Lutte contre l'excision au Burkina Faso: l'expérience du plan intégré de communication de radio Vénégré( Télécharger le fichier original )par Pagnidemsom Nestor BOULOU Université de Ouagadougou - Maîtrise ès sciences de l'information et de la communication Option: Communication pour le développement 2007 |
3.3.1 Les grandes dates? 1960, le gouvernement de la première République après les indépendances entreprit des actions de sensibilisation auprès de la population, mais son action a été aussitôt limitée par des pressions sociales. ? 1975, avec l'année internationale de la femme, les actions ponctuelles ont constitué les débuts d'initiation de la lutte dans notre pays. La pratique de l'excision fut dénoncée par les ONG, les associations féminines et les médias à travers des émissions radiophoniques. ? Mars 1985, lors de la semaine nationale de la femme, des voix féminines se sont mobilisées pour lancer un appel aux autorités, demandant la prise de textes interdisant l'excision. ? Mai 1988, il y a eu l'organisation d'un séminaire national regroupant 300 représentants de toutes les couches sociales autour de la question. ? Octobre 1988, un comité provisoire a été créé suite aux recommandations du séminaire national de mai 1988. ? 18 mai 1990, la volonté politique du Burkina Faso se traduisait par la mise en place d'un comité national de lutte contre la pratique de l'excision (CNLPE). ? Novembre 1996 marque la prise en compte de la répression des mutilations génitales féminines dans le code pénal. ? Mai 1997 a vu la création du Secrétariat Permanent du Comité National de lutte contre la pratique de l'excision. ? Mai 2000 symbolise l'institutionnalisation d'une journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision (18 mai de chaque année)79(*). En plus de cette évolution, il est à noter l'engagement personnel de l'épouse du Chef de l'Etat à soutenir la lutte contre les mutilations génitales faites aux femmes à travers son slogan « tolérance zéro ». 3.3.2 Les grandes orientations de l'EtatPour les personnes qui luttent, il ne fait pas de doute que le problème de l'excision dure maintenant depuis trop longtemps pour que l'on reste à une phase de sensibilisation. Considérant comme inadmissible que des exciseuses, pourtant sensibilisées, récidivent dans la pratique, désormais les comités sont rentrés dans une phase de répression. Pour cela, un texte législatif existe depuis 1996. Ainsi, le Code Pénal du Burkina Faso, dans un chapitre concernant les crimes et délits contre la famille et les bonnes moeurs, réserve une section de trois articles sur les mutilations génitales féminines stipulés ainsi qu'il suit: - Article 380 : Est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 150 000 à 900 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque porte ou tente de porter atteinte à l'intégrité de l'organe génital de la femme par ablation totale, par excision, par infibulation, par insensibilisation ou par tout autre moyen. Si la mort en est résultée, la peine est un emprisonnement de cinq à dix ans. - Article 381 : Les peines sont portées au maximum si le coupable est du corps médical ou paramédical. La juridiction saisie peut en outre prononcer contre lui l'interdiction d'exercer sa profession pour une durée qui ne peut excéder cinq ans. - Article 382 : Est punie d'une amende de 50 000 à 100 000 francs, toute personne qui ayant connaissance des faits prévus à l'article 380, n'en avertit pas les autorités compétentes80(*). Au niveau sous régional, un plan d'action avait été élaboré en 1996 en Guinée Bissau lors de la première rencontre sous régionale des délégués nationaux en charge de la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la mère et de l'enfant. Ce plan qui avait défini les objectifs, les activités et stratégies, les lieux, moments, partenaires et moyens de sa mise en oeuvre, est joint en annexe. Après cette exploration des questions liées à la pratique de l'excision, nous pouvons, à présent, nous interroger sur la pertinence et l'adéquation des moyens de lutte contre cette pratique néfaste sans doute dangereuse pour la santé de la femme. S'il est indéniable que la tradition est un pilier dans les sociétés qui la pratiquent parce qu'elle contribue à en assurer l'unité et l'harmonie, il n'en demeure pas moins que l'évolution sociale nécessite une réévaluation de certaines habitudes et coutumes, dans le but de renforcer et d'encourager celles qui sont positives tout en essayant de trouver des moyens idoines d'abolir celles qui sont nuisibles. L'excision est, depuis quelques années, au centre des débats nationaux et internationaux. Cependant, nous pouvons dire que les actions de lutte menées jusqu'à présent au Burkina Faso n'ont pas véritablement abouti aux résultats escomptés. C'est donc ce constat qui sous tend cette étude dans un cas précis. * 79 http://www.sp-cnlpe.gov.bf * 80 cf : Code Pénal du Burkina Faso |
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