B/La modernisation de secteur hydraulique :
La contrairement de la première partie en parlent
beaucoup de la politique hydraulique marocaine, et peut de celle de
l'Algérie. Pour des raison politique ou économique,
l'Algérie a pris des recule dans ses projet hydraulique, car le
gouvernement d'après la guerre a donné une importance
considérable au ressource énergétique qui
représente la base de l'économie algérien depuis
l'indépendance. Par contre au Maroc la rareté des ressources
énergétique a poussé le royaume à développer
la production agricole, et surtout la quantité des terres
irrigués.
Le développement de la politique hydraulique du
Maroc :
Le Maroc indépendant en 1956, est celui qui a conduit
la politique hydraulique la plus dynamique au Maghreb, lui permettant
d'espérer atteindre le million d'hectares irrigués en l'an 2000.
Ce au prix d'un gigantesque effort financier et technique, engagé en
particulier dans la construction de grands barrages et l'équipement des
périmètres les plus grands du Maghreb. Cela lui permet de
régulariser de 6000 à 9000 hm3, sur 16000 hm3
régularisables.
L'objet de débat passionné au cours des
années 1960, sur les choix à faire en matière de
développement rural au Maroc, donnant lieu à des projets parfois
audacieux que l'évolution ultérieure a fait oublier. Le
débat au profit de l'ambitieuse politique barragiste qui
s'épanouit depuis le plan quinquennal 1968 -1972 a été
clore progressivement a cause des rapport des forces sociales en
présence. Cela n'apparaît pas dans les première
année, au cours desquelles sera mené une sorte de politique
d'attente : poursuite des projets en cours, mais à un rythme
ralenti. Seul le barrage de Mechra Klilla, prévu pour 1961, est
achevé en 1967. On centre l'effort sur l'achèvement de
l'équipement des périmètres existants, en particulier aux
Doukkala, dont la superficie équipée du Beht, qui pris son essor
grâce aux agrumes.
Mais à partir de 1960, la politique hydraulique du
Maroc a connu deux étapes importantes :
-1960- 1968 : l'ère de l'office national des
irrigation ONI.
- Apres 1968 : le grand programme du million d'hectares
irrigués.
1- L'ère de l'office national des irrigations
ONI :
L` ONI est crée le 3 septembre 1960, pour administrer,
de manière centralisée, les cirque périmètre
irrigués nés sous le protectorat (basse Moulouya -
périmètre de Triffas, Gharb, Abda Doukkala, Tadla et Haouz), avec
quelques légères modification de superficies. La
compétence de cet office devait ultérieurement s'étendre
à onze autres périmètres moins grands. D'emblée,
l'ONI se donne une mission ambitieuse, qui articule modernisation et
réforme agraire . Selon H. Popp, « les principaux aspects de
la nouvelle politique agricole
en matière hydraulique ne sont formulés sous
forme d'un programme en même temps d'économie agricole et de
politique sociale qui devaient être prioritaires » On peut
penser que c'est cette volonté de l'ONI de ne pas dissocier les deux qui
va provoquer sa disparition.
La question de la réforme agraire couvre la
période 1960 a 1964 est marquée par une intense mobilisation sur
cette question, aussi bien de la part des partis politiques que des
intellectuelles. Sous le protectorat la question de la modernisation de
l'agriculture traditionnelle avait été posée ; J.
Berque et J. Couleau avait lance en 1945- 1946 les secteurs de modernisation du
paysannat, à partir de la cellule communautaire traditionnelle que
constituait l'J'maa (37). En fait, les colons avaient fait capoter le projet,
si bien que l'on se retrouve au lendemain de l'indépendance dans une
situation fortement marquée par le fait foncier colonial. Les terres de
colonisation représentent 1017000ha, dont 289000 ha de colonisation
privé. Pour l'essentiel, ces exploitations détenues par des
étrangers sont des exploitations des grandes tailles, située sur
des zones fertiles, mécanisées et pratiquant des
spéculation tournées vers l'exportation.
La
propriété européenne au Maroc en 1959 (4)
Catégorie
|
Nombre d'exploitation
|
Superficie en ha
|
% des terres
|
0- 10 ha
|
1800
|
11000
|
1 ,0
|
10- 50 ha
|
1500
|
51000
|
4 ,9
|
50- 300 ha
|
1700
|
352000
|
34, 7
|
300- 500ha
|
500
|
202000
|
19 ,8
|
+ 500 ha
|
400
|
401000
|
39 ,6
|
Total
|
5900
|
1017000
|
100,0
|
La grande taille de l'exploitation est considérable.
