1.2.3. Le développement
psychomoteur
1.2.3.1. Notions sur la maturation
neuromusculaire
Les cellules musculaires sont plus primitives
c'est-à-dire qu'elles se différencient avant les cellules
nerveuses. Elles sont donc fonctionnelles avant les cellules nerveuses.
Dès la 6ème semaine
(40ème - 45ème jour) le muscle est
excitable. L'innervation motrice précède la sensitive car le
muscle attire le prolongement du neurone moteur, l'organe de sens attire le
prolongement du neurone sensitif (c'est la fermeture réflexe) (44).
Dès la 7ème semaine
« l'homme commence le conflit avec la
pesanteur » (71) car les canaux semi-circulaires sont
fonctionnels et reliés au S.N.C. par le nerf vestibulaire. La
première motrice a lieu vers 40-60ème jour suite
à la multiplication des jonctions neuromusculaire, il s'agit d'une
réaction totale car les muscles et les nerfs agissent ensemble. A trois
mois les réactions deviennent localisées et plus précises.
Cette évolution se fait dans l'ordre cephalocaudale et proximo distal. A
12 semaines l'effleurement de lèvres provoque les mouvements de
déglutition (sourire, apparition du réflexe de succions. A la
12ème SA le premier mouvement du foetus peuvent être
perçu par l'obstétricien, et à partir de la
16ème SA la mère sent le foetus se retourner effleurer
de ses pieds le paroi du utérin, coordination de mouvements des membres
et l'apparition du phénomène d'innervation antagoniste. A la
20ème SA il y a différentiation de zones auditive et
visuel du cerveau (paupière). A 30 semaines le foetus réagit
à une sonnerie électrique entraînant des mouvements. Entre
20 - 25ème SA l'acquisition de la gamme complète de
mouvements foetaux. A 6 mois le foetus est viable en couveuse.
La maturation du S.N.C. se traduit par le fait que la phase
neuromotrice va faire place à la phase sensori-motrice.
NICHOLAS et BARON (71) pensent que l'activité des
éléments sensoriels est d'une extrême importance pour
accélérer la maturation et coordonner l'activité des
groupes musculaires.
WALLON (44) signale que la motricité pendant les trois
premiers mois est impulsive comprenant des gestes explosifs et non
orientés.
La période du 3ème au 6ème mois nous
fait assister au passage du foetus de la période neuromotrice au cours
de laquelle la motricité est spontanée par une organisation
progressive grâce à l'intervention de 3 ordres:
· Le développement des zones
réflexogènes tactiles est céphalo- caudal.
· Le développement de la motricité des
membres est proximo- distal.
· L'entrée en jeu des centres supérieurs
qui ont une influence inhibitrice et qui permettra à l'influx nerveux
de ne pas irradier, rend possible le déclenchement
des « réflexes spinaux » (44).
Ces mouvements encore rudimentaires sont des
éléments de comportement à l'aide desquels toutes les
réponses futures seront construites. IRWIN (1930) parle
« d'activité de masse », c'est une motricité
anarchique, explosive et inadaptée (38).
BERGERON (1947) énonce l'activité segmentaire
flexion- extension des membres. Ce sont les réflexes archaïques qui
donnent la signification aux grands NEM en période de
développement psychomoteur selon LE METAYER (46, 52,86).
· La motricité innée
Le MATAYER 1981-1986-1989 par son étude a
montré qu'à côté de la motricité primaire
existent des aptitudes motrices innées non appelées à
disparaître. Les aptitudes motrices définitivement
programmées tout au long de l'évolution motrice de l'homme. Ces
aptitudes motrices innées de l'enfant normal comprennent :
· La fonction posturale
Sherrington dit que la posture suit le mouvement comme son
ombre (50) ; elle englobe:
o La fonction de soutien (évite l'affaissement du
corps) ;
o La fonction de maintien ;
o Fonction de redressement (élévation et
abaissement du corps à partir d'une base d'appui) ;
o La fonction d'équilibration (compensation dès
que se produit le déséquilibre).
Evolution motrice fonctionnelle.
