De nombreuses critiques ont été émises en
direction des techniques de fonctionnement des modèles de
création de valeur.
Le succès rencontré de cette approche et son
application relativement systématique ne doivent pas conduire à
ignorer les problèmes liés à sa mise en place et ses
conséquences dans le comportement humain.
- Le coût des capitaux propres est difficile à
déterminer puisque le calcul doit s'appuyer sur des données
prospectives, alors qu'en pratique, celui-ci prend en compte des données
historiques. Dans le monde du financement des capitaux, rien ne permet
d'affirmer que demain ressemblera à hier.
- Les investissements à long terme ne sont pas
favorisés, puisque le calcul de l'EVA reste une mesure
instantanée de la création de valeur.
- L'évaluation des performances à
l'intérieur d'un groupe est difficile, étant donné
l'impact des prix de cession.
- L'adaptation de l'approche aux PME non cotées est
délicate, dans la mesure où l'on connaît, en particulier,
les difficultés de détermination du coût du capital.
- Une incitation financière forte peut entraîner
une certaine créativité comptable propre à satisfaire
à court terme les actionnaires.
Aspects humains
- La focalisation de la création de valeur pour
l'actionnaire, peut entraîner une certaine démobilisation pour le
personnel et les autres partenaires de l'entreprise (sous traitants,
fournisseurs)
- Les dirigeants soumis à des pressions importantes,
ou fortement intéressés financièrement, peuvent être
tentés de manipuler les comptes en déconsolidant les filiales
destructrices de valeur.
- Les limites liées aux contextes nationaux renvoient
à l'origine anglo-saxonne du concept de création de valeur et
à ses fondements libéraux.
- L'application de mesures visant à créer de la
valeur peut conduire, en premier chef, à procéder à des
licenciements massifs, les frais de personnel représentant souvent la
principale source de coût. Ce principe est ainsi à l'origine de
nombreuses délocalisations d'entreprises installées en France.
Aspects stratégiques
- Fondamentalement, le raisonnement de la création de
valeur, a conduit les entreprises à s'engager dans les secteurs les plus
créateurs de richesse. La pression des investisseurs professionnels a
incité de nombreux groupes à effectuer un recentrage vers les
activités ou les marchés qu'ils maîtrisent le plus,
à charge de l'investisseur de diversifier les risques en composant son
portefeuille. Devant cette stratégie, on peut s'interroger sur l'horizon
des entreprises qui risquent de mourir à petit feu sur des
marchés de plus en plus précaires et sur l'apparition de nouveaux
produits ou concurrents pouvant menacer son existence.
- Enfin il ne faut pas ignorer l'importance de la situation
de l'entreprise par rapport à la concurrence. En effet, d'après
une analyse réalisée en 1996, 75% des entreprises qui ont offert
une rentabilité élevée à leurs actionnaires le
doivent avant tout à leur avantage concurrentiel plus qu'à
l'amélioration de leur rentabilité.
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