2- Une vision globale et intégrée :
Visant à la satisfaction optimale de l'ensemble des
besoins légitimes, dans le respect des écosystèmes
aquatiques.
D'une façon générale dans le Monde, c'est
encore malheureusement une gestion éclatée entre secteurs qui
prévaut (agriculture, villes, transport, hydroélectricité,
industrie...), sans qu'une coordination existe entre les différentes
entités administratives sur un même territoire.
Cette gestion suppose que des fonctions soient assurées
en permanence de façon complémentaire et cohérente sur
l'ensemble des territoires. Il s'agit :
· de l'administration générale,
· de la sécurité, et de la
prévention des risques et de la police,
· de la planification,
· de la réalisation des aménagements
structurants, notamment pour réguler les ressources et prévenir
l'érosion,
· de la construction des équipements individuels
et collectifs, liés directement à l'utilisation de l'eau à
son économie et à son recyclage, ainsi qu'à
l'épuration des rejets polluants,
· de l'exploitation, de la maintenance et du management
des infrastructures hydrauliques et des services collectifs,
· de la recherche et des études,
· de la formation, de l'éducation et de la
sensibilisation,
· de l'organisation des systèmes d'observations et
d'information sur l'état des ressources et des milieux aquatiques et sur
les usages,
C'est bien l'ensemble de ces fonctions qui doivent être
organisées de façon pérenne et dont le financement en
investissement et en fonctionnement doit être mobiliser et garanti
quelles qu'en soient les modalités.
L'ensemble de ces fonctions, n'est jamais assuré par un
seul organisme et le cas le plus fréquent est celui de la coexistence
dans un même territoire, de compétences et d'initiatives
nombreuses, tant individuelles que collectives, tant publiques que
privées.
Il est donc indispensable d'établir de façon
claire, indiscutablement et de manière transparente le rôle et
les compétences de chacun.
Créer des nouvelles capacités de
formation
Il est indispensable de créer dans les pays à
capacité suffisante de formation professionnelle initiale et continue,
notamment dans les secteurs telle que l'administration, la gestion,
l'exploitation et la maintenance ou des "relations clientèle" avec les
usagers. Compte tenu des effectifs en cause, les formations doivent être
organiser sur place, dans la langue et le contexte de chaque pays et avec des
formateurs locaux, et être plus orienter vers l'apprentissage pratique
"au poste de travail" que théorique.
La formation des agriculteurs, notamment des irrigants, est
aussi à renforcer, voire à réorganiser. Si, de plus en
plus, les ingénieurs de projet ont un bon niveau, les gestionnaires et
les exploitants, sont encore le plus souvent trop peu nombreux. La formation
initiale des techniciens, ouvriers et des administratifs reste, balbutiante et
plus théorique que réellement pratique. La formation
professionnelle continue reste à être organiser.
Les décideurs doivent aussi, et peut-être
surtout, être mis à même d'exercer leurs
responsabilités, qu'il s'agisse d'élus locaux ou nationaux, de
chefs d'entreprises, de responsables professionnels, de dirigeants
d'associations ou d'ONG. Un apprentissage approprié à leur
situation doit être envisager dans le secteur de l'eau, et en
priorité pour les membres des comités de bassin.
. Une organisation
appropriée : à l'échelle des grands
bassins versants et aquifère. L'eau ne connaît pas les
frontières, et la seule échelle de gestion cohérente, est
celle des bassins versants ou des aquifères, qu'ils soient nationaux ou
transfrontaliers. On estime que les deux tiers des grands fleuves sont
transfrontaliers, sans compter ceux partagés entre les différents
Etats de grands pays fédéraux, sans que des accords de gestion
n'aient été en général conclu entre les
autorités responsables.
C'est un des principes, qui fait notamment le succès du
Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB). Regroupant
déjà 149 organismes de 45 pays et dont l'Office International de
l'Eau assure le Secrétariat Technique Permanent, avec l'appui des
Agences de l'Eau françaises et des Ministères des Affaires
Etrangères et de l'Environnement.