Les recherches statistiques faites sous l'égide de l'ONI, montrent que
ce type d'exploitation est particulièrement présent sur les
périmètres d'irrigation. Les distributions symboliques de terres
qui eurent lieu après l'indépendance n'avaient pas corrigé
réellement cette caractéristique héritée. (38)
Aussi le plan 1960 -1964 fait il de cette inégale
répartition de la terre une des cause principales de stagnation de la
production agricole : lorsque 75% des familles rurales dispose de moins
de 2ha, il est vrais d'espérer une intensification. Il met aussi en
cause la persistance de statuts fonciers traditionnels (hbous), et de
faire-valoir qui ne favorisent pas l'intensification.
L`idée se fait jour de distribuer des terres, mais
aussi de regrouper les agriculteurs dans des
formes collectives d'exploitation.
37/ Bouderbala, Charibi, la question agraire au Maroc, p
222.2/ ABRAC, l'office national des irrigation, les hommes, la terre, et l'eau
1961.
38/ l'eau et les hommes au Maghreb p 161
L'ONI élabore aussi le projet de la
récupération d'une partie de plus-value crée par
l'irrigation sur les terres de périmètres, de façon
à mieux répartir le potentiel productif.
En 1959, une loi supprime l'aliénation de jouissance
perpétuelle acquise sur les terres collectives, mais cela ne concerne
que 35000ha. En 1963 sort une loi d'expropriation de la colonisation
officielle (250000ha), qui sera appliquée jusqu'en 1966. Il faudra
attendre 1973 pour que soient touchées les terres de colonisation
privée. (39)
Finalement , sur 100 ha de terre coloniale, 35 sont
passés aux mains de propriétaire marocains déjà
bien doté, 35 sont gérés par l'état, et 30
seulement sont attribués à des petits agriculteurs dans le cadre
de la reforme agraire. Le rapport des forces sociales et la
préoccupation de rentabilité ont donc eu raison, en quelques
années, d'un projet ambitieux que l'ONI avait contribué à
faire mûrir. Et puis il y avait quelques investissements agricoles
à caractère social pour éviter les troubles.
Catégorie
|
Nombre
|
%
|
Surface
|
%
|
Superficie
moyenne
|
- 5 ha
|
53630
|
77,5
|
110624
|
28,4
|
2,06
|
5- 20 ha
|
13070
|
18,9
|
102600
|
26,2
|
7,8
|
+ 20 ha
|
2482
|
3,6
|
177524
|
45,5
|
71,5
|
Total
|
69182
|
100
|
390748
|
100
|
5,6
|
Répartition de la
propriété dans quelques périmètres Marocains en
1971 (40)
La question de la modernisation des périmètres,
c'est le second volet de l'action de l'ONI, celui qui lui survivra le mieux,
trois axes principaux sont définis par l'office pour sortir d'une sous-
intensification des zones irriguées : réorienter dans le
choix de cultures, adopter des contraintes plus nettes de rentabilité,
imaginé une trame d'irrigation.
Le souci de rentabilité : les
périmètres étant des gouffres financiers, l'état
marocain prend des précautions en promulguant en 1969 un des
investissement, qui concerne surtout le secteur irrigué. L'état
s'engage à prendre en charge l'équipement externe et une partie
de l'équipement interne, à charge pour l'agriculteur de
rembourser à l'état la plus-value qui résulte de cet
équipement et qui est évaluée à 1500 DH/ ha, sauf
pour les exploitants qui ont
39/ L'eau et les hommes au Maghreb p 162, source ; P.
Pascon, la question agraire
40- Source : Benhadi, p. 288
moins de 5 ha. Ce prix de l'eau, est légèrement
majoré non seulement pour couvrir le coût d'énergie mais
aussi une part de coût d'équipement. En échange
l'état se réserve un droit de regard sur la conduite des
cultures et même le droit d'imposer jusqu'à 40% du coût de
l'équipement. Cela est applicable sur l'ensemble des zones
définies comme grandes périmètre d'irrigation.