Elle dépend de 3 composantes majeures :
§ La maturation (ontogenèse, perfectionnement des
potentialités cérébro-motrices innées).
§ Les aptitudes perceptivo motrices innées
(mémorisation temporo-spatiale des mouvements et information du milieu
extérieur) (50).
§ Les expériences motrices
répétées (ajustement des mouvements intentionnels).
1.2.3.2. Les niveaux d'évolution motrice
(N.E.M.) (3,28,65)
v Définition
Ils représentent les nombreuses combinaisons
d'enchaînements possibles que l'enfant découvre dans ses
explorations du milieu extérieur. Les NEM représentent le fil
conducteur de l'éducation thérapeutique de la locomotion selon
les conditions que le rééducateur doit adapter en fonction des
potentialités de chaque enfant lorsqu'il y a insuffisance
cérébro-motrice.
v Rôle des niveaux d'évolution
motrice
Ces notions nous permettront d'évaluer les aptitudes
posturales largement traitées par Tardieu (58), qui vont nous renseigner
sur :
1. l'insuffisance des muscles
antigravitaires ;
2. l'excès de
résistance de leur antagoniste ;
3. l'instabilité
posturale.
Dans les troubles de la régulation des mouvements on
notera la qualité du :
- freinage dont l'insuffisance implique
l'hypermétrie,
- vitesse dont l'insuffisance marque la
dyschronométrie,
- succession des mouvements alternés de sens
opposés dont le trouble constitue l'adiadococinésie (16, 18,20,
48, 50),
- l'évaluation du niveau fonctionnel : Le
Métayer (48) rappelle qu'elle nous renseigne sur les
potentialités et capacités résiduelles de l'I.M.C. ainsi
que son degré d'indépendance.
Il faudra chaque fois comparer l'âge fonctionnel
à l'âge mental de l'enfant I.M.C. le jour de l'examen. Tardieu
(48) nous propose l'échelle de reconnaissance manuelle des objets et de
leurs formes ; « Les épreuves de l'imitation
».L'examen clinique consiste à une évaluation clinique
factorielle et introduit déjà la notion du schéma
corporel où l'enfant manifeste ses aptitudes par ses expériences
(vécu corporel) (18, 48).
1.2.3.3. Le concept du corps
Considérer le mouvement humain comme l'expression de
la conduite d'un « être situé corporellement au
monde », on ne s'arrête pas au simple
« vouloir », mais que cette intention débouche sur
un « pouvoir faire » efficace, expression de son
vécu personnel (70).
1.2.3.3.1. Le corps instrument
C'est le corps manipulé pendant l'intervention du
thérapeute ; le corps subit son action.
1.2.3.3.2. Le corps propre
C'est le corps agissant, tenant compte de la sociologie de
l'image du corps ; c'est la fin du versant affectif et le début du
versant gnosique (44) : il comprend l'image statique, l'anticipation
(schéma postural) et l'image dynamique (schéma
d'action).L'éducation psychomotrice est l'aide apportée à
l'enfant pour lui permettre de disposer
d'une « image du corps » opératoire (76).
1.2.3.3.3. Le concept image du corps
(44,15)
TABARY, C. BAURAT HMELJAK, A. STAMBAK et BERGES
« montrent qu'il y a une évolution parallèle et
coordonnée de la perception de l'espace et de la perception du corps
propre ».
1.2.3.3.4. La communication et le langage du
corps
Mais la relation à autrui se fait d'abord par
l'intermédiaire du corps : « c'est par le corps
que nous sommes présents à autrui et au monde »
(44).
WALLON souligne que dès la naissance, le dialogue de
l'enfant avec le monde se fait à travers les relations tonico-
émotionnelles conjointement avec l'activité digestive et
respiratoire.
Sur le plan thérapeutique, le regard est un instrument
important de la fonction empathique, favorisant la communication pour
solliciter, stimuler, ou valoriser le sujet en rééducation.
Ce qui est essentiel dans la relation éducative est
de considérer la personne et son corps comme une unité
expressive qui doit répondre de façon unifiée tout au
long du processus d'apprentissage.
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