I.2.2.
Facteurs biodémographiques
La mortalité en général et la
mortalité différentielle en particulier sont fortement
corrélées avec les caractéristiques
biodémographiques de l'enfant et de la mère. M. Biaye (1994) les
considère comme étant des déterminants proches de la
mortalité différentielle selon le sexe et les appellent
` facteurs propres à l'enfant' et
` facteurs maternels'. Dans le cadre de cette étude, nous
n'avons retenu que l'âge de la mère à l'accouchement,
à cause de la nature et des objectifs de l'étude. Les autres
caractéristiques telles que l'intervalle inter génésique,
le sexe de l'enfant, le poids de l'enfant et la taille de l'enfant à la
naissance étant plus pertinentes pour les études explicatives
n'ont pas été retenues.
L'âge de la
mère à l'accouchement
De façon classique, il est reconnu que la
mortalité infantile est plus élevée chez les mères
les plus jeunes (moins de 20 ans) et chez les mères les plus
âgées (plusde35ans) à la naissance de leurs enfants. Le
risque de mortalité est rattaché à l'âge de la
mère pour des raisons physiologique et comportementale. En effet, on
estime que les jeunes sont moins expérimentées et qu'elles
n'accordent pas assez d'attention au nouveau-né, c'est pourquoi dans la
société africaine, les jeunes mères sont toujours
accompagnées pendant une certaine durée par une autre femme de la
famille plus expérimentée. L'effet de l'âge de la
mère sur la survie de l'enfant peut être contrôlé par
les soins prénataux dont l'absence selon Barbieri explique le
désavantage des enfants nés des mères jeunes.
Du point de vue différentiel, la mise au point faite
par M. Biaye (1994) nous semble tout à fait pertinente. Il suppose
que :
« l'effet de l'âge de la mère
à la naissance de l'enfant sur les différences sexuelles de la
mortalité traduise une certaine attitude préférentielle
vis-à-vis de l'enfant lié au sexe : dans un contexte
patriarcal donné, les jeunes mamans peuvent se montrer plus
réceptives à certaines idéaux de la famille (par exemple,
la préférence pour une naissance masculine dans le but de
répondre rapidement à l'assouvissement des désirs
lignagers, ou ceux d'un système de production dont les règles du
jeu penchent à l'avantage de la progéniture mâle) ; de
même, les générations des mères les plus
âgées sont supposées plus prises sous le charme des valeurs
traditionnelles que les benjamines, mais leur perception d'un problème
comme la préférence sexuelle n'est pas indépendante de
leur expérience reproductive (par exemple, par rapport à leurs
soeurs moins âgées elles peuvent exprimer une
préférence masculine moins forte dans le désir ou la
perspective d'un autre enfant) ».
Si cela se confirme, il est donc tout à fait
juste de penser que plus la mère est jeune, plus sera le désir
d'avoir un enfant de sexe masculin et plus la mère est
âgée, moins sera le désir d'avoir un enfant de sexe
masculin ; bien évidemment que ce raisonnement ne distingue pas
l'effet de l'âge à celui de la génération.
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