Le choix des cultures : l'orientation vers des
cultures industrielle destiné au marché intérieur, ou pour
les cultures fourragers. Cela ne signifie pas que l'état marocain
veuille abandonner son secteur exportateur, car ce ne sont pas les mêmes
zones. D'ailleurs, le 9 juillet 1965, L'office chérifien d'exportation
est maintenu sous le nom d'office de commercialisation et d'exportation. Pour
lancer ces cultures nouvelles, l'ONI propose aux agriculteurs des contrats avec
garanties de prix et indemnisation en cas de pertes de récolte.
Le choix technique l' ONI :
Ils consistent pour l'essentiel dans une option prioritaire
pour le gravitaire, et l'adoption d'une trame d'irrigation, qui implique au
départ un remembrement général. L'option pour l'irrigation
gravitaire s'explique par différentes raisons : elle permet
d'utiliser beaucoup de main- d'oeuvre, d'économiser des deviser le
savoir faire traditionnel des irrigant ; de plus, au Maroc, la contrainte
d'économie de l'eau n'est pas très grande. Plus d'autre
innovation technique de l'ONI, la plus révolutionnaire, est la trame B,
ou trame rationnelle.
Ce fut une structure considérable, partiellement
victime des inconvénients d'une administration centralisée, le
manque de cadres marocains n'a rien arrangé.
Les pressions politiques s'ajoutant à ces limites
techniques, l'ONI voit d'abord réduire ses compétences, le 7 mai
1965, avec la création de l'OMVA (l'office de mise en valeur agricole),
qui est une fusion de l'ONI et de l'ONMR (office national de modernisation
rurale), qui s'occupait du secteur traditionnel. La dissolution pure et simple
sera prononcé le 22 octobre 1966, au profit d'offices régionaux
de mise en valeur agricole (ORMVA), comme des organe indépendant et
décentralisé avec des ressources budgétaires propres.
Selon Benhadi « l'Office a doublement
échoué dans la réalisation de ce qui apparaît comme
la tâche fondamentale qu'il s'était assignée :
introduire le progrès dans les petites et moyennes exploitations. D'une
part, l'Office n'a pas pu procéder aux mesures de réforme
foncière permettant d'élargir cette catégorie
d'exploitations. D'autre part, malgré quelques efforts au moment du
lancement des premières campagnes betteravières, il n'a
même pas pu faire des petits exploitants existants des participation de
la paysannerie à la modernisation de l'agriculture avait
été conçu sur une lourde erreur d'appréciation du
rapport des forces politiques.
· Le programme du million d'hectares
irrigués :
Vers la fin des années 1960, le pouvoir marocain va
s'engager avec toute son énergie pour réaliser ce vieux
rêve. A défaut de réaliser la reforme agraire, on se lance
dans la modernisation d'une partie de l'agriculture. Le 3 Mars 1967
le Roi Hassan II a déclaré dans un
discoure : « ...L'irrigation concernera grâce
à Dieu un million d'hectares de nos terres ». Dans
l'extrait de son discoure devant les membres du Conseil Supérieur de
l'Union Marocaine des Agriculteurs (1985) a dit : "...Comme vous le
savez, j'aime la terre, j'aime l'agriculture et j'aime le monde rural. Je
voudrais que toutes vos actions aboutissent à l'amélioration du
niveau de vie de l'agriculteur, à mieux le faire connaître et le
faire respecter, à honorer la main d'oeuvre et le travail dans les
campagnes...".Et pendant la fête de la
jeunesse le 9 Juillet 1995 le roi a déclaré : "...Pour
faire preuve d'équité à l'égard du monde rural,
nous devons instituer une formation professionnelle spécifique à
l'agriculteur de demain qu'il soit petit, moyen ou grand...".
