3/ Les nouvelles stratégies de gestion de l'eau au
Maroc :
3-1- Mise en place des Agences de Bassins :
Les plans de développement économique et social
mis en oeuvre au Maroc ont accordé une grande priorité au secteur
de l'eau, permettant ainsi la généralisation de l'accés
à l'eau potable en milieu urbain, l'irrigation d'un million hectares
à la fin de 1997 et la production hydroélectrique de plus de
2000GWH/an en moyenne.
L'importance du volume des investissements du secteur
hydraulique est sans raport avec les possibilités du budget de l'Etat.
Elle met ainsi en évidence la problématique du recouvrement
41- OULALOU, « l'apport étranger et
l'agriculture marocaine » ,n 122, p285
du coût de l'eau brute, de la tarification des services
de l'eau (eau potable, irrigation énergie) et la contribution respective
de l'Etat et des usagers.
La loi 10-95 sur l'eau, a déjà
intégré en partie ces préoccupations et introduit la mise
en place de redevances liées aux principes
" préleveur-payeur "
et " pollueur-payeur " .Ces redevances seront
utilisées pour financer les actions d'inventaire, d'évaluation,
de planification, de mobilisation, de gestion de l'eau, ainsi que l'entretien
courant des ouvrages hydrauliques.
Les agences de bassin constituent désormais le cadre
adéquat pour concrétiser la prise en charge progressive du
coût de l'eau par les usagers, au partenariat entre l'administration ,
les collectivités locales et les usagers de l'eau en vue d'une gestion
solidaire et participative de l'eau à l'échelon du bassin versant
hydrologique.
Après la mise en service effective de l'Agence du
Bassin de l'Oum Er Rabia en juillet 1999, il est proposé de retenir le
calendrier ci-après pour les autres agences : Agences de Sebou,
Tensift, Bouregreg et Moulouya en 2000, Agence du Nord en 2001, celle du Souss
Massa en 2002 et l'Agence du Sud Atlasique en 2003.
2-3- Principaux projets de gestion de l'eau :
1. Projet de gestion de
l'environnement : Le Projet de gestion de l'environnement PGE
financé par la banque Mondiale, comprend quatre volets principaux.
1. renforcement du cadre institutionnel, administratif et
juridique.
2. mise en place d'instruments économiques et
financiers pour la réduction et le contrôle de pollution.
3. mise en place d'un réseau national d'information sur
l'environnement ( réseau des Acteurs Partenaires en Information et
Données sur l'environnement RAPIDE).
4. promotion de l'éducation environnementale et des
activités de sensibilisation
2. Projet de pérennité des
ressources en eau du Maroc (PREM) : Le projet PREM,
financé par l'Agence Américaine pour le développement
International (USAID) et le Ministère de l'Environnement, fait partie de
la stratégie nationale de gestion durable des ressources en eau.
Le projet PREM, premier projet intégré, a pour
objectifs :
2. le renforcement du cadre juridique et institutionnel.
3. la mise en place de sites de démonstration sur la
prévention de la pollution de l'oued Sebou.
4. la conservation des sols dans un bassin versant du Nord.
5. le traitement et la réutilisation des eaux
usées dans de petites et moyennes communes de la province d'Agadir.
6. la protection des ressources en eau dans les secteurs
agricoles, urbains et industriels et l'encouragement de la participation du
public aux actions environnementales par l'implication des collectivités
locales, du secteur privé , des ONG et des associations
professionnelles.
3- Etude du secteur de l'eau :
L'étude du Secteur de l'Eau, menée par le Ministère de
l'Equipement en concertation avec les autres Ministères et la Banque
Mondiale, se propose d'analyser les grandes options sur lesquelles pourrait se
fonder la stratégie future de la gestion des ressources en eau
Ces options concernent principalement :
1. La protection et à la conservation des ressources en
eau.
2. le freinage de la demande en eau.
3. le financement des investissements.
4. le recouvrement des coûts.
5. l'amélioration du cadre institutionnel.
6. la protection environnementale.
En parallèle, cette étude se propose d'analyser
le processus de planification hydraulique et de définir les
renforcements éventuels qui pourraient faciliter la préparation
et le suivi du futur plan Hydraulique National.
4- Programme National d'Eau Potable
Rural : La stratégie pour le développement social
adopté par le gouvernement pour la décennie 90 considère
comme une priorité l'accès des populations rurales à l'eau
potable.
