D/ L'eau et la dimension de la santé :
Les maladies liées à l'eau sont une
tragédie humaine : elles tuent chaque année des millions de
personnes, empêchent des millions de personnes de mener une vie saine et
sapent les efforts de développement. Environ 2,3 milliards d'habitants,
de par le monde, ont des maladies qui sont liées à l'eau.
La mortalité infantile est due, à hauteur
d'environ 60 %, à des maladies contagieuses et parasitaires, dont la
plupart sont liées à l'eau. Dans certains pays, les maladies
liées à l'eau représentent une forte proportion de toutes
les maladies des adultes et des enfants. Au Bangladesh, par exemple, on estime
que les trois-quarts de toutes les maladies sont liées à de l'eau
insalubre et à des installations sanitaires insuffisantes. Au Pakistan,
le quart de tous les malades hospitalisés ont des maladies liées
à l'eau.
On sauverait des millions de vie en assurant un
approvisionnement en eau salubre et en aménageant des installations
sanitaires appropriées, ce qui réduirait la prévalence des
maladies liées à l'eau . C'est pourquoi, les pays en
développement et les organismes d'assistance doivent donner une
priorité élevée à la solution de ces
problèmes.
Les maladies liées à l'eau présentent des
variations considérables sur le plan de leur nature, de leur
transmission, de leurs effets et de leur gestion ; on peut cependant
répartir en trois catégories les conséquences qu'exercent
sur la santé des éléments liés à l'eau : les
maladies d'origine hydrique, y compris celles que causent des organismes
fécaux-oraux et des substances toxiques ; les maladies à support
hydrique, et les maladies transmises par des vecteurs
liés à l'eau. Une autre catégorie --
les maladies liées au manque d'hygiène -- ou au manque d'eau
sont des maladies qui apparaissent lorsque l'eau salubre se fait rare.
Les maladies d'origine hydrique sont des maladies «de
l'eau sale» -- causées par une eau qui a été
contaminée par des déchets humains, animaux ou chimiques. Dans le
monde entier, le manque de stations d'épuration des eaux usées et
d'eau salubre destinée à la boisson, à la cuisson des
aliments et à l'hygiène est responsable de plus de 12 millions de
morts par an.
Les maladies d'origine hydrique englobent le choléra,
la thyphoïde, le shigella, la polio, la méningite et
l'hépatite A et B. Les êtres humains et les animaux peuvent
être les hôtes des bactéries, des virus et des protozoaires
qui causent ces maladies. Des millions de gens n'ont guère accès,
pour leur hygiène personnelle, à une évacuation
contrôlée des eaux usées ou à une eau salubre. On
estime que 3 milliards d'êtres humains, par exemple, n'ont pas de
toilette sanitaire. Plus de 1,2 milliard de personnes courent des risques parce
qu'ils n'ont pas accès à de l'eau salubre.
Quand il n'y a pas d'installations sanitaires
appropriées, les maladies d'origine hydrique peuvent se répandre
rapidement. Des excréments non traités qui contiennent des
organismes vecteurs de maladies sont transportés par ruissellement ou
par infiltration dans des sources d'eau douce, contaminant ainsi l'eau potable
et les aliments. La présence d'organismes vecteurs de maladies dans
telle ou telle source d'eau douce est fonction du volume d'excréments
humains et animaux qu'elle contient.
Les maladies diarrhéiques, qui sont les principales
maladies d'origine hydrique, sont prévalentes dans de nombreux pays
où l'épuration des eaux usées est insuffisante. En pareil
cas, les déchets humains sont évacués à ciel ouvert
dans des latrines, des fossés, des canaux et des cours d'eau, ou sont
épandus dans les champs. On estime qu'il y a chaque année 4
milliards de cas de maladies diarrhétiques qui causent entre 3 et 4
millions de morts, surtout parmi les enfants.
L'emploi comme engrais d'eaux usées contaminées
peut provoquer des épidémies de maladies comme le choléra.
Ces maladies peuvent même devenir chroniques quand on manque d'eau
salubre. Au début des années 1990, par exemple, les eaux
usées non traitées qu'on employait comme engrais dans les champs
de légumes ont provoqué des poussées de choléra au
Chili et au Pérou . A Buenos Aires, en Argentine, il y avait constamment
dans un bidonville des poussées de choléra, d'hépatite et
de méningite parce que 4 % seulement des foyers avaient l'eau courante
ou de bonnes toilettes, tandis que des régimes alimentaires
médiocres et le manque d'accès aux services médicaux
aggravaient les problèmes de santé.
Les substances toxiques qu'on retrouve dans l'eau douce sont
une autre cause de maladies d'origine hydrique. De plus en plus, on trouve dans
l'eau douce des produits chimiques agricoles, des engrais, des pesticides et
des déchets industriels. Même à faible concentration, ces
produits chimiques peuvent finir par s'accumuler et causer des maladies
chroniques, telles que des cancers, chez les habitants qui emploient cette eau.
Presque partout, les problèmes de santé
causés par les nitrates contenus dans l'eau deviennent graves. Dans plus
de 150 pays, les nitrates provenant des engrais se sont infiltrés dans
les puits, où ils ont contaminé l'eau potable. Des concentrations
excessives de nitrates causent des troubles du sang. Par ailleurs, des niveaux
élevés de nitrates et de phosphates dans l'eau encouragent la
croissance d'algues bleu-vert, conduisant à la
désoxygénation (eutrophication). Les organismes qui jouent un
rôle purificateur et décomposent les matières organiques,
telles que les déchets humains qui polluent l'eau, ont besoin
d'oxygène pour se métaboliser. Le volume d'oxygène contenu
dans l'eau est donc le principal indicateur de la qualité de celle-ci.
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