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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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1.2 Erotisme, pornographie et critique sociale.

En fait, il existe bel et bien une historicité de la pornographie et de l'érotisme qui tient de l'évolution des moeurs, des modifications de la sociabilité du regard ou du rapport qu'une société entretient avec le corps, de la moralité des représentations, de ce qui est exprimable et de la façon de l'exprimer et sans doute à bien d'autres facteurs encore, visibles ou cachés. Comme le remarque Richard Ramsay7(*) ce qui pousse la sexualité à la transgression d'interdits sociaux ou moraux est vite relégué du côté de la pornographie. Hypothèse soutenue par Lynn Hunt, dans son ouvrage The Invention of Pornography : « Entre 1500 et 1800, la pornographie était le plus souvent un instrument utilisant la force d'impact du sexe pour critiquer les autorités religieuses et politiques8(*) ». La pornographie aurait alors un rôle de « sape » politique ou religieuse.

Les écrits du Marquis de Sade (1740-1814) en sont des exemples frappants, notamment La Philosophie de Boudoir de 1795, dans lequel s'intercale description de l'initiation sexuelle d'une jeune fille et réflexions philosophiques anticléricales. Le terme pornographie serait alors attribué à ce qui est subversif alors que l'érotisme recouvrirait des représentations plus conventionnelles. Nos pin-up, par exemple, à la sexualité innocente et légère, n'ont pas été censurées ou très peu et s'inscrivent par leur graphisme, leurs codes esthétiques et leurs mises en scène dans une tradition de la représentation de la sensualité. Il est évident que la pornographie tout comme l'érotisme reproduisent certains stéréotypes sexuels ou poncifs ; les décors sont souvent les deux types : l'environnement de la vie quotidienne ou un lieu fantasmé, loin dans le temps ou dans l'espace. Parmi les personnages récurrents on trouve l'aristocrate (seigneur désoeuvré, le lord anglais, l'épouse qui s'ennuie) qui fonctionne en couple avec un partenaire issu du peuple (la servante/serveuse, la putain, le routier, le jardinier) et la personne en uniforme (officier, infirmière, hôtesse de l'air, institutrice, le valet).

A l'inverse, pour certains auteurs, au début du XIXe siècle, les représentations explicites d'activités sexuelles ont cessé d'avoir une fonction politique ou religieuse. La seule fonction socialement reconnue de ces représentations écrites et visuelles aurait pour rôle la pure stimulation sexuelle des consommateurs. La pornographie ne serait rien d'autre que le produit de cette « autonomisation » des représentations sexuelles explicites par rapport à leurs fonctions religieuses ou politiques. Une autre hypothèse, émise par Lynn Hunt, de « l'invention moderne » de la pornographie soutient que ce n'est qu'à partir du XIXe siècle et dans le monde occidental seulement, que la justification publique du contrôle et de la répression de la production, de la diffusion et de la consommation de représentations sexuelles explicites aurait cessé de s'exprimer en termes religieux ou politiques et commencé à être formulée en termes moraux issus des valeurs bourgeoises.

C'est à partir de ce moment seulement que ces représentations auraient été jugées « indécentes », « licencieuses », susceptibles de « dépraver », de « corrompre les moeurs », d'inciter à la « débauche », d'éveiller les « instincts humains les plus bas » (lascivité, luxure, concupiscence). Selon ce point de vue, autrefois ou dans d'autres société, les représentations sexuelles explicites pouvaient être contrôlées ou interdites parce qu'elles étaient blasphématoires (justification religieuse) ou subversives (justification politique). Ce n'est que dans nos sociétés modernes qu'elles auraient commencé à l'être parce qu'elles étaient obscènes (justification morale). De plus, c'est surtout en raison du développement de techniques de reproduction et de diffusion massive que la consommation de représentations sexuelles explicites serait devenue un problème « social » et que la qualification moralisatrice de « pornographie » et surtout d' « obscénité » serait apparue9(*).

* 7 RAMSAY Richard, «op. cit.».

* 8 HUNT Lynn, The Invention of Pornography, New York, Zone Books, 1996, p.10.

* 9 ARCAND Bernard, Le Jaguar et le Tamanoir. Anthropologie de la pornographie, Québec, Boréal/Seuil, 1991, p.167.

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