Dans ce cadre un Programme d'Approvisionnement Groupé
en Eau Potable des Populations Rurales (PAGER) a été
adopté. Ce programme a pour objectif de porter le taux d'accès
à l'eau potable qui était de 38% à 62% au terme du plan et
à 80% à l'horizon 2008-2009 en desservant 31000 localités
regroupant 11millions d'habitants. Depuis son démarrage en 1995, ce
programme a pu réalisé 50% de ses objectifs.
5- Programme d'Amélioration de la Grande
Irrigation : Le Programme d'Amélioration de la Grande
Irrigation (PAGI), s'inscrit dans le cadre des orientations stratégiques
du développement agricole dans la perspective de l'an 2020
(sécurité alimentaire, amélioration des revenues des
agriculteurs, protection et conservation des ressources naturelles,
intégration de l'agriculture au marché national et
international). Il vise à réunir toutes les conditions permettant
aux grands périmètres irrigués de réaliser
pleinement et de manière durable leurs potentiels de production.
Ce programme s'articule autour des trois composantes
suivantes :
1. l'amélioration des performances hydrauliques des
systèmes d'irrigations;
2. l'amélioration de la productivité ;
3. l'amélioration de l'efficacité
opérationnelle des Offices de Mise en Valeur Agricole (ORMVA).
6- Programme d'hygiène du
milieu : Le Programme d'Hygiène du Milieu tend à
corriger et à maîtriser les facteurs responsables de la
transmission et de la propagation des maladies.
7- Projet de gestion des ressources en eau :
Le projet de gestion des ressources en eau a pour objectif principal
la promotion de la gestion intégrée des ressources en eau du
Maroc et l'appui de l'Agence de Bassin de l'Oum Er Rabia (équipement,
personnel, formation...).
Les principaux volets du projet sont :
1. l'élaboration du Plan National de l'Eau ;
2. l'élaboration du Plan Directeur de Protection Contre
les Inondations ;
3. l'élaboration du Plan National de Protection de la
Qualité des Ressources en eau ;
4. la mise en place d'un système de gestion en temps
réel des ressources en eau dans le bassin de l'Oum Er Rabia.
8- Etude d'un système de redevance sur la
pollution des eaux dans le bassin du Sebou : Cette étude a
pour objectif la conception des dispositions de la loi sur l'eau et d'un
système de redevances de pollution des eaux à appliquer par la
future Agence du Bassin de Sebou.
9- Etude d'un programme d'action visant à
minimiser l'impact de l'intensification agricole dans les
périmètres irrigués : L'objectif globale de
cette étude est la mise au point d'un système de recherche et de
contrôle de l'intensification agricole dans les périmètres
irrigués, il s'agit de :
1. faire un diagnostic de la pollution dans les
périmètres ;
2. collecter les informations et les données
nécessaires sur le secteur agricole intensif ;
3. délimiter les zones critiques touchées par la
pollution agricole ;
4. instaurer un système de suivi et de contrôle
pour la maîtrise et l'utilisation rationnelle des fertilisants et des
produits phytosanitaires.
Conclusion :
En 1966, la superficie équipée
n'était que de 137.000 hectares, alors que le potentiel irrigable de
façon pérenne avoisine 1.353.000 hectares, auquel il faut ajouter
une superficie supplémentaire de 300.000 hectares pouvant
bénéficier d'une irrigation saisonnière.
Pour réaliser l'objectif du million d'hectares
irrigués fixé pour la fin du siècle, le Maroc a entrepris
un vaste programme d'aménagements hydro-agricoles. En 1997, la
superficie aménagée ou en cours d'équipement a atteint
1.004.000 ha dont 671.700 ha en grande hydraulique et 332.300 ha en petite et
moyenne hydraulique. Ces réalisations ont mobilisé durant les
trois dernières décennies, 43 à 77 % des investissements
publics consacrés à l'agriculture et ont permis de
réaliser plus de 28.000 km de conduites et canaux d'irrigation. Ces
efforts ont été conduits dans le cadre d'une approche
intégrant la mise en place de l'infrastructure hydraulique
nécessaire à l'irrigation et la création de conditions
favorables pour une mise en valeur agricole intensive.
Le développement de la petite et moyenne hydraulique a
contribué de manière significative à l'aménagement
d'une grande partie du territoire national et a aidé à
atténuer les déséquilibres engendrés par le
développement des grands périmètres irrigués et des
villes.
Les aménagements hydro-agricoles ont été
accompagnés par des travaux d'amélioration foncière
(défrichement, défoncement, nivellement, drainage et
assainissement) des exploitations agricoles. Un important réseau de
voies de circulation a été également
aménagé. Plusieurs techniques d'irrigation (gravitaire,
aspersion, localisée) sont aujourd'hui utilisées en fonction des
sites et des cultures.
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