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Indépendance de la banque centrale et croissance économique

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par Nesrine RESSAISSI
faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis -  2007
  

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L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE : RALENTISSEUR DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Introduction :

Le chapitre précédent, malgré qu'il a manqué d'une validation empirique, nous a expliqué comment une banque centrale indépendante peut être favorable à la croissance économique. Mais Rogoff (1985) n'a pas été d'accord avec cette théorie. Il prévoit que lorsqu'on donne une importance plus importante à l'inflation cela peut être au détriment de la croissance économique. En effet une banque centrale indépendante n'a aucun objectif que la stabilité des prix, nous sommes alors en présence du ciblage d'inflation, ce ciblage nécessite une politique monétaire restrictive qui peut être nuisible à la production.

Ce deuxième chapitre sera subdivisé en deux sections. La première section s'intéresse au principe du ciblage d'inflation tout en expliquant l'action d'une banque centrale indépendante dans ce cas. Alors que la deuxième section sera consacrée à l'analyse de la coopération des politiques budgétaire et monétaire dans le cas d'une banque centrale indépendante.

SECTION 1 : l'indépendance de la banque centrale et le ciblage de l'inflation

L'instabilité des prix est source d'incertitude, elle fausse le processus de décision économique et entrave la croissance économique. Généralement, cette instabilité résulte de l'inflation. L'origine de l'inflation est attribuée à l'excès de liquidité, c'est-à-dire qu'il y a trop de monnaie pour trop peu de biens.

Pour maîtriser l'inflation, la banque centrale visait des objectifs intermédiaires de taux de croissance monétaire. Ces objectifs doivent conduire au taux d'inflation souhaité. Bien que cette stratégie ait permis à certains pays de réduire leurs inflations, l'échec répété et l'instabilité persistante de la relation entre la croissance monétaire et l'inflation ont poussé la plupart des pays à cesser de cibler les agrégats monétaires pendant les années 80. Alors, les tentatives des différentes banques centrales et plusieurs recherches se sont concentrées sur la recherche d'une nouvelle variable à cibler et à mettre en place une nouvelle politique visant de maîtriser l'inflation.

A la fin des années 80, de nombreux pays industrialisés suivis par des pays à marché émergent ont commencé à cibler l'inflation. D'où, l'apparition d'une nouvelle politique économique nommée « ciblage d'inflation ».

Dans ce sens, il est nécessaire que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Barro et Gordon ont montré dans un article de 1982 l'intérêt de l'indépendance pour l'efficacité des politiques monétaires. Au cours de cette section, nous allons présenter le principe de ciblage d'inflation adopté par une banque centrale indépendante.

1-Aspects opérationnels du ciblage de l'inflation :

Le ciblage de l'inflation est un cadre de politique monétaire qui contraint la banque centrale à assurer une faible inflation. Le processus commence normalement par la diffusion d'un communiqué conjoint de la banque centrale et du gouvernement (habituellement le ministère des finances) fixant un objectif explicite à atteindre sur une période donnée par exemple un taux annuel d'inflation de 2 % pendant les deux années à venir. Il incombe ensuite à la banque centrale, qui doit être libre de la manière dont elle règle ses instruments, d'atteindre l'objectif fixé et de publier régulièrement des informations sur ses stratégies et ses décisions.

Ce devoir de transparence contribue à réduire l'incertitude quant aux orientations futures de la politique monétaire tout en renforçant la crédibilité et la responsabilité de la banque centrale.

Le ciblage de l'inflation a été décrit comme un cadre d'application de la politique monétaire en liberté surveillée. Il s'appuie sur des règles, puisque l'adoption de cibles explicites astreint la banque centrale à l'application d'une politique cohérente. Il laisse toutefois en même temps à la banque centrale la liberté de choisir la manière dont elle utilise ses instruments, ce qui lui donne une certaine marge de manoeuvre pour réagir aux éventuels chocs endogènes ou exogènes.

Dans une situation typique de ciblage de l'inflation, la banque centrale règle ses instruments, par exemple les taux d'intérêt, à une date donnée à un niveau qui ramènera l'inflation prévisionnelle, par exemple pendant l'année ou les deux ans qui suivent, à un taux proche de la cible à atteindre.

