Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré( Télécharger le fichier original )par Pagnidemsom Nestor BOULOU Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007 |
1.1.2 La langue utilisée dans le cadre du PICLa langue utilisée pour véhiculer les messages de sensibilisation dans le cadre du PIC est essentiellement le mooré. Cette langue est la plus parlée au niveau national que local. L'utilisation des langues locales est, en effet, essentielle dans le succès des radios communautaires africaines car elle constitue un facteur d'appropriation des messages de développement ou de sensibilisation qu'elles diffusent. Dans un processus de mise en oeuvre d'une campagne de sensibilisation ou d'un projet de développement, l'utilisation de la langue du milieu permet à la population ciblée de décoder et de cerner facilement le message à elle destiné. Les supports de communication généralement utilisés pour la diffusion des messages sont étrangers à l'univers culturel des populations rurales africaines. La langue peut, dans ce sens, devenir un facteur conciliant entre ces supports et les populations pour qui elles sont étrangères. Allant dans ce sens, Moustapha Samb souligne que l'usage d'une langue africaine est une réconciliation avec les population africaines en ce sens que le fait que le Moaaga ou le Fulbé ou encore le Wolof écoute sa propre langue à la télévision ou à la radio crée un rapport de transparence. Cette communication lui apporte confiance non seulement dans l'outil qui cesse d'être distant, mais dans sa propre langue84(*). En fait l'usage des langues locales permet de donner une force au discours auprès des populations qui sont d'ailleurs toujours fières d'entendre leurs langues à la radio. En somme, l'utilisation des langues nationales combinées aux mass médias constitue un facteur de mobilisation, donc de participation des populations. Et dans un contexte où la grande majorité de la population est analphabète en français, il faut reconnaître que l'utilisation des langues locales est évidemment nécessaire. « C'est d'ailleurs la seule possibilité de rendre la parole aux populations et d'aboutir, rapidement, à une véritable démocratisation de l'expression populaire »85(*). S'il est vrai que l'utilisation de la langue du milieu crée un rapport de confiance et de reconnaissance vis-à-vis de la population, il convient cependant d'ajouter que ce qui est dit dans cette langue, notamment dans le cadre des communications pour le changement de comportements, doit avoir un lien avec les réalités socioculturelles, religieuses et conceptuelles du milieu. L'orientation sémantique de l'excisionLes entretiens que nous avons eus avec les populations et certains membres des clubs d'écoute ont mis à nu les divergences de points de vue sur l'aspect négatif ou positif de l'excision. La définition que les personnes rencontrées se font de l'excision est fonction de leur attachement aux valeurs traditionnelles ou non. Dans cet exercice, nous avons confronté les points de vue de deux publics à savoir les populations bénéficiaires du PIC et les personnes chargées de sensibiliser les populations sur les effets néfastes de l'excision. Ainsi, il se dégage deux tendances qui abordent soit l'aspect négatif de la pratique de l'excision, soit son aspect positif conformément à sa connotation culturelle et traditionnelle. * 84 Moustapha Samb cité par Bagassi Koura dans son mémoire de maîtrise intitulé : Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu à Banfora. * 85 Bagassi Koura, mémoire de maîtrise sur le thème Radio communautaire et développement local : le cas de radio Munyu à Banfora. |
|