c) La Toscane au temps de Dante et Giotto :
une Révolution artistique et littéraire en
marche
La poésie italienne est née en Sicile à
la cour de Frédéric II, petit-fils de Barberousse. Le sonnet y
est créé là-bas. Cette culture s'est peu à peu
diffusée dans le reste de l'Italie. C'est cependant à Florence,
avec Dante et Guido Cavalcanti que sont composés les premiers chefs
d'oeuvre. On observe une supériorité globale de la Toscane dans
le domaine des Beaux-Arts : Pise est première en sculpture avec Nicola
Pisano1, pour Florence c'est en architecture avec Arnolfo di
Cambio2, et en peinture avec Cimabue3 et Giotto
(1266-1337), auxquels Dante rend hommage dans son Purgatoire.
1 Mort entre 1278 et 1284. Il est le principal
représentant d'un art novateur, ample et vigoureux, qui se nourrit de la
tradition antique (chaire du baptistère de Pise, 1260) et
s'épanouit de façon plus complexe en accord avec la culture
gothique (chaire octogonale de la cathédrale de Sienne, vers 1266). Son
fils Giovanni fut, à ses débuts, son collaborateur.
2 Né en 1240,mort en 1302, Collaborateur de Nicola
Pisano, averti du gothique français comme de l'art antique, il renouvela
le genre funéraire. Actif à Rome, il revint en 1296 à
Florence, où il donna l'impulsion à un renouveau
architectural.
3 Né en 1240, mort en 1302. Son oeuvre, aussi mal connue
que sa vie, marque le début de l'affranchissement vis-à-vis de
la peinture d'inspiration byzantine, conventionnelle et symbolique.
En Toscane, la Renaissance est ainsi en germe dès le
fin du Duecento. Une véritable révolution picturale
s'opère. Pour Elisabeth Crouzet-Pavan1, «sous l'action
conjointe d'une influence des modèles de l'Antiquité et d'une
sensibilité nouvelle aux formes, aux lumières, aux couleurs de la
nature, les peintres substituent peu à peu aux formules byzantines
jusqu'alors hégémoniques un système figuratif davantage
fondé sur la perception visuelle. La fresque surtout s'impose comme
moyen d'expression privilégié. Dans les années 1290, les
multiples commandes que Giotto reçoit attestent l'éclat de sa
renommée.»
Avec un tel héritage, le Trecento ne pouvait que tenter
d'aller plus loin : c'est ce qui s'est produit avec Pétrarque et
Boccace, malgré les crises évoquées plus haut. Cependant
le chemin ne fut pas aisé : Boccace a bien souvent hésité,
oscillé entre les directions qui s'offraient à lui. Mais ce sont
ses contradictions qui peuvent le rendre aujourd'hui plus touchant et plus
humain que Dante et Pétrarque, les modèles vers lesquels il a
voulu tendre, tout en se sachant différent d'eux à bien des
égards.
Cimabue arrive à une conception humaine des
personnages. Ce qu'il apporte à la peinture du XIIIe s. (sentiment de
l'espace, modelé des figures, mouvement, expression et
vérité humaines) s'épanouira chez son élève
Giotto.
1 Article «L'Italie au siècle de Dante et
Giotto». Cf. annexes.
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