B/ Les partages des eaux et les désaccordes
intera- étatiques :
Tout d'abord, à propos d'une ressource rare
et vitale comme l'eau, nous avons le plus généralement affaire
à des action de concurrence qui n'entraînent pas
nécessairement de conflit .La concurrence sur l'eau est une forme
sociale non nécessairement réciproque, car elle signifie une
lutte qui oppose des groupes ou des individus en vue de valoriser leur chances
de vie et de survie en possédant le plus grand sources hydraulique
possible. Cette concurrence ou plutôt se conflit est pas seulement
interétatique. Mais il est beaucoup plus profond car il touche quelque
foi les communauté de la même nation. L'exemple le plus
récent et le plus connu est ce lui de l'Espagne, dont qu'elle
développe ce titre.
L'analyse du cas espagnol, bien qu'il n'atteigne pas le
même seuil de conflictualité qu'aux Proche et Moyen Orient
,confère à ce pays un caractère révélateur
de l'impact des situations environnementales sur la
sécurité,l'équilibre et la stabilité
intérieure mais aussi extérieure d'un Etat.
À l'origine, le nouveau Plan
hydrologique national (PHN) soutenu par le Parti populaire espagnol devait
pallier l'absence d'une politique de l'eau, par un projet à long terme
visant une meilleure régulation de l'utilisation de la ressource en eau.
Au final, le projet consiste en une politique de transvasement de l'eau depuis
les bassins du Nord vers le littoral Sud, accompagné de la construction
de 118 nouveaux barrages, pour un coût de 150 milliards de francs
d'investissement. Or l'Espagne ne souffre pas d'une insuffisance
d'approvisionnement, mais d'une répartition régionale
hétérogène. 70 % des ressources sont dans le Nord (Ebre,
Duezo, Pyrénées) et 23 %. Seulement dans le littoral Sud, zone
concentrant à elle seule 55 % de la population ibérique et
l'essentiel de l'agriculture irriguée.
(28)-Le 05 septembre 2000, le gouvernement
fédéral espagnol a finalement rendu public le Plan Hydraulique
National (PHN.) en débat depuis plus d'une décennie. Cette
planification de la gestion de l'eau, conçue de manière
centralisatrice par un Etat qui s'impose comme "grand redistributeur.
Ces tensions politiques sont d'autant plus exacerbées
pour la maîtrise des eaux de l'Ebre que son bassin fluvial
occupe une position centrale dans la planification projetée par le
gouvernement espagnol, du fait non seulement de sa situation
géographique, mais également en vertu de son importance
économique.
L'Ebre prend sa source dans les Monts Cantabriques et traverse
le pays jusqu'à son delta en Mer Méditerranée à
proximité de l'île de Buda où il atteint un débit
moyen de 614 mètres cubes par seconde. Le bassin hydrographique de ce
fleuve recoupe ainsi plusieurs régions dans lesquelles l'expression de
"l'identité culturelle" est particulièrement marquée,
comme par exemple le Pays Basque ou la Catalogne.
Cette identité culturelle se manifeste politiquement
par la défense systématique des Autonomies administratives telles
que prévues par la Constitution de 1978. En vertu de ce régime
des Autonomies, la Confédération Hydrographique de l'Ebre (qui
dépend du gouvernement central mais gère officiellement en toute
indépendance le bassin) a dû apprendre à composer avec les
représentants des communautés autonomes, notamment en Catalogne
où la concurrence est vive avec la Junta d'Aigües de Catalunya qui
ont administré en toute indépendance les bassins internes
à la Catalogne.
Ce fait est frappant lorsqu'on s'attache à analyser
la gestion d`un fleuve intercommunautaire (donc partagé entre plusieurs
communautés autonomes multipliant leurs stratégies
particulières).l'étude de la gestion d'un bassin
intercommunautaire est donc très révélatrice des
différents conflits opposant tous les acteurs du cycle de l'eau. L'Ebre
traverse, de plus, deux communautés, la Catalogne et l'Aragon, pour
lesquelles le problème d'eau se pose véritablement en termes
politiques et non pas techniques comme pour les autre. Ces deux études
de cas que nous développerons plus loin seront donc extrêmement
révélatrices du climat de tension que peuvent déclencher
les hydropolitiques locales.
Dans le cadre du Système Intégré
d'Equilibre Hydrologique National (SIEHN.), qui consiste à
rééquilibrer le réseau hydrographique de la
péninsule ibérique, les bassins jugés excédentaires
- l'Ebre et le Duero - seront l'objet de dérivations et de
transvasements destinés à subvenir aux besoins de bassins
déficitaires comme le Jucar, le Segura et les bassins internes de
Catalogne. Cette planification prévoit à terme la redistribution
annuelle d'un milliard de mètres cubes d'eau, soit 430 millions pour la
région de Murcie, 300 millions pour celle de Valence, 180 millions pour
la Catalogne et enfin 90 millions pour la région d'Almeria.
Ces projets de transvasement ont soulevé dans tout le
bassin de l'Ebre, mais surtout en Aragon et dans les Comarques catalanes du Bas
Ebre, des contestations très vives. Les défenseurs de
l'environnement craignent notamment la disparition du delta de l'Ebre, la
deuxième grande réserve écologique du pays.
Le 8 octobre 2000, soit un mois à peine
après l'annonce du PHN, 400.000 personnes ont ainsi manifesté
dans les rues de Saragosse (650.000 habitants) contre cette planification
nationale. Ce mouvement d'opposition d'une partie de la société
civile espagnole a trouvé un écho auprès du Parlement
Européen. Le 9 octobre 2001, a « exprimé son
inquiétude quant aux récentes séries de propositions de
gestion non durable de l'eau en Europe, tel le PHN Espagnol (...) dont les
propositions n'abordent pas la question d'un usage et d'une gestion
raisonnés de l'eau à travers des mécanismes de
tarification ou d'autres moyens de sauvegarde de la ressource ». En
septembre 2002, sur l'initiative du COAGRET (Coordinadora de Afectadas por
Grandes Embalses y Trasvases), une Marche Bleue, soutenue par de nombreuses
associations universitaires et des partis politiques, a été
organisée depuis le delta de l'Ebre jusqu'à Bruxelles afin de
manifester contre le financement du PHN par l'Union Européenne.
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