L'inflation prévisionnelle sert d'objectif intermédiaire ; l'écart à combler entre le taux prévisionnel et le taux cible détermine le choix de l'action à mener. Cette approche prospective est évidemment souhaitable, compte tenu des délais longs et variables qui interviennent entre la modification des instruments monétaires et la matérialisation de ses effets sur l'objectif stratégique ultime. À l'opposé, une approche consistant à réagir à l'inflation passée ou présente constitue par définition une politique à retardement qui accroît le risque de variabilité de l'inflation et de la production.

En pratique, c'est la banque centrale qui décide habituellement

de l'orientation future de la politique monétaire sur la foi des informations fournies par un ensemble d'indicateurs, par exemple les taux d'inflation prévisionnels obtenus à partir de modèles macroéconomiques structuraux, ou de méthodes plus mécaniques, par exemple des analyses d'autorégression vectorielle, et des résultats d'enquêtes sur les anticipations inflationnistes fondées sur le marché.

Les autorités monétaires tiennent également compte de l'évolution de variables monétaires et financières clés comme la monnaie et le crédit, la structure des taux d'intérêt selon les échéances, les prix des actifs et les conditions du marché du travail. Si plus d'un de ces indicateurs donne à penser que l'inflation dépassera probablement la cible, la nécessité de recourir aux instruments devient évidente.

1- Règles ou politique discrétionnaire ?

Après des années d'inflation élevée, le monde industrialisé et les pays en développement sont entrés au cours des années 90 dans une période de stabilité des prix. Les banques centrales ont contribué à cette tendance favorable en choisissant de plus en plus d'annoncer l'orientation à venir de variables nominales clés afin d'influer sur les anticipations inflationnistes. Ces objectifs intermédiaires (ou règles) annoncés aident à renforcer la crédibilité de la politique dans la mesure où la banque centrale est moins incitée à jouer sur l'arbitrage à court terme entre les variations de la production et l'inflation, qui peut avoir tendance à créer un biais inflationniste.

Au plan opérationnel, ces objectifs intermédiaires ont deux fonctions utiles : empêcher les chocs endogènes ou exogènes d'entraîner une hausse permanente de l'inflation et concrétiser la volonté de stabilité des prix à long terme. Ils jouent en fait le rôle de points d'ancrage nominaux, tenant les banques centrales à l'application de politiques cohérentes tout en donnant un repère qui permet au public d'en suivre la mise en oeuvre.

2- Ciblage de l'inflation et transparence

La politique monétaire est plus efficace lorsque les marchés en comprennent les objectifs et le rapport entre ces objectifs et les mesures prescrites.

La transparence joue aussi un rôle clé en indiquant aux marchés que les banques centrales sont responsables des résultats qu'elles obtiennent, ce qui favorise en retour une plus grande discipline dans la conception et la mise en oeuvre de leur politique.

La transparence joue également un rôle dans le ciblage monétaire dans la mesure où les objectifs stratégiques, y compris les cibles intermédiaires, sont publiés. Mais les partisans du ciblage de l'inflation font valoir que leur approche maximise la transparence et la communication. D'une part, il est vrai que l'annonce explicite des cibles d'inflation est plus facile à comprendre pour le commun des mortels que la notion de croissance de tel ou tel agrégat monétaire. Par ailleurs, comme les coûts de l'inflation dépendent non seulement de son niveau mais également de sa variabilité, des objectifs explicites, en réduisant l'incertitude quant à l'évolution future de l'inflation, favorisent de meilleures décisions en matière d'épargne et d'investissement, ce qui accroît la productivité globale. De plus, la banque centrale, en signifiant ses intentions, peut contribuer à réduire la volatilité des marchés financiers et à abaisser, de ce fait, les primes de risque et de change.

De toute évidence, les banques centrales peuvent asseoir leur crédibilité en atteignant les cibles d'inflation annoncées. Et toutes celles qui pratiquent le ciblage de l'inflation publient des rapports périodiques dans lesquels elles exposent les orientations futures de leur politique monétaire et expliquent les écarts entre le taux actuel et le taux cible. Pour aider le public à mieux comprendre le raisonnement de la banque centrale, ces rapports contiennent également une description des moyens utilisés pour prédire le taux d'inflation (ainsi qu'une évaluation des chances d'amélioration ou de dégradation de la situation), et une indication de la façon dont la banque réagirait à divers scénarios envisageables. Ces avis préalables réduisent les risques d'interprétation erronée des réactions de la banque centrale dans ces diverses circonstances.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille