1.3.2 L'environnement des modèles.
Le décor dans lequel sont présentées les
pin-up est propre à créer et à susciter le rêve et
le fantasme. Ainsi par exemple, les pin-up apparaissent telles des naïades
au bord de l'eau que ce soit sur la plage, un ponton ou le bord d'une luxueuse
piscine (Ill. 119, 126). Cela permet certes, de présenter la
pin-up en tenue légère mais aussi renforce l'exotisme, support de
fantasmes. Exotisme accentué grâce à certaines tenues des
modèles : robe au motif hawaïen (Ill. 128), fleur
exotique dans les cheveux.
Mais il arrive aussi que les scènes dans lesquelles
elles apparaissent soient des scènes d'intérieur. Le décor
se limite alors à un tabouret sur lequel s'appuie le modèle
(Ill. 120), un fauteuil ou d'un sofa dans lequel, plus ou moins
lascive, est présentée la jeune fille (Ill. 125). On
retrouve aussi, dans une moindre mesure, les thématiques de mise en
scène propre à nos pin-up dessinées : modèles
téléphonant (Ill. 125), secrétaires (Ill.
131, 132), soubrettes aux vêtements sexy (Ill. 133, 134).
Ces thématiques sont plutôt déclinées dans les
photographies de pin-up destinées à la publicité. Car tout
comme sa cousine dessinée, la pin-up photographiée va, elle
aussi, servir de support à la société de consommation et
apparaître dans la publicité. En effet, à la fin des
années cinquante, la pin-up photographie est partout. Elle fait tourner
les têtes mais également les rouages du commerce. Dans la
publicité, elle sert à vendre tout et n'importe quoi, des
chaussettes aux voitures de sport en passant par les légumes en conserve
et les gaines. Elle transmet un message d'optimisme et de progrès, sans
parler de rentabilité. La signature Bernard of Hollywood apparaît
alors sur des centaines de panneaux publicitaires et de calendriers, ainsi que
dans les périodiques pour hommes, plus populaires que jamais.
Une des raisons du succès de ces pin-up photos provient
en partie de l'érotisme léger dégagé. En effet,
tout comme leurs homologues dessinés, le monde de ces pin-up est un
monde léger, frais, insouciant. Cette légèreté
omniprésente permet d'offrir au spectateur et au consommateur un
érotisme innocent et déculpabilisant. Cette atmosphère
érotique pourtant pudique n'évitera pas à l'artiste
Bernard of Hollywood de voir ces photos qualifiées d'obscène dans
une Amérique encore puritaine.
La pin-up photographiée doit engendrer la rêverie
et éveiller le désir mais non les exacerber. Elle relève
alors d'un érotisme « politiquement correct ». Elle
ne doit pas avoir une sexualité trop franche et affirmée. C'est
pourquoi certaines images peuvent tirer sur la mièvrerie.
Néanmoins l'érotisme de ces images est accentué, tout
comme avec les pin-up dessinées, par les légendes, titres
décalées ou explicites qui accompagnent les photographies :
Gamine (Ill. 135) pour une photographie d'Ava Norring (1929- ) des
années quarante où elle pose en maillot, assise de manière
à nous présenter ses jambes avec un regard et une expression
très sérieuse de beauté froide, Cold Outside (Ill.
136) pour une photographie de Barbara Nichols (1929-1976), datant aussi
des années quarante, seulement vêtue d'une étole de
fourrure et de chaussures à talons à lacets. Dans Pretty Baby
(Ill. 137), des mêmes années, Frances Irwin pose assise sur
un fauteuil en osier, vêtue d'une chemise ouverte sur sa poitrine et
tenant une grosse poupée. Enfin dans Good Connection (Ill.
125), de la même période, Laurette Luez (1928-1999) est en
train de téléphoner, assise sur un sofa, uniquement
habillée d'un tout petit peignoir orné de fourrure.
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