La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique( Télécharger le fichier original )par Camille Favre Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007 |
2.2 Un côté fétichiste.Ce côté fétichiste apparaît dés le début avec la première fille de Bill, Torchy, qui est révélatrice de l'intérêt de l'artiste pour les démarches chaloupées, les jambes longues, les accessoires. Ward dessine souvent Torchy en train de s'éloigner, offrant aux lecteurs les plus beaux point de vue sur ses jambes longilignes et ses fesses, notamment dans les strip destinés aux journaux militaires. Les scénarii de ces strip ressemble fortement à ceux de Milton Caniff. Comme Miss Lace, Torchy évolue dans les camps militaires où elle console les soldats, leur tient compagnie lors de repas et épice leur quotidien. Tous les militaires, du simple soldat au haut gradé, sont fous d'elle et imaginent sens cesse de nouvelles stratégies afin de pouvoir « conclure ». Ce n'est que lorsque Torchy obtient sa propre bande dessinée destinée à un grand public, qu'elle apparaît en couleur, selon la tradition des comics. Une des couleurs dominante de Torchy est le rouge, symbole, comme nous l'avions remarqué avec les pin-up, d'ardeur, de pouvoir, de jeunesse et de santé, sensé éveiller le désir. Une des premières couvertures de Torchy montre la jeune femme dans un accoutrement totalement fétichiste. Sa robe très moulante est en satin, ou en latex. Ses talons aiguilles font au moins quinze centimètres de haut. Dans ses aventures, elle passe son temps à cogner les mauvais garçons. Elle est souvent représentée en train de s'habiller. Dans les premiers Torchy publiés par Quamlity Comics dans Modern Comics, elle est plus vamp qu'à ces débuts (moins innocente, plus consciente de sa sexualité et du désir qu'elle suscite). Dans sa propre bande dessinée, elle prend quelques rondeurs. Mais elle reste la sirène aux longues jambes. Comme le souligne Judy Ward : « elle a toujours les jupes relevées !104(*) ». A cette époque-là, Bill Ward ne s'intéresse pas encore aux gros seins. Dans une lettre à Reb Stout, ami et collectionneur, Bill évoque ses dessins faits pour l'armée : « Pas mal pour un gamin de 18 ans. Je crois que je n'ai pas fait beaucoup de progrès depuis. L'armée ne voulait pas que je dessine les poitrines que je voulais. Ils prétendaient que ça aurait rendu les troufions complètement dingues105(*) ». Quoi qu'il en soit, ces poitrines n'ont pas atteint la taille qu'elles vont prendre plus tard avec Humorama. A l'époque, ce qui compte, ce sont les jambes, les talons, la lingerie et la chevelure à la Veronica Lake. Des années plus tard, Ward affirmera que Torchy a les jambes de Betty Grable et les yeux d'Ann Sothern. Comme beaucoup de dessinateurs érotiques, Bill sait jouer avec l'interdit et la transgression tout en respectant certains tabous. La raison du succès de Bill Ward provient en partie d'avoir su s'adapter aux demandes du marché érotique. Dans ces dessins de l'après soixante-dix par exemple, ceux destinés à Sex to Sexty, Bill n'hésite pas à représenter ses femmes nues ou des scènes explicites de l'acte sexuel. * 104 Idem, p.325. * 105 «Ibid». |
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