- Définition
Au coeur du modèle d'évaluation de ces auteurs
se trouve la notion de valeur économique ajoutée définie
pour une période t comme le produit des capitaux investis par le
différentiel entre la rentabilité économique de ces
capitaux et le coût moyen pondéré du capital de
l'entreprise, soit :
EVA t = (r et - k
t)*C t
EVA t = valeur économique ajoutée de
la période t
C t = montant des capitaux investis en t
r et = rentabilité économique en t
des capitaux investis, égale au ratio RE t/C t
k t = coût moyen pondéré du
capital en t
L'EVA est donc un bénéfice résiduel, une
valeur ajoutée par rapport au coût des capitaux qui financent les
actifs employés. Autrement dit, une EVA nulle signifie que le niveau de
la rentabilité est juste suffisant à rémunérer les
capitaux. Le graphique 1 rend compte de l'incidence des capitaux propres sur le
niveau de l'EVA dégagée.
Graphique 1 : EVA et Capitaux propres
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ENT A
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ENT B
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ENT C
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ENT D
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NOPAT
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200
|
200
|
200
|
200
|
CAPITAL EMPLOYE
|
1 500
|
1 400
|
1 200
|
1 000
|
COUT DU CAPITAL
|
15%
|
15%
|
15%
|
15%
|
REMUNERATION DU CAPITAL
|
225
|
210
|
180
|
150
|
EVA
|
- 25
|
- 10
|
20
|
50
|
L'objectif principal à atteindre est donc la
maximisation de l'EVA, cette valeur économique ajoutée
étant la principale mesure de la performance de l'entreprise.
La MVA (Market Value Added) représente la
création de richesse dégagée par l'entreprise. Cette
notion est le verdict du marché puisque son calcul repose sur la
capitalisation boursière (CB). De ce fait, elle est difficilement
utilisable par l'entreprise.
MVA = CB - VC (valeur comptable)
- Application de L'EVA
Ce modèle est calculable dans chaque centre de profit
à l'intérieur de chaque Business Unit et a rencontré un
certain succès au sein de grands groupes anglo-saxons qui ont
commencé à implanter l'EVA dès le début des
années 90.
Chez HEWLETT-PACKARD par exemple, l'introduction de la
méthode EVA a été progressive. Après avoir
utilisé en 91 la rentabilité des actifs (ROA) comme mesure
centrale de la performance, les dirigeants ont introduit en 1993, le coût
du capital dans leur raisonnement. Aujourd'hui, l'EVA joue un grand rôle
dans la gestion du portefeuille d'activité et fournit une
référence pour comparer des divisions aux caractères
très dissemblables en terme d'intensité capitalistique et de
marge.
En France, selon un rapport de la COB publié en mai
2000, seules vingt et une entreprises du CAC 40 mentionnent la création
de valeur, alors que cet indicateur de performance est devenu incontournable de
l'autre coté de l'atlantique.
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1.1.2 )LE MANAGEMENT PAR LA
VALEUR
D'après les auteurs de la démarche, le
management par EVA doit s'accompagner obligatoirement de la mise en place d'un
système d'incitation (intéressement).
L'expérience de certains groupes a
démontré que ce système pouvait produire de bons
résultats puisque chaque service, en connaissant sa contribution
à la performance globale de l'entreprise, a pu par émulation
interne, améliorer fortement le résultat de l'entreprise. La
réussite du management par L' EVA nécessite un changement
culturel dans la mesure où chaque décision doit tenir compte du
coût du capital parallèlement aux gains d'exploitation.
Cette démarche doit aussi s'accompagner d'une
formation. En effet, comment persuader un manager que sa décision doit
être prise, non seulement en prenant en compte le résultat
opérationnel, mais aussi le coût des capitaux engagés par
cette même décision. Ainsi une démarche visant à
améliorer la productivité, mais augmentant les stocks, n'est plus
forcément créatrice de valeur si le coût de cette
immobilisation est supérieur au gain opérationnel.
La place des dirigeants dans le processus de
création de valeur
D'après la théorie de l'agence (JENSEN et
MECKLING), l'équipe dirigeante doit gérer l'entreprise dans
l'intérêt des actionnaires en se focalisant sur la création
de valeur. L'intérêt des dirigeants pouvant être
différent (pouvoir, sécurité), il faut éviter de
leur faire prendre des décisions qui ne vont pas forcément dans
le bon sens (diversification, croissance non rentable). Or, créer de la
valeur pour l'actionnaire signifie être capable de générer
une rentabilité future satisfaisante des capitaux investis aujourd'hui,
c'est à dire une rentabilité au moins égale à celle
que l'actionnaire aurait pu obtenir dans d'autres investissements de risque
similaire.
A cet effet, la plupart des grandes entreprises ont mis en
place des mécanismes d'incitations directement liées à la
création de richesse pour les actionnaires (actions, stock options,
bonus).
Ce système de rémunération basé
sur l'EVA évite aux dirigeants de se disperser vers des activités
peu créatrices ou destructrices de valeur. En fait, ils se comportent
comme des actionnaires avec un objectif d'accroissement durable et
pérenne de l'EVA.
La création de valeur aux différents
niveaux opérationnels.
Les termes de création de valeur ou de valeur
actionnariale (shareholder value) ont trop souvent été
utilisés lors de la fermeture d'une unité ou lors d'un plan
social. Du coup, les acteurs opérationnels ont très vite ressenti
que les objectifs de maximisation de la valeur pouvaient se faire à
leur détriment.
Le Management par la valeur VBM s'appuie justement par
l'appropriation des managers opérationnels qui doivent servir de
véritable relais pendant ce changement culturel. A cet effet, les
entreprises qui mettent en place ce système doivent investir massivement
dans une formation qui consiste à démontrer à tous les
niveaux de l'encadrement comment l'ensemble des taches et décisions
quotidiennes contribue à la création ou destruction de valeur.
L'objectif est alors de mettre la structure de management opérationnel
en situation de responsabilité sur une grande partie de ses coûts
et de ses moyens.
La démarche peut être orientée vers
l'élaboration d'un plan d'action d'amélioration de la performance
dont l'outil clé sera constitué d'une batterie d'indicateurs
(ROCE, Rotation des actifs, productivité). Ces indicateurs peuvent
être positionnés sur un arbre de valeur (schéma n°1)
qui permet à chacun des acteurs de replacer son action à
l'intérieur de la chaîne de valeur.
Le management par la valeur (VBM) consiste donc à traduire
dans « les règles du jeu » propres à l'entreprise, la
prise en compte du contrat implicite ou explicite qui la lie à ses
actionnaires.
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