|
1965- 67
|
1968- 72
|
1973- 77
|
1978- 80
|
1981- 85
|
Investissement total prévu
|
2933
|
5100
|
21845
|
13220
|
70620
|
Investissement total réalisé
|
2477
|
6343
|
33463
|
25291
|
55291
|
Agriculture
|
847
|
1622
|
4105
|
2504
|
8062
|
Hydraulique
|
447
|
1667
|
4378
|
2809
|
3971
|
Equipement
|
355
|
671
|
2143
|
1628
|
1071
|
barrages
|
92
|
996
|
2235
|
1181
|
2900
|
Investissement Hydraulique
|
149
|
333
|
875
|
936
|
794
|
%Hydraulique/ Investissement
|
18%
|
26%
|
13%
|
11%
|
7%
|
%Hydraulique/ Agriculture
|
53%
|
103%
|
106%
|
112%
|
49%
|
Les investissements publics pour l'irrigation (En
million DH).plan de développement loi de finance
Investissement
d'irrigation :
Pourcentage d'investissement :
dés le plan 1968- 72, la propriété
à l'agriculture et à l'hydraulique dans l'investissement publics
devient écrasante, puisque le secteur de l'irrigation
récupère à lui tout seul 2088 million de DH, soit 41% de
l'enveloppe globale des prévision budgétaires du plan.
L'effort exceptionnel de l'état marocain pour le
secteur hydraulique à partir du plan 1968- 72 , en particulier pour
la construction des barrages, qui aura donc mobilisé
jusqu `à 400 million de DH/ an.
A l'intérieur de crédit accordé à
l'irrigation, la grande hydraulique mobilise elle-même une majeure des
crédits. C'est dire le peu de soutien accordé à la petite
et moyenne hydraulique. Pour financer des dépenses aussi importantes,
l'état a été conduit à recourir à
d'importants financements extérieurs, sources d'endettement. Des experts
estiment qu'au cours de la période de 1968- 1972 la part de financement
extérieur dans l'exécution du plan est passé de 35%
à 60%.
BARRAGE
|
ANNEE
|
MOBILISE
|
CUMUL
|
Nakhla
|
1961
|
7,1
|
1971,3
|
Safi
|
1965
|
2
|
1973,3
|
Mohamed V
|
1967
|
595,8
|
2569,1
|
Ajras
|
1969
|
2,8
|
2571,9
|
Ait Aadel
|
1970
|
191
|
2762,9
|
Hassan Addakhil
|
1971
|
362
|
3124,9
|
Mansour Eddahibi
|
1972
|
567
|
3691,9
|
Y. ben Tachfine
|
1973
|
310
|
4001,9
|
Idriss I
|
1973
|
1207
|
5208
|
S.M Ben abdelah
|
1974
|
493
|
5701,9
|
O. el Makhazine
|
1978
|
789
|
6490,9
|
Timi N'Outine
|
1978
|
4
|
6494,9
|
Ibn Batouta
|
1978
|
41
|
6536,4
|
Garde du Loukkos
|
1978
|
4
|
6540,4
|
Nekor
|
1978
|
43
|
6583,4
|
Nador
|
1978
|
2,2
|
6585,6
|
El Massira
|
1979
|
2724
|
9309,6
|
Tamzaourt
|
1979
|
216
|
9525,6
|
Sidi Driss
|
1980
|
7
|
9532,6
|
Total des apports nouveaux
|
7568,4
|
Source :HTE, n 65-66, P.
107.
L'évolution des superficies irriguées :
Un document programme de 1975 émanant du
ministère de l'Agriculture donne une idée des ambitions du Maroc
en matière d'irrigation. (41)
|
1967
|
1972
|
1977
|
Fin d'aménagement
|
Irrigation moderne
|
ORMVA
|
140000
|
258000
|
422700
|
790000
|
PMH
|
60000
|
70000
|
91000
|
280000
|
Total
|
200000
|
328000
|
513700
|
1070000
|
Irrigation traditionnelle
|
Irrigation pérenne
|
275000
|
232000
|
187000
|
|
Irrigation d'hiver
|
100000
|
100000
|
100000
|
100000
|
Irrigation de crues
|
190000
|
190000
|
190000
|
190000
|
Estimation
|
L'effondrement des prix des phosphates à partir de
1975- 76, la monté des dépenses militaires, puis la
sécheresse des année 1980- 85 ont plongé le Maroc dans une
crise financière grave, et a ralenti les investissement entre 1981 et 85
en terme de superficies nouvelles équipées, puis à mettre
en oeuvre des 1983, des politiques des reformes de la grande
41- OULALOU, « l'apport étranger et
l'agriculture marocaine » ,n 122, p285.
irrigation. C'est l'objet du Pagi (programme
d'amélioration de la grande irrigation), lancé en 1985. En 1987
Casablanca accueillait, le XIII Congrès de la prestigieuse Commission
internationale des irrigations et du drainage.
|