Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré( Télécharger le fichier original )par Pagnidemsom Nestor BOULOU Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007 |
1.2.1 L'excision : une pratique négative à bannirLes noyaux relais, chargés de pérenniser la diffusion des messages de sensibilisation pour le compte du PIC au niveau des villages que nous avons rencontrés sont unanimes pour dire que l'excision est une pratique aux effets néfastes qu'il faut à tout prix bannir. « Nous avons suivi au départ une formation avec les gens du comité de lutte contre l'excision qui nous ont appris que l'excision est une pratique qui présente de nombreux risques pour la femme et c'est ce que nous disons à nos parents 86(*)». Selon les fiches de sortie jointes en annexes, l'essentiel des messages tourne autour de la mauvaise cicatrisation des blessures qui cause de graves difficultés lors des accouchements, des cas où le bout de l'urètre est coupé et les urines coulent sans arrêt, du traumatisme subi par la femme du fait de l'endommagement de son sexe et des risques de contagion du SIDA dus au matériel utilisé pour l'opération. Pour renforcer l'effet recherché par ce genre de discours, les noyaux relais ont tendance à brandir la menace de la loi sur les mutilations génitales féminines. Ils semblent persuadés que la menace de la répression peut amener les populations qui pratiquent l'excision à abandonner cette pratique. « Nous savons que nos parents ont peur de la prison, donc pour les effrayer davantage et les amener à abandonner cette mauvaise pratique, nous leur apprenons que la loi condamne toute personne qui fait exciser sa fille 87(*)». Cette tournure est la résultante d'un constat ou plus d'une conviction : « nous connaissons nos parents, nous savons qu'ils ne croient pas en ce que nous leur disons. C'est pourquoi nous sommes obligés de les menacer88(*) ». Un des slogans des campagnes de sensibilisation est intitulé ainsi qu'il suit : «Sauvons la vie de nos filles ; donnons leur la chance de s'épanouir dans leur foyer en bannissant à jamais l'excision ». En d'autres termes, l'excision rime avec la mort, le désenchantement, le malheur. Une telle vision de l'excision est forcément contraire à celle que défendent les populations à la base ce qui exprime la méprise de la représentation que ces populations se font de l'excision. Il y a par conséquent une sorte de réticence vis-à-vis des messages véhiculés. Il n'est, certes pas question de dire aux populations que l'excision est une bonne chose. Cependant, il faut éviter de leur donner l'impression qu'elles ont toujours été des criminels depuis qu'elles pratiquent l'excision. La démarche n'est pas participative en ce sens que l'orientation sémantique de l'excision dans le cadre du PIC est définie de manière unilatérale sans aucune prise en compte de la conception culturelle et traditionnelle de celle-ci. C'est l'une des raisons qui justifient la réticence des populations quant à l'abandon de cette pratique. Il convient, au préalable, de se poser la question de savoir qu'est ce que l'excision pour les populations concernées. * 86 Entretien réalisé le 27 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Watinoma, Zoungrana Casimir. * 87 Entretien réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Wavussé, Lankoandé Moussa * 88 Entretien réalisé le 22 septembre 2005 avec un noyau relais du village de Wavussé, Lankoandé Moussa |
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