mars 1997, le défunt Roi
Hassan il eut ces mots : « le monde connaîtra, le
prochain siècle, une période difficile pour la vie de
l'humanité, une période marquée par la rareté de
l'eau. Les besoins en eau seront tels qu'on peut dire, sans nous tromper,
qu'à l'image du pétrole..., l'eau deviendra un jour
commercialisable à l'échelle, et des pays se mettront à
vendre de l'eau à des pays qui ne disposent pas de potentialle
naturelle ».
La question du transfert de l'eau des zones
excédentaires aux zones déficitaires, aiguisée par
l'éventualité de réaliser des profits donne lieu à
bien des projets, parfois aussi farfelus que celui consistant à
« capturer » et à tracer jusque sous des latitudes
plus chaudes et sèche des icebergs. Le prince Mohammed El Fayçal,
neveu du roi d'Arabie Saoudite annonçait ainsi dans les années
soixante-dix, lors d'une conférence internationale sur les icebergs qui
se déroulait à l'Université d'lowa, que dés la
décennie suivante, son pays pourrait être approvisionné par
des icebergs de 100millions de tonnes provenant de l'Atlantique Nord. Celui-ci
avait même fondé une société, Iceberg Transport
Internationale qui à terme devait atteindre un rythme de livraison
annuel de 100 icebergs ! Beau projet en apparence mais qui laisse
rêveur. Passons sur des difficultés techniques réelles
(question du remorquage d'une masse énorme dont l'instabilité
irait croissante au fur et à mesure de la descente en latitude ;
puis problème de l'exploitation de l'iceberg principalement pour la
raison précédente) pour douter surtout de la possibilité
de récupérer l'eau de fusion à des conditions
économiques décentes. D'autre ont imaginé de
transporté l'eau ou retour de pétroliers à vide, oubliant
que cela nécessite de nettoyer les cuves ce qui est à la fois une
source de pollution et un coût non négligeable. D'autres ont
conçu l'idée des réservoirs flexibles remplies d'eau
douce tractés par des remorqueurs ; là encore, le
procédé ne parait pas irréalisable, il reste à en
mesurer la faisabilité et la capacité à assurer les
énormes besoins qui s'affirment.
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