La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique( Télécharger le fichier original )par Camille Favre Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007 |
2. Les dessinateurs contemporains de pin-up.2.1 Dominique Wetz.Cet artiste, né dans les années soixante, inscrit ses filles dans la tradition des pin-up, comme il le souligne en introduction de sa monographie : « la femme a une longue histoire picturale derrière elle. Le XXe siècle est l'ère de la pin-up, la vraie, la fille piquante que l'on épingle. Faire valoir publicitaire, prétexte illustratif pour vanter des spectacles légers, son arrivée officielle dans la presse il y a environ un siècle a ouvert à un fabuleux harem de demoiselles. De moins en moins vêtues, de plus en plus aguicheuses, elles sont passées par les chambrées des GI's, les vestiaires des sportifs et les dessous des matelas boutonneux. Elles ont voyagé sur les fuselages des avions ou dans les attachés-cases des hommes d'affaires. Elles ont déchaîné passion, fureur et censure, faisant frissonner quelques centaines milliers d'hommes et peut-être nourri l'imagination d'un nombre non négligeable de femmes196(*) ». Pour créer ses girls, Dominique Wetz s'est inspiré des grands maîtres de l'art des pin-up : Aslan, Gil Elvgren, Alberto Vargas : « avant tout gamin, je dessinais surtout des paysages et des natures mortes. Mais de voir le travail de ces deux artistes, Gil et Aslan, a vraiment été une révélation pour moi et ce sont eux qui m'ont donné envie de dessiner des femmes. J'aime également Vargas qui est très fort en aquarelle et d'une manière générale tous les dessinateurs de pin-up197(*) ». Dominique Wetz s'inscrit alors dans la lignée des dessinateurs de pin-up. En choisissant de tels maîtres, Gil Elvgren et Alberto Vargas étant aujourd'hui les artistes les plus côtés, connus et reconnus dans le monde des pin-up et Aslan, le dessinateur français travaillant pour Lui, Dominique Wetz assure peut-être sa future renommée. En effet cet artiste n'est pas issu comme la plupart des dessinateurs de pin-up du monde de l'art ou de l'illustration. Plâtrier de métier, il ne dessine que pour « s'amuser ». C'est sa femme qui le convainc d'envoyer ses dessins au magazine Kiss. Il réalise alors la couverture de cette revue et sa carrière est lancée. Comme beaucoup de dessinateurs de pin-up, il travaille principalement à l'huile, au pastel et au crayon. Toutes ses filles sont dessinées d'après photo, il effectue le même patchwork pour créer son corps féminin idéal : « je prends ce que j'aime bien sur certaines images, je change les habits, les couleurs, les lieux. Je cherche à donner à la femme la beauté parfaite198(*) ». A l'inverse d'une majorité de dessinateurs de pin-up, il ne travaille pas d'après un modèle vivant : « à part pour les portraits, je n'ai jamais travaillé d'après un modèle vivant. Il faudrait que je trouve une fille suffisamment patiente199(*) ». Malgré quelques modifications, les filles de Dominique sont aussi des pin-up. Car quelques soient les variantes physiques imposées par l'air du temps, la pin-up de cet artiste est restée belle, ensorcelante et inaccessible, fidèle à son mythe plus star que les stars. La seule modification notable qu'ait connue la pin-up se trouve alors dans son comportement. De toujours, les pin-up dessinées ont devancé l'évolution des moeurs, leurs consoeurs photographiques se contentant peut-être de leur emboîter le pas. De chastes (mais diablement affriolantes !) à leurs débuts, elles ont petit à petit enlevé le haut puis le bas avant de tenir les promesses qui nourrissent les espoirs masculins. Sur le papier glacé des calendriers ou des magazines, elles ont délaissé les attitudes amusantes pour se faire directement provocatrices. Finie la vierge effarouchée par un coup de vent fripon. La pin-up d'aujourd'hui affiche ouvertement son désir exhibitionniste notamment lorsqu'elle est dessinée par Wetz. Ces girls ne sont pas innocentes. Elles se masturbent en nous regardant ou en dormant. Pourtant comme leurs aïeules, elles portent talons et bas et souvent que cela. Leur sexe est régulièrement visible. Elles ont, elles aussi, de longues chevelures flamboyantes. Certaines, dans la tradition des Lolita, portent de petites socquettes blanches. D'autres, selon un vieux fantasme, sont vêtues comme des soubrettes. Cependant Wetz a abandonné le ton léger propre à la pin-up. Il préfère : « que ses pin-up de papier soient plus directes, plus vraies, aussi bien dans leurs attitudes que dans leurs proportions, dans leurs tenues comme dans leur exhibition200(*) ». Les pin-up de Wetz, tout comme les filles d'Aslan, sont hyper réalistes. Elles se rapprochent de la photographie. Mais elles sont aussi, en bonnes pin-up, une représentation idéalisée du corps féminin. Elles n'ont pas de poils et parfois leur sexe est épilé selon les dernières modes. La peau est soyeuse, elle semble huilée. Les maquillages sont sophistiqués tout comme les coiffures. * 196 WETZ Dominique, girls, girls, girls, Paris, Vent d'Ouest, 2000, p.7. * 197 Idem, p.8 * 198 «Ibid.» * 199 «Ibid.» * 200 Idem, p.9. |
|