Il va de soi que la gestion intégrée des
ressources partagées des grands fleuves transfrontaliers, sera
fondamentale pour l'avenir de certains pays. Il en va de même de la
gestion des grands fleuves, lorsque dans des pays fédéraux, les
responsabilités sont partagées entre le niveau gouvernemental
national et les Etats fédérés.
. L'application du principe
"utilisateur pollueur payeur : qui, en rendant la
contribution de chacun proportionnelle à ses usages ou aux dommages
qu'il cause, est la seule approche économique possible permettant de
mobiliser d'énormes moyens financiers nécessaires, tout en
créant les conditions d'incitation économique auprès des
usagers pour réduire le gaspillage et les rejets polluants.
Le recouvrement des coûts est encore trop peu
répandu. Dans une majorité de pays, d'énormes
réticences culturelles, voire religieuses, s'opposent à une
approche industrielle et commerciale de la gestion de l'eau. Or, les
investissements à consentir dans les prochaines décennies et les
frais d'exploitations et de maintenance des équipements, sont
considérables et ne pourront pas, dans la plupart des cas, être
couverts par les budgets publics locaux ou nationaux traditionnels. On estime
à environ 180 milliards de dollars par an sur 25 ans les investissements
indispensables pour renverser les tendances actuelles et faire face aux
nombreux besoins, notamment d'assainissement.
Toutes les institutions internationales s'accordent
désormais pour affirmer qu'il n'y a pas de solution au problème
de l'eau en dehors de la participation financière directe des usagers et
du secteur privé local. En particulier, il est important d'assurer :
· d'une part, une réelle solidarité entre
l'amont et l'aval d'un même bassin et entre les différentes
catégories d'usagers de l'eau, car leurs intérêts sont
liés. De nombreux usagers payant une petite contribution, peuvent
mobiliser des sommes considérables dans un bassin suffisamment grand et
peuplé.
· d'autre part, une gestion économique et efficace
des services collectifs des eaux, en particulier l'irrigation, l'alimentation
en eau , l'assainissement domestique et industriel, de manière à
satisfaire les besoins à moindre coût pour les usagers. Il faut
recouvrir, en même temps, les coûts directs des services de
distribution et d'épuration, ainsi que les coûts indirects
d'administration et de gestion de la ressource et de protection contre les
risques.
L'expérience montre que des services modernes peuvent
être rendus à des coûts faibles, en tout cas raisonnables.
Par exemple le prix d'un mètre cube d'eau potable, englobant
l'assainissement et l'épuration, les redevances et les taxes, ressort en
Europe de l'Ouest à l'équivalence de celui de 2,5 litres de super
carburant, d'un paquet de cigarettes ou d'une consommation de "soft drink" ou
d'un café dans un bar.
Des expériences réussies menées depuis
plusieurs décennies montrent que l'ensemble de ces approches
financières aux modalités différentiées peuvent
permettre, si elles sont mises en oeuvre efficacement, de mobiliser en tout cas
une part importante des sommes nécessaires à la modernisation du
secteur de l'eau et à la préservation de la ressource,
replacée dans une perspective à moyen et long terme
définissant des objectifs réalistes.
Il est clair que les subventions publiques restent possibles,
voire indispensables. Pour compenser les très grandes
inégalités entre situations locales ainsi que les
péréquations entre les différentes catégories
d'usagers, afin de tenir compte de leurs capacités contributives
réelles. De même, il faudrait concentrer l'aide publique
internationale dans les pays les plus démunis sur des projets dont les
coûts ne pourraient être équilibrer immédiatement et
dont l'efficacité économique et sociale seraient fortes.
Dans le cadre de contrats pluriannuels, de grandes entreprises
privées spécialisées peuvent apporter des
compétences et des financements pour faciliter la mise en oeuvre de
cette gestion industrielle et commerciale des ressources en eau et des services
collectifs de qualité. Ces contrats doivent garantir les capitaux
investis et leur rémunération, définir les termes de
référence des investissements et des prestations, préciser
le prix des services et prévoir sur une durée suffisante la bonne
fin d'activité.
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