La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique( Télécharger le fichier original )par Camille Favre Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007 |
2. Le cinéma.2.1 Les Chorus Girl.Comme nous l'avons brièvement souligné pour l'industrie du cinéma, les pin-up constituent « la cerise sur le gâteau ». Parfois, quand le scénario est trop terne, les studios engagent des auteurs spécialisés dans les gags dont la seule fonction est d'inventer une situation drôle où une jolie fille avec de belles jambes doit traverser le plan en balançant les hanches. Comme Marilyn Monroe. On l'appelle à ces débuts « Melle Déhanchement ». Elle a appris à maîtriser cette démarche à la perfection. D'un côté, il y a les pin-up, de l'autre, les actrices - les Bettis Davis (1908-1989) et Joan Crawford (1904-1977). Elles appartiennent à deux mondes différents. Comme le remarque Bernard of Hollywood des premières : « le meilleur ami que ces filles pouvaient avoir, outre un diamant, c'était un photographe glamour119(*) ». À la sortie de la crise de 29 et après le creux de la Seconde Guerre Mondiale, depuis la relance de l'industrie des images par le cinéma, le nombre de femmes qui veulent tenter leur chance devant les lentilles des caméras et les lumières des sunlights n'a cessé d'augmenter. Elles affluent de tous les Etats-Unis et parfois d'Europe pour tenter l'aventure. Longtemps disséminées dans les grandes villes, passant leur vie à circuler entre les ateliers des photographes, les scènes et les loges de music-hall et des vaudevilles, les studios de publicités et les agences de modèles, elles sont de plus en plus nombreuses à venir se concentrer autour des studios construits à la lisière du désert californien. Arrivées à Hollywood, elles rejoignent la colonie de femmes qui les a précédée. Après s'être logées dans des hôtels, meublés, pensions de famille, s'être pliées aux démarches administratives de l'Etat rendues obligatoires pour tous les immigrants même de l'intérieur, il leur reste à accomplir l'essentiel : décrocher un contrat, si court et si modeste soit-il. Après s'être changées dans les vestiaires collectifs, après des heures d'attente dans les couloirs et les coulisses des plateaux, elles enchaînent les unes à la suite des autres les épreuves de sélections, qui peuvent durer des journées entières. Ces différentes étapes servent principalement à juger du potentiel physique de la jeune prétendante : ayant revêtu des maillots de bain, elles défilent sous le regard de réalisateurs et d'assistants prenant des notes. Une fois leurs mensurations prises par les habilleuses, elles subissent des séances de pose devant des photographes qui varient les effets d'éclairage. Elles passent ensuite des essais en tournant de courtes scènes. Pour la minorité qui est retenue, les personnages qui leur sont proposés sont généralement plus proches de la figuration que de la comédie. La grande majorité des rôles réservés à ces femmes durant ces années-là sont, en effet, toujours les mêmes, répétés des dizaines de fois d'un film à l'autre. Ce sont des filles de vestiaires, des serveuses de bar, des vendeuses de cigarettes, des danseuses, des entraîneuses ou des prostituées ; et quand elles font des apparitions dans la haute société, ce sont comme filles entretenues ou « invitées ». Parmi ces emplois, les plus nombreux sont ceux de danseuses de boîte de nuit ou de music-hall : les chorus girl. Les attentes entre les différentes prises sont longues : « frustrées et ennuyées, les chorus girls, au milieu des bouteilles vides et des banquettes sales, tuaient le temps en se couvrant les dents de faux diamants ou en se colorant les cheveux avec des teintes qui allaient de l'anisette au vin rosé120(*) ». Mais la principale cause de leur désenchantement vient de leur exploitation sans ménagement, comme nous le verrons dans la dernière partie de ce chapitre. * 119 Idem, p.30. * 120 BRUNO Michael, Venus in Hollywood, New York, Lyle Stuart, 1970, p.41. |
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